Qui vole un oeuf, vole un boeuf
J’ai rebondi « humoristiquement » sur ce dicton qui efface l’intelligence de la réflexion, il fut utilisé par un commentateur dans son dernier article, qui vole un œuf vole un bœuf. Je rappelle brièvement son dernier paragraphe.
« Une caissière allemande est licenciée pour l’utilisation à ses fins de deux coupons de réductions, le tout pour 1€30 en Allemagne. Ok au premier abord c’est dégueulasse, mais ne dit on pas qui vole un œuf vole un bœuf ? Et notre petite secrétaire du service achat chez Ariane, elle avait commencé par quoi elle ? C’est sans doute exagéré concernant la caissière Allemande. Mais à quel moment doit-on mettre la limite entre la loi et le hors la loi ? Si on laisse passer une petite chose, cela devient un « acquis », alors on va un peu plus loin, et ainsi de suite. C’est la loi, c’est emmerdant, mais c’est comme ça ».
Il me paraît assez difficile, en volant un œuf, de voler un bœuf. Généralement, l’œuf et le bœuf ne prospérant pas dans les mêmes lieux, et a-t-on déjà vu une poule pondre sur un bœuf. Pourtant pris à la lettre cela peut-être envisagé. Le cas échéant et invraisemblable, on pourrait imaginer, qu’une poule ponde sur un bœuf, et le voleur prenant alors le bœuf emporte l’œuf. Dans de telles circonstances, le dicton s’inverserait.
Nous dirions alors « qui vole un bœuf, vole un œuf ». Maintenant, si éventuellement, le voleur avait l’idée, de prendre d’abord l’œuf sur le bœuf, ensuite le bœuf, plutôt que de prendre le bœuf portant l’œuf, l’on dirait toujours : « Qui vole un œuf vole un bœuf ». Bien que la simultanéité de l’acte lui retirerait tout caractère de gravité croissante. La maxime en perdrait donc son sens, car il aurait tout à la fois volé l’œuf et le bœuf. Il nous faudrait donc invoquer une gravité supérieure plus élevée que ne l’était celle du bœuf, par exemple une ville : Châteauneuf, ou un pont : Le pont- neuf, mais là nous franchisons le pas vers l’escroquerie, le vol abstrait.
On pourrait avoir le cas où un fermier un peu excentrique, avec un B sur la langue et qui parlant d’un œuf le prononçait bœuf.
Un voleur non informé de la chose, vole au fermier l’œuf, et nous dirions toujours, « qui vole un œuf vole un Bœuf. », car l’œuf, pour le fermier c’est le Bœuf. Essayez d’imaginer le gendarme entrain d’interroger le fermier ; alors ce bœuf il était comment : petit elliptique et quand il est dur, il se dresse si on le fait tourner.
Vous me direz qu’il est peu plausible de rencontrer, un tel personnage qui appelle son œuf, Bœuf, hormis, dans un asile de fou. Comme ils n’y ont pas de poulailler, il n’y a plus qu’à espérer qu’un fou s’appelle l’Œuf, et qu’un autre, l’ait surnommé Bœuf. C’est, ce qui est le plus soutenable dans cette histoire, car lequel d’entre nous n’a pas entendu dire, d’un autre, ce type est un Bœuf. Mais qui irait voler un fou s’appelant l’œuf, afin d’être sur d’avoir un bœuf, sinon un autre fou, et nous pourrions dire « qui vole un fou, vole un fou. »
Plus futuriste serait de penser que de l’œuf, éclot un bœuf. Naturellement, ce n’est pas la poule qui le pondrait, mais la vache. Partant de là, les vaches seraient ovipares, nous pourrions nous faire ainsi des veaux à la poêle, à la coque, des veaux dur comme quand ils deviennent vieux ; comment vous me dites que dans ce cas là c’est un bœuf. Je le sais, mais quand il est petit c’est un veau le bœuf.
Non ! Non ce n’est pas extravagant du tout, les progrès en génétique sont tels, qu’en deux mille deux cents, nous élèverons des vaches pondeuses.
Ainsi se réaliserait là maxime, à la lettre, « qui vole un œuf vole un bœuf. », Enfin presque, parce qu’il y aurait, des chances qu’éclose une vache. L’application de la maxime s’en trouverait complexifiée puisque, une personne volant cet œuf devrait attendre son éclosion, pour être certaine de voler dans le même temps un bœuf, et espérer un jour voler un Châteauneuf ou Le pont neuf.
