• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Décadence ou déclin de nos sociétés

Décadence ou déclin de nos sociétés

Décadence ? Le mot évoque le destin de l’Empire romain avec sa chute, ou son déclin, tout dépend le sens que l’on accorde à ce moment de l’Histoire. C’est d’ailleurs cette énigme de la fin de Rome et la stupeur interrogative suscitée, qui ont été à la base de la construction de cette notion. Fort complexe du reste, la décadence signifiant beaucoup de choses, le déclin, la perte du sens civique, les comportements outranciers, la démission des peuples, les excès. Il existe même une esthétique de la décadence, datée de la fin du 19ème siècle, précédant de peu le fameux livre de Spengler sur le déclin de l’Occident.

L’idée de décadence renvoie donc à deux époques, la Rome antique et la période critique vécue par l’Europe entre 1900 et 1940. Cette notion est culturellement ancrée dans la mémoire de l’Occident. Mais scrutant les époques, on constate une alternance entre des périodes dynamiques, créatives, inventives, jugées comme progressistes, et d’autres périodes où une sorte de stagnation, de stase sociale et politique, transparaît. Mais sans pour autant qu’on puisse parler de déclin. Si certains voient un déclin à certaines occasions, c’est sans doute parce qu’ils jaugent la société avec comme modèle idéal le progrès permanent. Or, l’humain est perfectible et en plus, il ne cesse de voir évoluer les techniques, les cultures, les normes sociales, aussi, il cherche ses marques et parfois, ose se complaire dans des attitudes jugées décadentes, inciviles. La croissance des sociétés ne suit pas le long cours assuré de l’arbre. L’homme n’est pas un végétal.

La décadence ne paraît pas constituer une notion à sens unique, capable de définir l’état d’une société. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il n’y a pas de société décadente à notre époque mais qu’il y a de la décadence dans la société, à des degrés divers et sans doute, la décadence traduit l’essence du genre humain accompli dans le devenir occidental, comme du reste la vertu, l’éducation, la solidarité, la convivialité. Il n’existe pas de critères statistiques pour mesurer la décadence. Lorsque Nicolas Baverez parle de déclin, il emprunte le sillage de Raymond Aron et se base sur des chiffres économiques. La décadence est plus le fait d’un jugement esthétique et moral. Les littéraires sont sans doute mieux placés pour évoquer la décadence. Ecoutons Margerite Yourcenar évoquer la décadence :

« Les maux dont on meurt sont plus spécifiques, plus complexes, plus lents, parfois plus difficiles à découvrir ou à définir. Mais nous avons appris a découvrir ce gigantisme qui n’est que la contrefaçon malsaine d’une croissance, ce gaspillage qui fait croire a l’existence de richesses qu’on n’a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d’en haut, cette atmosphère d’inertie et de panique, d’autoritarisme et d’anarchie, ces réaffirmations pompeuses d’un grand passé au milieu de l’actuelle médiocrité et du présent désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés, perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violents, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages. Le lecteur moderne est chez lui dans l’Histoire Auguste. »

Marguerite Yourcenar, Mount Desert Island, 1958

Ecrit en 1958, ce portrait de la figure décadente résonne d’une profonde actualité. Quel sens de l’anticipation. Sarkozy n’avait que trois ans ! Mais cette figure provient d’une lointaine histoire, celle du déclin de Rome. Quant aux signes de décadences consignés dans ce texte, on pourra les voir dans bien des époques et surtout, dans la décennie en cours, voire les trois dernières décennies. Tandis que l’année 2009 semble amplifier la perception de la décadence dont le contraste se dessine dans ce contexte d’inquiétudes et de procès des consciences. Il n’est pas de journée sans scandale, sans polémique, sans invectives moralisantes. En cette période de difficultés et d’incertitude nous découvrons les signes de décadence et sans nous réclamer du jugement dernier, nous jaugeons ce qui se révèle telle une apocalypse présente dans les médias. L’idéogramme chinois serait incomplet. Au danger et à l’opportunité s’ajoute une dimension cognitive, la révélation. Deux figures se superposent, celle de la décadence et celle de la civilisation. Comment va évoluer notre société ? Une chute ? Ce n’est pas certain. Ce que nous pourrions comprendre alors, c’est que l’Occident est parvenu au stade où il a les moyens de gérer la décadence alors que Rome n’en avait pas les moyens.

Au fait, quelle décadence en 2009 ? Un habile personnage, grossier, du casse-toi pov’ con aux humiliations infligées au enseignants et chercheurs, se casse trois jours pour se vautrer dans le luxe au Mexique. Les grossiers habiles sont nombreux mais la grossièreté a du style, lorsqu’un ministre persiste et signe devant l’Assemblée, affirmant que le bouclier fiscal est une mesure de justice. Décadence, ces salaires et primes indécents. Le gigantisme dans les profits. Les divertissements frelatés diffusés par les médias, de la télé réalité au cirque des insipides. La vie politique et sociale se fait médiocre. Les réformes virent aux soins palliatifs. Les policiers font preuve d’autoritarisme, de brutalité envers les citoyens. La chasse aux cyclistes est un sport dans certaines villes. Sentiment de panique, les licenciements, les expulsions, les huissiers d’injustice sociale parcourent les zones urbaines. Grossiers, les humoristes, et parfois vulgaires, comme les propos de certains politiciens qu’on paye pour se pavaner dans les médias en énonçant force banalité, lieux communs et même tromperies. Une ministre de la justice en disgrâce. Les chômeurs peinent à être indemnisés mais Madame la Ministre ira siéger à Strasbourg avec près de 10 000 euros par mois de revenus. Belle conception de l’Europe. Des sièges offerts aux hauts commensaux de la gouvernance publique. Servez-vous, mais il n’y a pas beaucoup d’élus. L’anarchie, le désordre décadent. Les instituteurs ne font pas remonter les tests des écoliers, les universités sont caillassées, d’autres fermées, les enseignants retiennent les notes des partiels. Les directeurs de CHU vivent dans l’opulence en pillant l’argent de la santé publique. Et tous les managers et gestionnaires se font des beaux profits alors que pour leurs employés, c’est la dèche et même la pauvreté, si l’on est stagiaire ou intérimaire.

La décadence, ce sont ces dépenses en frais de bouche, de réception, dans les grandes villes, surtout Paris. La décadence, ces citadins roulant avec des véhicules tout terrain pesant plus de deux tonnes et bouffant du carburant ; ces berlines, signes de réussites, souvent allemandes, avec des motorisations de 250 chevaux ou plus, alors que la moitié suffit pour un dépassement sécurisé. La décadence, 300 000 euros par mois pour taper dans un ballon, de Henry et Ribery à Beckham, pote de Bono et sa machine à produire du profit, U2, dix ans de rock, vingt ans de bizness et des concerts à 200 euros la place, Bono, sujet de sa Majesté, parmi d’autres sujets vénérant Kate Moss, un simple mannequin. La décadence montre aussi son visage populaire. Du pain, des jeux, des stars. D’un côté beaucoup de profit et de l’autre, la « populace ». La décadence, ce sont les fabuleux honoraires versés à des managers qui ont créé Natixis alors que le cours de l’action a été divisé par 20. Les petits actionnaires l’ont en travers mais ils peuvent se refaire avec les nouveaux produits lancés par la Française des jeux.

Voilà enfin le ressort de la décadence ou plutôt la décadence comme l’un des ressorts du capitalisme. Une décadence parfaitement intégrée dans le système et qui en plus, renforce le profit. La populace se complaît dans les jeux, les productions culturelles vulgaires et les notables de la finance s’achètent des toiles d’art contemporain à des prix exorbitants. 200 000 euros pour des merdes, alors que des gens n’ont pas de quoi manger. C’est cela le système. Une société libérale. Qu’il faut préférer à une société dictatoriale. Ce n’est pas le capitalisme qui cause la société mais l’esprit décadent qui pousse le capitalisme à servir la décadence. Le capitalisme pourrait tout aussi bien servir la civilisation. Après tout, les gens choisissent. Le jour où ils verront dans le miroir de leur conscience la société difforme qu’ils ont engendrée, ils réagiront. Mais si la décadence est présente, c’est que la plupart des gens ne voient pas et dorment. Et puis, la décadence, c’est parfois notre côté « diversif » dirait Pascal, à défaut d’être subversif. On ne peut pas être toujours dans le réveil, au diapason du ré, comme dans révolte, résolution et révolution. Soyons diversifs et n’ayons peur de rien. Et le moment venu, soyons subversifs. C’est sérieux une révolution.


Moyenne des avis sur cet article :  4.24/5   (37 votes)




Réagissez à l'article

34 réactions à cet article    


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 18 mars 2009 12:15

    Complément


    Marguerite Yourcenar a indiqué dans ses Carnets de note de « Mémoires d’Hadrien » qu’une citation de la correspondance de Gustave Flaubert était à l’origine de son désir de réécrire ce livre :

    « Les dieux n’étant plus et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été. »
    bonne journée

    • 18 mars 2009 12:38

      Bonjour,

      A mon point de vue, ce n’est pas exact.
      La période en question est surtout une période très mystique ou les sectes pullulent à rome.
      gibbon a écrit de bonnes pages la dessus. O ne croit plus en Jupiter et pas encore en jésus, mais cela ne veut pas dire que l’athéisme a reigné.

      Je ne pense pas que le parralèle avec notre époque soit bon.

      Cela étant, les mémoires d’hadrien, quel ouvrage !

      Cdlt,

      Calito.


    • Fabien 09 Crazy Horse 18 mars 2009 12:32

      Parler de décadence suppose un jugement moral et esthétique. Mais quand vous écrivez que "l’essence du genre humain (est) accompli dans le devenir occidental", vous faites aussi un jugement.

      Je ne crois pas, moi, que la civilisation occidentale rapproche l’être humain de son essence, et même au contraire.

      De même, je ne pense pas que la capitalisme puisse jamais rapprocher l’humanité de son "essence", car je suis convaincu que la notion de propriété va à l’encontre de cette "essence".

      C’est un jugement optimiste que de dire que l’occident a aujourd’hui les moyens d’éviter sa chute. Pour m’être un peu intéressé au déclin des anciennes civilisations, j’ai le sentiment que le schéma se reproduit actuellement, et qu’il se caractérise entre autre par le déni des "bien pensants" qui persistent, comme le ferait un mauvais médecin, à dire que tout va bien se passer et que l’on va continuer à vivre à peu près comme nous l’avons toujours fait.


      • Zanini 18 mars 2009 13:23

        "Les nouveaux martyrs n’ont plus que l’optimisme pour s’en sortir. L’optimisme béat, contre toute attente, fanatique et absolu, l’optimisme comme extase. Au fond du gouffre, la joie totale de savoir l’avenir encore plus noir. Il n’y a plus qu’une subversion : l’espérance débile, la dernière vertu qui nous reste, celle qui ne veut rien savoir." M.E.N.


      • plancherDesVaches 18 mars 2009 19:44

        Crazy Horse :
        http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/18/bandes-organisees-les-methodes-de-calcul-sont-totalement-floues_1169716_3224.html
        "qui a proposé de punir de trois ans d’emprisonnement l’appartenance "en connaissance de cause" à une bande ayant des visées agressives sur les biens et les personnes."

        La "connaissance de cause" me fait dire que mon voisin fait partie d’une bande. Il va 3 fois par semaine dans un local attenant à un stade et tape dans un ballon le week-end....

        Je serai amusé que l’on puisse retrouver si le dernier Empereur de Rome envoyait à la prison ou la mort de simples citoyens sur délation.... ?


      • Georges Yang 18 mars 2009 13:00

        Tout dépend du sens que vous donnez aux mots ! Décadence et déclin ont tous deux un sens négatif, avec en plus une composante péjorative pour le premier. Or, les périodes de décadence ont souvent été des époques de création artistique et littéraire et souvent de grande liberté des mœurs.

        Décadence de l’Empire Romain dites vous et période 1910/1940 ! Je pense que vous êtes assez limitatif. La charnière Antiquité/Moyen-Age, l’époque des mignons, La Régence, le Directoire valent la Belle Epoque parisienne et le Berlin entre Weimar et Hitler, sans parler de Mai 68.

        La décadence est productive, justement à cause de ses débordement et sa licence. Le déclin, c ‘est plutôt la récession et le repli sur soi, les défaites militaires et économiques. Donc pas grand chose de productif. Si l’on peut se plaindre du déclin et lutter contre,(quelquefois sans grand espoir) il faut admettre que la décadence a du bon. Mais hélas, seule l’élite profite de la décadence alors que tout le monde pâtit du déclin sauf quelques spéculateurs.

         

        Cela dit, j’ai bien aimé votre article.


        • Georges Yang 18 mars 2009 13:08

          Mai 68 est une période de décadence géniale et productive en plein boum économique des 30 glorieuses, donc sans déclin économique


          • plancherDesVaches 18 mars 2009 19:46

            Aïe aïe aïe... Certes... 68 vaut bien 1789....
            Arrêtez le pétard, ça ira mieux.


          • geo63 18 mars 2009 13:17

            Très bon article auquel je souscris entièrement. Le texte de Marguerite Yourcenar est saisissant de qualité et de modernisme.
            Cette décadence parfaitement perceptible, en effet, explique peut-être le malaise profond qui nous étreint...


            • cathy30 cathy30 18 mars 2009 13:38

              Bernard je vous apprécie quand vous poussez votre coup de gueule, mais vous êtes un indécrottable optimiste


              • Kalki Kalki 18 mars 2009 18:45

                oui mais en fait cela dépend du sens que l’on donne à l’humanité, et à l’humanisme.

                L’humanité actuelle est peut etre décadente, totalement.


                Et son idéal humaniste, resterait un simple idéal, au lieu de se concrétiser.


                Est ce que faire le mal c’est humain ? Et bien, oui.
                Est ce que l’humaniste ne serait que positive, bonne, voir "neutre" ? (la neutralité est encore plus difficile a trouver).

                Peut être que l’humanisme est une notion trop vague, et l’humanité un englobement trop globale, sans suffisement de détail.

                Il y a un humanisme globale (tout l’humanité, et reconnaissant les individus), mais il n’y a pas d’humanisme pour l’individu, d’individu a l’individu, l’individu a la société à son environnement, dans ses actions, ses choix...

                ALors certain remplacent humanisme pour l’individu par la notion de Respect, qui elle est multiple.


              • Kalki Kalki 18 mars 2009 18:48

                Sinon on est existentialiste, est c’est tout aussi incomplet.


              • maharadh maharadh 18 mars 2009 13:54

                Quelques exceptions tout de même , ils sont si rares que j’aimerai vous les faire partager car pour moi je dit RESPECT descendre jusqu’à l’article concerné et regarder la vidéo, merci pour cet homme
                life-in-the-dead.over-blog.com/


                • Nathan Nathan 18 mars 2009 16:22

                   Bonjour Bernard,

                  Superbe texte. Finalement vos textes gagnent en effet en qualité avec une fréquence de publication augmentée... Je vais vous dire comment je vois l’avenir de cette société apparemment décadente : un transfert des conflit va s’effectuer d’une dimension à une autre. Nous allons passer de conflits directs et chaotiques à des conflits indirects et organisés. Les conflits seront donc en soi plus justes. A moins que le terrorisme. Une méta-organisation jouera le rôle de police mondiale. Ce forum va disparaître. Il n’est pas viable car chaotique et décadent à l’image de la société que vous décrivez. Il freine le monde et internet. La culture a besoin d’air dans tous les pays du monde. Les gens ont besoin d’éducation civique et "consommatoire" : acheter un CD plutôt que de le pirater sur internet (prévenir plutôt que punir...). Valoriser les produits culturels. Des médias MONDIAUX et non locaux devraient apparaître. Internet est cloisonné. Trop de guerres y règnent.

                  Bien à vous.


                  • armand 18 mars 2009 17:26

                    Nathan, vous dites "internet est cloisonné" vous voulez dire comdamnée ?
                    Merci de votre réponse


                  • Internaute Internaute 18 mars 2009 19:26

                    Vous placez la décadence dans l’étalage outrancier de la richesse, dans l’abus de pouvoir et la corruption. Ces caractéristiques se retrouvent dans un tas de sociétés qui ne sont pas décadentes du tout, comme le furent l’Egypte ancienne, Rome pendant 7 siècles, la France de Louis14 et les USA de 1914 à 1969.

                    Je crois plutôt qu’une société devient décadente lorsque le peuple jette l’éponge, lorsqu’il ne croit plus en la nécessité ni aux bienfaits de son organisation sociale. La fin de Rome est intéressante à ce sujet. Les derniers empereurs n’étaient même pas romains, mais francs. Depuis des années les romains intégraient leurs conquêtes en laissant monter des étranger dans leur hiérarchie sociale. Au bout du compte Rome était gérée par des gens qui n’en n’avait rien à cirer de Rome tout simplement parcequ’elle leur était étrangère, qu’ils ne partageaient pas son histoire mais n’étaient là que pour en tirer des bénéfices.

                    Ce schéma est celui de l’Europe actuelle. Nous sommes décadents parceque nous croyons que n’importe qui en ayant les compétences peut gérer notre société à notre place et cela nous coûtera notre civilisation.


                    • Bois-Guisbert 18 mars 2009 23:40

                      Nous sommes décadents parce que nous croyons que n’importe qui en ayant les compétences peut gérer notre société à notre place et cela nous coûtera notre civilisation.

                      Je vous rejoins complètement, internaute, à moins que ce ne soit vous qui me rejoignez, ou alors qu’une fois de plus, les grands esprits se rencontrent...

                      Il y a, en effet, des années que je suis parvenu à la conclusion que la décadence, c’est quand nous cessons de croire que nous sommes supérieurs aux autres.

                      Et la définition tient en moins de trente mots, dans nos deux cas !

                      On ne perçoit rien de semblable dans le texte de Bernard Dugué. Il y est question de décadence plan-plan liée à des dépenses somptuaires et de comportements sardanapalesques...


                    • Avallis Avallis 19 mars 2009 10:12

                      Il y a, en effet, des années que je suis parvenu à la conclusion que la décadence, c’est quand nous cessons de croire que nous sommes supérieurs aux autres.

                      Il y a un terme a definir dans votre definition : "autres"
                      Je pense que si "autres" se refere a une population, une civiliation, un pays etranger alors je pense que c’est le contraire : on devient decadent quand on se sait superieur a ces autres. Quand il n’y a plus de peur dans la survie donc de besoin d’unite au sein du groupe alors les lois de survie sont remises en question et ca part de travers. La population remet en question l’autorite, les taxes, les croyances, bref c’est le bordel notoire.
                      Si "autres" se refere au voisin de palier, je ne comprends pas la phrase.

                      En ce qui conerne le rapport avec la chute de Rome, il faut relativise les choses c’est pas si simple. Quand l’empereur Constantin I s’est barre de Rome pour aller a Byzance et faire Constantinople apres sa conversion au christianisme, c’etait tres principalement pour faire une Nouvelle Rome chretienne. Rome de l’epoque etait un foutoire notable avec toutes les divinites adorees venues de tous les territoires conquis et donc pas en accord avec les principes chretiens. En changeant de capitale, l’autorite faisait table rase sur tout ca et recommencait a zero. Cepenant Rome n’est pas pour autant tombee, certes la ville s’est fait violee plusieurs fois notement par les vandales, mais l’autorite de la ville a migre vers les clericaux de la nouvelle religion, les chretiens ont repris les choses en mains. Ce qui a finallement donne les catholiques de l’ouest et les orthodoxes de l’est.
                      La "chute" de Rome est assez relative et ne peut etre finallisee sans prendre son probleme dans l’ensemble.

                      L’empire bysantin etait tout aussi decadent mais il a quand meme dure plus de mille ans et est meme re-ne de ses cendres apres le sack de la ville en 1204 par les croises de la quatrieme edition. L’Empire Mughal etait tres fort aussi au niveau de la decadence sous Shah Jahan et tres comparable a Louix XIV a la meme epoque. La Chine a aussi des changement de dynastie.
                      Le vatican a aussi bu la tasse entre turpitudes de Alexandre VI et la banqueroute sous Clement VII ce qui a force le schisme avec les protestants. Henri VIII d’angleterre a meme ete jusqu’a se faire sa propre religion a cause de ca.

                      Toutes ces histoires se sont finies en aboutissant a autre chose : les Muhgal dans l’empire Britanique, l’ancien regime sous la guillotine, Byzance chez les turcs islamiques et le vatican divise en factions. On verra ce qu’on deviendera si on est encore la pour le voir mais la nature trouvera sa voie. C’est de l’evolution.




                    • Bois-Guisbert 19 mars 2009 11:37
                      « Il y a un terme a definir dans votre definition : "autres"…  »
                       
                      « Autres » se réfère à quantité de choses dans quantité de domaines, de la communauté dans l’acception la plus variée au type qui tous les matins en se rasant se voit en président de la République, en passant par l’équipe de football qui entre sur le terrain en pensant « On va gagner », plutôt que « On va essayer de ne pas perdre ».
                       
                      « Je pense que si "autres" se refere a une population, une civiliation, un pays etranger alors je pense que c’est le contraire : on devient decadent quand on se sait superieur a ces autres. Quand il n’y a plus de peur dans la survie donc de besoin d’unite au sein du groupe alors les lois de survie sont remises en question et ca part de travers. »
                       
                      Je ne crois pas qu’on puisse opposer sentiment de supériorité et perception d’une menace. Ce n’est pas parce que la civilisation occidentale se sent supérieure à la civilisation musulmane, qu’elle baisse la garde face à l’islamisation de l’Europe.
                       
                      Ce sont, au contraire, ceux qui contestent la supériorité de la civilisation occidentale qui ne voient aucun danger dans la montée de l’Islam, et ce sont eux qui combattent l’islamophobie avec le plus de virulence.

                    • fouadraiden fouadraiden 19 mars 2009 11:53


                      tu dis trop d’âneries Bois


                       personne ne vous conteste le sentiment de supériorité . gd bien vs fasse.on conteste ceux qui agissent et emmerdent les autres au non de ce prétendu sentiment.


                       c’est pas plus bête à comprendre sinon pour les fascistes.

                       l’islam s’en tape de la supériorité de la civilisation occidentale actuelle tout comme il s’en tapera de celle de la Chine demain. il est au dessus de ça. mais si tu viens ns faire chier chez nous parce que des imbéciles comme toi t’ont raconté des fables à l’école ,on te fera chier et on ne se laissera pas faire smiley


                    • Bois-Guisbert 19 mars 2009 12:46

                      T’es complètement à côté de mes pompes, fouadraiden.

                      Ce dont je parle c’est de la perception que l’Occidental a de sa propre civilisation, l’Islam n’étant mentionné ici qu’en sa qualité de repoussoir.


                    • fouadraiden fouadraiden 19 mars 2009 12:58


                      ben c’est encore pire alors car la façon dont vs décrivez les choses ne correspond à aucune réalité.


                    • moebius 18 mars 2009 22:12

                       c’est un discours de vieux réac sur la décadence de la société ? Des probléme de prostate peut etre ? ou des problémes avec des gens qui ne sont plus compétents que vous mais qui ne sont pas de votre milieu social ou autre chose. Un conseil ne vous répandez jamais en " décadence social" cette décadence c’est avant tout la votre


                      • Vinrouge 18 mars 2009 22:42

                        Le déclin et la décadence contemporains que vous décrivez ne me semblent pas vraiment propres au capitalisme, mais plutôt au productivisme (l’économique pas l’artistique, bien sûr...), qui a été, est et sans doute sera, mis en place par divers systèmes politiques et économiques (par ex. l’économie soviétique était productiviste, sans être capitaliste. Le déclin de la société soviétique a d’ailleurs suivi certains des schémas que vous décrivez pour l’époque contemporaine - appartchiks hyper privilégiés et "prolétaires" misérables mécontents de cet état ...).

                        Selon moi, le déclin d’une civilisation ou, à échelle plus modeste, d’une société, est souvent précédé de l’abandon des transcendances qui l’ont cimentée : lorsque l’on cesse d’y croire - souvent parce que l’on constate qu’elle est fausse et/ou exploitée au profit de quelques uns -, le lien qui unit la société, avec ce qu’elle a de meilleur et de pire se déchire. (ex. le sytème féodal, dont la transcendance était Dieu et le sang du roi ; l’Union Soviétique, dont la transcendance était l’idée d’un monde meilleur, de partage ; Rome, dont la transcendance était la ville elle-même, ses armées invincibles consituées de citoyens romains faisant respecter la pax romana ; etc.).

                        • Quelles sont les transcendances qui ont amené les sociétés occidentales là où elles en sont aujourd’hui ? Selon moi, il y en a 2 ou 3 majeures : le productivisme - et donc, à un moment ou à un autre l’argent -, la méritocratie/le savoir et la Nation (à la De Gaulle), horizon indépassable qui organise et légitime les 2 autres.
                        • Qu’en est-il aujourd’hui ?
                          1- L’idée gaulienne de la Nation est près du tombeau (si elle n’y est pas déja), on a commencé à l’y pousser pendant les années 60, sentant un peu la naphtaline.

                          2- Le productivisme était fort bien vécu pendant les 30 Glorieuses, où chacun pouvait espérer en toucher les fruits. Il était clair pour tout le monde que la croissance du PIB était bonne pour tous, il était donc juste et bon de tout faire pour la maintenir et l’accélerer - évidemment, certains en profitaient plus que d’autres, mais chacun constatait l’amélioration de son niveau de vie ce qui était bien suffisant.
                          Aujourd’hui, on a évidemment le sentiment de ne plus s’y retrouver... Cependant, je crains que l’argent n’ait pas fini sa carrière "d’être suprême" (j’y reviendrai)...

                          3- Les travaux de Bourdieu par exemple, mettent en évidence un biais dans la méritocratie à la française à cause de l’habitus, ce qui crée, toujours selon lui, une "noblesse d’Etat" : il ne dit pas que la méritocratie n’existe pas, mais qu’elle favorise les enfants de CSP qui connaissent bien les processus de sélection des élites - comme les CSP+ ou les profs, dont les enfants sont statistiquement sur représentés parmi la popluation des élèves des X, ENS, ENA, HEC.
                          Le savoir, quant à lui, a permis, grâce à l’assymétrie de l’information, à ses détenteurs d’asseoir leur pouvoir. Internet a réduit cette assymétrie, et les détenteurs du savoir perdent de leur pouvoir.
                        Tout ceci fait qu’on a le sentiment qu’il n’y a plus de source de pouvoir légitime (ou perçue comme telle).

                        Pour autant, ceci augure-t-il d’un véritable déclin de la société occidentale ? Je ne crois pas, car il reste toujours l’argent, qui est, tel que le présente Baudrillard, LE facteur de différentiation dans la société de consommation. Le productivisme d’ailleurs, n’est encore que très peu contesté - les seuls qui le remettent en cause sont les tenants de la décroissance... Nous sommes, et je le regrette, très très très loin d’avoir abandonné les actes de consommation, la fortune ou la pauvreté comme critère d’infamie ou de gloire !
                        • Que faire ? Si je le savais, je n’écrirais pas sur Avox sous un pseudo, mais "précherais la bonne parole" smiley
                        Par ailleurs, je pense que l’on peut expliquer beaucoup de choses avec ces idées - comme par ex. le retour en force des religions... mais c’est une autre histoire !

                        • plancherDesVaches 19 mars 2009 00:42

                          Je ne sais pas quand Monsieur Dugué arrêtera son délire, mais il faut espérer que ce soit bientôt.

                          Ou peut-être décade-t’il en cherchant du chiffre d’affaire... ????
                          "sciences du vivant, neurosciences, sciences cognitives, systémique, épistémologie, psychologie"
                          Ces trucs là doivent plus rapporter. J’vous’l’dis.


                          • fouadraiden fouadraiden 19 mars 2009 07:53


                             l’auteur devrait consacrer ses forces aux scénarios de jeux vidéos


                            • barbouse, KECK Mickaël barbouse 19 mars 2009 09:20

                              bonjour,

                              le vague à l’âme d’un lettré garde toujours sa poésie, bon papier monsieur dugué.

                              comme je l’ai ré écris dans ma lettre ouverte a alain soral, article qui a bientot 2 semaines sans etre au moins rejeté,

                              "Regardez en sociologue que vous êtes les dysfonctionnements de l’école, des urgences médicales, des services sociaux, de l’appareil judiciaire, toutes ces poutres qui d’en bas vous donnent l’impression d’avoir un plafond de sécurité, et qui aujourd’hui vacillent sous les coups, alors que l’impact de la crise ne fait que commencer."

                              finalement nous faisons les même constats, avec nos approches différentes. 

                              Et la révolution qui clos votre papier, nombreux sont ceux qui en parlent comme d’un argument a utiliser pour disperser les frustrations, exciter les peurs que tout s’écroule, pour mieux finalement faire comme d’habitude depuis des années avec les réformes, dissuader, couper les têtes motivées, pour que rien ni personne ne passe aux actes. 

                              Alors qu’au contraire, de plus en plus de personnes l’envisagent sérieusement comme la conséquence inéductable du nombre de fois où soi même et les "autres" ne sont pas passez à l’acte pour éviter la décadence. Et ce n’est pas le symptome sarkozy bling bling qui en fait la cause de la maladie.

                              amicalement, barbouse. 


                              • Marsupilami Marsupilami 19 mars 2009 09:43

                                 @ Bernard

                                Dansons donc la décadanse… ou le rapata ? Ceci est un déclin deuil !


                                • La Luciole 19 mars 2009 10:38

                                  Déclin ou décadence ?... en effet si on y regarde de plus près le déclin s’applique plutôt aux phénomènes naturels, il s’inscrit dans la nature physique et cyclique des choses, comme les saisons par exemple (on dira : "l’été est en déclin"). On dira ausi d’une personne âgée qu’elle est en déclin (baisse de ses capacités physiques ou mentales due à la vieillesse) mais on ne dira pas qu’elle en état de décadence, car la naissance et la mort ne sont que des états naturels. De ce fait le mot déclin convient aussi pour décrire les phénomènes économiques qui passent naturellement par des hauts et des bas (inflation - déflation, croissance-récession, etc..) comme on le voit aussi avec ces accidents naturels que sont les "crises".

                                  Alors que la décadence qualifie l’état d’une construction, d’un projet humain, individuel ou de société, qui s’est fixé des repères et valeurs, et après avoir connu la réussite, la grandeur, atteint une phase de dégradation qui menace de précéder sa disparition : il s’agit là aussi d’une déchéance mais d’ordre plutôt politique, morale ou éthique.

                                  Reste à savoir si son regard sur la société reflète comme dans l’effet miroir, son propre déclin ou son propre état de décadence... smiley


                                  • bluelight 19 mars 2009 11:22

                                    Très intéressant .

                                    J’irai beaucoup loin que vous .

                                    L’exposition Koons à Versailles est une insulte à l’intelligence .
                                    La provocation ultime serait de détruire ces pseudo-oeuvres de pseudo-art contemporain .
                                    L’art requiert, même si cela n’est pas suffisant, le filtre de l’Histoire, un sens esthétique incompatible avec tout ce qui bling bling, kitsch et nouveau riche, et la difficulté : tout ce qui est simple comme un tableau blanc ou facile à imiter, vulgaire ou décadent, caractéristique d’esprits infantiles, n’est pas de l’art .
                                    Damien Hirst met cyniquement des métaux et pierres précieuses dans ses pseudo-oeuvres pour assumer que ce qu’il fait ne vaut rien que de plus que ces métaux et pierres précieuses .

                                    Le terme ’decadent’ est utilisé dans le luxe anglo-saxon .

                                    Qu’est-ce qui a permis en France l’élection d’un président de la République aussi vulgaire, le contraire du meilleur d’entre-nous ?
                                    La baisse des standards de la classe politique depuis 1981 .
                                    Mitterrand n’avait déjà pas une formation intellectuelle prestigieuse .
                                    Voilà l’origine de la décadence récente de la France, qu’un Mitterrand ait pu être élu, un incompétent, suivi par deux autres incompétents, incompétents en tout, incompétents en sciences exactes, en économie, en social, cyniques, arrivistes, cherchant à compenser l’incompétence par l’apparence du pouvoir personnel .
                                    Une pseudo-gauche dont les pseudo-valeurs ont permis en 2007 l’élection d’un bouffon vulgaire, car jamais avant les valeurs de la droite républicaine élitiste n’auraient accepté l’élection d’un tel politicien que ’iste’ qui a été élu par 42% des français inscrits sur les listes électorales .
                                    L’acutel président de la République est un politique qui associe le pire de Mitterrand au pire de Chirac, la vulgarité, et la méconnaissance de la France .


                                    • Cascabel Cascabel 19 mars 2009 11:33

                                      Bravo pour cet article Dugué. smiley
                                      Si seulement la décadence pouvait être aussi belle que la nymphe illustrant votre billet nous nous en accommoderions très bien ! Hélas elle ressemble plus à notre président.


                                      • Georges Yang 19 mars 2009 11:48

                                        Maupassant, Musset, Théophile Gautier étaient de véritables décadents, syphilitiques de surcroît et grands amateurs de bordels. Ils sont cependant parmi ce qu’a donné de mieux la littérature française. Comme quoi la décadence a du bon.

                                        • civis1 civis1 19 mars 2009 12:16
                                          @georges Yang,
                                          Ce dont vous parlez, ce n’est pas de la décadence sauf à mettre les aléas rencontrés par le principe de plaisir inhérent à la vie humaine (dont au moins notre reproduction dépend ) du côté de l’intempérance ; comme s’il fallait rendre compte à Dieu, du diable qui est en nous et que nous devrions chasser. 


                                        • civis1 civis1 19 mars 2009 12:08

                                          @ Bernard Dugué,

                                          De l’article je prends tout et j’admire la façon dont s’y décline la décadence jusqu’à la fin qui me laisse le regret d’une conclusion pour le moins inattendue ! 
                                          "Ce n’est pas le capitalisme qui cause la société mais l’esprit décadent qui pousse le capitalisme à servir la décadence. Le capitalisme pourrait tout aussi bien servir la civilisation.... ???

                                          Euh Le capitalisme n’a d’autre objectif que de se servir lui même et suivant sa propre logique : celle du profit.
                                          A tel point que profitant de l’invention de la technique visuel de l’écran sous toute ses formes il s’en sert non pas pour éduquer les sensibilités dans le sens d’une liberté éclairée mais pour capter le désir et le marchandiser dans des productions visuelles médiées par le fric. C’est pas moi qui dit c’est c’est le patron de TF1. Et la vraie décadence c’est celle là qui explique toutes les figures que votre description décline si bien.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès