3,6 milliards de petits fauchés et… 85 pleins aux as
Ce titre indique combien la répartition de la richesse mondiale est inégalement répartie et tout cela ressemble de plus en plus aux résultats d'un méga Euro Millions. Cette richesse globale se partage en deux parts égales, une, pour 1% de la population mondiale, les plus riches, et l'autre moitié, pour les 99% restants. Avec un autre point de vue, on peut affirmer que la moitié de la population de la planète, 3,6 milliards d'êtres humains, possèdent la même fortune que les 85 personnes les plus riches dans le monde. Comme dirait le regretté Coluche " il y en a qui sont plus égaux que d'autres".
Merci à Frep pour le dessin." Vers un siphonnage des richesses"
Ces chiffres particulièrement révélateurs sont fournis par le dernier rapport de l'Oxfam "EN FINIR AVEC LES INEGALITES EXTREMES- Confiscation politique et inégalités économiques" publié ce 20 janvier.
" Il est sidérant qu'au XXIème siècle, la moitié de la population mondiale, soit 3,5 milliards de personnes, ne possède pas plus qu'une minuscule élite", se lamente Winnie Byanyima, la directrice générale d'Oxfam international - ONG qui lutte contre les inégalités dans le monde.
Une fois la sidération des chiffres passée, on attend de savoir comment les "décideurs économiques" réunis à Davos vont bien pouvoir justifier un tel hold-up des richesses mondiales par une petite bande d' "acteurs économiques", et on se demande bien ce que comptent faire nos décideurs pour imposer une redistribution d' une partie de cette richesse confisquée. En tout état de cause ce ne sera pas par soucis d'équité que les élites accepteront le partage, mais bien par crainte que la violence des peuples sorte des faubourgs pour les beaux quartiers.
UNE MONTAGNE D' OÙ NE RUISSELLE RIEN OU SI PEU
La démesure des chiffres de l'accumulation de richesse par certains, contenus dans ce rapport, ne peut pas nous laisser indifférents.
- La richesse des 1 % les plus riches s'élève à 110 mille milliards de dollars. C'est 65 fois la richesse totale de la moitié la moins riche de la population mondiale. En prélevant 1.5 % par an de ce montant, sans appauvrir ces 1 %, on pourrait allouer à cette deuxième moitié 1,25 USD par jour, éradiquant ainsi l'extrême pauvreté.( 1,3 milliard d’habitants vivent sous le seuil d’extrême pauvreté,1,25 USD, soit près du quart des habitants de la planète-l'observatoire des inégalités )
- Sept personnes sur dix vivent dans un pays où l'inégalité économique a augmenté au cours des 30 dernières années.
- Les 1 % les plus riches ont augmenté leur part de revenu dans 24 des 26 pays pour lesquels nous disposons des données entre 1980 et 2012.
- Aux États-Unis, les 1 % les plus riches ont confisqué 95 % de la croissance post-crise financière depuis 2009, tandis que les 90 % les moins riches se sont appauvris.
- Dans la plupart des pays la part des revenus détenus par les 10% les plus riches augmente et celle des 40% les plus pauvres diminue. Ce phénomène s'est amplifié depuis le début de la crise de 2007.
Ce mouvement de concentration de la richesse, enclenché dans les années 1980 s'est accéléré avec la crise et il n'y a aucune raison que cela s'arrête. Si la richesse mondiale augmente, si le PIB moyen augmente plus vite dans les pays du continent africain ou asiatique, le coefficient de GINI des inégalités de revenu (Wikipédia ) de la plupart des pays augmente aussi. Dans les pays de l'OCDE, celui-ci a pris 10 % supplémentaires de 1985 à 2010. En Chine les inégalités explosent, cet indicateur est passé de 0,412 en 2000 à 0,61 en 2010. Le monde est globalement moins pauvre, comment pourrait-il en être autrement, mais terriblement plus inégalitaire.( Alternatives économiques)
Au delà de l'inégalité des revenus, c'est la valeur des patrimoines qui a explosé accentuant encore les inégalités. Moins de 10 % de la population mondiale détient 82 % du patrimoine mondial, alors que 3 % vont à 70 % des habitants. L’Amérique du Nord et l’Europe en possèdent 67 %.( Observatoire des inégalités )
La théorie du ruissellement fait encore de la résistance dans le cerveau de certains laudateurs du système en place. Avec leur consommation de produits de luxe, l'emploi d'une armée de serviteurs, avec leur fondation caritative, les riches seraient censés redistribuer une partie de leur richesse. Même B. Bernanke y a cru avec son "quantitative easing". Les 85 milliards de dollars par mois, déversés dans le système bancaire, devraient bien finir un jour par ruisseler dans tous les secteurs de l'économie. Après quatre années de cette politique "accommodante", les indices boursiers sont à des sommets - le Dow Jones vient d'atteindre son plus haut niveau en 117 ans jamais atteint dans l'histoire - et une nouvelle bulle s'installe dans l'immobilier au Etats-unis, gonflant encore les portefeuilles et le patrimoine des possédants et accélérant la concentration des richesses. La croissance stagne et le chômage est toujours aussi important, simultanément la classe moyenne a de plus en plus de mal à accéder à la propriété. Les inégalités n'ont jamais été aussi fortes et la majorité survit sans espoir de voir passer l'ascenseur social. Tel est le résultat de la politique monétaire américaine.
