Cher Vladimir, vous prendrez bien une tasse de thé...

@Clocel

Pas un état profond, mais une opposition dans son propre parti, à Bruxelles,à Washington et le lobby pétrolier occidental.

Dans le « Süddeutsche Zeitung » Sarah Pagung écrit : "tout est une question de rapport coûts/bénéfices", 

L’enjeu, c’est la construction de Nord Stream 2, le gazoduc russo-germanique, un chantier de 10 milliards d’euros qui est presque terminé. Si Merkel décidait d’y mettre un terme, ce serait un coup dur pour Gazprom, qui l’a en grande partie financé. Ce serait aussi un revers pour Poutine, qui espère consolider la place de la Russie comme premier fournisseur de gaz à l’Europe (41 % du gaz importé en Europe provient déjà de la Russie).

"Si on laisse ce chantier continuer après l’empoisonnement d’Alexeï Navalny, ce serait le signe ultime pour Vladimir Poutine que nous sommes incapables de faire preuve de fermeté", a dit Norbert Röttgen, président de la commission aux Affaires étrangères du Bundestag et opposant de toujours au projet Nord Stream 2 au sein de la CDU (le parti conservateur d’Angela Merkel).

Angela Merkel a fait savoir, peu après l’arrivée d’Alexeï Navalny en Allemagne, le 22 août, qu’elle ne comptait pas remettre ce chantier en question à cause de cette affaire.

Mais la pression politique qu’elle subit a pu la faire changer d’avis ? "Je ne pense pas qu’elle soit encore prête à abandonner Nord Stream 2", dit Sarah Pagung dans l’article cité plus haut. L’arrêter ferait perdre des centaines de millions d’euros aux partenaires allemands du chantier. Elle a aussi beaucoup à perdre politiquement si elle met un coup d’arrêt à Nord Stream 2. Depuis 2015, elle défend ce gazoduc contre la quasi-totalité des partenaires européens de l’Allemagne et les États-Unis. Washington a même pris des sanctions contre les entreprises qui participent à ce chantier, en décembre 2019, ce qui avait bien énervé Merkel, mais avec cette possibilité de porter un vrai coup dur à Moscou, toute autre décision serait jugée insatisfaisante. Elle doit donc choisir entre la peste et le choléra : prendre des sanctions qui risquent de n’impressionner personne, ou sacrifier un chantier dans lequel elle s’est tant investie politiquement.

gruni s’est reconnu « d’une naïveté légendaire ». Bravo pour cet instant de lucidité.

@Séraphin Lampion

 Si Merkel décidait d’y mettre un terme, ce serait un coup dur pour Gazprom

Le fait que la presse mette sous le nez de Merkel cette pseudo alternative ne sert que le parti américain, qui aura un moyen de chantage grâce à cette dette fictive. 

@Opposition contrôlée
Et puis, la Russie est aussi un bon client pour l’industrie allemande....

@CN46400

Les faucons ne s’encombrent pas de ce genre de considérations, pas plus que les banquiers qui, en cas de guerre prêtent de l’argent aux deux parties, endettent les états concernés et sont remboursés soit vie la « dette de guerre » imposée aux vaincus, soit par les royalties versées par les vainqueurs.

Il n’y a pas plus de logique commerciale (contrats négociés) que de morale (religieuse ou humaniste) dans les stratégies géopolitiques, mais seulement une logique de guerre : qui est le plus fort ?

Toute l’Amérique du sud est aussi un très bon client pour les Etats-Unis.
Ça n’empêche pas les gouvernement américains de mettre des sanctions aux régimes qui ne leur conviennent pas, de boycotter leurs produits mais de continuer à leur vendre leur merde.
Monopole oblige !
Qui vendra des Mercedes aux Russes ?

@Séraphin Lampion

Cette affaire Navalny est très intéressante, plus que l’affaire Skripal compte tenu des enjeux géopolitiques.

Peu importe au fond de savoir qui a empoisonné Navalny et comment, que ce soit directement Poutine (qui est plus con qu’un balai de chiotte, chacun sait ça) ou une alliance des services secrets Polonais et US pour faire capoter NS2, ou encore un obscur oligarque.

Ce qui importe, c’est la position que prendra finalement l’Allemagne sur le projet NS2. Indépendamment de l’avenir de ce projet qui est secondaire par rapport aux grands enjeux géopolitiques (avenir de l’UE), cela nous renseignera sur les rapports de force en Allemagne dans la relation Allemagne-USA, et donc sur l’avenir de l’Europe (de l’UE) qui dépend singulièrement du rapport Allemagne-USA. Ce rapport évolue beaucoup ces derniers temps, avec le départ de soldats US d’Allemagne, avec l’indifférence de Trump quant à l’Europe (déjà avec Obama mais accentuée avec Trump).

L’avenir de l’Europe dépend des relations Allemagne/USA. L’affaire Navalny et ses conséquences sont un indicateur de l’état de ces relations. On sentait que les USA étaient prêts à jouer très gros pour bloquer NS2. Et que Merkel n’était pas prête à lâcher NS2. Grâce à Navalny (à qui je souhaite un prompt rétablissement, son rôle en Russie étant très utile pour faire progresser l’Etat de droit en Russie), on saura le fin mot. 

@Fanny
En tout cas il est clair que le but de cette campagne quasi-mondiale autour de l’affaire Navalny est le reflet du pouvoir du parti anti-NS2. Dès que l’affaire Navalny a commencé à peine à monter en mayonnaise, quelqu’un m’avait demandé ce que j’en pensais. J’ai répondu : Encore une excuse incroyable pour compromettre la gazoduc. Ca n’a pas râté.

@Fanny
Vous écrivez : « son rôle en Russie étant très utile pour faire progresser l’Etat de droit en Russie »
=> Vous n’avez pas trop pris connaissance du vrai profil du personnage.

@V_Parlier

Je ne crois pas être naïf concernant Navalny. C’est la carte des occidentalistes en Russie. De ceux (nombreux) qui écoutent la radio Echo de Moscou, expliquant les 27% de Navalny aux élections à la Mairie de Moscou. Au départ, il n’était pas un occidentaliste/mondialiste pur sucre, avec une tendance au nationalisme. Des occidentalistes bienveillants (comme l’écrivain russe Akounine résidant en GB) lui ont expliqué qu’il avait intérêt à mettre en sourdine cet aspect de sa personnalité ce que, semble-t-il, il a fait. Et ses démêlés avec la justice russe (et une entreprise française) pour suspicion d’escroquerie appartiennent au passé.

Mais je ne pense pas qu’il faille réduire l’action de Navalny aux relations Russie-Occident, même si c’est que nous percevons vu de l’étranger. Navalny a une action spécifique en Russie, bien reconnue à Moscou, beaucoup moins en province, qui a pour effet d’introduire un peu d’oxygène (manifestations …) dans un système politique un peu étouffant, où le parti du président écrase le paysage politique. 

@Séraphin Lampion
Le gaz de shiste US, transporté par tankergaz depuis l’autreface de l’Atlantique coûtera deux fois le prix de Gazprom via Nordstream 1 ou 2, alors que l’industrie allemande vends bien plus en Russie qu’aux USA...
En Amsud, le pb est différent car on y trouve des matières premières mais pas, ou peu, d’industries concurrentes aux USA. Par contre il y a des pb politiques que les impérialistes considèrent comme dangereux (Vénézuela..etc)