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Commentaire de Xavier Lainé

sur Analyse d'un beau gâchis


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Xavier Lainé Xavier Lainé 3 juin 2005 04:01

Un peu juste comme commentaire. A force de considérer les électeurs comme des irresponsables qu’un homme peut entraîner à des fins inavouables, on encombre la scène politique d’une fumée qui masque les véritables enjeux.

Mais sans doute aucun, les véritables tenants et aboutissants sont ailleurs. La fumée est nécessaire aux décideurs économiques qui entendent à n’importe quel prix faire passer leur dictature d’intérêts avant les besoins de la population.

Les électeurs seraient-ils aussi iresponsables ? Voilà des années qu’on leur promet monts et merveilles au nom de l’Europe, et que dans la réalité concrète, vécue chaque jour, les difficultés s’accumulent. A chaque nouvel inconfort de vie, le spectre de l’Europe se dresse comme un obstacle à des solutions et des espoirs.

L’Europe est brandie comme un formidable espoir quant il s’agit de voter, puis la même devient un obstacle dès qu’il s’agit d’apporter au niveau national des solutions concrètes aux difficultés vécues durement.

On ne peut impunément utiliser le même thème comme moteur de l’espoir et de la désillusion sans qu’un jour ou l’autre les véritables intérêts ne soient démasqués.

L’enjeu est de taille : car qui aujourd’hui peut se prévaloir d’un repli frileux ? Parmi les électeurs qui ont décidés de voter non, combien sont contre une idée généreuse de l’Europe, une idée culturelle, de progrès social et de paix ?

C’est tout le danger du référendum : la simplicité de la réponse (oui ou non) donne une image réductrice d’une réalité complexe. Et nos hommes de pouvoir politique de toutes obédiences ont gardé ce talent simplificateur hérité du temps de la grande dualité du partage du monde de 45 quand la réalité se montre infiniment plus complexe. Ce qui se passe dans la réalité leur échappe par ignorance de règles dont ils n’ont plus tout à fait la maîtrise : d’où les volontés à peine voilées d’en finir avec une véritable démocratie et d’utiliser l’Europe comme moyen d’éloigner les pouvoirs des citoyens pour permettre à la minorité qui économiquement tire les ficelles (OMC oblige) de poursuivre sa mise à sac des richesses de l’humanité.

C’est, il me semble, ce qu’intuitivement sans doute beaucoup d’électeurs ont enfin compris. Et la forte participation vient nous prouver que dès lors qu’un véritable débat politique s’installe, même au grand dam des médias qui faisaient tous campagnes pour le oui, les enjeux se clarifient et l’électorat est capable alors d’agir avec une maturité que les précedentes élections ne nous avaient pas permis d’entrevoir.


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