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Quelle est la place du sport dans notre société post-industrielle ?

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En cette année où la France accueille les Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris avec des objectifs de classement de ses athlètes très ambitieux - dans les 5 premières nations - cet évènement qui devrait être avant tout ludique comme à son origine reste une opportunité pour nous interroger sur la place du sport dans notre société post industrielle ( 1)

La naissance d'une civilisation de loisirs dans les pays riches

Afin de pratiquer une activité physique, il faut avoir du temps libéré de toutes les formes de travail et à ce propos les salariés obtiennent en 1936 deux semaines de congés payés en été. Cette année là Jean Zay, ministre de l'éducation nationale introduit la pratique de l'éducation physique dans les classes de premier cycle.

Au cours des années 1960, au temps des trente glorieuses, on voit émerger le concept du temps pour soi. On assiste à la naissance d'une civilisation des loisirs et l'essor de la société de consommation conduit à une nouvelle vision d'un corps expressif et performant au sein d'une communauté démocratique dont l'objectif affiché est d'être égalitaire. Dans notre société devenue individualiste l'affirmation de soi et l'épanouissement de la personne apparaissent un des éléments fondateurs parce que la vie y est plus longue et relativement prospère.

Certaines activités sont plus féminines, comme la gymnastique, la danse, la natation, d'autres plus masculines et populaires comme le football, le vélo ou la boxe.

De nos jours on observe que les hommes pratiquent plus souvent une activité sportive régulière que les femmes. Pour y remédier, il faudrait inscrire l'activité physique scolaire comme un élément clé du cursus des élèves, de l'école primaire à l'université et inciter les filles à pratiquer un sport régulier. Dans le système éducatif français l'école n'assure pas un réel apprentissage et la notion de politique sportive au fil du temps n'est pas connue dans la haute administration.

A cet effet, à la demande du président de France Universités en 2023 un rapport a été élaboré par Stéphane Braconnier, président d'université visant à valoriser la place du sport dans les universités françaises en termes d'ambition. Mais seuls 60% des étudiants déclarent pratiquer une activité sportive en raison du manque d'équipements et de l'aménagement de leur temps.

Plus largement au niveau des établissements d'enseignement supérieur, d'après une enquête réalisée en 2023 par la Conférence des Grandes Ecoles, 50% des étudiants pratiquent une activité sportive, et 38, 3% seulement sont des filles, bien en deçà de ce qui se pratique dans les universités anglo-saxonnes qui font du sport un axe de leur rayonnement.

Faire du sport pour soi

Plus fondamentalement la pratique du sport est incontournable et devrait être enseignée dans notre système éducatif : à l'adolescence nos corps en se modelant affinent nos esprits. Les motivations qui poussent les individus à ces pratiques à caractère ludique sont la convivialité, souvent le contact avec la nature et la recherche du bien-être au travers du goût de l'effort et du dépassement de soi.

On observe de nos jours l'émergence d'une logique qui privilégie l'esprit ludique et l'écoute des sensations procurées par une pratique sportive dans le temps consacré aux loisirs. Il y a aussi la création de nouvelles formes de liens sociaux par le partage d'expériences vécues au niveau collectif. On se retrouve dans la nature, dans la cité, dans des espaces sportifs aménagés pour y partager des impressions, voire des défis en repoussant sans cesse nous limites. Plus encore dans les sports ludiques que sont la randonnée, la natation, le ski, on retrouve des expériences corporelles intensément vécues et riches en émotions très éloignées d'une logique compétitive. Tous les sportifs connaissent à l'issue d'un effort prolongé l'effet positif des neurotransmetteurs que sont les endorphines sur le cerveau : une sensation de bien-être, une forme d'ivresse naturelle et bienfaisante.

Soulignons enfin que certaines personnes handicapées se dressent pour attendre les étoiles là où la plupart des personnes valides ne cherchent pas à connaitre leur existence. Ici le sport devient un magnifique terrain de résilience permettant de recouvrer une estime de soi à l'issue d'accidents de la vie ou de maladies invalidantes conduisant au handicap.

En cette époque de crispations identitaires le sport en tant qu'accomplissement de soi, en tant que compagnon de route, nous indique que nous sommes vivants au travers de notre participation au monde, loin des dérives de certaines compétitions et / ou évènements sacrifiés sur l'autel de l'argent.

( 1)Trois leçons sur la société post industrielle, Daniel Cohen, 2006, Le Seuil

Ce document est la version remaniée d'une opinion publiée sur le Cercle les Echos en aout 2016. Eliane JACQUOT

 


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11 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 15 février 14:12

    Curieusement, cet article ne fait aucune référence à la « compétition ».

