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Accueil du site > Culture & Loisirs > L’été léger > Le mystère du Castor

Le mystère du Castor

Pourquoi lui ?

Vidéo promenade :

La fascination Brebos

Animal étrange et mystérieux, il est porteur de tant de mystères. Notre ami Brebos le castor fascine petits et grands, jeunes et moins sages, grands et petits. Il se pare de bien des vertus ; travailleur, ingénieux, inventif, discret, secret, qui font de lui une vedette incontestée de nos rivières. La légende s'est emparée de lui avec Walt Dysney en personne qui en fit un héros.

Castor aurait-il des pouvoirs magiques ? Quand ragondin, son cousin, provoque désagrément et rejet, quand le rat musqué n'a pas bonne presse et fait peur à bien des dames, lui est auréolé d'une gloire fluviale à nulle autre pareille. On veut le voir, on croit l'apercevoir, on se presse à sa recherche.

Il faut avouer qu'il aime se faire attendre. Un peu cabot, notre ami Brebos se cache, se dissimule, se fond dans le décor. Il aime la discrétion des bords escarpés, des endroits touffus, des cachettes qu'il s'est trouvé ou qu'il a fabriquées. Il profite de la fin de soirée pour se montrer enfin à qui aura eu la patience de l'attendre. Il n'aime rien tant que la nuit enveloppante qui l'extrait des œillades amoureuses de tant de spectateurs.

Pourquoi un tel succès ? Les humains auraient-ils bien des torts à se faire pardonner ? Ils l'ont traqué sans relâche pour sa fourrure. Ils lui ont fait chasse si épouvantable que le pauvre animal disparut presque de notre vieille Europe. Il fallut calmer les ardeurs des trappeurs, le protéger et le réimplanter pour qu'il accepte enfin de revenir sur nos berges.

C'est de cette histoire peu flatteuse qu'il doit sans doute sa renommée actuelle. Il est le roi du fleuve. Il laisse bien loin les autres animaux du lieu. Même le seigneur des airs, le Balbuzard pêcheur, ne récolte pas autant de suffrages. Il rend le héron vulgaire, le martin pêcheur transparent, les oies et les cygnes quelconques, tous les poissons insignifiants.

Même pour les animaux, les humains ont ce don mystérieux d'établir une hiérarchie, un palmarès factice de la célébrité du moment. Il n'y a qu'à voir le délire Panda pour se rendre compte de l'absurdité de ce comportement étrange et déroutant. Le castor n'en a cure, il profite de cette notoriété pour reconquérir les eaux d'où il fut, jadis, chassé sans ménagement alors.

Alors, quand le jour commence à fléchir, quand les bruits de la ville s'estompent, nous allons à sa rencontre pour le plus grand plaisir d'adultes qui redeviennent des enfants. Dès que l'animal pointe le bout seulement de son museau, le silence se fait, les regards se braquent à la recherche du plus petit signe de vie.

Et Brebos de jouer à cache-cache avec ces visiteurs importuns. Il plonge, disparaît pour remonter à la surface bien plus loin. Il nage juste à la lisière des ombres et des reflets. Il s'arrête, change de direction, se joue de cette traque visuelle dont personne ne se lasse. Sur le bateau, c'est à qui l'aperçoit le premier. Des exclamations, des signes, des regards qui pétillent ! Un moment magique dont notre ami castor est le metteur en scène.

Les appareils photographiques ne cessent de le chercher. Castor est souvent le plus rapide, il disparaît avant que la mise au point soit faite. Les optiques ne sont pas assez grossissantes. Vedette de notre Loire, le bel animal est poursuivi par une armée de chasseurs d'instants magiques.

Venez, vous aussi, profiter de ce moment étrange et apaisant, simple et merveilleux, tranquille et réconfortant. Vous jouirez d'une paix étrange, d'un instant en suspens, où les soucis s'effacent, les difficultés quotidiennes s'estompent.

Pourquoi nous fascine-t-il tant ? Je repense alors à l'ami Jean, le grand transmetteur de Loire, qui me disait que pour lui, le castor est si proche de l'homme et pourtant si différent. Nous sommes tous peut-être à la recherche de nous-mêmes, de nos racines ancestrales quand nous sommes ainsi à guetter le cousin Brébos !

