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Accueil du site > Tribune Libre > Analyse d’un beau gâchis

Analyse d’un beau gâchis

Or donc, notre ami Chirac, suite à une de ces inspirations subites dont il a le secret, se dit « Tiens, on va faire un référendum sur le traité constitutionnel, voilà une idée qu’elle est bonne. » Bon, et il annonce ça, tout content de lui.

Et, il n’a pas de raisons d’être inquiet, les Français qui ont traversé deux guerres mondiales et 4 ans d’occupation allemande sont majoritairement pour la construction Européeenne.

Seulement voilà : la « constitution » pondue laborieusement par Giscard est un pavé illisible, indigeste et complètement incompréhensible. Et donc, le bon peuple de France va être incapable de se décider sur la lecture d’un tel pensum, et va donc fatalement s’en remettre à l’opinion de tel ou tel leader.

Fabius, Raminagrobis tapi dans l’ombre et qui n’a qu’une idée (être calife à la place du calife) va flairer la bonne aubaine, et, le 3 septembre, va tout de go déclarer au journal de 20 heures sur TF1 que, finalement, tout bien pesé, il voterait « non » et ferait campagne dans ce sens ! François Hollande, aura beau organiser un vote interne bien démocratique pour définir la position du PS, et aboutir à un « oui » officiel du PS (comme d’ailleurs tous les partis socialistes d’Europe), rien n’y fera : Fabius n’a que faire des règles démocratiques. Lui, son truc, c’est prendre le pouvoir, et tous les moyens seront bon pour y arriver. Et donc il lance sur les routes se seconds couteaux : Emmanuelli, Mélanchon, etc ... Et la mayonnaise prend.

Le travail de sape de Fabius fonctionne, et en assènant contre vérité sur contre-vérité (du genre : si vous êtes pour l’Europe, votez « non ». Plus c’est gros, plus ça passe !), il fait monter la grogne et tranforme un vote de construction européenne en un vote sanction contre le pouvoir en place. Et il faut dire que Chirac et Raffarin ont fait tellement de conneries (Le lundi de Pentecôte, par exemple), que il n’y a pas besoin de forcer beaucoup le populisme et la démagogie pour inciter les gens à voter « non » !

Et il arriva ce qu’il devait arriver. C’est le « non » qui sort.

Analysons un peu de quoi il est constitué (analyse IPSOS) :

Eh bien, c’est sans appel : le plus gros des troupes du « non » (près de 30%) est constitué par les voix du PS. Bravo Fabius !

Evidemment, Monsieur Fabius sera le seul à rester invisible le soir des résultats des élections, sans doute terré dans l’ombre quelque part. Le machiavélique Raminagrobis préfère fourbir ses arguments et sa stratégie pour la suite ...

Et voilà comment la construction Européenne et notre avenir à tous aura été sacrifié sur l’autel de l’ambition d’un seul homme ...

Pour en savoir plus :
1. Référendum : Comprendre le vote des français (Ipsos)
2. Référendum 29 Mai 2005 : Le sondage sorti des urnes (Ipsos)

Crédit infographie : analyse IPSOS


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7 réactions à cet article    


  • Brisefer (---.---.36.225) 2 juin 2005 12:00

    L’ambition d’un seul homme ? Vous trouvez bien facilement des boucs emissaires ! d’autant que le graphique ne mentionne pas le MRC qui a voté à 98 % pour le NON... mais là pour sûr vous auriez mis Fabius et chevènement dans le même sac. votre analyse n’est pas très sérieuseet trop partisane. Je suis même étonnée qu’elle soit passée sur Agora, puisque soi-disant pour les mêmes raisons mes articles sont censurés par Revelli....


    • Luc Luc 2 juin 2005 19:51

      Le MRC ? J’ai cherché sur le net pour savoir ce que c’était, et j’ai trouvé : c’est le courant de Chevènement dans le PS. Effectivement, IPSOS n’a apparemment pas jugé utile de séparer les voix de Chevènement de celles du PS. Mais je vous rappelle que Fabius a fait sécession dès le 3 septembre, et que le « Che », Emmanuelli et autres Mélanchon n’ont décidé de suivre son exemple que bien après ...


