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Accueil du site > Tribune Libre > Camus, come on !

Camus, come on !

Dans mon dernier article « Nos ancêtres les Gaulois », j’avais brièvement évoqué Albert Camus. Parce que, mort il y a une cinquantaine d’années dans « un stupide accident de voiture », Camus fait en ce moment parler de lui. Pourtant Camus n’a rien demandé à personne. Il n’est pas entré par effraction dans ce débat ; ce débat on l’a voulu. En haut lieu. On l’a imposé en quelque sorte à la société française qui ne sait plus à quel saint se vouer tant les débats auxquels elle est conviée à participer sont nombreux et variés. Elle est belle la liberté d’expression ; elle est belle la démocratie. Mais quand il y a autant de débats à la fois, ça fait cacophonie et ça empêche sérieusement les gens de se concentrer, de faire la différence entre le bon grain et l’ivraie, l’utile et le futile.

Après une journée harassante, je ne suis pas en mesure de trop philosopher sur ces débats qui de toute façon ne se passent pas chez nous, je veux dire en Algérie. Mais, puisqu’on y est, n’est-il pas intéressant que, sous notre ciel aussi, on débâterait sur la seule question qui taraude actuellement l’esprit des algériens à savoir faut-il on non rompre les relations diplomatiques avec l’Egypte ? Je parie à cent contre un que la réponse serait un « oui » massif et franc. N’en rajoutons pas.
Revenons plutôt à Camus.
 
Ses restes vont certainement être transférés au Panthéon. On n’attend, semble-t-il, que l’aval de ses enfants. Mais, n’est-il pas venu à l’esprit de quelqu’un parmi les partisans de cette « Panthéonisation » que son autre patrie, celle où il est né et où il a grandi, pourrait aussi, un jour, revendiquer ses restes ? N’est-il pas venu à l’esprit de ces gens-là que, puisque de son vivant Camus aimait le soleil et la luminosité d’Alger, il serait préférable que ses restes reposent pour l’éternité dans un petit carré au cimetière de Belcourt qui domine la baie d’Alger ? Ou carrément dans un endroit qui serait aménagé spécialement à cet effet à la basilique « Notre dame » qui surplombe St Eugène et la mer ?
 
 Ne serait-ce que pour narguer nos « frères » Egyptiens qui ont orchestré une campagne de dénigrement vis-à-vis de notre identité et de notre Histoire, nous devons tout faire pour que Camus retrouve sa terre natale. Nous prouverons ainsi au pays des Pharaons que la terre algérienne a enfanté un prix Nobel de littérature et ce bien avant qu’« Oum Eddounia » n’enfante le sien : Naguib Mahfouz. 
 
Non, amis français, je ne suis pas niqué de la tête (excusez-moi le terme). Je jure sur la tête de Saint Nicolas que je parle le plus sérieusement du monde. Si ça ne tenait qu’à moi, nous nous approprierons les restes de Camus et nous les inhumerions là où je viens de le suggérer. D’autant plus qu’un pas a été déjà fait dans ce sens par les pouvoirs publics : en effet, une stèle lui a déjà été dédié à Tipaza. L’emplacement de cette stèle en ce lieu précis et non pas ailleurs, en face du Mont Chenoua, n’est pas fortuit ; il rappelle aux étrangers de passage dans cette ville que Camus a été tellement émerveillé par la nature splendide de la région qu’il lui consacra une œuvre sous le titre de « Noces » à Tipaza. 
 
 Comment sais-je que Camus aimait le soleil d’Alger ? D’où m’est venue cette idée (que certains trouveront peut-être stupide) que Camus aimait se vautrer sur le sable chaud des plages d’Alger ? Pas besoin d’être critique littéraire ni d’avoir lu toutes les œuvres d’Albert Camus pour deviner tout ça. Il suffit de lire L’étranger pour s’en rendre compte ; les mots « soleil », « luminosité », « plage », « ciel bleu » et d’autres encore reviennent souvent dans la narration que, forcément, on ne peut que conclure à l’attachement de Camus à sa terre natale, à cette terre d’Afrique du Nord où le soleil brille presque toute l’année. En un mot, à l’Algérie. Dans tous ses écrits, Camus parle de soleil. Soleil qui éblouit parfois la vue mais qui éclaire toujours l’âme. Je ne compte pas faire ici une dissertation sur l’Etranger mais une chose est sûre : le choix du nom donné au principal personnage de ce roman a certainement quelque chose à voir avec la douce Algérie. Du temps de la colonie. Il évoque tout aussi bien le meurtre (de l’Arabe), la mer et le soleil : Meursault. On peut cependant faire, ici, le reproche à Camus d’avoir sciemment dénié toute identité à l’Arabe ; celui-ci est traité comme une entité abstraite. Comme si l’Arabe n’avait ni personnalité ni famille ni histoire. Mais laissons le soin aux critiques littéraires de décortiquer ce roman et de nous dire pour quelle raison Camus avait fait surgir « l’Arabe » du néant : une sorte de génération spontanée alors que l’Arabe occupait cette terre bien avant le débarquement de la flotte française à sidi ferruch en 1830. 
 