Majestueusement sien.


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10 réactions à cet article    


  • Georges Yang 22 septembre 2012 10:47

    Le castor est un petit animal qui construit sa maison avec sa queue, sans portant toucher d’allocations familiales


    • C'est Nabum C’est Nabum 22 septembre 2012 10:53

      Georges Yang


      Je l’espère bien car c’est anima est séditieux.
      Savez-vous qu’il construit sans déposer le moindre permis et qu’il plus est, il le fait en zone inondable.

      Qui va pauer quand la crue viendra ?

      Alors les allocations, vous palisantez !!!

    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 22 septembre 2012 15:03

      Exéllente ........ !



    • olivier cabanel olivier cabanel 22 septembre 2012 11:53

      nabum

      merci pour cet article rafraichissant
      ici, en nord isère, il a donné son nom à une rivière : « la bievre », qui est en patois isérois le nom du castor, 
      et ça tombe bien, puisque depuis quelques temps, le castor est revenu dans la petite rivière
       smiley

      • C'est Nabum C’est Nabum 22 septembre 2012 12:00

        olivier cabanel


        Merci pour cette visite qui m’honore.

        Nous aussi avons rivière qui fut jadis à Castors : le Beuvron, une déformation de bièvre.

        J’ai le plaisir de voir très régulièrement des Castors sur la Loire et de raconter cette histoire aux passagers de notre bateau d’initiation : 

        Brébos, mon ami …

        Un grand constructeur contrarié


        Il était une fois un couple de brébos qui élut domicile sur les bords de la Loire. Autrefois en pays de Nièvre, on appelait l’animal bièvre avant qu’il ne se fasse castor en arrivant au port. Nos deux jeunes végétariens avaient été invités à reconquérir, en compagnie de quelques congénères, un espace que leur aïeux avaient dû fuir sous l’action malveillante des braconniers d’alors et des amateurs de fourrure de tous poils.


        Notre couple s’installa sur une boucle du fleuve. Entourés de saules et de peupliers, les deux amoureux avaient choisi un endroit bien commode avec un bras de Loire étroit et une île arborée, des conditions parfaites pour mettre au monde quelques solides enfants. Les deux castors se mirent à la tâche sans remord pour se faire un peu les dents en ce nouveau cadre de vie.


        Ils s’attaquèrent à quelques tendres végétaux qui poussaient non loin de là. De jeunes arbres fruitiers qui avaient trouvé dans le val des conditions parfaites pour croître et fructifier en paix. La réaction de l’arboriculteur fut terrible. Il éleva des protestations véhémentes, entoura chaque arbre de protections métalliques et mit même, contre toutes les règles en vigueur, des pièges, pour mettre un terme à ce prélèvement inacceptable.


        Nos castors reconnurent leurs torts. Ils devaient se consacrer aux seuls arbres du fleuve. L’homme ne supporte guère qu’on vienne lui prendre le pain dans la bouche. Il est peu « partageux » et use souvent d’expédients fâcheux. Désormais, il faudrait se méfier de ces mauvais coucheurs, la propriété privée est chose sacrée pour ceux qui vont sur leurs deux pattes arrières !


        Leur seconde expérience les conduira à édifier un magnifique terrier. Ils avaient mis tout leur cœur à ce joli labeur. Il leur semblait ainsi ne pas entraver les activités humaines. Ils se trompaient une fois encore. Il y avait là un pêcheur local qui prétendait posséder ce littoral. Il avait droit de poser nasses et engins pour attraper brochets et carpins. Il détruisit le terrier qui ne lui avait rien fait. Il ne faut pas chatouiller celui qui a payé un octroi.


        Les castors trouvèrent l’aventure un peu amère. Voilà maintenant qu’il ne fallait pas faire de l’ombre aux braconniers d’aujourd’hui. Ils se dirent que le fleuve était parfois très mal fréquenté, il fallait revenir aux fondamentaux de l’espèce, pour ne plus encourir le courroux des jaloux.