    • brisefer (---.---.38.130) 2 juin 2005 22:12

      Alors, j’ai entendu des conneries mais celle-là !

      Point par point :

      1) le Mouvement Républicain et Citoyen est un parti officiel. (j’en suis l’un des délégués nationaux). Il subit l’ostracisme des médias qui ont partie liée avec le PS depuis 1995 et a fortiori 2002.

      2) Chevènement a quitté le PS en 1992 sur les questions du rapport à l’Europe.

      3) Cela fait donc 13 ans que ce penseur de la gauche (il a crée le P.S en 1971 avec Mitterrand) combat l’oligarchie installée à Bruxelles et à Francfort. (se reporter à Défis Républicains (ed. Fayard) 600 pages d’histoire contemporaine.)

      Rien à voir donc avec des politques opportunistes et crépusculaires de pré-référendum.

      à titre personnel j’ai envie de te dire qu’on a si peu de personnalités politiques sincères en france alors s’il faut systématiquement réduire l’action et la ligne des rares qui tiennent encore le coup...


    • Xavier Lainé Xavier Lainé 3 juin 2005 04:01

      Un peu juste comme commentaire. A force de considérer les électeurs comme des irresponsables qu’un homme peut entraîner à des fins inavouables, on encombre la scène politique d’une fumée qui masque les véritables enjeux.

      Mais sans doute aucun, les véritables tenants et aboutissants sont ailleurs. La fumée est nécessaire aux décideurs économiques qui entendent à n’importe quel prix faire passer leur dictature d’intérêts avant les besoins de la population.

      Les électeurs seraient-ils aussi iresponsables ? Voilà des années qu’on leur promet monts et merveilles au nom de l’Europe, et que dans la réalité concrète, vécue chaque jour, les difficultés s’accumulent. A chaque nouvel inconfort de vie, le spectre de l’Europe se dresse comme un obstacle à des solutions et des espoirs.

      L’Europe est brandie comme un formidable espoir quant il s’agit de voter, puis la même devient un obstacle dès qu’il s’agit d’apporter au niveau national des solutions concrètes aux difficultés vécues durement.

      On ne peut impunément utiliser le même thème comme moteur de l’espoir et de la désillusion sans qu’un jour ou l’autre les véritables intérêts ne soient démasqués.

      L’enjeu est de taille : car qui aujourd’hui peut se prévaloir d’un repli frileux ? Parmi les électeurs qui ont décidés de voter non, combien sont contre une idée généreuse de l’Europe, une idée culturelle, de progrès social et de paix ?

      C’est tout le danger du référendum : la simplicité de la réponse (oui ou non) donne une image réductrice d’une réalité complexe. Et nos hommes de pouvoir politique de toutes obédiences ont gardé ce talent simplificateur hérité du temps de la grande dualité du partage du monde de 45 quand la réalité se montre infiniment plus complexe. Ce qui se passe dans la réalité leur échappe par ignorance de règles dont ils n’ont plus tout à fait la maîtrise : d’où les volontés à peine voilées d’en finir avec une véritable démocratie et d’utiliser l’Europe comme moyen d’éloigner les pouvoirs des citoyens pour permettre à la minorité qui économiquement tire les ficelles (OMC oblige) de poursuivre sa mise à sac des richesses de l’humanité.

      C’est, il me semble, ce qu’intuitivement sans doute beaucoup d’électeurs ont enfin compris. Et la forte participation vient nous prouver que dès lors qu’un véritable débat politique s’installe, même au grand dam des médias qui faisaient tous campagnes pour le oui, les enjeux se clarifient et l’électorat est capable alors d’agir avec une maturité que les précedentes élections ne nous avaient pas permis d’entrevoir.


