« Zidane, un portrait du XXIe siècle »... Rien à voir
Des artistes contemporains, passionnés de foot paraît-il, ont tenté une expérience « du XXIe siècle », en filmant au plus près notre Zinedine Zidane national, sur son champ de bataille. Ils l’ont fait en réunissant pas moins de dix-sept équipes de techniciens, le temps d’un seul match, qui eut lieu le 23 avril 2005 au stade Bernabeu de Madrid.
Ce film empêche véritablement de voir.
Mes tickets attestent le prix que j’ai payé : 9 € 40. Je l’ai vu jusqu’au bout. Je le précise, parce qu’il faut un certain courage pour être malmené comme cela par deux cinéastes aussi amoureux du foot que je peux l’être du maniement des armes. Conceptuels. Leur parti pris extrême nous empêche de comprendre les qualités qui sont développées par un professionnel de ce niveau. Malgré l’énorme technique mise en oeuvre, malgré les caméras haute définition prêtées par l’armée américaine, le résultat ne rend compte ni de l’événement "football", ni du "métier" de Zidane, sa technique, son intelligence dans son aspect collectif. Non, là, un culte de la personnalité qui oublie volontairement ce qui fait son sens : l’équipe, les autres.
Une focalisation outrancière sur un homme qui, au-delà de 40 mn, se transforme sous nos yeux, et bien malgré lui, en rat de laboratoire. Zidane lui-même a dû se sentir gêné.
Le caractère obsessionnel de ce portrait devient pervers à mesure que le zoom se resserre sur lui, sur son visage, sur les émotions qui le traversent. On aurait pu aussi bien le filmer de cette façon en train de faire ses courses, cela n’eût pas été moins intéressant. Le parti pris artistique de ce film aboutit à l’inverse de ce que Zinedine Zidane lui-même dit au début du film : "On n’est jamais seul". Eh bien nous, si. On se sent toujours un peu plus seul, avec lui, au milieu de 60 000 personnes. Seul à la recherche d’une logique. On voit un grand joueur dont les qualités exceptionnelles d’intuition, le sens du jeu collectif font une légende vivante, courir de façon erratique (le croit-on), à la recherche fauve d’un contact avec le ballon, d’une occasion fugace de le toucher (magnifiquement).
Mais comme la situation du match qui se déroule en même temps nous est totalement occultée, on décroche, et pire, on s’ennuie, malgré l’admiration que chacun porte au bonhomme. Ce film empêche de découvrir. Et ce ne sont pas les quelques mots échangés avec Roberto Carlos qui nous extirpent de cet enfermement. Loin d’être une ode à Zinedine Zidane, ou à un sport, ce film ravit ceux qui n’aiment pas le foot, ou confirment dans leur ignorance ceux qui n’y comprennent rien.
Il reste tout de même à féliciter la qualité de la bande son (Hervé Schneid). Je ne ferai pas la pub des deux zigotos exposés au Gugenheim de New-York, ça sent le bobo à plein nez. Leur CV, on s’en balance. Ce qu’on voit, c’est beaucoup de moyens pour peu de choses, au fond. Les techniciens de Téléfoot n’ont pas à rougir, leur sujets du dimanche matin sont au moins aussi esthétiques.
Il y aurait tellement plus à dire sur ce sport et sur ce joueur-là, ce modèle de sportivité, d’esprit d’équipe, d’humilté et de professionnalisme, qui nous fait rêver depuis quinze ans.
http://www.lefigaro.fr/culture/20060523.WWW000000245_tre_ou_ne_pas_etre_zidane.html
voir mon post sur le foot en 2005 : http://benoit-brisefer.neufblog.com/vie_reves_et_emmerdes/2005/03/index.html
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