Les chiffres tombent, mois après mois, et montrent que de redistribution par le ruissellement, des riches ou des banques centrales vers les plus démunis, il n'y a pas. Au contraire, l'argent fait fi de la gravité et circule plus facilement de ceux qui sont dans les ateliers sordides du Sud-Est asiatiques, qui n'ont que leurs bras et leur qualification,par le truchement des consommateurs, vers les coffres des 1 % , ces " winners ", dirigeants de toutes ces méga entreprises, qui se moquent des frontières des Etats-Nations.
Le problème est que, en plus de l'aspect moral et éthique, cette situation est particulièrement instable par la violence social qu'elle impose aux plus démunis remettant en cause l'égalité des chances. Aux Etats-unis le taux de pauvreté est passé de 11,3 à 15,1% de 2000 à 2010. On rappelle qu' en France, de 2008 à 2010, en pleine crise, les 10 % les plus pauvres ont perdu 179 millions d’euros, alors que les 10 % les plus riches se sont enrichis de 24 milliards.
D'autres chiffres doivent aussi nous interpeller :
- Près d'un quart des Européens de L'Union européenne,( Le Monde 5/12/2013 ) soit 124,5 millions de personnes, étaient menacés de pauvreté ou d'exclusion sociale en 2012, selon des chiffres publiés jeudi 5 décembre par l'office de statistiques européen, Eurostat.La tendance est à la hausse, puisque 24,8 % des Européens étaient concernés en 2012 contre 24,3 % en 2011 et 23,7 % en 2008
- Le chômage, au niveau mondial, a presque atteint les 202 millions de personnes en 2013,( Le Monde du 20/01/2014) soit une hausse de près de cinq millions de chômeurs par rapport à l'année précédente. Et les perspectives ne sont pas bonnes : de 206 millions en 2014, le nombre de sans emploi pourrait bondir à plus de 215 millions en 2018.
- 840 millions de personnes demeurent sous-alimentées dans le monde, dont 550 millions en Asie. ( Observatoire des inégalités -10/2013 )
- dans les pays riches on compte des dizaines de millions d'enfants pauvres (Le Monde 05/2012 )
- On dénombre aussi 30 millions d'esclaves sur la planète ( Le Courrier International)
Les articles de presse sur les dégâts du libéralisme sont pléthores.
Ces inégalités extrêmes dégradent les gouvernances démocratiques,renforcent le pouvoir des oligarchies, limitent l'accès à l'éducation et à la santé, l'égalité homme-femme, et la mobilité sociale. Peu à peu l'organisation économique et sociale devient duale : Low-cost pour la grande masse et luxe et services premium pour les 1 %. Quartiers résidentiels fermés pour les uns, logements précaires dans des quartiers périphériques pour les autres. Ce type de société, à l'apartheid social assumé, induit frustration et montée de la violence avec le développement d' économies souterraines. Devant l'insécurité grandissante, les politiques répressives avec une justice expéditive tentent de sécuriser tout le monde et il ne faut pas s'étonner que le ministère de l'Intérieur deviennent dans certain pays le passage obligé vers de plus hautes responsabilités.
T.I.N.A. toujours T.IN.A."There Is No Alternative !" Martèle-t-on à l'infinie depuis Margaret Thatcher. Dans ce monde, où il y aurait toujours des gagnants même si ils sont pas nombreux, comment ne pas se défoncer pour participer à cette "économie casino" ?
Jusqu'à quand la majorité se résignera-t-elle à accepter l'insoutenable ? Ici et là certains se révoltent de toujours être dans le camp des perdants. Au Bengladesh et au Cambodge les ouvriers du textile se mobilisent pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. D'autres, à Kiev, rejettent un gouvernement d'oligarques. Nul doute que, quand les peuples n'auront plus rien à perdre,ce n'est pas la success story de quelques uns , ni les menaces de la police qui les dissuadera.
La confrontation entre la grande masse des perdants de ce jeu truqué et les éternels gagnants serait-elle encore évitable ?
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