Pendant la guerre d’Algérie, Camus avait adopté une position ambiguë vis-à-vis de notre cause. Rappelez-vous de sa fameuse phrase « si j’avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais encore ma mère ». Par justice, il est clair qu’il entendait la cause algérienne, le combat du peuple algérien pour sa libération du joug colonial qui était, aucun doute là-dessus, tout à fait juste et justifié, et, bien entendu, par « sa mère », il faisait clairement allusion à la France coloniale. Disons-le crument, Camus était pour une Algérie française. De la lutte des indigènes (Arabes) pour leur indépendance, il n’en avait rien à cirer. Mais, nous ne lui en tenons pas rigueur. Il avait choisi son camp : être du côté des partisans de l’Algérie française. Nous avions continué la guerre. L’issue en était heureuse. Pour nous. Malgré les drames et les déchirures de part et d’autre. L’Histoire des peuples est ainsi faite ; de bas et de hauts, d’amour et de répulsion, de guerre et de paix. Cinquante ans après sa mort et presque autant après l’indépendance de l’Algérie, les plaies liées à cette sale guerre ont eu largement le temps de cicatriser, de part et d’autre de ma méditerranée aussi.
 
Alors, pourquoi voudrait-on aujourd’hui, sous le prétexte que « la patrie lui est reconnaissante », transférer ses cendres dans un lieu froid, sans âme, et où le soleil ne pénètre peut-être jamais ?
 

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23 réactions à cet article    


  • CAMBRONNE CAMBRONNE 14 décembre 2009 15:15

    Bonjour à l’auteur

    Heureux de lire votre hommage à Camus .

    Le Panthéon , c’est froid mais quel symbole .

    Vous proposez une sépulture algérienne et c’est généreux de votre part . Avez vous vu l’état des cimetières français en algérie ?

    Je sais aussi et j’en suis honteux pour mon pays qu’en France on vandalise les tombes des soldats musulmans morts au champ d’honneur .

    Si vous avez lu« le premier homme » et vous l’avez surement lu vous saurez pourquoi Camus était « Algérie française » ce n’était pas un fils de gros colons mais l’enfant d’un couple qui avait contribué à développer l’Algérie en affrontant la maladie et en s’usant au travail .

    Amitié à vous .


    • Sandro Ferretti SANDRO 14 décembre 2009 15:52

      Il est incontestable que Camus avait un attachement viscéral et charnel pour l’Algérie, comme beaucoup de ceux qui allaient devenir les « pieds noirs » et en concevoir une nostalgie puissante et durable.

      Votre proposition n’est donc pas un viol de sa mémoire (au moins sa mémoire littéraire, car pour le reste, je me méfie toujours de ceux qui font parler les morts).

      Un bémol, cependant.
      Sa relation avec l’Algérie était un peu sur le mode amour/ haine.
      C’est la beauté charnelle du soleil, des plages, des filles, oui, mais aussi la noirceur et le deuil (l’enterrement de la mère de Meursault, mais surtout « le meurtre de l’arabe sur la plage »)
      Bien que l’« Etranger » date de 1942, beuacoup ont prété à Camus une analyse prémonitoire de ce qui allait étre « les évènements » d’Algérie.
      Et c’est vrai que quand on relit ces phrases aujourd’hui. ...

      « J’ai compris que j’avais détruit l’équillibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais été heureux ».
      Plus loin, quand il tire sur l’arabe de la plage :
      « C’était comme 4 coups brefs que je frappais sur la porte du malheur ».

