• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Gazi BORAT 20 décembre 2008 18:19

On peut douter des vérités officielles, des évènements qui se produisent juste à temps en certains contextes pour avantager des pouvoirs en place, retourner une opinion publique, l’inciter à se souder derrière un pouvoir qui de détesté, apparaisse soudain protecteur...

Les actes terroristes se prêtent particulièrement aux manipulations, l’Histoire en a déjà fourni maints exemples.

Les groupuscules d’opposants créés par la police, infiltrés dès la création, attirant des militants radicaux abusés et que le secret entourant de telles officines empêche de vérifier l’authenticité sont un grand classique des techniques de contre insurrection.

Ces groupuscules provoqueront des attentats qui, en retour, justifieront devant la population une politique répressive.

Ces techniques ont un nom, cela s’appelle la "stratégie de la tension".

Cela s’est produit récemment en Turquie, avec un acte odieux qui généra sur ce forum articles et fils passionnés : l’assassinat d’Hrant Dink, journaliste arménien, acte criminel attribué à une "nébuleuse" islamiste.

La vérité est connue en Turquie, à travers la mise à jour d’une organisation secrête appelée "Ergenekon", et groupant panturquistes d’extrème droite, kémalistes radicaux qui procéda à l’élimination du journaliste dans le but de préparer l’opinion à un coup d’état militaire à venir.

On a retrouvé dans cette construction les mêmes alliances que lors du coup d’état de 1960, qui mêla provisoirement les frêres ennemis de la droite et de la gauche radicale unie contre un pouvoir à l’idéologie religieuse et libérale..

Les uns s’engageant dans une défense de la laïcité telle que développée par les théoriciens du kémalisme, les autres souhaitant faire sortir de scène l’enième avatar du Demokrat Partısı , premier parti libéral-religieux à avoir conquis le pouvoir en Turquie (1950) et av.oir été chassé à la pointe des baïonnettes.

Du Demokrat Partısı à à l’AKP en passant par l’Adalet Partısı (Parti de la Justice) et le Refah Partısı (Parti de la Prospérité, que ce soit par les procédures juridiques ou la pression de l’état major, ces différentes moutures de la même idéologie n’ont jamais pu garder le pouvoir longtemps (note personnelle : et c’est tant mieux !) et la formation de Tayıp Erdoğan risque de bientôt battre un record de longévité.

L’utilisation de techniques relevant de la "stratégie de la tension" n’est pourtant pas un fait nouveau en Turquie. Des précédents avaient déjà eu cours, mais dirigés principalement vers l’extrème gauche et le syndicalisme de lutte (la centrale DIşK, notamment) dans la période dite de la "guerrilla urbaine", précédent l’arrivée au pouvoir en 1980 de la junte dirigée par le général Kenan Evren..

On en retrouva la trace avec des groupuscules créés par les services de sureté nationaux (le fameux MIT), dans des configurations mêlants policiers, militaires et éléments mafieux rappelant notre défunt SAC gaulliste et dans des actes destinés à discréditer la résistance kurde marxiste (le PKK d’Abdüllah öcallan) par des attentats aveugles signés d’organisations ytelles que : "Les Faucons de la vengeance du Kurdistan" ou d’autres à connotations plus religieuses-radicales comme le "Hizbolah" ou un "Tek Yol Islâm" (une seule voie : l’Islam) dont le nom fut calqué par des fonctionnaires peu imaginatifs sur celui d’une formation gauchiste "Tek Yol Devrim ("Une seule voie : la révolution).

Ces officines troubles, ces alliances improbables, ont été facilitée par des structures datant du plus fort de la Guerre Froide et orientée vers la lutte contre le communisme, les réseaux "stay-behind", plus connus chez nous sous le nom de "GLADIO"

J’ai choisi ici l’exemple turc, mais j’aurais pu tout aussi bien choisir l’Italie des années de plomb et ses attentats gauchistes derrière lesquels des journalistes lucides dénonçaient déjà la main noire de l’OTAN et dont un certain nombre de lampistes appartenant aux groupes néo fascistes du Prince Borghese ont été jugés récemment en Italie.

Vous me direz : "Pourquoi créer ce type d’attentats alors que des mouvements tels que les Brigades Rouges et Prima Linea agissaient déjà ?"

Simplement s’ajouter au chaos ambiant en le renforçant par des attentats particulièrement odieux comme celui de la gare de Bologne ou de la Piazz Navona, et à éer dans l’opinion un mouvement de ras-le-bol appelant à la mise en place d’un gouvernement plus "musclé".

En Italie, le but était d’empêcher ce que l’on appela le "compromis historique", à savoir l’arrivée au pouvoir d’une coalition comptant en son sein les frêres ennemis de la politique parlementaire : le PCI et la Démocratie Chrétienne. Ce qui rendit cette période particulièrement violente fut le fait curieux que Brejnev ne souhaitait pas, tout autant que les Etats Unis mais pour d’autres raisons, l’arrivée aux commandes d’un parti communiste ayant pris ses distances avec l’orthodoxie soviétique.

Et la France, dans tout celà ? Mitterrand s’exprima un jour à ce sujet en déclarant : "Le GLADIO n’a jamais existé en France !" tandis que l’état major déclarait de son côté que les structures avaient été démantelées à la fin des années quatre vingt.

Parmi les responsables de cette structure qui n’avait jamais existé en France, on ne trouvait ainsi pas la trace d’un certain Mr de Grossouvre qui, comme on le sait, s’éteint paisiblement à l’issue d’une carrière paisible l’ayant mené aux responsabilités des "chasses présidentielles".

Il est vrai que la tâche du GLADIO fut particulièrement entravée par l’anti-atlantisme développé durant la période gaulliste et le départ du pouvoir de la SFIO durant la crise algérienne..

Par contre, on retrouva la trace du GLADIO, sous la forme d’éléments radicaux ayant échappé au contrôle, lors des affaires attribués aux sanglants "Tueurs fous du Brabant".

Et Madrid, dans tout cela ?

Pour moi, la perplexité que je ressentit alors, cet attentat me semblant totalement contre-productif pour ceux à qui onl’attribua après avoir écarté la piste "ETA", dans la mesure où l’opinion publique espagnole souhaitait alors le retrait de ses troupes du théatre des conflits moyen oriental.

Nier que puisse exister de tels agissements de la part d’organes de sécurité officiels revient à une attitude naïve et angéliste, voir systématiquement derrière tout évènement une main occulte revient à une pensée conspirationniste et paranoïaque.

La réalité se situe sans doute entre ces deux extrèmes..

gAZi bORAt


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès