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Mémoires

Mademoiselle Louise Michel

« Mémoires »

Annotées et illustrées par Patrick Loiseau

dépôt légal octobre 2019

520 pages

Editions la maison du lérot

 

 

L’auteure, Louise Michel, révolutionnaire, féministe, membre active de la Commune de Paris nous livre ici ses mémoires.

Elle présente son ouvrage comme une suite de faits, de réflexions, d’écrits sans ordonnancement particulier. Le lecteur pourrait la croire mais très vite il comprend qu’il s’agit d’une œuvre pleine et entière passionnante et pas « brouillonne » du tout.

Après avoir évoqué son enfance dans la Haute Marne, elle passe aux journées héroïques de la Commune puis à la répression subie et à la déportation en Nouvelle Calédonie.

 Il lui arrive de faire quelques aller et retour fortuits et non déplacés.

 

Elle nous fait sourire quand elle raconte ses jeux dans la rue quand elle était « sous maîtresse » à Paris : elle colle une affiche « subversive » sur le dos d’un pandore après avoir peu de temps avant fait peur à un bourgeois en le suivant bruyamment.

 

Anarchiste jusqu’au bout des doigts, elle combat le système, continue à préparer en déportation la société de demain et donne des cours aux canaques dont elle soutiendra la révolte.

L’antiracisme est dans ses gênes, ce petit extrait mériterait d’être lu, commenté et appris dans les écoles :

« Les cerveaux ne sont pas cultivés, il y a de bonnes terres en friches et de vieilles cultures bien épuisées, c’est ainsi pour les races humaines. Entre ceux qui ne savent rien, et ceux qui savent mal - faussés par des milliers de générations, par toutes les infaillibilités qui se trompent - la différence n’est pas si grande qu’on croît, le même coup de vent de la science véritable passera sur tout cela. »

C’est écrit en 1886, l’auteure, militante est en avance sur le siècle et même dans l’avant- garde.

 

Tout dans ce livre n’est qu’apports : on y parle de la vie, de la lutte contre l’exploitation mais aussi de la nature, du respect indispensable des animaux.

Louise Michel se transforme longuement et pour notre plaisir en naturaliste.

Elle touche à tout, à la poésie, à la philosophie avec bonheur c’est peut- être cela qui la préservera et lui permettra du survivre et de continuer malgré les deuils : les martyrs de la Commune et sa mère qui l’a soutenue tout en souffrant de la voir risquer à tout moment sa santé et sa vie.

 

Louise Michel n’a jamais baissé les bras, elle est un exemple pour tous ceux et toutes celles qui doutent de l’avenir et pensent que l’histoire est finie :

 

« La Révolution sera la floraison de l’humanité comme l’amour est la floraison du cœur. »

 

Jean-François Chalot

 


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12 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 5 juin 2021 08:48

    A son époque, on croyait beaucoup que l’histoire humaine était une irrépressible sortie des ténèbres vers la lumière, un sens de l’histoire en quelque sorte . . .


    • Gégène Gégène 5 juin 2021 08:53

      dédié à ceux qui ne doutent pas de l’avenir ! (Epilogue, Ferrat)

      https://www.youtube.com/watch?v=HZ3ZMJVxvk0


    • BA 5 juin 2021 09:20

      Réforme des retraites : le départ à 64 ans refait surface.


      L’Elysée songe à une grande conférence sociale au début de l’été pour dévoiler les contours d’une nouvelle réforme des retraites. Le système à points serait abandonné, mais le recul de l’âge légal de départ est à nouveau envisagé.


      https://www.leparisien.fr/economie/retraites/reforme-des-retraites-le-depart-a-64-ans-refait-surface-04-06-2021-YSFJ6MGATZB4LKNR2F5JCB4G3Q.php



      • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 5 juin 2021 10:15

        Pour compléter sa biographie, il est intéressant de se pencher sur une autre biographie, celle du préfet Andrieux, son contemporain.

        Celui-ci décrit comment avec les « fonds secrets » de la préfecture, il a financé le journal de Louise Michel :

        Donner un journal aux anarchistes, c’était placer un téléphone entre la salle des conspirations et le cabinet du préfet de police.

        Mlle Louise Michel était l’étoile de ma rédaction. Je n’ai pas besoin de dire que « la grande citoyenne » était inconsciente du rôle que je lui faisais jouer, et je n’avoue pas sans quelque confusion le piège que j’avais tendu à l’innocence de quelques compagnons des deux sexes.