      Le soleil algérien est chez Camus à la fois tentateur, aveuglant, favorable et funeste :

      cf. durant le procès d’Assises de Meursault, où le Président l’interroge sur ses mobiles du meurtre : « c’est à cause du soleil, Mr le Président, j’ai été aveuglé ».
      Cela fera rire les jurés, pas nous, avec le recul du temps.
      Camus a toujours dit beaucoup en peu de mots.


      • herope kayen 14 décembre 2009 16:31

        C’est le problème pour Camus tout le monde trouve des atomes crochus avec lui même les libertaires. Au Panthéon a quel titre : le prix Nobel ?
        Personnellement même s’’il reposait en Algérie cela ne me poserait aucun problème, cela correspond a une partie de sa vie ou il a été réellement heureux.

        www.fa-heropelyon.fr.gd


        • Pierre de Vienne Pierre de Vienne 14 décembre 2009 18:19

          Au cimetière de Lourmarin, dans ce Lubéron austère qu’il avait choisit, en bonne compagnie, Henri Bosco cet autre amoureux de la lumière du sud de la France y est aussi.

          Foutons lui la paix.


            • GHEDIA Aziz Sidi KhaledI 14 décembre 2009 20:22

              Merci JOJO pour cette vidéo !


              • Jojo 14 décembre 2009 20:42

                Merci à vous smiley


              • kitamissa kitamissa 14 décembre 2009 22:26

                il n’y a même pas de plaque commémorative à l’endroit où Camus a trouvé la mort ...

                sa vraie place devrait être là bas,dans les champs ( j’y pense à chaque fois que je me rends à Sens )

                Villeblevin dans l’Yonne .........petit village en retrait de la Nationale ,seuls subsistent les platanes plus que centenaires bordant la RN6 à cet endroit où à l’époque la tentation devait être grande au possesseur de la Facel Véga Hk 500 conduite par Gallimard ,envie donc d’appuyer sur l’accélérateur pour libérer les 390 Cv sur cette belle portion de route,toujours traîtresse pour ceux qui ne connaissent pas l’endroit ( c’est à une trentaine de kms de chez moi ) ...

                j’ai bien connu également Tipaza ( notre base arrière )et la plage du Chenoua ,juste en continuité ,superbe région où l’on aurait bien passé des vacances même si les hasards de l’histoire nous avaient fait connaitre cet endroit malgré nous,mais à 20 ans,on ne pense pas à l’histoire,on y participe un peu !....

                que les filles des familles Européennes de là bas étaient belles ( et j’en ai épousé une !..)


                • TSS 15 décembre 2009 00:02


                  ah ! Tipaza ,les ruines romaines ,le tombeau de la chretienne et les soirées memorables avec

                  les copains de la légion à Zeralda... !!


                • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 15 décembre 2009 01:11

                  La phrase citée de Camus est fausse, et l’interprétation qui en est faite est mensongère, falsificatrice, honteuse.

                  D’où la nécessité de rétablir le texte ; la mère, c’est évidemment la vraie mère, celle qui l’a élevé.

                  Albert Camus à Stockholm devant des étudiants suédois :

                   

                  Après avoir évoqué l’objection de conscience et le problème hongrois, de lui-même Camus lança l’invite non déguisée : « Je n’ai pas encore donné mon opinion sur l’Algérie, mais je le ferai si vous me le demandez. » Camus affirma la « totale et consolante liberté de la presse métropolitaine. Il n’y a pas de pression gouvernementale en France, mais des groupes d’influence, des conformistes de droite et de gauche. Croyez-moi, c’est ma conviction la plus sincère, aucun gouvernement au monde ayant à traiter le problème algérien ne le ferait avec des fautes aussi relativement minimes que celles du gouvernement français. »

                  Un représentant du FLN à Stockholm demanda alors à Camus pourquoi il intervenait si volontiers en faveur des Européens de l’Est mais ne signait jamais de pétition en faveur des Algériens. À partir de ce moment le dialogue devint confus et dégénéra en un monologue fanatique du représentant du FLN, qui lança slogans et accusations, empêcha l’écrivain de prendre la parole, et l’insulta grossièrement. [...] Camus parvint enfin, non sans peine, à se faire entendre. « Je n’ai jamais parlé à un Arabe ou à l’un de vos militants [du FLN] comme vous venez de me parler publiquement ... Vous êtes pour la démocratie en Algérie, soyez donc démocrates tout de suite et laissez-moi parler ... Laissez-moi finir mes phrases, car souvent les phrases ne prennent tout leur sens qu’avec leur fin. »