A l’éclosion d’un bœuf, le dicton s’applique, mais si entre temps le voleur mange l’œuf il est sauf, tout comme dans le cas ou éclot une vache, puisque le dicton exclut qu’en volant un œuf l’on puisse un jour voler une vache. Aussi, il me paraît donc important, qu’un signe distinctif différencie l’œuf à vache : le « Vachœuf », de l’œuf à bœuf : le « Bœufœuf », pour que la maxime trouve une application facilitée. A mon sens, je colorerais le « Bœufœuf », d’un jaune clair d’œuf, pour qu’il puisse être dérobé sans erreur. Je pense, que le voleur qui s’obstinerait, à dérober un « Bœufœuf », à moins de stupidité, en barboterait deux, pour rendre caduque l’adage, qui ne convient que du vol d’un seul comme fait aggravant.
Il n’est pas aisé de réaliser effectivement une maxime. J’ai choisi arbitrairement, un œuf de poule, car c’est à cela que nous pensons de prime abord. Mais si le dicton cite nommément le bœuf sans confusion possible, il ne précise pas la qualité de la pondeuse. L’œuf peut aller de celui du cafard à celui de l’autruche, en passant par l’œuf de Christophe Colomb, cas unique au monde. Je suis sûr que vous vous êtes gaussés, quand je vous parlais d’une future vache pondeuse. Alors, que sur les bancs de l’école, on vous a parlé de l’œuf de Colomb sans que vous trouviez cela anormal, bien que personne ne l’ait jamais vu pondre. Heureusement, car il se serait trouvé un bien nommé, pour l’appeler, le Colombœuf. Vous voyez de là la confusion, je parle de celle avec le Bœufœuf, et imaginer le désarroi du voleur ne sachant lequel est le bon.
Mais, vous vous souvenez, que le Bœufœuf est jaune clair d’œuf, donc, pas de confusion possible avec un Colombœuf, qui est toujours orienté au Nord. Vous en conviendrez les chances, de voler un bœuf en volant un œuf, sont minimes.
Tout le monde connaît cette expression propre à ceux, qui ne sont enclins à aucune indulgence pour la plus petite incartade. Laissant préjuger, par-là, l’irrémissible et incontournable destinée, d’une évolution exponentielle dans le comportement, condamnant d’avance tout amendement.
Pourtant, ce dicton affiche une certitude sans faille, un joli déterminisme. Qu’elles sont donc ces lois rigoureuses, qui régiraient nos actes en l’espèce. Si le dicton stipulait une fréquence, ex, qui vole un œuf une fois sur cent, vole un bœuf ou, vingt pour cent, de ceux qui volent un œuf, volent un bœuf. Cela dénoterait, qu’une étude statistique a été réalisée conduisant tout au moins, à une règle mathématique.
Pour cela, il serait nécessaire d’échantillonner la population mondiale, en cernant l’œuf et le bœuf. Ensuite, il faudrait que chaque cas fasse l’objet d’une analyse permettant de définir les éléments concomitants, entraînant l’application inéluctable du dicton. Or, la complexité humaine est telle, qu’aucune loi rigoureuse universelle, n’a pu être élaborée. Il faut donc se contenter de ce constat empirique. Cependant, la persistance d’un taux de réalisation du dicton en sous-tend bien une.
Nous ne pouvons pas évoquer une réalisation à caractère hasardeux, sa « répétitivité » dans le temps la lui retire, mais seulement une réalisation aléatoire, bien que croissent les probabilités de faisabilité, (œufs, bœufs) chaque fois qu’il se pond un œuf et que naît un bœuf. On peut identifier des régularités, prédire que de similaires vont se reproduire ailleurs, découvrir que cette prédiction est confirmée, identifier des structures, et constater qu’une explication rigoureuse nous échappe.
Dans ces cas, qui sont nombreux, nous parlons de théorie « empirique »ou « de phénoménologie », mots pompeux pour dire, qu’au fond nous voyons ce qui se passe, mais nous n’en comprenons pas le pourquoi. Et des théories empiriques de ce genre, qui relient entre eux des faits rencontrés dans la vie quotidienne, ne manquent pas. Tout au plus, nous pouvons sur une population définie, au comportement sociologique identique, déterminer une évolution de tendance.
Il y aurait bien les lois biologiques, qui nous poussent, par souci de survie, et autres, à nous approprier le nécessaire quitte à le disputer à d’autres, et justifieraient que nous soyons congénitalement des voleurs d’œufs ou de bœufs, suivant où se situe le nécessaire. Mais si elles pourraient fonder la notion de vol, elles n’expliqueraient en rien la gradation du dicton en l’absence de seuil du nécessaire, au mieux, nous pourrions dire en application des lois biologiques que nous sommes tous des voleurs de Bœufœuf.
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