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Accueil du site > Tribune Libre > Eleanor Marx, féministe révolutionnaire

Eleanor Marx, féministe révolutionnaire

 

A l'occason de la journée internationale des femmes, il est peut-être utile de rappeler le combat de cette révolutionnaire qui a consacré toute sa vie à se battre pour une société plus juste.

Eleanor était la dernière des six enfants de Karl et Jenny Marx. Elle est née à Londres dans le quartier misérable de Soho en 1855 et décédée dans la même ville en 1898 à l'âge de 43 ans. Plus tard, elle décrira la période noire de Soho comme "des années d'horrible pauvreté, de souffrances amères - des souffrances que seul l'étranger sans le sou dans un pays étranger peut connaître" (1).

Très proche de son père, elle fut également sa " secrétaire " dès l'âge de 16 ans. Polyglotte, Eleanor a trduit en anglais non seulement certaines œuvres de son père comme Value, Price and Profit par exemple, mais aussi Madame Bovary, le roman de Gustave Flaubert et History of the Paris Commune of 1871 de Prosper-Olivier Lissagaray.

Eleanor ou "Tussy" comme aimaient l'appeler affectueusement ses parents, était passionnée de litterrature et de théâtre. Son poète préféré était William Shakespeare. Eleanor a traduit aussi des pièces comme La Dame de la mer ou Un ennemi de la société du dramaturge norvégien Henrik Ibsen.

Influencée par son père et par F. Engels, elle développa très tôt son goût pour l'action et le combat politique. Sa devise préférée était "Allez-y !". Internationaliste, elle s'engagea avec son amie Lizzie Burns, ouvrière irlandaise analphabète et compagne de F. Engels, dans la lutte pour l'indépendance de l'Irlande. Après la semaine sanglante et la défaite de la Commune, les Marx ont reçu de nombreux refugiés communards à Londres. Paul Lafargue et Charles Longuet ont épousé Laura et Jenny Marx. Eleanor est tombée amoureuse de Lissagaray dont elle a aidé à écrire "Histoire de la Commune de 1871" avant de traduire en anglais cette œuvre qui reste encore aujourd'hui la référence sur la Commune.

Eleanor était une militante infatigable. Elle était membre de la Social Democratic Federation, premier groupe politique marxiste en Grande Bretagne. En 1884, elle quitte cette organisation devenue plutôt nationaliste et crée avec le poète William Morris et d'autres militants la Socialist League (2). Eleanor a été également la co-fondatrice de la National Union of Gasworkers avec Will Thorne en 1889. Ce syndicat qui a connu par la suite un développement rapide comptait dans ses rangs un nombre important de femmes même si elles n'occupaient malheureusement pas des postes de responsabilité (3).

Mais Eleanor s'est surtout distinguée par son combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Pour elle, une analyse en termes de classes sociales qui ne se réfère pas à l'inégale répartition du travail domestique et du travail lié à l'éducation des enfants reste insuffisante. Mais tout combat pour l'émancipation des femmes qui ne s'insère pas en même temps dans la lutte globale contre le capitalisme est voué à l'échec. "Ainsi, non seulement il ne peut y avoir de vrai féminisme sans socialisme, mais il ne peut y avoir de véritable socialisme sans féminisme. Et ça ne peut pas attendre la révolution, ça doit faire partie du processus qui y mène" (4) .

Dans La question de la femme (1886) co-rédigé avec Edward Aveling son nouveau compagnon, elle écrit :"La position des femmes repose, comme tout dans notre société moderne complexe, sur une base économique (...) Ceux qui attaquent le traitement actuel des femmes sans en chercher la cause dans l'économie de notre société actuelle sont comme des médecins qui traitent une affection locale sans enquête sur la santé corporelle générale" (5).

