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Ce que veulent les Hommes

L’économie et la politique fonctionnent de deux manières différentes et opposées, mais toujours inverses par rapport à ce que veulent les Hommes.

Compte tenu des différences qui existent entre tous les Hommes, il a semblé plus facile aux théoriciens de l’économie de rationaliser les comportements de l’individu que d’apprendre à le connaître dans ses passions, ou sa véritable essence. Partant ainsi de l’individu comme être rationnel, ces mathématiciens ont considéré les hommes comme de simples unités comptables, pour être ensuite en mesure de généraliser les comportements de manière « macro-économique », en établissant une sorte de « science » éminemment éloignée de la réalité, car fondant leurs théories sur une superstition erronée, celle de « la main invisible ».

Pour la politique, ceux qui ont fondé la théorie et rédigé les constitutions sont partis du point de vue inverse, c’est-à-dire en examinant la société dans son ensemble pour pouvoir ensuite déterminer les comportements individuels. Partis du point de vue général et de « l’utilité commune », c’est cette dernière qui sert de référence à tous le citoyens dans leur individualité. La règle est d’abord générale avant d’être particulière.

C’est de manière pourtant inverse que fonctionne l’être humain. Ses comportements politiques sont éminemment individuels, tandis que ses désirs matériels sont tournés vers le collectif : dans une famille les parents pensent à subvenir aux besoins de leurs enfants ou de leurs amis, tandis que les opinions politiques ou religieuses sont souvent diverses au sein d’une même famille.
En réalité ce n’est que contraints par la concurrence économique que les hommes s’individualisent, et contraints par l’opinion majoritaire qu’ils votent.

Car en quoi consiste une constitution, sinon en une manière de soumettre l’individu aux volontés de la société, « la volonté générale » ? et en quoi consiste la main invisible sinon en une apologie de l’égoïsme ?

On le constate bien dans la réalité :

même si un texte fondateur comme la déclaration des droits de l’homme est un texte dont la volonté démocratique n’est pas contestable, les constitutions qui en sont ressorties ne sont pas à la hauteur de ce qu’en veulent les Hommes : les grands principes généraux ne sont guidées que par « l’utilité » commune. Mais à force d’exceptions, les principes particuliers ont totalement dévoyé ces principes de leur objectif primordial, à savoir l’intérêt général ou l’intérêt de tous.
Même si les théories économiques ont réussi à faire accroître le niveau de vie et des richesses disponibles, les contraintes du travail et la répartition des richesses n’ont jamais été aussi injustement partagées. Des pays entiers sont abandonnés à la misère, tandis que les élites de quelques pays possèdent la majorité des richesses. Cela peut se traduire mathématiquement en terme de croissance moyenne, mais dans la réalité les choses sont très différentes.

Cet état de fait est la conséquence de l’erreur primordiale qui est née dès l’établissement à la fois des textes fondateurs de la politique et des théories économiques : la croyance erronée en la malignité originelle de l’Homme , victime depuis des millénaires de ce qu’on nomme « le péché originel ». Comme si le fait de s’être nourri à l’arbre de la connaissance était l’expression de la méchanceté intrinsèque de l’Homme, il a été une fois pour toute établi que l’Homme se devait d’être soumis à des limites strictes et à un égoïsme sans borne.

Mais c’est tout le contraire qu’il faudrait en réalité établir. Car nous sommes tous les mêmes dans nos désirs spirituels (et donc politiques), et tous différents dans nos désirs matériels (et donc économiques). Cela signifie qu’au niveau politique, une constitution devrait s’établir sur la volonté d’un individu, pour ensuite créer une règle générale satisfaisant à tous, et qu’au niveau économique, les théories devraient partir de la volonté de tous pour établir les règles individuelles.

Sur le plan spirituel, chaque être humain (ou presque) souhaite atteindre à ce que l’on nomme communément le « bonheur », et le souhaite aussi à ceux qu’il aime. Nul n’est délibérément pour la guerre, la mort d’enfants innocents ou la souffrance d’autrui. Et sur le plan économique, la volonté générale est que chacun puisse disposer d’un toit, et qu’il soit en mesure manger à sa faim. Partant de ces principes, l’économie viserait désormais la satisfaction des besoins essentiels de la totalité de la race humaine, comme règle générale. Les exceptions et les dérogations seraient individuelles et ne remettraient pas en cause la règle. La politique, elle, fonctionnerait de manière à faire émerger une constitution de la multitude différente mais rassemblée sur un point commun à tous, comme le bonheur ou l’amour. les différents partis se réclamant de l’un, de l’autre ou d’un troisième concept philosophique.

Qu’attendons-nous, puisque nous sommes sûrs de savoir et ce que nous voulons, et de ce qu’il nous est nécessaire d’avoir ? des constitutions, il y en a eu de nombreuses d’écrites, et il y en aura encore. Des révolutions pacifiques se sont déjà produites dans l’Histoire, et il est encore possible d’en réaliser. Mais des guerres aussi les hommes en ont connu. Et il se peut qu’ils en fassent d’autres encore. Alors prenons notre destinée en mains, et commençons à construire les nouvelles règles qui correspondent vraiment à ce nous voulons, nous les Hommes. Et faisons en sorte que les règles que nous nous choisirons soient en mesure de prouver notre générosité, loin de celles qui nous contraignent à devenir égoïstes…et qui finiront par nous rendre mauvais.
 

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2 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 23 octobre 2009 10:41

    Bonjour Caleb irri.

    Cet article mérite réflexion, et pardon pour mon interventions centrée sur deux seulement de vos assertions.

    Vous écrivez, je cite : « au niveau politique, une constitution devrait s’établir sur la volonté d’un individu, pour ensuite créer une règle générale satisfaisant à tous, et au niveau économique, les théories devraient partir de la volonté de tous pour établir les règles individuelles. »

    Sur la seconde proposition, je dirais que la théorie qui part de la volonté de tous pour établir des règles individuelles se résume en ceci : « Laissons faire la main invisible parce que greed is good »

    Sur la première, si je comprends bien, n’est-ce pas ce « despotisme éclairé » l’expression consacrée ?


    Un peu plus haut vous avez dit : « Même si les théories économiques ont réussi à faire accroître le niveau de vie et des richesses disponibles, les contraintes du travail et la répartition des richesses n’ont jamais été aussi injustement partagées ».

    Si je suis d’accord avec la seconde partie de cette phrase, en revanche je dirais que c’est le travail des hommes, de tous les hommes qui a réussi à accroître les richesses.

    A ce sujet, permettez-moi de citer Alain Badiou :

    « Le capitalisme n’est qu’un banditisme, irrationnel dans son essence et dévastateur dans son devenir. Il a toujours fait payer quelques courtes décennies de prospérité sauvagement inégalitaires par des crises où disparaissaient des quantités astronomiques de valeurs, des expéditions punitives sanglantes dans toutes les zones jugées par lui stratégiques ou menaçantes, et des guerres mondiales où il se refaisait une santé ».


    • caleb irri 23 octobre 2009 16:03

      @ JL

      bonjour,

      la main invisible c’est le fait que la somme des comportements individuels est bénéfique à l’ensemble. alors que dans mon texte je pars de ce que devrait être la satisfaction globale de l’humanité (assez de nourriture pour tous, un logement et les moyens de se déplacer comme une sorte de rapport matériel avec les besoins de l’humanité). pour ensuite aménager « au cas par cas » (celui qui habite loin de son travail a plus besoin d’une voiture que celui qui travaille chez lui par exemple).

      ensuite, au niveau du « despotisme éclairé », je ne suis pas tout à fait d’accord : dans mon idée tous les individus (ou presque) ont sensiblement la même aversion pour la guerre ou la misère de leur prochain. pourtant, des gens se battent encore et meurent de faim. alors, au lieu que ce soit l’intérêt de la nation qui prime (la guerre est autorisée même si elle est régulée par quelques conventions), il faudrait que ce soit la volonté des hommes. une démocratie « réelle » plus qu’un despotisme éclairé !

      pour le travail des hommes nous sommes d’accord, mais il ne faut pas négliger le fait que la recherche du profit engendre inévitablement la concurrence, ce qui implique une augmentation continuelle de la production, même s’il y a du gâchis.

      et pour alain badiou, je n’ai rien à ajouter.

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