                  Après avoir rappelé qu’il a été le seul journaliste français obligé de quitter l’Algérie pour avoir défendu la population musulmane, le lauréat Nobel ajouta :

                  « Je me suis tu depuis un an et huit mois, ce qui ne signifie pas que j’ai cessé d’agir. J’ai été et suis toujours partisan d’une Algérie juste, où les deux populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai dit et répété qu’il fallait faire justice au peuple algérien et lui accorder un régime pleinement démocratique, jusqu’à ce que la haine de part et d’autre soit devenue telle qu’il n’appartenait plus à un intellectuel d’intervenir, ses déclarations risquant d’aggraver la terreur. Il m’a semblé que mieux vaut attendre jusqu’au moment propice d’unir au lieu de diviser. Je puis vous assurer cependant que vous avez des camarades en vie aujourd’hui grâce à des actions que vous ne connaissez pas. C’est avec une certaine répugnance que je donne ainsi mes raisons en public. « J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. » Cette déclaration fut ponctuée d’ovations.

                  Propos recueillis par Dominique Birmann, Le Monde, 14 décembre 1957 [À l’occasion de la remise à Albert Camus de son Prix Nobel de littérature].


                  • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 15 décembre 2009 01:15

                    La condamnation par Albert Camus du terrorisme FLN est un des secrets les mieux gardés de notre époque ; comme si c’était « secret défense ».


                  • sisyphe sisyphe 15 décembre 2009 03:15

                    Camus n’a pas seulement condamné le terrorisme FLN, mais EGALEMENT celui imposé par les colonisateurs français au peuple algérien.

                    Comme dit dans la citation plus haut :
                    "J’ai été et suis toujours partisan d’une Algérie juste, où les deux populations doivent vivre en paix et dans l’égalité. J’ai dit et répété qu’il fallait faire justice au peuple algérien et lui accorder un régime pleinement démocratique, jusqu’à ce que la haine de part et d’autre soit devenue telle qu’il n’appartenait plus à un intellectuel d’intervenir, ses déclarations risquant d’aggraver la terreur.« 

                    Il n’était donc pas un partisan de »l’Algérie française" non plus. :

                    Pour Albert Camus, la revendication arabe est équivoque. Autant sont légitimes la dénonciation du colonialisme, de l’attitude méprisante des Français, d’une répartition agraire injuste et d’une assimilation toujours proposée mais jamais réalisée, autant est illégitime le concept de nation algérienne : l’Algérie est issue d’immigrations successives (Juifs, Turcs, Grecs, Italiens, Berbères, Arabes puis Français), et les Arabes sont poussés par l’impérialisme mené par l’Egypte et soutenu par l’URSS, pas par le sentiment d’appartenance à une nation algérienne.
                    La troisième voie qu’il préconise consiste à intégrer davantage les Français Musulmans dans la République :

                  • Par la création d’un parlement à deux sections : la première, de 500 membres, composée de 485 élus métropolitains et de 15 élus d’outre-mer gérant seule ce qui n’intéresse que la métropole (le droit civil par exemple), la seconde, de 100 membres composée d’élus musulmans de statut coranique, gérant seule les questions intéressant les Musulmans ; le parlement dans sa totalité gérant les questions communes (fiscalité, budget, défense...)
                  • Par l’extension de ce parlement aux autres pays du Maghreb et de l’Afrique Noire, en créant une structure fédérale française (un Sénat fédéral, des Assemblées régionales) compatible avec les institutions européennes à venir, ce qui renforce la pérennité de cette solution.

                  • Cette voie doit surmonter deux obstacles majeurs : le cessez-le-feu préalable, difficile à obtenir d’un FLN intransigeant, et la volonté nécessaire à la métropole pour réformer la constitution.

                    Aussi la France s’engagera-t-elle dans la voie redoutée par Camus dès Janvier 1958 :
                    Un grand nombre de Français, plutôt que de renoncer à leur niveau de vie, préfèreront abandonner les Algériens à leur destin [...] et se désolidariser de leurs compatriotes d’Algérie [...] La France se trouvera forcée de lacher également les Arabes et les Français d’Algérie ; nous sommes devant cet enjeu. Si ce dernier malheur arrivait, les conséquences seraient nécessairement graves et les Algériens ne seraient pas certainement seuls à entrer en sécession. C’est le dernier avertissement qu’il faille honnêtement formuler.