Concernant les féministes bourgeoises, Eleanor comprend leurs revendications, mais les objectifs poursuivis par les unes et les autres sont très différents : "Les ouvrières peuvent bien comprendre les revendications du mouvement des femmes bourgeoises ; elles peuvent et doivent même adopter une attitude compréhensive à l'égard de ces demandes ; seulement, les buts des travailleuses et des femmes bourgeoises sont très différents. (...) Là où les femmes bourgeoises réclament des droits qui nous sont utiles aussi, nous nous battrons avec elles(...) Nous ne refuserons aucun avantage, acquis par les femmes bourgeoises dans leur propre intérêt, qu'elles nous fournissent volontairement ou non. Nous acceptons ces avantages comme des armes, des armes qui nous permettent de mieux lutter aux côtés de nos frères ouvriers. Nous ne sommes pas des femmes en lutte contre les hommes mais des travailleuses en lutte contre les exploiteurs" (6).

Dans une lettre adressée au dirigeant socialiste Ernest Belfort Bax en 1895, elle écrit :

"J'ai proposé de débattre avec vous sur la question sexuelle. Je suis, bien sûr, en tant que socialiste, pas une représentante des « droits de la femme". C'est de la Question Sexuelle et de ses fondements économiques que je me proposais de discuter avec vous. La soi-disant question des « droits de la femme » (qui semble être la seule que vous compreniez) est une idée bourgeoise. J'ai proposé de traiter la question du sexe du point de vue de la classe ouvrière et de la lutte des classes" (7).

Le 31 mars 1898, Tussy s'est donnée la mort. Elle avait 43 ans. Les amis et les proches d'Eleanor mettent en cause son compagnon Edward Avling (1849-1898) dont le rapport à l'argent et aux femmes était indigne (8).

La vie d'Eleanor a été courte mais intense. Traductrice, écrivaine, syndicaliste, féministe etc., elle était tout cela à la fois. Mais Eleanor était avant tout une femme révolutionnaire qui a consacré toute sa vie à se battre pour une société plus juste.

Mohamed Belaali

blog M Belaali

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(1)https://www.nytimes.com/2015/04/05/books/review/eleanor-marx-a-life-by-rachel-holmes.html

(2)https://spartacus-educational.com/Psocial.htm

(3)https://www.gmb.org.uk/long-read/go-ahead-celebrating-life-eleanor-marx

(4)http://links.org.au/node/4277

(5)https://www.marxists.org/archive/eleanor-marx/works/womanq.htm

(6)https://www.marxists.org/archive/draper/1976/women/5-emarx.html

(7)https://www.marxists.org/archive/eleanor-marx/1895/11/bax-exchange.htm

(8)https://maitron.fr/spip.php?article75301

 


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10 réactions à cet article    


  • Yann Esteveny 8 mars 09:21

    Message à tous,

    Un article sur la condition des femmes à Gaza est impossible à faire publier sur Agoravox.

    Au lieu de cela, la masse des lecteurs aura droit à son habituel article d’une prostituée au service de l’oligarchie.


    • Astrolabe Astrolabe 8 mars 09:31

      @Yann Esteveny
       
      En effet, Bravo vient encore de publier ( 844ᵉ article !)  smiley


    • Brutus S. Lampion 8 mars 09:35

      @Yann Esteveny

      ici, on rencontre plus de gigolos que de prostituées


    • Brutus S. Lampion 8 mars 11:32

      @Astrolabe

      et Rakoto son 3787ème : lien


    • Astrolabe Astrolabe 8 mars 16:57

      @S. Lampion

      Pour rakoto, c’est 3 587 articles en 17 ans d’agoravox soit 211 articles par an en moyenne.
       
      Pour l’équipe Bravo, c’est 844 articles en un peu plus de 4 ans, soit 211 articles en moyenne par an aussi !

      Vous avez donc raison de souligner que leurs fréquences de publication sont comparables.
       
      Néanmoins, pour l’équipe russe, il n’existe qu’un sujet traité alors que ce n’est pas le cas pour l’autre. smiley


    • Étirév 8 mars 10:12

      Il y a féminisme et Féminisme ou : le milieu dans lequel baignait Éléonore.
      Tout comme Eduard Bernstein, l’un des théoriciens majeurs du socialisme de la fin du XIXe siècle, les économistes John Maynard Keynes et John Kenneth Galbraith, Annie Besant et Sa Société Théosophique aux conceptions purement occidentales, bien souvent modernes et de connivence avec l’action politique liée à « l’impérialisme britannique » (dont René Guénon démonte tous les rouages dans son ouvrage « Le Théosophisme, histoire d’une pseudo religion »), Arthur Balfour et la « Déclaration Balfour », inventée et rédigée en réalité par son conseiller (ancien homme d’état russe et futur Président de l’État d’Israël) Chaïm Weizmann (première étape finale  dans la création de l’État d’Israël), Aleister Crowley (qui travailla pour « l’Intelligence Service » en même temps qu’il joua un rôle non négligeable dans « l’avènement » d’Adolf Hitler) ou Aristide Briand (qui fut l’un de leurs plus fervents collaborateurs, est un des personnages clés dans la construction de la future « Union Européenne »), Eléonore Marx, fille du fondateur du communisme comptait parmi les membres éminents de la « Fabian Society ».
      H. G. Wells fut également membre de la « Fabian Society », mais H. G. Wells la quitta en 1908. Son départ fut principalement occasionné par des conflits d’intérêt et de personnalité avec les dirigeants « Fabiens ». Il devint même l’un des adversaires les plus acharnés de la Société, reprochant à ses membres d’avoir une piètre compréhension des problèmes économiques et éducatifs. Notons cependant que c’est avec H.G. Wells que fera son apparition l’expression « Nouvel Ordre du Monde ». Jusque-là, on ne parlait que d’« Internationalisme ».
      Le « fabianisme » est un mouvement radical fondée le 4 janvier 1884 à Londres, dans le but de renverser l’ordre existant et d’établir un gouvernement mondial socialiste contrôlé par ses dirigeants et par les intérêts financiers qui leur sont associés.
      G. Boulianne écrit que « La principale organisation radicale de promotion du socialisme en Angleterre fut l’Association internationale des travailleurs, alias la Première Internationale, fondée par Karl Marx le 28 septembre 1864 à Londres au Saint-Martin’s Hall. Le système communiste en Russie était une « expérience britannique » destinée à devenir à terme le modèle socialiste « Fabien » pour la prise de contrôle britannique du monde par le biais des Nations Unies et de l’Union Européenne. »
      Précisons que le nom « FABIAN » choisi pour cette organisation provient du nom du général romain Quitus FABIUS Maximus (nom porté par les « Fabii », membres de la gens « Fabia » de la Rome antique). C’est lui qui, au IIème siècle avant notre ère, vint en Gaule et tailla en pièces les tribus confédérées d’Arvernie qui luttaient pour l’indépendance gauloise et contre l’invasion romaine.
      Pour les membres de la « Fabian Society », la réorganisation de la société sur des bases socialistes devait s’établir selon le modèle suivant : une pénétration lente, patiente et discrète, d’en haut, à travers la fondation d’écoles et d’universités qui forgeraient les futurs cadres des États, des administrations publiques et privées, des industries, en un mot les technocrates.
      C’est par l’intermédiaire de la « Fabian Society », pour assurer la pénétration de ses idées dans les élites et, ensuite, « tenir les universités et les collèges », qu’on s’intéressa de près à l’enseignement. Les membres des « Sociétés secrètes » comprenaient bien le rôle fondamental de l’instruction, capable d’agir d’abord sur les personnalités en formation puis, grâce aux idées communes « imprimées » dans les individus, sur la nation tout entière. La logique des principes transmis par l’école, c’est-à-dire ce conditionnement exercé par les idées communes, se traduisant ensuite en tendances, réflexes et actions de la collectivité tout entière, qui seront toujours plus consolidés et surtout prévisibles.

