ADDENDUM
https://fr.wikipedia.org/wiki/De_Gaulle,_Isra%C3%ABl_et_les_Juifs
A cette page, rappel indispensable de quelques observations faites par Raymond
Aron après la conférence dont il est ici question. Je recopie en gras quelques passages qui, lorsqu’on voit ce qui se passe aujourd’hui en France, sont quasi prophétiques.
…...................................................................... ..............
Raymond Aron écrit, sous le titre « Le temps du soupçon »
(article d’abord paru dans Le Figaro du 28 décembre 1967) :
« La conférence de presse autorisait
solennellement un nouvel antisémitisme, les derniers propos du chef
de l’État suspendent, pour ainsi dire, cette autorisation, mais dans
le style propre du Prince, autrement dit, en rejetant sur les autres
ses propres responsabilités. »
— p. 12 (introduction)
« Définir un « peuple » par deux adjectifs…
expliquer l’impérialisme israélien par la nature éternelle,
l’instinct dominateur du peuple juif… (les Juifs de France ou, pour
mieux dire, du monde entier, ont immédiatement saisi la portée
historique des quelques mots prononcés le 28 novembre 1967 par le
Président de la République… Aucun homme d’État occidental
n’avait parlé des Juifs dans ce style, ne les avait caractérisés
comme « peuple » par deux adjectifs. »
— p. 17 et 15
« Le général de Gaulle a, sciemment,
volontairement, ouvert une nouvelle période de l’histoire juive et
peut-être de l’antisémitisme. Tout redevient possible. Tout
recommence. Pas question, certes, de persécution : seulement de
« malveillance ». Pas le temps du mépris : le temps du
soupçon. »
— p. 18
« Si le général de Gaulle avait usé de son
influence auprès du Président Nasser pour le détourner de
l’aventure, si, seul ou en accord avec les États-Unis et la
Grande-Bretagne, il avait honoré l’engagement pris par le
gouvernement de la IVe République de maintenir la liberté
de navigation dans le golfe d’Akaba, la guerre de Six Jours n’aurait
pas eu lieu… le général de Gaulle ne fit rien pour empêcher le
blocus du golfe d’Akaba, la concentration des troupes égyptiennes
dans le Sinaï, l’alliance jordana-syrienne, l’entrée des troupes
irakiennes en Jordanie, en d’autres termes les événements qui
provoquaient inexorablement l’explosion… L’auteur du Fil de
l’Épée, à la place de M. Lévi Eshkol, n’aurait pas agi
autrement que ce dernier. »
— p. 23
« Pourquoi le général de Gaulle a-t-il
solennellement réhabilité l’antisémitisme ? Afin de se donner le
plaisir du scandale ? Pour punir les Israéliens de leur
désobéissance et les juifs de leur antigaullisme occasionnel ?
Pour interdire solennellement toute velléité de double allégeance ?
Pour vendre quelques Mirage de plus aux pays arabes ? Visait-il les
États-Unis en frappant les juifs ? Voulait-il soumettre à une
nouvelle épreuve l’inconditionnalité de certains de ses fidèles
qui ont souffert sous Charles de Gaulle ? Agit-il en descendant de
Louis XIV qui ne tolérait pas les protestants ? En héritier des
Jacobins qui aimaient tant la liberté qu’ils interdisaient aux
citoyens d’éprouver tout autre sentiment ? Je l’ignore. »
— p. 45
« Le cercle du soupçon se refermera sur les hommes
tenus pour responsables des réticences de l’opinion. Cauchemar ou
proche avenir, je ne sais. »