      • Luc Luc 4 juin 2005 07:33

        En tous cas, ce qui est clair, c’est que l’action de Laurent Fabius (PS / Fabiusiens), secondée par l’action d’Henri Emmanuelli (PS/Nouveau Monde) et de Jean-Pierre Chevènement (PS/MRC) a fait basculer le vote du référendum pour le « non », et ce vote « non » a ouvert un boulevard aux libéraux Anglo-Saxons.

        Je cite l’édito d’Alain Hertoghe :

        L’Histoire ne repasse pas toujours les plats. Et elle offre parfois des petits matins cafardeux à ses vieilles gloires. Les Français, hérauts du « oui » comme du « non », devraient bientôt le découvrir à leurs dépens. Les espoirs des premiers de revoter sur la Constitution et des seconds de la renégocier s’éloignent. Si, comme annoncé, le gouvernement Blair retire lundi de l’ordre du jour des Communes le projet de loi organisant le référendum britannique, l’Europe politique tombera dans un coma prolongé. Les Français l’auront blessée à mort, les Néerlandais lui auront donné le coup de grâce et les Britanniques… éviteront de publier précipitamment l’avis de décès. Après le « non » et le « nee », les libéraux et les atlantistes sablent le champagne en Europe. Mais Tony Blair attendra la grande explication du Conseil européen de Bruxelles, les 16 et 17 juin, pour s’assurer que Jacques Chirac portera bien le chapeau de l’échec. Porteur du plan B comme Blair, il écoutera avec attention les plans C à Z qui seront mis sur la table. Et sa générosité ira même peut-être jusqu’à accepter de reporter sine die les funérailles officielles du traité. Mais il n’ira pas plus loin. En cas de ratification par les 24 autres pays membres de l’Union, il était prêt à tenter de convaincre son peuple de ne pas s’isoler en rejetant cette Constitution trop franco-allemande pour un lecteur anglo-saxon. Mais il n’a pas du tout l’intention de s’infliger un « no » maintenant garanti sur facture. Prenant la présidence des 25 pour six mois le 1er juillet, Blair voit s’ouvrir un boulevard pour accélérer, avec ses alliés est-européens et scandinaves, la libéralisation du marché commun.

        http://fr.news.yahoo.com/050603/295/4g39r.html

        Et voilà. C’était ça qu’ils voulaient, les électeurs du PS/Nouveau Monde/MRC quand ils ont votés « non » ? Non, bien sûr.

        Mais tout ça, Fabius le savait très bien. D’où l’impression très nette d’un beau gâchis.


        • Michel Barria (---.---.25.118) 20 juin 2005 09:23

          Cher Xavier,

          J’approuve a 200% ton commentaire : Qui a eu le courage de faire le bilan de ce que l’Europe a apporté aux individus ? (J’exclu evidement le pouvoir financier/economique, qui tire toute les ficelles, fait écran de fumée, et qui en retire tous les bénéfices) :
          - la possibilité de partir en vacances chez ses voisins européens sans changer de devise, et sans avoir de controle frontalier. C’EST TOUT.


          • Biégatch Olivier (---.---.25.149) 4 juillet 2005 09:14

            A la recherche d’informations sur Raminagrobis, je découvre par hasard ou par Fabius interposé l’existence de ce forum.

            Ma première remarque sera pour le courage intellectuel et politique des participants qui avancent à visage couvert sous des pseudonymes aussi peu crédibles que la vaillance de leur action politique.

            Brisefer ne serait-elle (il) pas plutot Brise... ?

            Quant à notre analyste de service, il (elle) devrait se rappeler que toute analyse mérite réflexion. Tirer la quintessence du message adressé par les Français au pouvoir politique en 48 heures relève d’une intelligence au moins égale à celle de Monsieur le Président de la République.

            Allons-nous régler la misère à notre porte en nettoyant au Karcher les ennemis du Ministre de l’Intérieur ou solutionner les problèmes de l’Afrique en écoutant des concerts gratuits ?

            Le grand Charles de Gaulle disait que nous sommes des veaux.De grâce arrêtons de lui donner raison et avant d’évoquer Grippeminaud, méfions-nous de Panurge.

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