Comment Trump punira-t-il MbS ?
L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le 2 octobre, ira-t-il jusqu’à déclencher des retournements d’alliances et des sanctions à la hauteur du forfait commis ?
Les Turcs accusent l’Arabie saoudite d’avoir envoyé un commando pour tuer et dépecer Khashoggi, puis d’avoir exfiltré sa dépouille hors de la Turquie, les Américains ont confirmé l’authenticité des enregistrements de données à partir de la montre connectée de la victime, mais l’argent n’a pas d’odeur, cela n’empêche pas le camp du bien de maintenir la conférence « Davos in the Desert » à Riyad, ni Blair, Sarkozy, le secrétaire américain au trésor, le PDG de la banque JP Morgan Chase, et le directeur général de la société d’investissement BlackRock d’y participer. C’est que les uns ont réalisé des investissements de plusieurs milliards de dollars en Arabie saoudite et les autres gèrent des milliards de dollars saoudiens.
Quelques voix s’élèvent pour protester contre les agissements moralement indéfendables des services saoudiens, et Trump lui-même a promis une « peine sévère » pour ce meurtre « terrible et dégoûtant », tout en s’engageant à continuer d’armer l’Arabie Saoudite et la soutenir dans sa lutte pour imposer la démocratie au Yémen en lui livrant les armes et les avions qu’elle a commandés : « Je ne veux pas nuire aux emplois. Je ne veux pas perdre une commande comme celle-là. Et vous savez qu’il existe d’autres moyens de punir…/... Il y a d’autres choses que nous pouvons faire qui sont très, très puissantes, très fortes et nous les ferons », a-t-il déclaré, sans prendre son temps à donner des exemples.
Les Allemands et les Français ont publié une déclaration commune pour « établir la vérité au sujet de ce qui s’est passé et, le cas échéant, pour identifier les responsables de la disparition de Jamal Khashoggi et leur demander des comptes. »
Pour répondre à ce qu’il considère comme des ingérences insupportables, le responsable de la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya, a déclaré de son côté que l’Arabie Saoudite pourrait établir une alliance militaire avec la Russie, et réduire ses exportations de pétrole, ce qui ferait monter les prix du pétrole à plus de 100 dollars le baril et dévasterait l’économie mondiale déjà confrontée à une crise financière latente : « Si Washington impose des sanctions à Riyad, il poignardera sa propre économie à mort, même s’il pense ne poignarder que Riyad. »
Mais tout cela est-il sérieux ? Les alliés de l’OTAN ne se sont pas opposés au régime saoudien quand il exécutait des centaines de personnes chaque année et réprimait l’opposition politique du royaume. Cette année, Riyad a décidé de décapiter la militante Israa al-Ghomgham, âgée de 29 ans, son mari, Moussa al-Hachem et trois autres personnes pour avoir organisé des manifestations contre la monarchie. Cela n’a provoqué aucun changement dans la politique américaine ou européenne vis-à-vis de l’Arabie saoudite.
Si Trump envisageait vraiment de « punir » les dirigeants saoudiens, il procéderait à un gel des achats militaires américains en Arabie Saoudite, une suspension de la fourniture de renseignement aux services de sécurité saoudiens et parrainerait une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour condamner le meurtre.
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