« Enfin, on rencontre également des variétés mixtes caractérisées par
un ordre spatio-temporel, comme par exemple des structures mobiles
ou des ondes chimiques.
Il s’ensuit que d’un point de vue général, une source d’ordre due à l’écart d’équilibre et provoquée par une instabilité de la branche
thermodynamique, peut apparaître sous des aspects très différents.
En outre, elle peut aussi manifester ses effets dans tous les domaines
de la physique macroscopique relatifs à l’évolution des processus dissipatifs.
La véracité et l’intérêt de cette propriété sont aujourd’hui complètement reconnus.
Tout d’abord, parce que l’existence de semblables sources d’ordre
n’est nullement en contradiction avec le second principe de la thermodynamique, en dépit de sa dénomination de principe de dégradation de l’énergie. Il suffit en effet de rappeler que cette qualification n’est justifiée que pour l’ensemble des systèmes isolés et qu’elle ne s’étend pas aux évolutions sous contraintes considérées ci-dessus.
Ensuite, parce que diverses manifestations de cet ordre dynamique
présentent une analogie remarquable avec des comportements considérés auparavant comme propres aux processus biologiques. On
peut d’ailleurs ajouter sans crainte d’exagération, que la recherche
de telles connexions entre structures biologiques et propriétés de non
équilibre constitue l’un des plus puissants stimulants de l’intérêt témoigné actuellement en faveur de la thermodynamique des processus irréversibles. »
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« D’autre part, on peut présumer que la production d’entropie elle même interviendra utilement pour l’interprétation des lois d’évolution prébiologiques qui ont donné naissance aux premiers organismes
vivants. Sous ce rapport, les seuils d’instabilité les plus intéressants
sont ceux qui ont entraîné un accroissement de la production d’entropie, permettant ainsi à de nouvelles structures dissipatives de se former et de se substituer successivement l’une à l’autre. Ce problème a été étudié séparément ailleurs [1, 2]. Nous nous contentons d’observer ici que c’est par cette voie qu’il est possible d’obtenir une première interprétation du caractère autocatalytique de l’évolution biologique suggéré par de nombreux auteurs [49].
Quoiqu’il en soit, on peut considérer comme acquis, le rôle fondamental de la thermodynamique des processus irréversibles dans l’effort de rapprochement entre, d’une part, le principe d’évolution de la matière inanimée, relatif principalement à la dégradation et à la destruction des structures, et d’autre part, le principe d’évolution biologique qui implique au contraire, la création de structures, en réponse aux contraintes éloignées de tout état d’équilibre, qui règnent dans la biosphère. »