@suispersonne
Votre
commentaire ne concerne en rien le « racisme » à proprement parler.
Je peux donc confirmer tranquillement avec votre accord : les Français ne
sont pas racistes.
Votre
commentaire porte en fait sur un autre sujet : les racines. Et vous n’avez
pas tout à fait tort. Issu moi-même d’une famille étrangère dotée d’un patronyme
« barbare » (pas du tout français), ma famille passe ses vacances
depuis près de 100 ans dans le même village. Et depuis 100 ans, ma famille est nommée
par les autres villageois comme « étrangère » (« Ah tiens, j’ai
rencontré les Polonais qui habitent la maison dans le virage (les Roumains, les
Hongrois, les Russes, les Tchèques …), ils m’ont dit qu’ils se préparent pour
la saison de la chasse … »).
Cette
inertie étonnante peut être assimilée à une forme de xénophobie. La France n’est
pas l’Amérique (les USA) où « tout le monde » est immigré. Pays de
très ancienne culture, sans aucune immigration jusqu’au XIXème siècle
(immigration au sens moderne du terme), pays essentiellement agricole
(importance du territoire), le XXème siècle en France a été celui des guerres
et des bouleversements, du déplacement des populations vers les villes, de la
fin du pays « agricole » (2% de la population !), avec une
immigration importante à la fin du siècle (entre 5 et 15% de la population).
Cette « xénophobie »
résiduelle s’accompagne en même temps d’une grande générosité, que l’on peut
associer à la très ancienne culture chrétienne catholique du pays. En résumé,
la France de souche accueille généreusement les étrangers tout en les regardant
de travers, en les maintenant dans une sorte de « sas d’assimilation ».
Avec les
populations d’origine européenne, ce processus d’assimilation en France est en
général assez long (deux générations, parfois davantage, jusqu’à un siècle et
plus), mais il fonctionne bien. Et cela concerne un couple : le Français
de souche qui change au contact de l’étranger, et l’étranger en voie d’assimilation
qui s’assimile.
Ce processus
est complètement déréglé aujourd’hui par l’arrivée en France de populations
extra-européennes en nombre. Il ne fonctionne plus. Les familles d’origine
asiatique et africaine se regroupent par quartiers, à l’américaine. L’école ne
joue plus son rôle dans le processus d’assimilation, des classes entières étant
composée d’enfants en majorité d’origine extra-européenne.
Devant ce
blocage, cet échec, les Français ressentent un profond malaise qu’on peut
qualifier de xénophobe. Sans aller jusqu’au « grand remplacement »,
les Français se rendent compte qu’une nouvelle France est en train de se
constituer, composée en fait de plusieurs Frances, une France multiple, un
archipel dont les parties ne communiquent plus entre elles, ne se comprennent
plus.
Comment en
est-on arrivé là ? Mystère, car personne n’a voulu explicitement ce à quoi
on assiste aujourd’hui sur notre sol. Les mécanismes de l’économie capitaliste
semblent détenir le pouvoir de structurer notre planète, de structurer l’Europe et notre pays.
Mais personne ne met réellement en cause ces mécanismes de l’économie
capitaliste suite à l’expérience communiste. Peut-être que la menace du réchauffement, qui menace les classes dirigeantes au contraire des déplacements de populations (ça, ils s’en fichent), va changer la donne.
Où va-t-on ?
Les Chinois et les Indiens savent à peu près où ils vont. Ils ont une revanche
à prendre sur l’Occident et c’est en cours. Les Américains commencent à comprendre
qu’ils ne sont plus les maîtres du monde et ils ont cette mutation à gérer,
leur repli à organiser. Les Africains montent en puissance (démographique).
Et nous,
Européens, Français dans tout ça ? On est un peu perdus. On sent que l’Amérique
nous laisse tomber, que les Chinois ne nous
feront aucun cadeau. On ne sait pas comment gérer la mutation d’une France
assez homogène vers une France multiple (territoires, langues, cultures). Entre
les macroniens (le néant ?) et les zemmouriens (la guerre civile ?),
la guerre est déclarée, sans concession. No future.
Alors oui, nous
sommes devenus franchement xénophobes, mais c’est beaucoup plus grave, docteur,
nous sommes devenus mortels, on ne sait plus comment faire société, on ne sait
plus comment vivre ensemble.