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Accueil du site > Tribune Libre > Alan Turing : le triomphe d’un esprit, la trahison d’une (...)

Alan Turing : le triomphe d’un esprit, la trahison d’une nation

Sous la lumière blafarde d’une lampe à pétrole, dans une baraque en bois de Bletchley Park, Alan Turing griffonne des équations sur un carnet taché d’encre. Dehors, les sirènes hurlent, rappelant l’ombre menaçante de la guerre. Ce mathématicien au regard perçant, dont l’esprit court plus vite que les machines qu’il invente, est sur le point de changer le cours de l’histoire. Son génie déchiffre les codes nazis, sauvant des millions de vies, mais son cœur, lui, porte un secret qui le condamnera sans pitié.

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Le cerveau de Bletchley : déchiffrer l'indéchiffrable

Dans l’Angleterre de 1939, la guerre éclate comme un orage longtemps contenu. Les messages codés par la machine Enigma, fleuron de la cryptographie nazie, circulent à une vitesse terrifiante, orchestrant des attaques qui plongent l’Europe dans le chaos. À Bletchley Park, un manoir décrépit transformé en centre nerveux de l’intelligence britannique, Alan Turing, alors âgé de 27 ans, entre en scène. Ce mathématicien excentrique, souvent vêtu d’un pull élimé et d’une cravate mal nouée, n’a rien d’un militaire. Pourtant, son esprit est une arme d’une puissance inégalée.

 

File:Enigma (crittografia) - Museo scienza e tecnologia Milano.jpg

 

Turing s’attaque à Enigma avec une obsession presque monacale. Dans une lettre à sa mère, datée de 1940, il écrit : "Ces machines sont des énigmes diaboliques, mais je sens qu’elles peuvent être domptées. Chaque jour est un combat contre l’invisible". Ses collègues décrivent un homme qui oublie de manger, perdu dans des calculs interminables, griffonnant des schémas sur des bouts de papier éparpillés. Avec son équipe, il conçoit la "Bombe", une machine électromécanique capable de tester des milliers de combinaisons d’Enigma à une vitesse fulgurante. Ce n’est pas une simple invention : c’est une révolution.

 

Alan Turing: The Visionary Genius Who Shaped Modern Computing | Artificial  Intelligence

 

Le succès de Turing à Bletchley Park permet aux Alliés de déchiffrer les communications allemandes, révélant les mouvements des U-Boote en Atlantique et les plans des offensives terrestres. Selon des estimations d’archives militaires, le travail de Turing et de son équipe aurait raccourci la guerre de deux à quatre ans, sauvant potentiellement 14 millions de vies. Pourtant, dans l’ombre des baraques, loin des regards, Turing porte un fardeau intime : son homosexualité, un secret qui, dans l’Angleterre puritaine de l’époque, pourrait le détruire.

 

Un héros dans l’ombre : l’impact méconnu de Turing

L’impact du travail de Turing est difficile à surestimer. Les messages décodés, regroupés sous le nom de code "Ultra", deviennent le pouls de la stratégie alliée. En 1941, alors que les convois britanniques sont décimés par les sous-marins allemands, les décryptages d’Enigma permettent de rerouter les navires, évitant des pertes colossales. Un officier de la Royal Navy note dans son journal : "Sans ces fichus mathématiciens, nous serions à genoux. Leur travail est un miracle silencieux". Ce "miracle" est l’œuvre de Turing, dont l’esprit méthodique démêle les nœuds d’un code que les Allemands croyaient inviolable.

Mais Turing n’est pas un héros de cape et d’épée. Il est maladroit, parfois brusque, et ses manières excentriques agacent certains collègues. Une anecdote, peut-être apocryphe, raconte qu’il attachait sa tasse de thé à un radiateur avec une chaîne pour éviter qu’on ne la lui vole, une excentricité qui fait sourire mais révèle un homme singulier, inadapté aux conventions sociales. Pourtant, c’est cette singularité qui fait de lui un génie. Dans un rapport interne de Bletchley Park, un supérieur écrit : "Turing est un esprit à part, un homme qui voit ce que personne d’autre ne peut voir".

