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Commentaire de Aux_Larmes_Citoyen

sur Battisti : une bien étrange cause pour la gauche


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Aux_Larmes_Citoyen 25 mars 2007 13:01

Fallait-il répondre à « ça »... Oui, fallait-il répondre -encore- à ce genre de prose dégoulinante de haine gratuite, de bêtise au front de taureau et de malhonnêteté abyssale ?

Répondre quoi ?

Que le fait qu’un condamné ait toujours nié les faits qui lui sont reprochés ne fait bien évidemment pas de lui un innocent ? Qu’il n’y a pas d’argument plus ridicule que celui-là, si ce n’est à considérer qu’il n’y a jamais de coupables ?

Que la justice italienne, décrétée comme étant « corrompue » est la justice d’un état de Droit, d’une démocratie, d’un pays ami, membre historique de l’Union Européenne ? Que les jugements concernant Battisti ont été validés par la justice française, la justice européenne, la Convention européenne sur l’assistance judiciaire en matière pénale, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, l’USM (syndicat majoritaire de la magistrature française... De gauche) ? Que le procès par contumace italien a été reconnu parfaitement légal par la Cour juridique de Strasbourg, étant donné que la défense y était normalement représentée ?

Que tous les partis politiques italiens, de gauche comme de droite, se réjouissent de l’arrestation de Cesare Battisti et réclament son extradition (tous de droite et pour Sarkozy) ?

Que Battisti a été condamné en Italie entre 1990 et 1993 par trois Cours d’Assises ordinaires se réclamant d’une juridiction ordinaire, lorsque les crimes terroristes sont jugés en cette France donneuse de leçons par une juridiction spéciale composée uniquement de juges, et en l’absence de jury populaire ?

Que le contenu des arrêts des cours d’assise italiennes qui ont jugé Battisti Cesare coupable de quatre meurtres ont analysé et défini les différents degrés de son implication, directe pour le gardien de prison Antonio Santoro, à Udine, le 6 juin 1978, et pour celui de l’agent de police Andrea Campagna, à Milan, le 19 avril 1979. Coupable de concours en homicide pour le meurtre du boucher Lino Sabbadin à Mestre, le 16 février 1979 (il couvrait, armé, le tueur Diego Giacomini). Coupable d’avoir organisé le meurtre du bijoutier Pier Luigi Torreggiani à Milan, tué lui aussi le 16 février 1979... Deux meurtres exécutés le même jour par les PAC (Prolétaires armés pour le communisme dont Cesare Battisti était l’un des principaux leaders), meurtres revendiqués par les PAC comme « exemples de justice prolétaire » -sic- contre deux simples commerçants coupables d’avoir tiré pour se défendre sur les braqueurs armés de ces mêmes PAC ?

Rappeler le déroulement judiciaire tout à fait normal des trois procès (Cour d’Assises, Cour d’Appel d’Assises, puis de nouveau Cour d’Assises) dont a fait l’objet Cesare Battisti ? Rappeler son recours en Cassation avant le dernier procès aux Assises qui, le 31 mars 1993, a prononcé l’arrêt de sa condamnation définitive à la prison à vie ?

Rappeler que sa condamnation « par contumace » fut la conséquence de son évasion spectaculaire, armes à la main, le 4 octobre 1981, de la prison de Frosinone, lorsqu’un commando des COLP (Communistes organisés pour la libération prolétaire) avait pénétré dans la prison, libérant par la même occasion un chef camorriste ?

Rappeler le pourquoi de la différence avec le procès par contumace français qui contrairement au procès par contumace italien se tient chez nous en l’absence des avocats de la défense et justifie donc pleinement que l’inculpé puisse être de nouveau jugé en France ?

Que les aveux d’un repenti sont nécessairement vérifiés pour qu’ils se transforment en preuve devant une cour ? Que d’autres preuves et d’autres témoins à charge ont évidemment fondé la décision des juges italiens ?

Que le recours aux repentis existe aussi en France et partout dans le monde pour les crimes dus au terrorisme ou au crime organisé ? Que c’est même un des plus sûrs et de plus efficaces moyens qui permet de lutter contre ces fléaux ?

Que c’est grâce à un témoignage d’une repentie (Frédérique Germain) que la France a pu démanteler Action Directe et faire condamner ses membres coupables eux aussi de crimes de sang ?

Que c’est bien le recours aux témoignages de repentis qui a permis à l’Italie de sortir enfin de la sinistre période des « années de plomb » ?

Qu’il suffit de relire Raymond Aron ou encore Camus, puis de relire les écrits politiques de Sartre -par exemple- pour savoir qui, en ces années d’affrontement partisan particulièrement violent, s’est comporté comme une crapule partisane ? Mais je doute que vous ayez jamais lu Aron, qui n’a lui jamais justifié une ignominie au nom de je ne sais quelle cause forcément juste, ni jeté l’anathème sur quiconque ne pensait pas comme lui. Peut-on en dire autant des intellectuels « de gauche » ?

Que la « parole donnée » en 1985 par François Mitterrand concernant les activistes italiens excluait très explicitement tous ceux qui se seraient rendus coupables de crimes de sang ?

Que le « sens de l’honneur » que vous revendiquez implique selon moi bien plus que l’on ne tue pas dans la rue, d’une balle dans le dos ou dans la tête, des citoyens qui ne pensent pas « comme il faut », plutôt que l’on refuse de livrer un criminel à la justice d’un état démocratique comme l’Italie ?

Que le réflexe pavlovien qui consiste à classer comme étant forcément « de droite » toute personne qui ne pense pas comme vous est consternant de bêtise ? A quoi bon, puisque vous l’avez décidé, je suis « de droite », et sans doute crypto-sarkoziste par-dessus le marché ? A quoi bon vous dire que vous avez tout faux ?

Qu’évoquer « la force, l’injure, le mépris et les menaces » du Ministre de l’Intérieur est savoureux de la part de quelqu’un qui défend un individu, Battisti, qui lui n’a fait qu’assassiner « pour de vrai » ?

Qu’en bref, vous avez tout faux, sur tout... Soit je l’ai dit en préambule, par ignorance, soit par bêtise, soit par malhonnêteté... Je ne sais quelle option est la bonne, mais qui donc est « arque bouté sur ses certitudes nourries de contre-vérités » ?


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