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Je me suis toujours demandé pourquoi une politique d’urgence s’installe dans la durée au point d’en devenir une politique de fond sans que cela ne provoque contestation.
Je me demande pourquoi accueillir la misère du monde est plus valorisant pour le quidam bien au chaud dans notre pays, plutôt que de prendre en compte la misère de ceux qui vivent ici.
Et j’hésite sur les réponses.
Ceux qui s’occupent des réfugiés font partie du peuple ; à l’accueil d’une ville préfecture, quelques associations distribuent des vêtements, des couvertures, des choses légères pour ceux qui vivent dans la rue. Les femmes, la plupart du temps des femmes, qui devraient être dix, salariées d’une association, ne sont plus que trois puisque les autres ont craqué, et sont en congé maladie ou en disponibilité. C’est un boulot de fous, absolument désespérant, et épuisant. Ce sont des femmes aussi, et pas de la classe supérieure, qui font la quête à la sortie des grands magasins pour récolter quelques nouilles ou grains de riz, histoire d’apporter ce minimum aux nécessiteux.
On voit rarement de grandes bourgeoises à l’œuvre, exemptées d’avoir donné un chèque sans doute.
Quant aux arrivés, du moins à certains d’entre eux, ils rêvent de travailler, envoyer l’argent au pays pour nourrir femmes et enfants, ils demandent à ceux qu’ils rencontrent pour l’offrir, un stage de formation… mais comment devenir électricien quand on ne parle pas la langue, qu’on n’a pas de voiture, qu’on est seul de son pays dans ce bourg d’accueil et qu’on passe de maison en maison, un mois ici un mois là et que le département n’envoie que quatre cents euros par mois ; certes nourris logés, ils ne sont pas si mal lotis, mais que faire de ses journées ? La plupart passe son temps au téléphone, Ipad ou je ne sais quoi, avec ceux de son pays. Il apprendra la langue plus tard, il est déchiré et ce qu’on a à lui offrir, c’est peut-être byzance pécuniairement, mais pour le reste, détresse.
Certes on l’a sauvé des eaux, il est en vie, c’est déjà bien, et puis.. ?
Tous ces oligarques qui pillent l’Afrique et qui placent à la tête de notre pays les plus serviles ( je fais court hein, c’est pour donner une idée ), au pire utilisent ces réfugiés dans des jobs à cent sous, les politiques applaudis par les gens qui ont belle âme sans plus d’engagement, ne se soucient pas trop du devenir, des uns et des autres ; les humbles, les sans dent, les chômeurs des quartiers défavorisés !!
Il y a plusieurs points de vue, au sens strict ; selon qu’on se place sur un belvédère et admirant le monde, ou dans un tunnel espérant la lumière de sortie, ou sur le trottoir observant la chaussée ou dans sa voiture observant le trottoir… on ne voit pas la même chose. Pourtant c’est la même chose.
Une agitation, un mal-être, une précarité, une aliénation à d‘autres volontés indistinctes, une obéissance ou une audace, une illusion ou un rêve, ou juste la sortie infime dans laquelle on a pu se glisser.
C’est ça le progrès de la civilisation ? De la technologie ? De la médecine ?
Ah bon.
On aurait pu croire que le bonheur en découlant fasse de chaque vie une richesse partagée, de chaque lieu un lieu riche de passé et d’idées, de chaque être un humain enraciné avec l’esprit libre et voyageur, de chaque rencontre un échange fructueux… mais il n’en a pas été ainsi, en tout cas pas longtemps, très vite notre destinée déraille sous les coups de la folie de ceux à qui on a laissé le pouvoir de détruire.
Alors, du belvédère on voit la géopolitique, immonde d’hypocrisie, et on compte les victimes.
Dans le tunnel, on ressent la frayeur des perdus, sacrifiés sur l’autel de votre confort. Du trottoir l’affolant va et vient des robots au volant de leur aliénation ; et au volant de son joujou favori, on ne voit rien.
En géopolitique, on peut dire qu’il ne faut pas essuyer les dégâts causés par les marchands de rêves qui s’engraissent sur la mort des passagers ; on se dit que si rien n’est fait en amont, très haut sur le mont, tout sera inutile ; on se dit que les pays riches jouissent de leur confort sur le sort des habitants des pays pauvres qui ne sont pauvres que parce qu’on les pillent ; on se dit qu’il faut arrêter ça : limiter au maximum notre consommation, agricole qui les empêche de cultiver pour se nourrir, minérale dans nos joujoux électroniques tellement addictifs, qui pille et pollue leur pays sans créer chez eux la moindre once de richesse ; dans nos voyages qui esquintent leurs traditions, leurs paysages, leurs cultures ; et dans notre bon cœur qui les emploie quand ils arrivent, au black et pas cher, comme chez eux, nourris logés et pis c’est tout. Donc on réduit son confort artificiel, sa nourriture importée et on n’élit plus les mêmes. À tous, ça devrait le faire. Mais pas tout de suite, bien sûr.
Dans le tunnel on voit ses semblables rampant et si on est à quatre pattes on pense pouvoir donner un coup de mains.
Sur le trottoir, trop occupé à guetter la faille où l’on pourra traverser, on n’a pas trop idée de l’autre ni même qu’il existe ou au mieux on le perçoit aussi clairement qu’un décor imposé auquel on s’accoutume. Je ne dirai pas que c’est chacun sa merde, c’est qu’on est dans une inquiétude et une précarité qui nous empêche tout altruisme.