      La « Fabian Society » s’employa, dans un premier temps, à noyauter les grandes institutions universitaires britanniques en place, c’est-à-dire Oxford et Cambridge.
      La même chose se produisit aux États-Unis afin d’avoir la main mise sur les grandes universités américaines, telles Harvard, Columbia, Yale, Princeton ou le M.I.T. (Massachusetts Institute of Technology).
      Il est essentiel de comprendre que ce socialisme « Fabien » était loin d’être une affaire à sens unique : les principaux éléments du capitalisme libéral, la grande entreprise, n’étaient nullement antipathiques au communisme. En effet, le noyau du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels consistait en des politiques capitalistes monopolistiques comme la centralisation du capital et l’organisation des travailleurs.
      Rappelons que Marx et Engels ont commencé leur carrière en tant que journalistes travaillant pour des intérêts capitalistes libéraux. Marx travailla pour le New York Tribune, dont le propriétaire, Horace Greeley et son éditeur, Charles Anderson Dana, étaient de proches collaborateurs du communiste Clinton Roosevelt, un membre démocrate radical du célèbre Clan Roosevelt, dont les intérêts étaient la banque et la politique, et qui étaient de proches alliés des Vanderbilt.
      Wickliffe B. Vennard, dans son ouvrage « The Federal Reserve Hoax - The Age of Deception », écrit également : « Sans l’aide reçue de Clinton Roosevelt, d’Horace Greeley et des financiers qu’ils représentaient, Karl Marx serait resté un obscur obsédé révolutionnaire. Greeley a donné à Marx et à son Manifeste communiste une audience internationale. Ils ont promu leur camarade Illuminé en le nommant correspondant et analyste politique pour la New York Tribune, le journal de Greeley ».
      Dans son livre « des Pions sur l’échiquier », W.G. Carr écrit : « Il faudrait des livres entiers pour citer toutes les preuves établissant que les Banquiers Internationaux organisèrent, financèrent et dirigèrent la Révolution Russe afin d’obtenir le contrôle d’un énorme territoire pour pouvoir y tester à fond leurs théories totalitaires. En pratiquant des expériences sur un territoire aussi gigantesque que la soi-disant U.R.S.S., ils pouvaient déceler les erreurs et les faiblesses du procédé par tâtonnements. Il aurait été vraiment stupide de leur part d’essayer de diriger le monde entier avant d’avoir accompli cette expérience qui coûta des millions de vies humaines. »
      Lien


      • njama njama 10 mars 11:28

        @Étirév
        Bonjour
        le lien ne fonctionne plus, Il faut aller dans https://archive.org/web/
        mettre le lien dans une date avant 2024
        https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/introduction-livres-de-femmes.html/


        ou copier le lien en supprimant l’espace entre https et ://
        https://web.archive.org/web/20230203171333/https ://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/introduction-livres-de-femmes.html



        • Rinbeau Rinbeau 8 mars 16:23

          Des commentaires traitant de la filiation Karl Marx-Rothschild ont semble-t-il été retiré d’AVOX.. Je dis pas bien ! On doit pouvoir douter de tout ! (René Descartes)

          D’ailleurs j’exprimerais les miens concernant cette prétendue filiation apparue sur internet somme toute récente entre Karl Marx Et la famille Rothschild !

          Tout d’abord l’allusion au texte de Bakounine ne mentionnant pas de filiation mais parlant du point commun au deux susnommés (la judaïté). Ce texte est édité en 1963.. Avant, inconnu au bataillon !

          Ensuite la généalogie en elle même émanant de ANCESTRY dont les actionnaires sont des fonds d’investissements Américains, anciennement LEHMAN BROTHERS puis FACEBOOK puis on ne sait pas très bien aujourd’hui.. Enfin pas des amis du communisme où du marxisme !

          Et quand on observe depuis 1917 ( concrétisation de l’idéologie communiste en Russie) jusqu’à aujourd’hui, l’acharnement des Elites Anglaises et Américaines à détruire ce pays qu’ils considèrent comme leur Antagonisme..

          je suis plus que sceptique sur ce qui pourrait bien s’avérer être une réécriture généalogique ! Un faux de plus historique parmi les innombrables faux que l’histoire a pu produire ! 

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Auteur de l'article

Mohamed Belaali


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