Le secret d’Ultra, maintenu jusqu’aux années 1970, signifie que Turing ne recevra jamais les lauriers de son vivant. Ses contributions restent enfermées dans des dossiers classifiés, tandis que l’homme lui-même retourne à une vie d’apparence banale, enseignant à Cambridge et poursuivant ses recherches sur des machines pensantes , des idées qui jetteront les bases de l’informatique moderne. Mais l’ombre de son secret personnel grandit, menaçant de tout engloutir.

 

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Le prix de l’héroïsme : une trahison nationale

En 1952, alors que la guerre n’est plus qu’un écho dans les mémoires, Alan Turing est arrêté. Son crime ? Avoir aimé un homme. Dans l’Angleterre d’après-guerre, corsetée par un puritanisme tenace, l’homosexualité est un délit passible de prison, inscrit dans la loi depuis l’amendement Labouchère de 1885. Lors d’une enquête pour un cambriolage à son domicile, Turing avoue sans détour sa relation avec Arnold Murray, un jeune homme de Manchester. Dans une lettre à un ami, il confie avec une amertume contenue : "Ils me traitent comme un criminel pour quelque chose qui n’en est pas un. Je ne me cacherai pas, mais je crains le pire". Cette franchise, admirable mais naïve, scelle son destin.

Le procès de Turing, tenu dans une salle d’audience aux murs gris de Manchester, exhale l’odeur rance du bois verni et de la bureaucratie. Les magistrats, drapés dans leur autorité, le jugent non pas comme le sauveur de millions de vies, mais comme un déviant. Condamné pour "outrage à la morale", Turing doit choisir entre la prison et un traitement chimique à base d’œstrogènes, une castration moderne déguisée en médecine. Il opte pour ce dernier, un choix qui le prive de sa vigueur physique et mentale. Les rapports médicaux de l’époque, conservés dans les archives de l’hôpital de Manchester, décrivent un homme "affaibli, sujet à des sautes d’humeur, mais toujours lucide".

 

Court side report for the Knutsford Courier – Regina v Turing and Murray

 

Ses proches, rares témoins de cette descente aux enfers, observent un changement profond. Joan Clarke, une collègue de Bletchley Park, note dans une lettre : "Alan n’est plus le même. Il plaisante encore, mais ses yeux trahissent une douleur qu’il ne dit pas". L’homme qui riait en pédalant à travers les champs boueux du Buckinghamshire, un masque à gaz autour du cou pour se protéger du pollen, devient une ombre. Dans un carnet retrouvé après sa mort, une phrase griffonnée hante encore : "Le monde est une machine cruelle, et je ne sais plus comment la réparer". 

Le 7 juin 1954, Turing est retrouvé sans vie dans sa maison de Wilmslow, une pomme croquée à ses côtés, imprégnée de cyanure. Le verdict officiel conclut à un suicide, mais des rumeurs, jamais confirmées, évoquent un accident ou même un complot lié à ses connaissances sur les secrets d’Enigma. Selon une légende populaire, la pomme empoisonnée serait un clin d’œil à Blanche-Neige, un conte qu’il affectionnait.

 

Home of World War II Codebreaker Alan Turing Hits the Market on What Would  Be His Birthday - Mansion Global

 

Une réhabilitation tardive : justice ou hypocrisie ?

Les années passent, et le silence autour de Turing persiste, comme une tache sur la conscience britannique. Ce n’est qu’avec la déclassification des archives de Bletchley Park dans les années 1970 que son rôle commence à émerger. Les documents révèlent l’ampleur de son génie : des schémas annotés de sa main, des rapports techniques sur la Bombe, et des témoignages de collègues louant son "esprit incandescent". Pourtant, la société reste muette sur l’injustice qu’il a subie. Ce n’est qu’en 2009, sous la pression d’une pétition publique, que le Premier ministre Gordon Brown présente des excuses officielles, qualifiant le traitement de Turing d’"inhumain".

En 2013, un pardon royal est enfin accordé par la reine Elizabeth II, un geste symbolique qui suscite autant de gratitude que de colère. Dans une lettre ouverte publiée dans The Guardian, des militants écrivent : "Un pardon pour quoi ? Pour avoir été lui-même ? C’est Turing qui mérite des excuses, pas l’inverse". Ce pardon, bien que tardif, ne peut effacer les années de silence ni rendre à Turing la dignité qu’on lui a arrachée. Les archives montrent que, même après sa mort, ses contributions à l’informatique – des concepts comme la "machine universelle" – ont façonné le monde moderne, des ordinateurs aux algorithmes d’intelligence artificielle.

 

 

Aujourd’hui, Turing est célébré comme un héros. Depuis 2021, son visage orne le billet de 50 livres sterling où il apparaît aux côtés d’une équation et d’un ruban de téléscripteur, symboles de son génie. Des statues à son effigie trônent à Manchester et à Bletchley, où les passants déposent parfois des fleurs, comme un murmure d’excuses tardives. Mais dans l’ombre de ces honneurs, une question persiste : comment une nation peut-elle honorer un homme qu’elle a si cruellement brisé ? L’histoire de Turing, c’est celle d’un triomphe intellectuel et d’une tragédie humaine, d’un génie qui a sauvé le monde mais que le monde n’a pas su sauver.

 

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48 réactions à cet article    


  • adeline 3 juillet 18:34

    Bonjour

    cette machine a été utilisée dans l’armée française jusque dans les années 1981 au moins.


    • Gégène Gégène 3 juillet 18:36

      Le « pardon royal », vraiment très drôle !

      Les rois, ça ose tout, of course smiley


      • @Gégène

        Merci pour votre commentaire et votre pointe d’humour ! Le « pardon royal » de 2013, bien qu’officiel, a en effet un goût d’ironie amère : un geste symbolique, tardif, qui semble absoudre Turing d’un crime qui n’en était pas un. Les rois, ou plutôt la Couronne, peuvent bien oser tout, mais ce pardon n’efface pas l’injustice subie par un héros.

      • JulietFox 4 juillet 09:58

        @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

        Il y avait en fait 3 enigmas : 1 pour la Kriegsmarine, 1 pour la Luftwaffe, et une pour la wehrmacht.
        On peut dire que Turing a inventé le 1 er ordinateur.


      • @JulietFox

        Merci pour votre commentaire qui enrichit le débat ! En effet, les Allemands utilisaient plusieurs versions d’Enigma, adaptées pour la Kriegsmarine, la Luftwaffe et la Wehrmacht, chacune avec des configurations spécifiques, rendant le déchiffrement plus complexe. Turing et son équipe à Bletchley Park ont relevé ce défi titanesque.

        Quant à l’invention du premier ordinateur, si Turing a posé les bases théoriques avec sa « machine universelle », le titre revient plutôt à des machines comme le Colossus, construit également à Bletchley Park mais sous la direction de Thomas Flowers, et qui fut opérationnel à la fin de l’année 1943.

      • Seth 4 juillet 12:49

        @Gégène

        Voui mais ce pauvre Turing avait été convaincu par la justice de sa Majesté de « gross indecency », excusez du peu !  smiley


      • Eric F Eric F 4 juillet 15:56

        C’est ainsi que s’exprime, en anglais, la ’’royal prerogative of mercy’’ (royal pardon), sachant que ce n’était pas la couronne mais la justice basée sur la législation en vigueur qui avait prononcé la condamnation en 52. Les années 50 voire 60 étaient encore largement puritaines.


      • Christophe 3 juillet 19:19

        Toute personne ayant abordé l’intelligence artificielle connait Alan Turing (pour moi c’était 1986). Il a certes été un génie mais sa vie personnelle on s’en contrefiche.

        Doit-on juger l’histoire à l’aune de la culture et des mœurs d’aujourd’hui ? On va se flageller longtemps alors !


        • @Christophe

          Vous avez raison : le génie d’Alan Turing est universellement reconnu, notamment pour ses contributions à l’informatique et à la victoire alliée. Cependant, sa vie personnelle, loin d’être anecdotique, éclaire les injustices d’une époque qui l’a condamné pour ce qu’il était. Juger l’histoire avec nos valeurs actuelles est délicat, mais comprendre le contexte des mœurs d’alors permet de mesurer l’ampleur de son courage. Loin de se flageller, il s’agit de rendre justice à un homme dont le sacrifice personnel a façonné notre monde.

        • Krokodilo Krokodilo 3 juillet 20:06

          L’expression « Le test de Turing » est largement connue, et le niveau atteint par les IA conversationnelles rend cette distinction de plus en plus difficile... Et le film Imitation Game a fait connaître son histoire.


          • Gégène Gégène 3 juillet 22:30

            @Krokodilo

            Tout récemment, je me suis surpris à ressentir
            de la sympathie pour Copilot ! 
            J’ai peur . . .


          • yvesduc 4 juillet 15:55

            @Krokodilo « Imitation game » est un excellent film. smiley


          • jacques 4 juillet 18:25

            @Krokodilo
            bonsoir, j’aimerais savoir pourquoi je suis « bloqué » sous vos articles ? je n’y interviens jamais.


          • SilentArrow 4 juillet 08:57

            @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

             

            En 2013, un pardon royal est enfin accordé par la reine Elizabeth II, un geste symbolique qui suscite autant de gratitude que de colère.

            Ça c’est bien la monarchie britannique : pardonner au lieu de demander pardon.


            • Bonjour @SilentArrow,

              Votre commentaire pointe avec justesse l’ironie du « pardon royal » de 2013. En effet, qualifier de pardon un geste envers Turing, victime d’une injustice criante, semble inverser les rôles : c’est la société qui lui devait des excuses. Ce geste monarchique, bien que symbolique, reflète une reconnaissance tardive, mais ne répare pas le passé. Bien au contraire !

              Le pardon de 2013 a été accordé sous la « Royal Prerogative of Mercy » (prérogative royale de clémence). Il est important de noter qu’un pardon ne signifie pas que la personne est innocente du crime pour lequel elle a été condamnée mais qu’elle est « pardonnée » de la peine associée. Dans le cas de Turing, un homme qui a permis à la guerre d’être raccourcie de deux à quatre ans et a sauvé environ 14 millions de vies, c’est un geste tout à fait déplacé et révoltant. Ce n’est que mon avis personnel.



            • Fergus Fergus 4 juillet 11:36

              Bonjour, SilentArrow

              Il y a eu maladresse mais la démarche ne doit pas rejetée pour autant.

              Par ailleurs, la « monarchie britannique » n’était pas responsable des poursuites iniques engagées à l’encontre des homosexuels. Cela relevait en effet des lois en vigueur dans le pays, et par conséquent des gouvernements successifs qui ont si longtemps laissé perdurer ce scandale judiciaire.


            • @Fergus

              Il y a de nombreux pays européens où l’homosexualité a été dépénalisée tardivement. En Allemagne, le paragraphe 175 du Code pénal n’a été aboli totalement qu’en 1994. Contrairement aux idées reçues, il n’avait pas été mis en place par les nazis mais en 1871, dans le Code pénal de l’Empire allemand.

              Toutefois, les personnes ayant été victimes de cette discrimination ont perçu une réparation financière. Ce qui n’efface pas les mauvais traitements et les terribles humiliations subis. 

              Dans de nombreux pays qui furent des colonies britanniques, en Afrique plus particulièrement, l’homosexualité est encore un crime. Un héritage colonial qu’ils n’ont jamais renié, par contre...


            • Eric F Eric F 4 juillet 16:00

              @Giuseppe di Bella di Santa Sofia
              Pas de manière prépondérante l’héritage colonial, mais des états se référant à des lois religieuses d’il y a douze siècles.