    Or, le sport n’est pas neutre. Il n’est pas né en France en 1936 avec les congés payés. Il ne se limite pas à une activité physique et il a été structuré en tant que tel par la marine britannique au 19ème siècle, d’abord pour que les marins, confinés dans un espace restreint, développent une activité favorable à leur santé, mais surtout pour créer une émulation  : plutôt que le « dépassement de sois » mis en avant, il s’agissait (et il s’agit toujours) de dépasser le autres et montrer qu’on est le meilleur.

    Il s’est alors avéré dans la pratique qu’il s’agissait d’un outil de manipulation formidable (étym : ce qui fait peur), et si les garçons pratiquent davantage que les filles, cela s’explique en particulier à travers l’idéologie développée par les entraîneurs, aussi bien dans les sports collectifs qu’individuels, sur des termes militaires et guerriers repris en cœur et amplifiés par les médias. C’est le culte du « champion » et du « héros », un culte aussi vieux que les jeux du cirque antiques et les joutes médiévales dans lesquelles les seigneurs s’ffrontaient par cehvaliers interposés pour assurer leur prestige auprès des gueux.

    Ces mêmes entraineurs n’ont d’ailleurs qu’un mot à la bouche : « nos valeurs ». Quelles valeurs ?

    Pas celles qui sont affichées et développées dans l’article, mais celles que tout le monde connait sans les reconnaître : « on est les meilleurs ».

    "We are the champions of the world« et America great again » ont un air de parenté.

    Sans parler du business.


    • Fergus Fergus 16 février 09:07

      Bonjour, S. Lampion

      « Compétition » et « émulation » sont intimement liés. Et ce ne sont pas des concepts qui méritent d’être vilipendés comme ils le sont parfois.
      Car c’est bel et bien de ces deux-là que naît chez la majorité des individus le goût de l’effort physique. Autrement dit, sans compétition, la plupart de nos congénères se contenteraient d’une existence dénuée de dépenses physiques.
      Les problèmes que l’on connaît dans les milieux du sport professionnel sont liés à des dérives très largement induites par la marchandisation de la pratique à haut niveau. Cela ne remet pas en cause l’organisation des compétitions dans les milieux amateurs.


    • pemile pemile 16 février 09:17

      @Fergus « Autrement dit, sans compétition, la plupart de nos congénères se contenteraient d’une existence dénuée de dépenses physiques »

      Et soumis à des pubs qui expliquent que faire sa mayonnaise soi même est un effet physique trop dur ?


    • pemile pemile 16 février 09:19

      @pemile effort physique


    • Fergus Fergus 16 février 09:33

      Bonjour, pemile

       smiley Beaucoup s’en contentent.


    • pemile pemile 16 février 09:42

      @Fergus
      Mais une humanité qui en arrive à faire des efforts physiques avec comme seule utilité/finalité de faire des efforts physiques (entre deux scrolles sur un smartphone) est mal barrée ?


    • Eliane Jacquot Eliane Jacquot 16 février 16:49

      @Fergus
      Bonjour ,Fergus, un grand merci à vous .
      Je pense que Sébastien Lampion ne lit pas les publications, mais que sa principale motivation est de s’acharner à l’encontre des femmes , dont moi, bof ...
      Bien cordialement 


    • zygzornifle zygzornifle 16 février 12:53

      Faire croire que l’on peu en vivre voir gagner des millions ....


      • zygzornifle zygzornifle 16 février 13:05

        Avant on rentrait dans des sectes, des partis politiques, en religion, maintenant on court, on tape dans le ballon, on bouge de la fonte, on pédale comme des damnés, mieux ou moins bien ?

        On développe ses muscles quitte a s’abimer la santé pour certains en mangeant des croquettes comme nos chats au lieu de faire fonctionner son cerveau ....

        Ils me font marrer dans les salles de sport, les filles ressemblent a des crapauds, des cuisses comme des poteaux et des culs volumineux, elles perdent leur féminité, on croirait des déménageurs, fini l’époque élancée des ballerines qui se déplaçaient comme si elles flottaient en caressant le sol, on comprend mieux pourquoi la natalité recule. Bientôt y aura un troisième sexe ?


        • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 16 février 15:59

          le sport en tant qu’accomplissement de soi, en tant que compagnon de route, nous indique que nous sommes vivants au travers de notre participation au monde, loin des dérives de certaines compétitions et / ou évènements sacrifiés sur l’autel de l’argent.

          J’ai du mal à voir comment en joggant avec son mp3 on participe au Monde.


          • mmbbb 17 février 15:45

            @Sylfaën.H. «   au travers de notre participation au monde, » moi je ne le peux pas , je ne suis pas citoyen du monde  et je me sens à peine citoyen francais ..

            Quant à l argent on peut le détester mais il vaut encore en avoir , c est plus confortable dans la vie courante notamment pour la pratique de certains sport le ski mentionné par cette auteur « e » ou autrice ,Je suis perdu ! 


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