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Commentaire de DACH

sur Le véritable état islamique est en train de naitre sous nos yeux en Turquie


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DACH 23 octobre 2020 10:00

A pétinos, bonjour. Oui votre constat peut se vérifier : un témoignage parmi d’autres, cette fois au niveau du climat en Turquie=

Istanbul, 23 oct 2020 (AFP) - Ils ont beau avoir adopté un profil bas
depuis le début des combats au Nagorny Karabakh, des membres de la petite
communauté arménienne de Turquie se sentent sous pression du fait du soutien
inconditionnel d’Ankara à l’Azerbaïdjan face l’Arménie dans ce conflit.
Depuis le début des affrontements le 27 septembre, l’Arménie et les
Arméniens en général sont en effet visés par un discours de haine par de
nombreux politiciens et des médias turcs.
"Les Arméniens autour de moi sont dévastés d’entendre depuis une dizaine de
jours ’Les Arméniens sont ceci, les Arméniens sont cela’. En fait, nous
étouffons. Lentement, jour par jour, heure par heure. Nous étouffons sous
votre haine", a écrit Delal Dink le 8 octobre dernier dans Agos,
l’hebdomadaire de la communauté arménienne de Turquie.
Les mots de la fille de Hrant Dink, journaliste arménien assassiné en 2007
à Istanbul, traduisent le climat d’inquiétude et de pression au sein de la
communauté arménienne du pays depuis le début des hostilités au Nagorny
Karabakh entre les séparatistes appuyés par l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Le président Recep Tayyip Erdogan a à plusieurs reprises qualifié l’Arménie
d’«  Etat voyou  », tandis que les chaînes turques évoquent de supposés "crimes de
guerre" commis par les Arméniens.
Des convois de voitures brandissant des drapeaux d’Azerbaïdjan, klaxonnant
à tout-va et lançant des slogans de haine ont fait le tour des quartiers
d’Istanbul connus pour être historiquement peuplés des Arméniens.

- «  Je n’allume pas la télé  » -

Pour de nombreux membres de la communauté, descendante des survivants du
génocide arménien de 1915 et comptant aujourd’hui environ 60.000 membres
vivant essentiellement à Istanbul, ces comportements ravivent leur malaise.
"Je n’allume jamais la télé chez moi, mais je vois le discours de haine et
la diabolisation des Arméniens qui y est propagé lorsque j’entre dans un
magasin où les gens regardent les infos", raconte Silva Ozyerli, une
Arménienne originaire de Diyarbakir, dans le sud-est du pays, et vivant à
Istanbul.
"Les médias et la rhétorique de l’Etat font de nous des ’ennemis’. Je me
sens prise en otage", ajoute-t-elle.
La vague de démocratisation du début des années 2000 en Turquie avait
pourtant quelque peu amélioré le quotidien de la communauté arménienne, qui
avait été, dans le passé, victime de nombreuses attaques et discriminations.
Pour Yetvart Danzikyan, le rédacteur en chef d’Agos, la situation est
aujourd’hui «  pire que dans les années 1990  ».
"Les chaînes télévisées et les officiels répètent sans cesse à quel point
l’Arménie est un pays ’terroriste’. L’Arménie est ensuite remplacé par les
Arméniens dans les discours. Cela met naturellement les Arméniens de Turquie
sous tension. On ne sait pas ce qui peut nous arriver dans la rue",
s’alarme-t-il.

- «  Traître  » -

Lorsque des affrontements mineurs avaient eu lieu en juillet entre
l’Arménie et l’Azerbaïdjan, suivis d’une accalmie qui a précédé les combats en
cours, trois migrants d’Arménie avaient été attaqués et blessés par des
inconnus à Istanbul, avait rapporté le journal Agos.
"La montée d’un discours nationaliste est épuisante pour la communauté
arménienne qui se sent asphyxiée et acculée", ajoute M. Danzikyan.
Dans ce climat tendu, des appels pour la paix au Nagorny Karabakh
deviennent inaudibles ou, pire, assimilées à une trahison.
Garo Paylan, député arménien d’opposition du parti prokurde HDP, a été
accusé d’être «  un traître  » par des groupes nationalistes pour avoir appelé la
Turquie à «  ne pas mettre de l’huile sur le feu  » dans le conflit.
"J’ai seulement dit qu’il n’y aurait pas de gagnants dans cette guerre.
Etre contre la guerre a suffi pour que je sois désigné comme cible",
affirme-t-il.
Avant d’être assassiné en 2007 devant les locaux d’Agos, Hrant Dink s’était
dit «  craintif tel un pigeon  » face aux menaces qu’il recevait.
«  Nous vivons aujourd’hui craintifs tels des pigeons  », confie M. Paylan en
écho aux mots de Hrant Dink.
Pour le député, le climat de haine qui serait «  attisé par le gouvernement  »
risque de provoquer des «  crimes de haine  ».
«  Nous avons perdu Hrant Dink dans une atmosphère similaire  », prévient-il.
"Seul un climat de paix et la fin des discours de haine peuvent assurer la
sécurité de tous".

Par Fulya OZERKAN et Burcin GERCEK

par Ara Toranian le vendredi 23 octobre 2020

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