        Ils s’attelèrent immédiatement à la construction d’un barrage. Voilà un édifice qui fit la gloire de tous les leurs. Ils ne rechignèrent pas au travail et firent tant et si bien qu’ils barrèrent un petit bras de Loire. Mais voilà qu’une fois encore, ils commirent une maladresse. Le passage était emprunté par des hommes en canoë. L’obstacle les contrariait au delà du supportable, il leur imposait détour compliqué. Le barrage fut mis à bas par une armée de bras.


        Les castors étaient colère. Le fleuve est devenu surtout un lieu de loisir. Celui qui travaille ne doit pas y gêner celui qui s’amuse. Nos amis s’éloignèrent encore plus loin. Ils partirent la queue basse, se promettant de bien y regarder avant que de tenter nouvelle aventure.


        Pour accueillir les enfants qui étaient en route, les deux amants se décidèrent pourtant, à bâtir une hutte pour leur offrir un point de chute. Ils firent bel et grand ouvrage, une cabane tout confort avec vue sur la Loire. Des portes dérobées, des chambres éclairées, de l’espace et des commodités. Ils avaient pris grand soin de choisir un endroit discret à l’écart du passage. Cette fois, à n’en point douter, ils auraient enfin la paix.


        Hélas, rien n’est désormais plus comme avant. Notre monde est sous l’emprise des règles administratives. Un indélicat voisin, sans doute un ragondin, mauvais coucheur et sacré délateur fit une lettre traitresse pour avertir la mairesse du village voisin, qu’un bâtiment avait été dressé sans permis officiel. Pire encore, les castors qui n’étaient pas d’ici (le ragondin peut bien faire le malin lui qui est venu d’encore plus loin), ignoraient sans doute qu’ils avaient mis leur maison en terre d’inondation !


        De zélés contrôleurs vinrent s’enquérir de la véracité de la lettre du corbeau des eaux. Ils constatèrent le délit et exigèrent la destruction immédiate de cette maison sauvage. Les Castors serrèrent les dents, firent profil bas et partirent une fois encore loin de tous ces tracas. Ils comprirent qu’ils n’y avait pas de place pour eux dans ce pays hargneux. Nos castors dépités choisirent la clandestinité. Ils vivent désormais la nuit à l’abri des regards de ces vilaines gens.


        Depuis cette aventure, vous pouvez arpenter le fleuve, si vous voyez de nombreuses traces de leur présence, bien rares sont les castors qui se montreront à vous. Ne leur en tenez pas rigueur, depuis ces quelques malheurs, ils savent désormais qu’il est préférable de se faire discrets. De cette bien triste histoire, il ne faut retenir que la morale de la Loire. Pour vivre heureux, vivons cachés ! Elle vaut pour le castor comme pour celui qui aspire à vivre à sa façon.

        Discrètement vôtre.


      • ZEN ZEN 22 septembre 2012 12:35

        Chez moi, point de castors, sauf à Castorama
        Bon, je sors..


        • C'est Nabum C’est Nabum 22 septembre 2012 12:39

          ZEN


          Vous êtes bien à plaindre, venez nous rejoindre et laissez ces castors mercantiles à leur magasin.

        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 22 septembre 2012 18:11

          Salut Zen ,le castor commence à se réinstaller dans le Nord (Avesnois ) et en Somme (Thiérache) ,en espérant sa future réintroduction en Canche ,Authie ,Liane et Aa .....


        • Jean-François Dedieu Jean-François Dedieu 9 mai 2013 07:43

          Eté 2009, la route des vacances, vers 20 heures, à Givors, sur le parking des grandes surfaces. Entre Monts du Lyonnais et Pilat, le Gier, la rivière, a dû voir son cours bousculé par ces ZI et ces ZAC et dont la vallée reste liée à l’ industrie depuis toujours, qui plus est. Avec le crépuscule qui s’annonce, ça frémit au bord de l"eau. A l’heure de la pause, les migrateurs regardent vaguement quand un plouf de queue ne laisse aucun doute : ce sont bien les castors qui s’éveillent. On a oublié ce qu’il y avait dans le sandwich mais pas les castors capables d’entretenir en nous une merveilleuse espérance. En dépit du mercantilisme des humains... 

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