Musée d’Orsay, « L’ange du bizarre » : Le romantisme noir est haut en couleurs
« Cauchemars, fantômes et squelettes, laissez flotter vos idées noires », au musée d’Orsay à Paris : tenue du suaire obligatoire. Une petite balade à l’exposition « L’ange du bizarre », avec ou sans Jacques Higelin, va vous faire délicieusement frissonner. Bien mieux que dans un train fantôme.
La ronde infernale vous entraine, tenant la main de Goya, Max Ernst, Murnau ou encore Bunuel. Grâce « assassine », sensualité sulfureuse et parfums interdits du Divin Marquis vont immanquablement vous envelopper dans la pénombre d’Orsay au fil de cette présentation qui tire son nom d’un conte fantastique de Poe traduit par Baudelaire … Le mystère et les merveilles sont là.
Trois époques ont été retenues par les commissaires de l’exposition : la naissance du « romantisme noir » (1770-1850) qui englobe la Révolution française et la Terreur (1.200 morts soit dit en passant contre les 30.000 sacrifiés par Monsieur Tiers pendant la Commune…) et les guerres en Europe.
Le corps et ses pulsions animales prennent le pas sur la Raison : satanisme, cannibalisme (le radeau de Méduse), torture inspirent Géricault ou Delacroix (peut-être le fils de Monsieur de Talleyrand) ou encore Blake. Ils s’appuient parfois sur l’héritage laissé par Dante et Milton. On en bat frénétiquement des mâchoires.
GOTHIQUES
De son côté, Goya exploite les superstitions populaires mais tous les artistes exposés laissent filtrer dans leurs traits un érotisme libertin et sadien.
Le terme de « romantisme noir » est apparu à la suite de la publication en 1930 de l’ouvrage de l’historien italien Mario Praz « La Chair, la Mort et le Diable dans la littérature romantique » précisément au moment où les surréalistes remettaient au goût du jour à Paris les romans clandestins du Marquis de Sade.
Bingo ! la même année Hollywood, en pleine crise de 29, créaient à travers les studios Universal les classiques que sont Dracula et Frankenstein. L’ « Horreur » était dans l’air du temps.
Au fil des couloirs ont donc été prévus des rendez-vous de cinéphiles. A peine entrés, et vous êtes emportés dans le fiacre aussi inquiétant que véloce du Nosferatu de Murnau. Vous tituberez ensuite d’effroi avec Boris Karloff, qui a les boulons devant la future épousée de son créateur. A voir (ou revoir) les démons de « la sorcellerie à travers les âges » ou frôler le malaise avec l’ambiance Hitchcockienne de Rebecca.
Une occasion unique pour nos jeunes « Gothiques » de se faire un petit brin de culture. D’ailleurs, trainés (ou pas) par leurs géniteurs, nombre d’entre eux hantent en ce moment et jusqu’au 9 juin le musée d’Orsay. Champagne !
Musée d’Orsay : 1 rue de la légion d’honneur. 75007 Paris
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON