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Accueil du site > Tribune Libre > Claude François

Claude François

Comme beaucoup de gens sensibles aux raffinements de l’art, normalement critiques voire un peu cyniques et en tout cas franchement allergiques aux manifestations les plus criardes de l’esprit plébéien, j’ai toujours considéré l’hyper médiatisé chanteur Claude François comme une moindre chose dans le paysage culturel de notre pays.

Avec ses mythiques clodettes, ses très démodés habits dégoulinants de paillettes, sa voix nasillarde et ses chansons aux textes indigents, le fameux “Cloclo” incarna à lui seul les pires tapages de la chanson française.

Celui qui fit danser la France profonde, répandit un peu des artifices de Paris dans les salles des fêtes des sous-préfectures, survolta les coeurs humbles de la paisible province continue, plus de trente ans après son décès aux circonstances carnavalesques, à hanter la mémoire populaire de sa voix de canard.

Il serait trop simple de réduire ce phénomène de longue portée à une banale recette de marketing.

Il y a un “mystère Claude François”.

C’est le mystère d’une âme assoiffée d’ascension dans le coeur des gens.

Seulement voilà, loin des apparences fades qu’il montrait de lui, en réalité Claude François était un brillant calculateur qui se donnait tous les moyens pour parvenir à ses fins. Pour se faire aimer des autres, il allait jusqu’à s’en faire détester !

Ce personnage atypique et paradoxal au caractère de chien était un grand cynique (qui s’ignorait ?) : conscient du formidable potentiel mercantile de son image et de ses oeuvres, il avait la volonté outrancière, décomplexée et mégalomaniaque d’exploiter sans état d’âme le filon qu’il représentait.

Ce qui l’intéressait n‘était pas du tout d’élever le niveau de sa production musicale mais de plaire aux français moyens, de leur servir scrupuleusement la soupe qu’ils lui réclamaient. Il avait ce souci premier de faire de l’argent sur la médiocrité artistique et ne s’en cachait aucunement. Et ce, autant pour le profil que pour la satisfaction de son ego.

Il voulait être le premier.

Deux personnages se côtoyaient en lui. L’un sirupeux, l’autre aigre. Une tendre fleurette aux parfums de magnolia sous les projecteurs, un tyran derrière le décor.

La guimauve et le requin réunis.

Ces contrastes étaient extrêmes chez lui. Dans ses interviews j’ai un rire intelligent (car je suis rassuré de le voir si avisé, opportuniste, machiavélique, tellement loin de cette image inoffensive et bête qu’on a de “Cloclo”) en voyant se manifester en lui le loup dont les crocs acérés percent sans la moindre gêne le masque de son angélisme... Très “politiquement incorrect” pour notre époque !

Derrière cette image publique lisse et cette réalité professionnelle féroce, il n’y a pas de hasard ou de chance mais une volonté de fer. Le désir obsessionnel d’atteindre les sommets de la gloire.

C’est fou ce que certains hommes sont capables de faire pour rayonner sur le monde !

Adulé par les classes basses et moyennes, Claude François c’est, encore aujourd’hui, l’âme de la France simple, modeste, honnête et basique.

Avec sa chevelure blonde et son indémodable beauté télégénique, si longtemps après sa mort “Cloclo”’est resté le “drapeau français des gens sans histoire.” La Jeanne d’Arc clinquante du peuple en fête. Un étendard immaculé aux couleurs des samedis soirs d’arrière pays...

Mais aussi un guerrier sans scrupule capable de tous les compromis pour conquérir de nouveaux marchés.

Par certain aspects évidents, Claude François, véritable machine à spectacles réglée au millimètre pour mieux séduire ses auditoires hypnotisés (ou franchement railleurs), c’est aussi l’esprit izarrien dans toute sa splendeur-misère.

Une minuscule mais étincelante chenille bariolée, souriante et totalement boursoufflée d’ego, fascinante à regarder s’agiter sur la scène.
 
