C’est la rentrée : le Ben Laden nouveau est (déjà) arrivé (IV) - le fameux dossier broyé !
Pourquoi donc le sort d’Adnan Al Shukrijumah revient aujourd’hui au premier plan ? Pour la simple raison que la CIA s’est aperçue que les marionnettes d’avant ne faisaient plus recette. Adam Gadahn, par ces frasques et sa légèreté à fini par convaincre les gens qu’il était bien manipulé, et les autres candidats à la succession de Ben Laden, un moment pressenti pour monter au « top » des « leaders » d’Al-Qaida ne présentaient pas non plus un charisme débordant. Difficile en effet de s’emballer aux discours d’un Abou al-Libi, racontant que les infirmières bulgares avaient bien inoculé le Sida à des bébés en Libye. Même après l’avoir été présenté comme mort, tué soi-disant par une frappe de drone pour lui donner un peu de crédibilité ! Ressuscité quelques semaines après, le roi de la vidéo (au moins 37 à son score !) était réapparu en mai 2009 nous ressortir un « martyr et la victoire », qui sentait plutôt le réchauffé : ses fidèles ont peut-être enfin compris comment il avait pu réussir à s’échapper de la prison de Bagram, le 10 juillet 2005, la plus grande base américaine en Afghanistan. Ou ont compris comment il en avait eu aussi facilement la clé. Résultat, il fallait vite promouvoir un autre candidat, l’idéal étant d’en trouver un qui fasse la jonction avec le 11 septembre, ou dont on puisse présenter un CV faisant peur au monde entier. C’est ce que s’est dit le FBI aussi, qui s’est souvenu qu’en Floride, en 2000, il n’y avait pas que Mohamed Atta. Ne restait plus qu’à enjoliver, une fois trouvé l’oiseau rare, et pour cela faire appel à un storyteller de la pire veine pour nous créer un Ben Laden bis.

Pourquoi aussi ressortir le cas aujourd’hui, en effet ? Le 15 juillet 2003, des enquêteurs du FBI pas trop vifs (on est 21 mois après les attentats !) débarquent enfin à Fort Lauderdale, dans le quartier d’Hollywood-Pines Boulevard, ou auraient séjournés les terroristes, dont Atta. L’histoire que raconte USA Today cette semaine là va à l’encontre de ce qu’on entend aujourd’hui. Pire encore, elle contient des contre-vérités incroyables : "Au printemps de 2001, les agents avaient suivi deux hommes qui ont arpenté Hollywood/Pines, préparant ce qu’ils appellent un djihad islamique, ou guerre sainte, des attentats terroristes dans le sud de la Floride, ce qu’ils disent alors à un informateur du FBI. Ces hommes, considérés comme des "aspirants", al-Qaïdistes, ont tenté en vain de convaincre leur ami El Shukrijumah de se joindre au complot. Deux jours plus tard, les deux compères arrêtés plaidaient coupable des accusations de complot contre le terrorisme, apparemment sans réaliser qu’ El Shukrijumah faisait partie d’Al-Qaïda"...
On reste bouche bée devant l’article d’USA Today, qui nous annonce en même temps :
- que des terroristes présumés étaient bien suivis par le FBI avant le 11 septembre.
- qu’ils sévissaient en Floride.
- qu’ El Shukrijumah a refusé de se joindre à eux.
- qu’ils étaient d’AQaida et El Shukrijumah également.
Rien ne tient debout dans cette fable. Si des terroristes du "sud de la Floride" étaient "suivis", nécessairement, dans le lot il y avait Atta : les Etats-Unis, en 2003, dans USA Today admettent et reconnaissent qu’ils étaient donc bien sur sa trace depuis longtemps ! Selon certains, Atta était inscrit depuis 1999 au BJ’s Wholesale Club, un magasin d’Hollywood en Floride, où il a sa carte. Dès octobre, Mohammed Atta et Marwan Alshehhi prennent des cours de pilotage chez Huffman Aviation. Ils se rendent régulièrement à la mosquée Hijrah à Miramar, tenue par Gulshair Shukrijumah, plutôt radical, car elle est proche de leur habitation, et de leur lieu d’entraînement sur l’aéroport d’Opa-Locka... Et le FBI serait passé à côté d’eux sans les voir ??? Gulshair Shukrijumah, le propre père d’Adnan est en effet... l’imam de la mosquée Masjid al-Hijah, déjà sous étroite surveillance (il vient d’une autre, étroitement surveillée elle-aussi : celle du "fameux" Sheik Aveugle, condamné en 1996, celui de la mosquée Al-Farooq de Brooklyn !) L’autre fait sidérant révélé par USA Today, c’est que notre terroriste en chef de 2010 a refusé de faire partie de l’équipe d’Atta, qui dès l’an 2000 est étroitement surveillé par la CIA : si El Shukrijumah avait fait partie d’Al-Qaida, on ne voit pas comment il aurait pu refuser l’offre de participation aux attentats ! A moins... (oui, vous avez déjà songé à la solution... n’est-ce-pas ?). En avril-mai 2000, le FBI va enquêter sur une possible association entre Mohamed Atta et Adnan Shukrijumah, ainsi que surveiller Imran Mandhai, celui qui a proposé l’association avec les comploteurs.
La cellule qu’ils forment devient "Able Danger" pour le FBI. En juin 2005, un congressman, Curt Weldon (en cheville avec des marchands d’armes, comme nous avons pu le voir en Afghanistan !) pose la question gênante à l’assemblée du "pointage" de tous les terroristes du 11 septembre sous le nom d’Able Danger. Un ange passe sur le banc de la CIA et du FBI. Scandale assuré : deux membres de la Commission sur les attentats crient au loup : Timothy J. Roemer et John F. Lehman, qui assurent n’avoir pas été prévenus de l’enquête Able Danger ! le 15 septembre 2005, Weldon va plus loin encore : il affirme avoir reçu un individu, qui travaillait selon lui à la cellule Able Danger, et à qui "on" a demandé de supprimer les 2,5 terrabytes du dossier.... c’est le major Eric Kleinsmith, ancien militaire à la tête avant février 2001 du Land Information Warfare Activity (ou LIWA). Un centre d’analyses, l’IDC, aide le LIWA dans sa tâche ’"en utilisant les communications à haute capacité liens pour accéder aux informations sélectionnées à partir d’un certain nombre de bases de données gérées par d’autres centres de commandes, d’organismes et d’organisations". Bref, le LIWA gérait les noms des comploteurs, leur fiche personnelle, leurs goûts, leurs relations, leurs adresses... mais Atta n’a jamais été arrêté pour autant... Une destruction de documents cruciale, car démontrant que l’on savait tout sur les comploteurs avant le 11 septembre, ce qui renforce l’idée d’une fine équipe téléguidée par bien plus malins qu’eux, ce que je ne cesse de vous dire ici. Une destruction ordonnée par Tony Gentry, responsable de l’Army Intelligence and Security Command (AISC). En lui signifiant de tout détruire, Gentry lui avait dit "n’oubliez pas de tout détruire, sinon vous irez en prison".... Le total des documents détruits fait le 1/4 de la totalité de la plus grande bibliothèque US, la Librairie du Congrès... au regard des 92 cassettes fusillées, sur les tortures de Guantanamo, ça pèse bien plus lourd !
Le gag, c’est qu’en mars 2010 revient sur le tapis une vieille histoire spectaculaire à propos du FBI : son manque d’informatisation, refusée ou freinée à plusieurs reprises par son directeur, Robert S. Mueller, III. En 2006, un beau scandale avait secoué l’agence : un contrat de 350 millions de dollars passés avec Lockheed Martin, après l’abandon d’un programme fort ambitieux de la Science Applications International Corporation n’avait abouti à rien : les machines les plus utilisées par les agents restaient la gomme, le crayon et les fax, révélait une enquête interne ! Dans les années 90, ils en étaient encore aux "mainframes" IBM 3270, tous connectés sur une douzaine d’entre eux par des terminaux. En 2001, ils en étaient encore aux Intel 80386 des années 80 ! En 1999 ils investissent (enfin) 596 millions de dollars pour 22 000 machines et le programme "Trilogy" : c’est ce dernier qui ne fonctionnera jamais correctement. Un vrai désastre ! Une gabegie, très bien analysée ici. Ce devait être l’entrée au XXI eme siècle, ce fut le retour au XIXeme. Pour aujouter au tout, en 2004, un consultant extérieur de chez BAE Systems, Joseph Thomas Colon, en vingt minutes de démo, dégottait les 38 000 noms et mots de passe des employés du FBI. Voilà un système particulièrement bien pensé, pour sûr ! "Colon a utilisé un programme téléchargé depuis Internet et à extrait les noms d’utilisateur, mots de passe cryptés et autres informations des base de données du FBI. Puis il utilisé un autre programme pour "craquer" les mots de passe en utilisant des comparaisons dictionnaire de mots, des listes de mots de passe commun et des substitutions de caractères pour comprendre la chaîne de textes des mots de passe. Les deux programmes utilisés sont largement disponibles gratuitement sur l’Internet." se moque la presse. Pendant que Bush martèle son Homeland Security et enferme des gens pour détention de brosses à dents dans les avions, ses services de renseignement sont ouverts à tous vents ! C’est... risible s’il n’y avait en jeu vie d’hommes ! L’ajout de 425 millions de dollars n’y changera rien : à la fin, le fabuleux programme Trilogy se retrouve à poubelle. On est à une ardoise de plus d’1 milliard de dollars balancés en pure perte, pour le FBI ! Prévu au départ pour un coût de 200 millions, le budget final avait dépassé la somme de 89% au total !
Et là, ça devient grotesque, car il n’y a nulle trace d’ordinateur à 2,5 terabytes de données dans ce fatras, en 2001, et ce ratage monumental d’informatisation. Même les mails étaient problématiques encore en 2001 : "au milieu d’une culture axée sur le papier, les ordinateurs de l’agence ont été si insuffisants que de nombreux agents, jusqu’à il ya quelques années, ne pouvait même pas envoyer ou recevoir d’e-mails, et avaient des difficulté à établir des liens vers d’autres bases de données. Au lendemain du 11 septembre 2001, des agents de Floride ont dû envoyer des photographies des pirates de l’air par courrier express à Washington parce qu’ils ne pouvaient pas envoyer de pièces jointes aux e-mail". Avouez que c’est le pompon là : on a détruit des données sortant d’ordinateurs qui n’existaient pas ? Pas de "liaisons" entre eux, alors que le gars qui a supprimé le dossier d’Atta et de ses complices travaillait à la LIWA, secondé par l’IDC ? On est au bord du déni, là, on ne veut pas reconnaître la mainmise des militaires et non du FBI sur le dossier des comploteurs du 11 septembre ! On avait la preuve que tous les comploteurs du 11 septembre étaient fichés et suivis depuis longtemps par le FBI et la CIA, bien avant les attentats : détruire le document le prouvant démontre autre chose : que l’on s’est bien servi d’eux, manifestement : on a créé de toutes pièces des coupables idéaux, qui fomentaient des rêves qu’ils ne pouvaient réaliser à moins d’un sérieux coup de pouce. C’est là, ce qu’est la véritable tragédie du 11 septembre, dans ce chef d’œuvre de manipulation de longue haleine, savamment entretenue par des relais littéraires et des articles de presse de journalistes sinon de mèche, du moins payés à aller dans le bon sens.
En tout cas, au crayon, notre roi de la bombe H est donc déjà "logé" par la police dès 2000, tout comme Atta. Tous notés sur des fiches papier, donc : la gomme et le crayon sont de sortie ! Le FBI se rendra ensuite chez les parents d’Adnan à six reprises, munis de ses stylos et de ses papiers, mais leur fils est "déjà parti"... ailleurs. Un an après, il leur téléphone : il est au Maroc, a pris femme et a même déjà un enfant. Puis plus rien : en octobre 2003, L.Williams sort son livre qui accuse Shukrijumah d’être un super-terroriste ayant volé de l’uranium pour faire une bombe : toute l’histoire semble cousue de fil blanc, et Adnan Shukrijumah, qui a fricoté avec toute l’équipe d’aviateurs du 11 septembre mais qui aurait "refusé" d’être des leurs passe plutôt pour un bel... informateur du FBI ou de la CIA, parti se refaire une santé ailleurs ! Vous aviez bien pensé à la même chose, bien sûr : c’était un informateur du réseau, à qui on a payé des vacances pour aller se faire oublier quelque temps. Le 26 mai 2004, le faucon John Ashcroft et le directeur Robert Mueller présentent pourtant Shukrijumah comme principale menace sur le pays... en pleine campagne avant l’élection présidentielle du 2 novembre 2004. Ben Laden est déjà donné pour mort, une dernière vidéo de lui sortie le 29 octobre sent le fake à plein nez, Shukrijumah tombe donc à pic comme nouvelle menace à faire monter en puissance. On va lui tracer un vrai portrait de Frankenstein... ou plutôt de Dr Jekyll et Mr Hyde. Bush est réélu, grâce à son informaticien et au coup de pouce du barbu de la momie de Tora-Bora. Shukrijumah fait un parfait... Lee Harvey Oswald, désormais ! Un autre agent de la CIA, piégé en beauté à Dallas. L’histoire se répète.
Et ce n’est pas tout, note Canada Free Press : dans la fabrication, Williams n’y est pas allé à dos de cuillère : il a lourdement chargé sa barque. Au point d’en devenir assez ridicule : ainsi " El Shukrijumah, est prétendu avoir assisté à des écoles de vol en Floride et à Norma, en Oklahoma, avec comme collègues Mohammad Atta et d’autres du 11 septembre 9 / 11, serait devenu un pilote de jet commercial très qualifié. " Le pilote Jafer" serait l’un de ses surnoms les plus connus", ajoute Williams, qui insiste encore sur le fait qu’El Shukrijumah, "n’aurait aussi jamais eu besoin d’avoir recours à une chirurgie plastique onéreuse, tant il s’adapte à la plupart n’importe où". Devenir pilote de ligne au sortir de 20 heures de Cessna, je vous ai déjà dit ce que j’en pensais : c’est du pipeau complet ! Nulle part on apprend où donc El Shukrijumah aurait pu apprendre à piloter un jet ! Pas une seule inscription, pas une seule école de pilotage. "Il a appris avec Atta sur les pistes de Floride et de Norman, en Oklahoma" dit-on, mais on n’en a nulle trace. C’était à l’Airman Flight School, qui n’avait que des Cessna 172 ! Et qui fermera en 2005, faute d’inscrits. L’un des ses étudiants s’appelait Zacarias Moussaoui et volait... comme un manche. Mais il savait noter au moins le numéro de téléphone de...Blackwater ! Qu’est-ce donc que ses comploteurs en contact avec une société privée liée aussi étroitement au pouvoir en place ?
Bref, au final, on a la description d’un être mythique, décrit comme un chef mafieux doué de capacités de superman. On est bien dans un cycle entretenu de mythologie américaine classique. Celle d’un Ben Laden bis. Un autre Ben Laden, avec un maillot N°32 de remplaçant. On en veut pour preuve sa présentation toute officielle sur le site du FBI, dans la catégorie "National Terror Alert" : lisez-bien, c’est à se tordre de rire : on se croirait chez les X-Men. "Adnan el Shukrijumah possède la capacité étonnante à se fondre dans une foule, de modifier son apparence, et à assumer un multitude d’identités. Il est le proverbial Mr. Cellophane. Peu de choses au sujet Shukrijumah indiquent son orientation islamique radicale. Il est souvent rasé de près et et porte une longue chemise ou mâche un cure-dent". Un site gouvernemental qui met en ligne pareille prose pour débiles profond est-il crédible ? Depuis quand un gouvernement s’inspire de films et de chansons d’Hollywood ? Qui scénarise la terreur ? Qui en fait une comédie musicale ? Une farce complète ? Personnellement je ne pense pas que ce soit crédible, ou alors le gouvernement s’adresse à des demeurés.... Quand donc ce cirque médiatique et cette fabrication de toutes pièces va-t-elle cesser un jour ?
Comme Ben Laden, tout le monde cherche déjà après notre héros du jour, (même encore Petraeus (*) nouvellement en rayon (ou plutôt de retour sur les étals !). Ça fait déjà sept ans, remarquez : ses dons d’imitations de son modèle sont donc déjà au point. Gadahn (enfin) rangé dans la catégorie "mariole sans intérêt", Ben Laden tellement mort que sa momie ne peut plus faire de cassettes audios, via un Vocoder, fallait bien mettre quelque chose de neuf à mettre en vitrine. A la rentrée, vous allez en bouffer de l’Adnan Al Shukrijumah, je le sens bien venir là...
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