@Venceslas
Tu as raison de souligner qu’Annie La Croix Riz ne peut pas être réellement une spécialiste de l’histoire de la Russie sans maitriser le russe. Elle connait un vrai spécialiste du domaine qui s’appelle Jean Jacques Marie. Évidemment, elle ne supporte pas ce qu’il écrit.
Ci-dessous quelques notes sur elle pour un article en préparation sur « la grande terreur »
==================================================
L’historienne
Annie Lacroix Riz défend coûte que coûte le stalinisme. Elle ne s’est jamais
remise de la condamnation par Khrouchtchev des « abus du culte de la
personnalité ». Elle entend bien être plus stalinienne que ceux qui
estiment que le « culte de la personnalité » est acceptable à petite
dose mais qu’il ne faut pas en abuser !
Elle conteste
que les victimes des procès de Moscou aient été innocentes. Elle a notamment
écrit à ce sujet une longue lettre, qui est formellement adressée à
l’historien Jean-Jacques Marie, mais qui, à l’évidence, s’adresse surtout aux
militants du PRCF. Elle les invite à ne pas se laisser impressionner par ceux
qui expliquent que tous les accusés étaient innocents. Tout au long de ce
texte, elle laisse entendre, sans le dire, qu’elle détient des preuves de leur
culpabilité. Or, je défie tout lecteur de me dire où il pourrait trouver dans
tout ce charabia, de près de 1400 mots, l’exposé simple et clair d’une seule
preuve. Il n’y en a aucune car sinon cela se verrait. Elle cherche néanmoins à
convaincre qu’elle en possède dans une masse de documents qu’elle a annotés et
amassés au fil de ses recherches dans de multiples archives… Elle explique
longuement comment elle s’y serait prise pour obtenir ces supposées preuves
mais elle n’en exhibe aucune. Son but est seulement de faire en sorte qu’au
terme de ce délayage le lecteur ait l’impression que des preuves existent même
si elle n’en fournit aucune. Je ne vais pas m’attarder à démonter toutes ses
stalineries. Je ne donnerai qu’un exemple.
Elle n’hésite
pas à annoncer qu’elle détient, comme preuve de la participation des
trotskystes à des « tractations avec l’étranger », le « document
brut des séances » de tortures-interrogatoires menés dans les caves de la
Loubianka par les bourreaux de Staline. Voici ce qu’elle écrit :
"Le document brut
des séances est instructif, parce que, torturés ou pas, les inculpés fournirent
des détails précis sur leurs tractations avec l’étranger qu’aucun tortionnaire,
si habile fût-il, n’aurait pu leur inspirer, comme je l’ai fait remarquer
naguère à propos des procès qui eurent lieu dans les démocraties populaires de
l’Est européen, pendant la Guerre froide, contre de hauts clercs stylés et
mandatés par le Vatican."
Elle ne
fournit aucune autre information sur ces supposées « tractations ».
Elle affirme que ces aveux n’auraient pas pu être extorqués par des
tortionnaires mais elle ne fournit à ce sujet aucune explication. Existerait-il
une limite en la matière ? Elle insinue que le fait qu’elle ait déjà
affirmé cela elle-même auparavant serait une preuve de véracité ! Elle
prend ses lecteurs pour des imbéciles. En fait, je le répète, aucune preuve ne
vient étayer ses allégations. Tout son texte est dans ce style.
Il faut lui
reconnaître un certain talent car, jouant sa réputation d’universitaire,
contrairement à bien d’autres, elle ne peut pas se permettre d’émettre des
contre-vérités flagrantes. Elle n’affirme pas. Elle insinue. Elle sous-entend. Elle
procède par allusions et suggestions. A défaut d’être incisive, elle martèle :
huit fois les mots « archive » et « document » mais jamais
le mot « preuve ». Ainsi, elle affirme qu’il n’y a « aucun doute sur
l’utilisation des trotskistes contre les communistes par les Allemands
hitlériens »
mais, au lieu d’en donner la preuve que nous attendons tous, elle affirme
qu’elle a un épais dossier et qu’en farfouillant dedans nous trouverons
assurément la preuve. Est-ce que, dans son institut d’histoire, les lecteurs
sont invités à aller chercher les preuves de ce que les auteurs
affirment ? Ce n’est pas ce que nous préconisons. Elle est stalinienne
jusqu’au bout des ongles : experte dans la contre-vérité entretenue avec
des artifices.
Je
reprends à mon compte ce qu’elle reproche à Jean-Jacques Marie d’avoir montré :
« Staline a tué femmes, enfants et vieillards, sans parler des hommes
valides, grâce à une réglementation, par lui élaborée, aussi idiote que féroce ».
Il faudrait être aveugle pour ne pas voir cela car il nous reste les photos que le NKVD
prenait avant de les exécuter et nous y voyons même des adolescents à défaut
d’y voir des enfants. Jean-Jacques Marie n’a d’ailleurs jamais dit qu’il y
avait des enfants. Les effets de style du genre « femmes, enfants et
vieillards » ne peuvent pas justifier une calomnie. Nous affirmons donc,
avec Jean-Jacques Marie, que Staline « symbolise la cruauté, la
dissimulation, la mégalomanie, le bluff, le mépris des hommes » (Voir
notamment la vidéo intitulée « Un exemple de la folie et de la
cruauté du régime stalinien »).