Dominique Tarlé, Stones off

Chaque amateur des Stones le sait : Rocks off est le morceau d’ouverture d’Exile on Main street (1972). Jagger et Richards, assistés de leurs acolytes enregistrent-là leur stone angulaire ainsi qu’un magnifique hommage à la musique populaire américaine.
Mais Rocks off c’est aussi le titre de la discrète exposition consacrée au photographe Dominique Tarlé. Et s’il y eut un âge d’or des Stones, Tarlé en fut le spectateur privilégié. « Les Rolling Stones ont écrit la bande-son de mon existence », a-t-il confié au journal Libération.
Nichée dans un coin paisible du vieux Paris, la façade rouge de la Galerie de l’Instant inspire la même sorte de nostalgie que ces confiseries à l’ancienne où les papiers enrobant les friandises cachaient un pétard, une blague ou de belles images telles que celles que réalisa Dominique Tarlé, notamment.
J’ai employé le mot de nostalgie pour décrire la façade de ce lieu ouvert il y a quatre ans et qui défend les œuvres de Bert Stern, Patrick Demarchelier, Giancarlo Botti ou Tony Frank, entre autres. Mais il n’y a aucune nostalgie dans les quelques tirages accrochés à ses cimaises, posées à même le sol ou sur des meubles. Comme à la maison. Juste l’émotion d’être traversé par les mêmes ondes que celles qui nous parcourent à la pénultième - car ce n’est jamais la dernière…- écoute de Little wing (1967) de Baba O’Riley (1971) ou de Black dog (1971) - "Hey, hey, mama, said the way you move, Gonna make you sweat, gonna make you groove...".
Les images magnifiquement tirées et contrastées de Dominique Tarlé ne sont pas un viatique pour voyager dans le temps. Ce sont des bouts d’intemporalité dans lesquels il suffit de se laisser aspirer. On les regarde et l’on sent le souffle organique d’une puissante musique païenne à côté de laquelle les cantiques, toutes obédiences confondues, ne peuvent se mesurer.
La galerie de l’Instant qui porte donc bien son nom expose un choix d’instantanés de ce photographe qui sait capter le moment propice où le geste non prémédité, embringué dans un processus créateur qui nous échappe, devient pure forme.
D’où faut-il donc regarder pour voir cet incroyable totem composé par un John Entwistle, Roger Daltrey et Pete Townshend, figés de haut en bas lors de leur fameux concert de 1972 à la fête de l’Humanité ?
Dominique Tarlé ne se contente pas d’attendre que les grands fauves aillent boire pour les shooter et cette exposition ne s’appelle pas Rocks Off pour rien. Avec Sticky Fingers qui paraît en avril 1971, les Stones viennent d’escalader d’un cran l’échelle de la gloire. Il ne leur reste qu’une marche pour atteindre le sommet. Ils peaufinent et enregistrent Exile on main street chez Keith Richards, à Villefranche-sur-Mer.
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