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Commentaire de Robin Guilloux

sur Lettre ouverte à Daniel Cohn-Bendit


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Robin Guilloux Robin Guilloux 1er juin 2019 19:40

@mmbbb

L’Education nationale a une énorme responsabilité dans cette affaire, ainsi que les « pédagogistes » dans le genre du frère de Daniel Cohn-Bendit et de Philippe Meirieu, l’ancien directeur de l’IUFM de Lyon et le gourou de la formation des enseignants pendant des décennies. 

Ce n’est pas tout à fait de la faute des professeurs. Les méthodes d’apprentissage de la lecture/écriture que vous semblez avoir subies : méthode globale, méthode Foucambert inspirée d’une méthode de lecture rapide idéo-visuelle venue des Etats-Unis ont fait des ravages.

Elles ont remplacé la méthode traditionnelle d’association graphème-phonème qui a formé des générations d’enfants depuis Jules Ferry,alors qu’elles sont totalement inadaptées à des enfants de CP, tandis que l’obligation d’enseigner « en séquences » au collège empêchaient les professeurs de faire sérieusement du Français.

Beaucoup d’inspecteurs nous reprochaient de contourner l’enseignement en séquences pour faire de la grammaire et de l’orthographe et du vocabulaire en collège et d’après les témoignages des collègues de Primaire, la pression était encore plus grande.

Cette idéologie libérale-libertaire a fait des ravages. 

Les professeurs, sur le terrain, soit ont suivi les directives pour ne pas voir baisser leur note pédagogique et se retrouver en haillons en fin de carrière, soit ont résisté, aux dépens de leur avancement et de leur note pédagogique et administrative, les chefs d’Etablissement s’alignant systématiquement sur les inspecteurs.

Le résultat aujourd’hui, c’est que près de la moitié des enfants arrivent en 6ème sans savoir ni lire ni écrire correctement et trainent leurs lacunes de classe en classe jusqu’à la Terminale (et même au-delà, puisqu’il faut faire maintenant des cours de remédiation en première année d’Université).

Tout cela, je le répète, n’est pas venu de la base, mais d’en-haut, de la rue de Grenelle (Ministère de l’Education nationale) et des directives du Traité de Lisbonne : il ne faut pas instruire les « apprenants », mais les adapter au marché du travail... Un dilemme stupide puisque plus on est instruit et plus on est capable de s’adapter.

Résultat : les élèves connaissent le tri sélectif,mais n’ont plus aucune culture littéraire et historique, ni aucun esprit critique (par exemple, une jeune fille m’a demandé sérieusement si Louis XIV avait un téléphone portable !).

Je pense que tout cela a été voulu. Il ne faut plus former des citoyens instruits, doués d’esprit critique, mais des consommateurs dociles et décérébrés.


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