Ne
plus juger que sur les actes, en effet.
La
femme a besoin d’une trêve dans cette longue pérégrination à travers les épines
et les ronces du chemin de la vie. Pauvre créature, née pour aimer et toujours
empêchée de remplir cette fonction sainte ! Vouée par ce monde corrompu,
aveugle, à une existence tourmentée, cherchant toujours ce bonheur promis et
légitime, et n’y arrivant jamais. Etrangère, comme égarée, dans un monde
indigne d’elle, qui a commencé par la méconnaître ou par en abuser, et qui ne
cherche plus de satisfactions, aujourd’hui, que dans la licence dégradante, le
luxe ridicule, l’ambition absurde ou la domination féroce.
Que
tout cela est loin des joies pures que la jeune fille rêve encore, dans son
ignorance de la corruption qui l’entoure !
Bachofen
nous rappelle : « L’amour maternel est une force mystérieuse qui régit
également tous les êtres de l’Univers. Les premiers pas dans la civilisation,
l’origine de chaque vertu, de chaque sentiment est due au mystère de la
maternité, c’est le principe de l’amour, de l’union, de la paix. Avec les
premiers soucis pour le fruit de son corps, la Mère apprend l’altruisme ;
employer ses forces pour conserver et embellir l’existence d’autrui, sera
désormais son but. C’est d’elle que partent tous les symptômes de civilisation,
tous les bienfaits, tous les sacrifices, l’abnégation et les soins des malades.
« Etre
du pays de la Mère, avoir été bercé sur le même sein maternel, constitue le
lien le plus sacré, le plus indissoluble ; secourir la Mère, la défendre, la
venger, prime tous les autres devoirs, menacer sa vie est un crime inexpiable.
« Le principe
maternel, c’est la communauté sans restriction ni limite autre que celle de la
Nature. De ce principe découle celui de la fraternité générale, de l’égalité,
de la liberté. C’est le fondement des Etats gynécocratiques : l’absence de
querelles, de discordes, l’aversion profonde de tout ce qui peut entraver la
liberté, telles sont les caractéristiques de ces communautés. »