                    Aussi, lorsque la guerre éclata en 1954
                    était-il impossible pour lui d’avoir à choisir entre deux camps, tentant de les réunir en les informant les uns sur les autres, de créer des liens entre les opposants algériens et les Français par le biais de sa profession.
                    Il apporte son soutien à Pierre Mendès France qu’il considère comme le seul à même de pouvoir résoudre la crise algérienne.
                    Camus fait alors tout son possible pour le ramener au pouvoir par une suite d’articles (l’Algérie déchirée) en entrant à L’Express, ce qui lui attire d’ailleurs les foudres de certains de ses confrères en désaccord avec ses prises de position.

                    Son engagement n’est pas seulement journalistique : il a pris la défense de plusieurs militants ou simples musulmans (Ouzegane et Lebjaoui, par exemple) arrêtés voire condamnés.
                    Lors de la conférence au Cercle du progrès, sa déclaration pour la sécurité des citoyens algériens lui vaut de devenir la cible de nombreux attentats auxquels il échappe.
                    Il comprend alors que le terrorisme et la répression sont plus répandus que sa solution pacifique et que la poursuite de la guerre est inexorable.



  • décurion 15 décembre 2009 12:43

    @ Sisyphe,

    "Autant sont légitimes la dénonciation du colonialisme, de l’attitude méprisante des Français, d’une répartition agraire injuste et d’une assimilation toujours proposée mais jamais réalisée, « 
     Je ne sais pas si cette affirmation est la votre ou celle de Camus, mais il y trois erreurs flagrantes que je relève.
    Attitude méprisante : De quel mépris s’agit il ? Celui du fonctionnaire pour l’ administré ? Celui du militaire pour le civil ? Celui du lettré pour l’analphabète ? Celui du nanti pour le pauvre. ? Oserais je rappeler, qu’en France, à la même époque, les moeurs n’étaient guère différentes, et en Algérie, les français de diverses origines, logeaient à la même enseigne, sans pouvoir s’accuser eux mêmes. Si quelqu’un peut croire que 10 % d’une population peut adopter une attitude méprisante contre le reste de la population, il se trompe.
    L’assimilation : Il n’a jamais été question d’assimiler les indigènes, ni au début, et encore moins à la fin. Naturaliser quelques individus, oui, mais pas plus. Pour comprendre l’histoire française de l’ Algérie, il faut savoir, qu’à un moment de l’histoire il a été admis, que l’on ne pouvait plus maintenir des millions d’individus dans une demie nationalité, et comme il paraissait invraissemblable de les intégrer, il ne restait plus qu’à les abandonner, ce qui fut fait.
    Pour la répartition agraire, lors du centenaire de l’Algérie, un état des lieux fut fait. Bien que certains français soient de gros propriétaires, globalement les propriétés arabe ( au prorata du nombre) étaient majoritaires. Les biens en Troupeaux, en plantations fruitières et autres des arabes étaient supérieurs à ceux des »colons" et malgré cela 90% des impots étaient payés par les français, soit 10 % de la population. La propriété arabe, était partagée entre plusieurs personnes ( 10 et plus), ce qui causait des problèmes de gestions, de partage et de responsabilité devant les créances, ce qui menait souvent à la faillite et à la saisie.


  • décurion 15 décembre 2009 18:21

    Dans la continuité du précédent commentaire : un copié-collé

    800.000 Français alimentent presque seuls le budget algérien, en payant huit fois plus d’impôts que les 8 millions d’indigènes qui peuplent aujourd’hui l’Algérie , alors que la fortune publique est restée entre les mains de ces derniers, dans la proportion justifiée par leur nombre
    Appuyons par des chiffres cette affirmation : Dans une brochure publiée en 1939 par les services de l’Économie sociale du Gouvernement général de l’Algérie, au sujet de l’artisanat indigène, il est précise que les indigènes algériens cultivaient :
    — 1.022.000 hectares de blé sur 1.308.000 hectares. Ce qui permet de dire que la culture européenne ressort à 286.000 hectares ;
    — 1.152.000 hectares d’orge sur 1.262.000 hectares, d’où une part, pour l’Européen, de 110.000 hectares ;
    — 15.823 hectares de tabac, sur 22.289, d’où une part de 6.466 hectares pour l’Européen.
    On ajoute que les « indigènes possèdent la presque totalité du bétail ». 170.000 chevaux, 773.000 bovins, 5.181.000 ovins, les 6/7 des figuiers, les 5/8 des oliviers, à peu près tous les palmiers du Sud.