        Cultiver la légende c’est bien, mais ça ne doit pas dissimuler ou omettre la réalité sordide de l’état policier qui existait et évidement existe toujours en France. Infiltration, manipulation, « déstabilisation », vous comprendrez les échecs répétés des mouvements progressistes.


        • jef88 jef88 5 juin 2021 11:12

          Je viens de lire les « Mémoires » de Louise Michel dans la version originale.
          Vive internet ! ! !

          Si l’on peut considérer que son œuvre manque d’un plan bien construit on peut aussi constater que sur la plan des idées elle avait 150 ans d’avance !

          Sur le plan social en général et sur le féminisme en particulier .....


          • Aristide Aristide 5 juin 2021 11:37

            Entre ceux qui ne savent rien, et ceux qui savent mal - faussés par des milliers de générations, par toutes les infaillibilités qui se trompent - la différence n’est pas si grande qu’on croît, le même coup de vent de la science véritable passera sur tout cela. 


            Et ce sempiternel message d’un gauchisme dictatorial sur le peuple ignorant ou mal comprenant, qui ouvre la voie à toutes les formes de la rééducation des masses : les commissaires politiques lors de la révolution russe pour « éduquer » les paysans, en Chine ou au Cambodge, ou il fallait éliminer les mal-pensants ...

              


            • Danièle Dugelay Danièle Dugelay 5 juin 2021 14:59

              @Aristide
              Si vous croyez que seule l’URSS et les régimes communistes ont transformé l’histoire, vous vous trompez. Dernièrement, je me suis intéressée aux invasions des VIIIème et IXème siècle en France. J’ai consulté l’oeuvre d’un historien du XIXème siècle qui proposait un texte très détaillé. J’y ai appris que les Francs et autres envahisseurs venus du Nord étaient cruels envers les populations et que celles-ci préféraient appeler parfois les envahisseurs arabes pour les protéger. J’ai fait la connaissance d’un terrible Karl Martel, conquérant Franc, qui devait son nom à sa brutalité. Figurez-vous qu’il ne ressemble pas au grand Charles Martel dont j’ai toujours entendu parler et que j’ai admiré sur les images de mes manuels ! Sans doute était-il difficile d’écrire que le sauveur de la chrétienté en Gaule était un barbare particulièrement antipathique.


            • Danièle Dugelay Danièle Dugelay 5 juin 2021 15:05

              @Danièle Dugelay
              J’ai commis une erreur en parlant des invasions « en France ». Il s’agit bien sûr des territoires qui ont constitué la France telle qu’elle est aujourd’hui.


            • titi titi 5 juin 2021 21:09

              @Danièle Dugelay

              Les quelques écrits de l’antiquité tardives comme ceux de Sidoine Apollinaire, décrivent la partie de la gaule au nord de la Loire à cette époque après les invasions, et ça tient en un seul mot : déserte. Plus âme qui vive.


            • Danièle Dugelay Danièle Dugelay 5 juin 2021 15:01

              J’ai toujours eu une grande admiration pour Louise Michel et je trouve ce texte qui présente ses mémoires très intéressant et surtout très sensible. Merci à l’auteur.


              • titi titi 5 juin 2021 21:05

                @L’auteur

                Je suis toujours effaré de voir que certains conçoivent l’avenir, à l’aulne d’idées vielles de 150 ans.

                J’ajoute que pour avoir lu « Histoires et souvenirs de la commune » de cette même Louise Michel, j’avais été marqué par l’absence total de recul : dans ses écrits les chefs communards sont beaux et intelligents, et les versaillais sont moches gros et cons.

                Du même niveau qu’une Néant à propos de Poutine, ou d’une adolescente à propos de ses idoles de K-Pop.

                Sans intérêt.


                • LOISEAU LOISEAU 5 juin 2021 21:25

                  Titre du sujet : Enrichissement des mémoires de Louise Michel par les annotations et illustrations de Patrick Loiseau

                  Les annotations et illustrations que j’ai apportées aux mémoires de Louise Michel peuvent ressembler à une coquetterie pour le lecteur habituel mais, cela m’a paru fondamental, pour les raisons que j’ai explicitées dans la préface. Je profite de ce forum pour en délivrer le contenu, lequel permettra peut-être, en l’honneur de la Commune et de Louise Michel, d’acquérir ce livre.