            • Fergus Fergus 4 juillet 17:23

              @ Eric F

              Je partage votre opinion sur cette question.


            • Seth 5 juillet 14:08

              @Eric F

              des lois religieuses d’il y a douze siècles.

              C’était l’époque où il fallait se reproduire comme des lapins bcoz les morts enfantines.


            • Fergus Fergus 4 juillet 11:29

              Bonjour, Giuseppe

              Je ne crois pas qu’il faille cibler ceux qui ont réhabilité Turing au Royaume-Uni. Il faut au contraire saluer leur mérite, aussi tardif ait-il été. 

              La machine de Turing : un excellent film et une tout aussi excellente pièce. Je recommande vivement les deux !


              • Bonjour Fergus,

                Vous avez raison. La reine Elizabeth II n’avait aucune possibilité d’agir autrement. A l’époque, je m’étais engagé dans le processus de réhabilitation d’Alan Turing, juste après les excuses officielles de Gordon Brown, au nom du gouvernement britannique.

                Finalement, Alan Turing n’a pas été réhabilité au sens strict du terme. Il a été « pardonné ». Il est toujours coupable d’un crime. C’est ce qui choque beaucoup de personnes. Un procès en réhabilitation n’était pas envisageable : la loi de l’époque criminalisait l’homosexualité et aucune cour de justice ne pouvait prétendre le contraire, même des décennies plus tard.

                J’ai vu le film « Imitation Game », l’adaptation cinématographie de la pièce « La machine de Turing », et je l’ai beaucoup apprécié. Turing est mort beaucoup trop jeune. Je suis persuadé que le monde aurait gagné de nombreuses décennies d’avance en matière informatique, entre autres.


              • Seth 4 juillet 12:57

                @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

                Les rois/reines de GB n’ont aucun pouvoir de déjuger des jugements rendus pourtant en leur nom.

                La seule chose qu’ils puissent accorder est la clémence royale qui n’efface pas le jugement tout comme en France il existe une grâce présidentielle (qui a permis à ce pauvre Pétain de mourir de sa plus ou moins belle mort).

                La justice statue souverainement et seuls des éléments nouveaux significatifs peuvent l’autoriser à réviser un jugement. 


              • Seth 4 juillet 13:01

                @Seth

                Ceci dit j’ai du mal à imaginer Turing en train de s’éclater au lit tant je le ressens comme glacial et qu’il me fait penser à un Asperger.


              • Eric F Eric F 4 juillet 16:07

                @Seth
                Concernant Pétain la peine de mort a été commuée en réclusion à perpétuité (court délai vu son âge), une vraie grâce c’est par exemple le cas d’Omar Raddad par Chirac ce qui a conduit à sa libération, et il a bien fait car la justice a continué de cafouiller


              • Seth 4 juillet 16:10

                @Eric F

                Et qui a décidé de coller le vioque en taule ?


              • Eric F Eric F 4 juillet 16:27

                @Seth
                Pourquoi poser une question dont vous connaissez la réponse ? De Gaulle n’a pas gracié de l’indignité nationale mais a commué la peine de mort non seulement du fait de l’âge canonique de Pétain, mais en souvenir de l’époque de la ’’grande guerre’’, et dans l’esprit de dépassement des rancoeurs pour la reconstruction.


              • Seth 4 juillet 16:36

                @Eric F

                Grâce ou pas on lui a autorisé de vivre. L’indignité nationale c’était du pipeau, tous s’en sont débarrassés à quelques rares exceptions.

                Quant à « la grande guerre » faut comprendre : de Gaulle y fut un pitaine particulièrement peu brillant qui en passa la plupart de son temps embastillé. 

                Mais Mongénéral était large d’esprit : Couve de Murville fut son diplomate en chef après qu’il eut passé son temps à signer à Vichy tous les documents par lesquels on refilait l’industrie française aux teutons, etc... smiley


              • Fergus Fergus 4 juillet 17:19

                @ Giuseppe

                Si les questions de chiffrement vous intéressent, voici, à toutes fins utiles, deux articles que j’ai rédigés sur le sujet :
                Le Chiffre et le secret
                Ces Navajos qui ont mis en échec le Chiffre japonais


              • Eric F Eric F 4 juillet 17:22

                @Seth
                Les gouvernants de Vichy ont été épurés, mais pas l’ensemble de l’administration, de la justice, de l’enseignement, etc. Concernant Couve, il a rejoint la résistance en 43.

                Lors de la première guerre, de Gaulle a été blessé à Verdun et capturé, il a tenté plusieurs évasions. Mais il a en effet été frustré de ne pas avoir pu combattre, d’où sa campagne pour l’indépendance polonaise ensuite.


              • Seth 4 juillet 20:27

                @Eric F

                Concernant Couve, il a rejoint la résistance en 43.  smiley

                Ah oui ! Un résistant de la 23ème heure ! Et s’il n’y avait que lui. dans ce cas ! Faudrait arrêter de lire Azéma et consorts.


              • Eric F Eric F 5 juillet 11:11

                @Seth
                Encore une fois, l’ensemble des administratifs n’étaient pas engagés dans la collaboration active, surtout dans la période antérieure à l’occupation de la zone sud, Mitterrand par exemple était engagé dans la question des prisonniers de guerre.
                Les résistants de la 23è heure sont, comme disait Pierre Dac, ’’les résistants de 45 qui avaient résisté pendant cinq ans à leur envie de résister’’


              • Seth 5 juillet 14:10

                @Eric F

                ... et Dac savait très bien de quoi il parlait.


              • Seth 4 juillet 13:05

                Pour les ceusses qui aiment rigoler et qui jaspinent un peu en rosbif, la grave question du décodage WW2 vue par les acteurs du Goes Wrong Show. 30 minutes distrayantes :

                https://www.dailymotion.com/video/x89srtm.  smiley


                • Aristide Aristide 4 juillet 15:08

                  Moins connue, mais tout autant primordiale dans le développement de l’informatique et des télécommunications, l’actrice américaine Hedy Lamarr.

                  L’actrice Hedy Lamarr est décédée le 19 janvier 2000. Inventrice de génie, elle a conçu un système de codage des transmissions de données, utilisé notamment dans les télécommunications. Mais, durant des décennies, l’histoire n’a retenu que la star hollywoodienne.

                  Son invention, conjointement avec George Antheil, est le saut de fréquence, le concept est encore utilisé pour les communications WIFI, GPS, téléphonie…,


                  • Seth 4 juillet 15:27

                    @Aristide

                    Eh ben c’est exact même si ça surprend ! smiley


                  • Fergus Fergus 4 juillet 17:21

                    Bonjour, Aristide

                    C’est parfaitement exact. Confidence : j’ai depuis pas mal de temps en projet d’écrire un article sur cette femme


                  • Aristide Aristide 5 juillet 12:03

                    @Fergus

                    Il est très difficile d’écrire quoique ce soit sur elle, tout ce que l’on sait de sa vie d’artiste et d’inventrice a déjà été écrit des centaines de fois. Cet article de ParisMatch est de qualité : « Splendeurs et misères de la vie de star : Hedy Lamarr, l’insatiable »

                    Elle s’est réellement dévoilée dans son livre « Ecstasy and Me » qui vient d’être récemment réédité aux Editions Seguier.

                    Suzanne Sarandon a produit un documentaire « Bombshell : The Hedy Lamarr Story », en anglais ... 


                  • yvesduc 4 juillet 15:56

                    Un génie et un grand homme ! Merci pour votre article.


                    • Eric F Eric F 4 juillet 16:21

                      J’ai le souvenir d’un exercice scolaire de machine de Turing simplicissime avec un ruban de papier et un cadre en carton, par contre je ne sais plus à quel niveau de classe c’était.

                      C’est bien plus récemment que j’ai vu le film sur le décodage Enigma, le génie et l’intuition contre le conformisme, et la triste fin à une époque encore victorienne.