    EUGÈNE VALLET

    UN DRAME ALGÉRIEN

    ACHEVÉ D’IMPRIMER SUR LES PRESSES DES IMPRIMERIES BELLENAND

    A FONTENAY - AUX - ROSES (SEINE) 65.722.

    Dépôt légal Éditeur 2e trimestre 1948.



  • décurion 15 décembre 2009 18:27

    Pour avoir une idée plus précises sur ce qu’était l’Algérie française, puisée à la même source.

    Veut-on un exemple ? Nous pouvons citer une Commune mixte du département de Constantine, dont la superficie est de plus de 138.000 hectares (l/30e de la surface de la France, ou trois fois celles du département de la Seine).

    La population de cette commune est de 110.000 habitants, dont un millier de Français, répartis sur 1.000 kilomètres carrés de territoire. La profession agricole y est représentée par 3.000 chefs d’exploitations indigènes cultivant 30.000 hectares, et 45 colons français d’origine cultivant 6.000 hectares, en blé principalement.

    Rappelons ici que la même région faisait partie de l’antique Numidie, qui alimentait par l’Annone, en blé dur, la grande métropole romaine.

    En Algérie, comme en France, a été appliquée une réglementation destinée à assurer la subsistance locale ainsi que les ensemencements, le surplus devant participer aux envois à faire pour venir en aide à la Mère patrie.

    Dans la commune qui nous intéresse, nous pouvons donner des chiffres sur les résultats obtenus par cette opération de réquisition légale, pendant trois campagnes agricoles récentes. Ces chiffres démontrent la résistance opposée par les milieux autochtones à. la collecte à laquelle ils étaient soumis obligatoirement par la loi.

    En 1944, les Français d’origine ont livré 16.139 quintaux, les indigènes 5.475, soit, pour ces derniers, 55 kilos par hectare. L’année représentait une petite moyenne comme récolte.

    En 1945, année moyenne, les colons ont livré 22.000 quintaux, les indigènes 400 quintaux,

    En 1946, la récolte a été abondante. L’administration, sollicitée par la Métropole, s’est efforcée de faire pression dans les douars pour obtenir enfin un résultat moins décevant que les années précédentes. Les résultats suivants ont été obtenus après une active propagande auprès des chefs locaux, Caïds et Ouakafs : 62.000 quintaux ont été versés par les colons français, 23.000 par les indigènes, soit 76 kilos de blé par hectare pour ces derniers. Ajoutons que 113 procès-verbaux ont été dressés à l’encontre d’indigènes qui n’avaient même pas fait de déclaration de récolte. Mais ces constats n’ont pas été suivis de sanctions.

    La commune dont nous parlons compte, sur la partie nord de son territoire, de nombreux petits exploitants d’oliviers. Pas un litre d’huile n’a été recueilli chez les récoltants qui ont, presque tous, bénéficié du ravitaillement familial en huile, organisé par l’administration.



  • sisyphe sisyphe 16 décembre 2009 10:51

    En 1944, les Français d’origine ont livré 16.139 quintaux, les indigènes 5.475, soit, pour ces derniers, 55 kilos par hectare. L’année représentait une petite moyenne comme récolte.

    En 1945, année moyenne, les colons ont livré 22.000 quintaux, les indigènes 400 quintaux,

    Oui ; très intéressant, tous ces chiffres...

    ... sauf que... qui TRAVAILLAIT dans les plantations des « français d’origine » ?
    .... ben oui .... les « indigènes » ; alors, vos chiffres....

    Par ailleurs, oui, la citation était bien de Camus qui était bien placé pour savoir de quoi il parlait.

    Donc, copiès-collés qui n’apportent absolument rein au débat.

    Dommage.


  • décurion 16 décembre 2009 11:33

    Sisyphe,

    Entre 1943 et 1945, 19 classes d’ Européens d’ Algérie, se trouvaient sous les drapeaux, en Tunisie, en Corse, en Italie, en France et jusqu’en Allemagne. 19 classes soit de 20 à 39 ans, vous êtes mal placé pour leur repprocher d’avoir tenu le fusil plutot que les rênes de la charrue. D’autre part, les « indigènes » n’étaient pas réquisitionnés, ils travaillaient, ils étaient payés. En fait, en adoptant, votre vue restreinte, que les indigènes ont permis que......Les fermes indigènes, employaient aussi des indigènes, aux mêmes conditions, sinon pires que les fermiers français, donc les chiffres et les écrits, malgré tout signifient quelque chose. 
    Cela écrit, je comprends trés bien, que vous rejetiez en bloc, ce qui ne correspond pas à votre saga historico romancée. Sinon vous ne seriez plus Sisyphe.