                  "(...)Loin des vues simplistes de l’esprit bonhomme et commun qui persiste à enfermer les hommes et les femmes d’exception dans une carapace caricaturale, une architecture sémantique squelettique, désignant l’un par un terme ou un fait, l’autre par une boutade ou une injure, les révolutionnaires, quels qu’ils soient, sont des hommes et des femmes aux passions internes multiples. Comme vous tous.
                  Mais ils sont aussi différents en ce sens qu’une ombre les porte, cette fusion presque indicible entre le rêve et l’action. Ils sont prêts et prêtes aux changements, aux aventures, parce qu’ils sont eux-mêmes les acteurs de ces changements.
                  En cette fin d’année 2018 où l’invective autoritaire, le sens commun, la régression intellectuelle et sociale sont à l’œuvre, désignant de plus en plus, avec les quinquennats de Sarkozy, de Hollande puis de Macron, les véritables progressistes, c’est-à-dire les syndicalistes et les révolutionnaires, comme des ennemis à abattre – au moins sur le plan de la morale et du verbe – il est urgent de dresser en face de cette tentative de nous asphyxier idéologiquement les portraits de ceux ou celles qui nous ont montré le chemin pour faire de notre société autre chose qu’un marché financier ou un état féodal.
                  Mademoiselle Louise Michel est un de ces personnages extraordinaires.

                  C’est par respect que je l’appelle Mademoiselle – comme le fit son éditeur, en 1886 – et aussi pour rappeler à l’observation commune que Louise Michel était une révolutionnaire, certes mais aussi une personne. C’est-à-dire un être particulier porté par une infinité de segments intimes qui la rapproche de nous tous. Son esprit, nous l’avons ressenti à la lecture de ses mémoires, baigne dans un souci constant d’exhaustivité, certes, mais aussi dans un registre poétique qui ferait presque oublier sa promiscuité avec la mort et la souffrance. Très à l’aise dans tous ces paradoxes, Mademoiselle Louise nous emmène promener dans sa galerie de souvenirs. C’est attachant. C’est écrit avec des lettres sublimes. C’est bouleversant. Louise Michel est une vraie poétesse, une vraie révolutionnaire et une vraie femme. La lecture de ses Mémoires nous en convaincra sans nul doute.

                  Pour faire partager ce voyage, j’ai retranscrit ici l’intégralité de ce livre en adoptant à dessein un mode de lecture « décalé », je veux dire en ayant constamment à l’esprit non pas le souci d’observer Louise en spectateur externe – en lecteur - mais plutôt en une sorte de double d’elle-même, et me mettant à sa place, mentalement et physiquement – en co-acteur donc -, autant que je pusse le faire. Quand, juchée sur son arbre elle partageait à voix lancée, avec son cousin, lui-même installé sur un autre arbre, quelques tirades des pièces de théâtre qu’elle avait lues auparavant ou quelques propos sur leurs amours réciproques, l’une pour le diable, l’autre pour George Sand, je me transportai immédiatement – en pensée - sur un arbre identique et tâchai d’ouvrir toutes les références en question, en relisant les mêmes textes qu’elle ou me plaçant délibérément dans les mêmes situations - pour me rapprocher de son vécu, avec les moyens du bord bien sûr, le plus qu’il était possible… Mon positionnement et mon engagement politique et syndical, toute ma vie, de militant révolutionnaire, donc une vie ayant connu beaucoup de péripéties passionnées ou négatives, m’ont aidé quelque peu ainsi que ma connaissance du système politique dans lequel nous vivons. Ce que j’avais aussi de commun avec Louise, malgré l’époque différente et l’engagement politique différent, elle anarchiste, moi trotskyste, c’est que nous sommes devenus tous deux instituteurs à partir d’un processus autodidacte, en particulier à travers l’accès à une lecture littéraire et scientifique très jeunes, et aussi à partir d’une conviction complètement rebelle d’opposition au supposé « réel », ce réel qui nous est vendu par certains comme justifié et intangible et qui couvre nombre d’injustices inacceptables.
                  Comme conséquence de cette attitude qui consistait plus ou moins à essayer de marcher dans ses pas, j’ai donc complété ses mémoires avec des annotations – pour éclairer certaines références plutôt érudites oubliées par notre entendement contemporain – et quelques illustrations - qui sont, pour certaines, celles qui embrassèrent le mental ou le visuel de Louise.
                  C’est à cette condition de rapprochement avec elle, dût-il n’être que virtuel ou relatif, pensai-je, que les mémoires de Louise Michel, pourraient sortir de leur statut banalement historique pour emprunter au réel et au vivant, pour que, enfin, elles ne demeur(ass)ent pas une simple archive ou un bouquin oublié dans le fond d’une malle livrée à l’humidité ou aux toiles d’araignées…

                  Et comme elle, je proclame : Vive la révolution !"
                  Patrick Loiseau

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