Raphaël Zacharie de IZARRA

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9 réactions à cet article    


  • Nanar M Nanar M 28 mars 2012 08:26

    Un vrai produit marketing dont il était lui même le propmoteur.
    En tous cas, qu’est-ce qu’il nous a cassé les oreilles !


    • Piere CHALORY Ézotérik Speed 28 mars 2012 08:46

      100% d’accord ! À l’époque des claudettes, j’avais 10 ans, la plastique et la chorégraphie des miss ne me regardaient pas vraiment. Avec mes amis, nous écoutions Pink Floyd, Deep Purple, the Whos et les premiers Genesis, « Nursery Crime » notamment. Dans ma cave aménagée « psychédélique ». On ne pouvait pas supporter ce chanteur, qui est un de ceux les plus faciles à imiter grâce à son absence de voix, proche de celle de Philippe Candeloro, coin coin.


      Aujourd’hui, maintenant, la nostagie étant ce quelle est, je vois les choses différemment. Plus d’agressivité envers le chanteur brillant comme un poisson, trouvant même des qualités aux bribes de chansons qu’on nous inflige encore maintenant dans nos radios promos.

       Il est vrai que le nombre de films sur la vie de « Cloclo », que nous avions à l’époque rebaptisés Claude L’Anchois, est à la hauteur du succés phénoménal de Claude Francois dans la France des années 70. Je crois que nous allons nous faire des ennemis si on continue à désacraliser le « mythe ».

      Depuis, il y a eu pire dans le genre, Patrick Bruel par exemple...

      • jef88 jef88 28 mars 2012 10:46

        Mes meilleurs souvenirs de Cloclo ?
        Il y a 50 ans : si j’avais un marteau.....Marche tout droit ...

        A la fin de sa carrière on avait plus envie de regarder les clodettes que de le voir ou de l’entendre !!


        • ZenZoe ZenZoe 28 mars 2012 15:15

          Un de mes meilleurs souvenirs d’enfance : juillet caniculaire au Grau du Roi, les vacances en camping, Cloco aux arênes le soir qui chante « Mais quand le matin » avec les paillettes, les spots multicolores. Ca brille de partout. J’ai 7 ans, c’est ma chanson préférée du moment, mon premier concert, et il est là, il la chante. Je suis transportée. Toute la nuit, je me retournerai dans mon petit lit de camp en me repassant le film.
          Même maintenant, quand j’y repense, la magie revient. Impossible de lutter contre ça.
          Tiens, je vous quitte, je vais faire un tour sur Youtube pour l’écouter.


          • Radix Radix 28 mars 2012 17:50

            Bonsoir

            Je me souviens que le jour de sa mort un collègue du bureau d’études où je travaillais a dit : « Bon ! Maintenant il ne reste plus qu’a apprendre à Mireille Mathieu a mettre les doigts dans les prises ! »

            Radix


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 28 mars 2012 18:14

              D’accord avec l’ensemble,sauf pour « comme d’habitude » .


              • gordon71 gordon71 29 mars 2012 07:14

                oh les gars 



                votre problème c’est quoi ?

                A mon avis que cloclo fut et soit demeuré populaire  

                 ce qui n’est pas confidentiel, élitiste ou alambiqué n’est pas digne d’être apprécié car trop facile 

                je me demande s’il n’ y à pas un peu de celà dans votre dédain ?





                • gordon71 gordon71 29 mars 2012 07:38

                  raphaël

                   un peu au dessu de Cloclo

                  cette année Philippe Perrousset vire grave sa cuti, côté orient, mais pas dans le folklorique écouter ce son 

                  j’adore
                  sinon pour ceux qui apprécient la culture en Bouteille 




                  • Piere CHALORY Ézotérik Speed 29 mars 2012 22:47

                    En ce moment il y a un énième documentaire sur Cloclo sur fr3 ; je viens de voir Séguéla qui a dit :

                    « il y a du Sarkozy dans Claude Francois » ! Si si.

                    Je n’ai jamais aimé Claude Francois, mais là, faut pas déconner, le malheureux doit se retourner dans sa tombe. Non vraiment Cloclo, tu n’a pas mérité ça...

                    Il est fou ce Séguéla !


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