L’incapacité de l’UE à agir est le reflet de sa polarisation
interne. La montée en puissance des mouvements anti-immigration amène les
principaux dirigeants à prendre position sur la question de l’élargissement.
Ils craignent que ces mouvements d’opposition à leur politique ultralibérale ne
profitent de l’adhésion de nouveaux membres des Balkans occidentaux plus
pauvres pour attiser les craintes du public quant à une nouvelle vague de
migration et leur permette de réaliser de nouveaux gains électoraux.
Déjà, à la mi-avril, le parlement néerlandais a voté en
faveur de l’abrogation du régime de circulation sans visa en Albanie, en place
depuis 2010, une décision qui reflète l’attitude défensive qui paralyse la
politique balkanique de Bruxelles. Le Kosovo en fournit une illustration
flagrante. Bien que toutes les conditions techniques soient remplies, ses
citoyens se voient toujours refuser l’accès sans visa dans les pays de l’espace
Schengen, ce qui limite l’influence des institutions de l’UE sur le pays et rend
méfiants les dirigeants politiciens kosovars.
En fait, personne ne s’attend à ce que l’UE accueille
prochainement les six états des Balkans occidentaux (Macédoine du Nord,
Albanie, Kosovo, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Serbie).
Si la Macédoine du Nord ou l’Albanie passaient à l’étape
suivante, elles seraient encore davantage soumises à la pression de l’UE, entreprendraient
les réformes nécessaires et les mettraient
en œuvre avec succès.
Paradoxalement, cela affecterait la cohésion interne de
l’UE, ce qui préoccupe apparemment Macron et Merkel dans leurs calculs électoralistes.