                      • juluch juluch 4 juillet 21:39

                        Un génie qui a effectivement contribué à raccourcir la guerre.....sa vie privée on s’en moque.

                        Il n’est pas née à la bonne époque


                        • mmbbb 5 juillet 11:38

                          @juluch si on peut déplorer son procès , en revanche aujourd hui LGBT X pêche par excès et vraiment ces personnes nous les cassent !! 




                            • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 5 juillet 19:11

                              Aujourd’hui le nom de Turing est connu des étudiants en informatique puisqu’il est associé à ce qu’on appelle « la machine de Turing ».

                              Cette « machine » n’a aucunement l’apparence de la machine réellement mécanique construite par Turing pendant la guerre. Il s’agit d’un microprocesseur fictif le plus simple possible. Alors que les microprocesseurs réels actuels sont des « machines à registres spécialisés », la machine virtuelle de Turing est uniquement une machine à pile. Toutes les opérations ramènent à empiler des valeurs et dépiler des résultats pour chaque opération. Cela permet de compter le nombre d’actions élémentaire pour chaque opération et pour chaque algorithme.

                              Cette machine de Turing est donc utilisée pour évaluer la complexité des algorithmes. Cela n’a absolument rien à voir avec l’Intelligence Artificielle. Il s’agit même, à l’inverse, de tout ce qu’il y a de plus élémentaire en informatique.

                              L’évaluation de la complexité des algorithmes est nécessaire. Il s’agit d’évaluer le temps nécessaire pour effectuer un calcul en fonction de la taille des données.

                              La complexité est proportionnelle quand le temps de réalisation est proportionnel à la taille de la donnée. Le temps peut être constant même lorsque la donnée augmente. C’est le cas lorsque vous utilisez des moteurs de recherche qui vous fournissent rapidement des réponses en allant farfouiller dans des données énormes. La complexité peut être algorithmique : le temps augmente moins que la donnée. La complexité peut être exponentielle. On a alors des algorithmes inutilisables, car le résultat n’arrivera que dans quelques millénaires dès que la donnée est grande. Le cas prototypique de complexité exponentielle est celui du « problème du voyageur de commerce » : trouver le circuit le plus cours pour visiter plusieurs villes. Si vous placez quelques centaines de villes, il faut des temps de traitement énormes avec les algorithmes qui développent toute la combinatoire.

                              Pour faire plus court, je recopie ce que dit très justement Google :

                              "En informatique théorique, la machine de Turing sert de modèle fondamental pour l’étude de la complexité algorithmique. Elle permet de quantifier les ressources (temps et espace) nécessaires à l’exécution d’un algorithme. La complexité d’un algorithme, exprimée en termes de machine de Turing, représente l’ordre de grandeur du nombre d’opérations élémentaires (lecture, écriture, déplacement de la tête) nécessaires pour résoudre un problème.


                              • vesjem vesjem 6 juillet 15:33

                                les britanniques ont été très tôt sensibilisés aux possibilités immenses des chiffres 0 et 1 (fermé ou ouvert, arrêt ou marche, bloqué ou passant ...) 

                                De Morgan et Boole ont été les précurseurs de la logique qui sert à l’informatique ; considérer qu’il n’y a que 2 états à un système logique : 0 ou 1


                                • LeMerou 7 juillet 05:09

                                  Bon article sur une personne restée inconnue du grand public pendant des décennies, dont l’action fut révélée par un film. Sa fin fut tragique hélas.


                                  • vesjem vesjem 13 juillet 16:11

                                    indépendamment du culte de la personnalité inhérent à tout système de société, le but essentiel de l’informatique pour en augmenter les capacités (vitesse, consommation, mémoire) est de parvenir à diviser le temps en des intervalles les plus courts possibles, de manière à « véhiculer » par intervalles infiniment courts des paquets de données ou de calculs qui eux mêmes, intrinsèquement, doivent bénéficiers de la fréquence infiniment grande de ces intervalles de temps

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