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Commentaire de Laconique

sur La démocratie porte-t-elle un gilet jaune ?


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Laconique Laconique 29 février 2020 13:08

Bon ben on va squatter son fil avec des considérations théologiques, c’est Jordi qui va être content…

 

Je sais comment vous fonctionnez Gollum, vous avez toujours réponse à tout… C’est le propre du gnosticisme, herbe parasite, qui se nourrit du christianisme orthodoxe pour s’exprimer et exister. Même phénomène chez un auteur comme Pacôme Thiellement, qui se revendique du gnosticisme et en revient toujours aux « chrétiens ». Je connais le processus. C’est sans fin. J’ai pointé votre contradiction fondamentale quant au monde moderne, que vous jugez selon les propres critères que vous dénoncez (critères techniques d’efficience). Et vous n’avez rien à répondre, vous n’argumentez pas mais vous invectivez. Et c’est ok, j’ai dit ce que j’avais à dire.

 

Je n’ai rien lu de Simone Weil, donc je ne vais pas émettre le moindre jugement à son propos.

 

Le Christ ne fait pas de politique, jamais. Mais toute la difficulté est qu’il ne renvoie pas non plus, jamais, vers une rupture avec le monde, que l’on retrouve dans les monachismes, dans le bouddhisme, et qui est une attitude totalement anti-biblique. Il faut toute une vie pour comprendre et définir le rapport juste de l’évangile avec le monde, et je ne vais pas régler la question dans cet échange. Les préceptes pratiques du Christ (et de saint Paul – aïe aïe aïe gros méchant) visent à la justification, à la réconciliation avec Dieu. Et c’est dans cette optique qu’il faut aimer son prochain, et non pour rendre la société meilleure. Bien sûr il faut des politiques, Paul préconise le respect de l’autorité politique, mais tout le propos de Paul et du Christ se situe sur un autre plan. Et c’est un plan que vous avez totalement perdu de vue. Vous ramenez tout, toujours, à des critères concrets, matériels. Je vous lis : les plaisirs de la pêche, la tranquillité de la nature, la pureté des eaux, une vie paisible délivrée de l’aliénation de la technique et du travail. Ou des états mystiques, là encore ramenés au critère ultime de la paix intérieure : méditation, Tao, vide intérieur, etc., c’est-à-dire, in fine, des expériences subjectives. Vous êtes un représentant à peu près parfait de la déviation gnostique, vers laquelle j’ai tendu très longtemps moi-même (j’ai lu tout Platon, et il y a une filiation de ce côté-là, vous-même vous admirez Plotin), c’est pour ça que je m’explique un peu plus amplement avec vous, je vois tous les rouages. Et tous ces ressorts subjectifs, vous les partagez totalement avec le monde moderne que vous dénoncez. Mais rien de tout cela ne concerne la révélation du Christ. La finalité véritable du christianisme est un point totalement aveugle de votre pensée, comme de celle du monde moderne. Cela ne rentre pas dans vos critères d’appréhension du monde. Et encore une fois – mais cela ne vous parle pas – il s’agit de sanctification, de justification, de réconciliation avec Dieu. « Soyez saints comme moi-même je suis saint » dit Yahvé dans la Torah. « Saint », non au sens moral, mais existentiel du terme bien sûr. Et tout le reste est accessoire à côté de cela : le confort, le bien-être, la préservation de sa propre vie. Le Christ et Paul se situent dans la droite ligne de l’Ancien Testament, qu’il faut avoir compris avant de juger le christianisme. Or vous détestez l’Ancien Testament, ici encore au nom de considérations tellement matérielles, actuelles : le rapport à la nature, aux femmes, etc. 

 

Et Etienne Couvert est très éclairant sur toute cette mentalité qui vous possède jusqu’à la moelle, il énumère tout très précisément : le panthéisme (Spinoza), la réincarnation, l’émotion et la subjectivité, la nature, la rébellion, la divinisation de la créature, et pour finir le satanisme. Tout est lié, comme vous en êtes l’illustration. Ce n’est pas la pensée propre d’Etienne Couvert qui compte, c’est sa recension honnête du phénomène chez Goethe, Hugo, Wagner et toute la pensée moderne. A la limite on pourrait couper tout le texte de Couvert, ne garder que les citations, ce serait déjà très éclairant. Hugo par exemple : « Oui, bête, arbre, rocher, broussaille du chemin,/ Tout être est le vivant de l’immensité sombre. (…) Tous sont l’Ame, qui vit, qui vécut, qui doit vivre », « Avant d’être sur terre,/ Je sens que jadis j’ai plané,/ J’étais l’archange solitaire/ Et mon malheur c’est d’être né », « Satan est mort ; renais, ô Lucifer céleste », etc., etc.

 

Donc pour conclure : oui vous êtes un authentique gnostique, un authentique déviant, c’est vous le vrai père de ce monde que vous détestez (gnosticisme → romantisme → New Age → société de consommation), et chaque fois que vous condamnez le christianisme, vous le faites selon des critères mondains, car la véritable finalité de la sanctification biblique vous est devenue totalement étrangère et incompréhensible.


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