Sur la route, dans sa belle auto, c’est chacun sa merde, et si l’auto est moins belle, je me contente de la mienne !
Ce synthétisme imagé peut ne pas vous parler, mais s’il vous parle vous comprendrez qu’il ne faut pas rester à un stade, à un point de vue, que tous, s’ils ne se superposent pas, doivent se conjuguer, et pour se conjuguer il en faut des représentants éclairés, pour que personne ne soit oublié, qui veulent en finir avec ce malheur que l’homme inflige à l’homme, pour des broutilles, des chatouillis d’orgueil, de vieux complexes, des désirs de revanche, ou carrément c’est vrai des débordements fous qui n’ont jamais été contrés. Il faut garder le cœur mais ne pas oublier la tête, avec sa lucidité et le minimum de savoir pour être éclairé.
Le conseil du sage est de plutôt ne pas attaquer l’autre point de vue, mais l’écouter, s’en imprégner, penser qu’à tous nous avons le pouvoir de changer les choses, à condition de savoir encore ce que veut dire « ensemble » .
Il y a quatre ans un ras le bol, une bouffée de vie, un rassemblement improbable se sont produits.
Certes je reste impuissante quant au problème quotidien imposé et certes je vois plutôt notre responsabilité politique mais je ne la vis pas comme une culpabilité, puisque nous aujourd’hui n’y sommes pour rien sauf à jouir des bienfaits des rapines, le nez en l’air, les mains dans les poches ; comme un dû durement acquis !
Oui mais on ne peut pas se passer… mais aujourd’hui on ne peut plus vivre si on n’a pas… on ne peut pas faire autrement…
À quoi bon la ramener, d’une manière ou d’une autre au sujet des effets des causes qui créent notre vie impossible autrement ?
Si nous sommes passifs, si nous ne pouvons rien faire, encaissons et buvons !! sinon, privons-nous, agissons, éjectons les nuisibles par tous les moyens possibles… boudons, boycottons, passons nous de ce que nous apporte l’exploitation des autres : vous vous en sentez capables ?
C’est vraiment possible, à condition d’avoir le courage de changer de vie !! Et qu’il ne suffit pas de donner cent sous aux dommages collatéraux de nos dirigeants fous, encore faut-il refuser d’en être complaisamment complices en profitant.
Si nous étions restés des êtres vivants en ce monde, si nous avions gardé l’adéquation à ce monde, si les détresses, les frustrations, les aliénations les peurs n’avaient pas déformé notre psyché jusqu’à la rendre méconnaissable, nous saurions encore que la loi de l’hospitalité est sévère.
Dans un troupeau de chèvres chamoisées, introduire une chèvre blanche est la vouer à la mort, à moins de s’y prendre délicatement, avec lenteur et finesse.
Des abeilles en détresse qui cherchent refuge dans une autre ruche prennent garde à arriver le jabot plein de nectar et les pattes pleines de pollen.
Quand on arrive dans un lieu habité, qui n’est pas chez nous, on se présente, on explique notre présence, on demande l’hospitalité et, si l’on a un cadeau dans nos sacs, c’est pas plus mal, mais si nous sommes dans la détresse, on se montre humbles, c’est tout.
Le progrès apporté aussi par les lumières a jeté tout ceci aux ordures, de part et d’autres : dans nos campagnes les citadins qui payent cher leur petite villa, en arrivant pensent avoir le droit de se sentir chez eux ; s’ils ne disent jamais bonjour, ce n’est pas forcément qu’ils sont malotrus, c’est qu’ils ne savent pas vivre en campagne, et puis, celle-ci ou une autre, c’est le hasard des prix ou des disponibilités de terrains à vendre. Ils amènent la ville, son anonymat, ses réclamations : plus de grenouilles, plus de cigales, plus de cloches, plus d’horloge… à la ville il n’y avait que le voisin qui pisse à l’étage au dessus, la circulation sur le périphérique pas loin, les sirènes de police à toute heure… on n’y pouvait rien, on s’habituait… mais on doit bien pouvoir faire taire les tourterelles, non ? !!!
Quand on a des sous on est chez soi partout. Point.
Mais quand on trouve injuste qu’il faille des sous pour être chez soi partout, on se comporte comme si on était chez soi partout, sans sous. Et là, ça coince. Ou pas.
On peut en parler des heures, tant à dire.
Pour simplifier, l’immigration type USA depuis sa création, est une évidente nécessité ; l’immigration en Russie apparaît comme intégrable vue la taille du pays, vu son potentiel.
L’immigration en France, n’est soutenue que par les culpabilisés de service qui payent les excentricités africaines de leurs aînés, élus !! Faut pas déconner : il y a une loi naturelle et l’immigration en est peut-être l’ultime exemple : s’expatrie qui veut, sachant qu’il devra faire ses preuves pour s’intégrer ; c’est une loi de la nature que nous ne pourrons jamais dépasser. Ce n’est pas un droit.
Le chaos désiré par en haut pour le bas, histoire de maîtriser plus facilement le déroulé des évènements, n’est pas une histoire humanitaire : elle doit se résoudre politiquement, à condition qu’il n’y ait pas aux décisions que les intérêts du chaos représentés.
Si aucune opposition ne peut pointer le problème du doigt, il y a blême.
Je m’arrête là parce qu’on n’en finit plus : il y a l’humain, la culpabilité, la compassion, l’intérêt, l’indifférence, la frustration ( pour celui qui subit) voire la jalousie de traitement, la gêne, l’intrusion… si une politique ne tient pas compte de toutes ces données, elles n’est pas digne.
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