  • décurion 16 décembre 2009 12:08

    Sisyphe,

    Vous et moi, évoluons, au même moment dans le même monde, et malgré tout nos opinions diffèrent, bien que nous soyons apparemment bien placé pour savoir de quoi l’on parle.
    Camus était bien placé pour témoigner de ce qu’ il savait, mais il ne savait pas tout, et il ne savait pas la même chose, qu’ un hyspanique Oranais, un juif constantinois, ou un légionnaire belabésien.



    • snoopy86 15 décembre 2009 12:44

      Camus en Algérie ? Pourquoi pas ?

      C’est cette terre qu’il aimait l’enfant de Mondovi et dont il s’est toujours senti déraciné ...

      Il n’aurait pas refusé le cimetière de Bône ( Annaba) dont les pieds-noirs disaient :

      « si beau il est qu’envie de mourir il te donne »


      • décurion 15 décembre 2009 13:19

        L’ auteur ,

        Vous êtes Algérien, et pour vous, la terre et la patrie ne font qu’un. Cela est légitime. Pour des individus ayant un pied en Algérie et un autre en France, la vision n’est pas la même, et la terre et la patrie sont deux entitées différentes.
        Nombreux sont ceux qui pensent que l’Algérie était un beau pays, et la nostalgie et le regret, ont effacés les maigres salaires et la dureté de la vie.Mais ils savent aussi, que l’algérie est un pays en ruine, qui n’a pas entretenu ce qu’il a saisi, Un pays ou une grande partie de la population, a perdu l’honneur et le sens de la mesure, en profanant les tombes et en jouant avec les cadavres.
        Je ne peux pas répondre à la place de Camus, mais ce qui est sur, c’est qu’il n’a jamais été algérien, et vouloir en disposer autrement, ressemble plus à un caprice farfelu, qu’à un projet sérieux.
        Plutot que de vouloir ériger un mausolée à Camus, vous feriez mieux de remplacer les ruines qui s’accumulent dans au moins une de vos cité.


        • Bridgetten 15 décembre 2009 14:24

          Je passe juste pour dire que cet article et les commentaires, tous les commentaires, m’ont touché par l’émotion et les sentiments qu’ils dévoilent, qu’ils soient sympathie, regrets... ou même les reproches car ils montrent tout mais pas l’indifférence. 

          Que l’on soit Français ou Algérien, on ne peut rester insensible à cette petite revendication de l’auteur qui voudrait amener chez lui un peu de cette mémoire française colonialiste, pour nous rappeler (n’est-ce pas Monsieur ?) cette période révolue mais encore douloureuse pour tout le monde, et ce qu’il en reste aujourd’hui, une identité algérienne qui se sent un peu abandonnée, malmenée à ce jour par un pays que nous nommerions, (sans même nous intéresser plus avant aux aléas de l’actualité orientale), son frère.

           Alors même que le peuple algérien, encore « très français » par sa culture et par sa langue, a de plus en plus le sentiment d’avoir été oublié.

          Pour en revenir à Camus, et Michel Onfray, la lettre du philosophe au président est ici :

          http://mobile.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/24/monsieur-le-president-devenez-camusien-par-michel-onfray_1271343_3232_1.html


          • Bridgetten 15 décembre 2009 15:39

            Monsieur Khaledi, vous n’aurez peut-être pas Camus, mais vous avez Fellag, vivant !

            - qui reçut, entre autres, le prix Raymond Devos de la langue française en 2003 (et futur prix Nobel de la Paix ?... pourquoi pas !...)

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    GHEDIA Aziz

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    Qui suis-je ? Disons tout simplement un "Chirurgien algérien qui essaie, entre deux interventions chirurgicales, de gribouiller quelques notes à propos de tout et de rien" ! Depuis quelques mois, je suis en année sabbatique ce qui me permet de prendre le temps de vivre et de réfléchir sur des questions d'ordre géopolitique et métaphysique.


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