Et après ? (part 2)
Suite de la série-fiction sur les issues envisageables du quinquennat Macron.
Hypothèse n° 2 : un nouveau Nicolas Sarkozy (ou un nouveau Macron).
C’est aussi, immédiatement après la précédente (voir ici), et malheureusement, la seconde hypothèse la plus probable.
Là encore, il n’est pas question d’imaginer le retour de « Sarko » en chair et en os, mais d’imaginer un scénario proche de celui de 2007, lorsqu’il a « brillamment » succédé à Chirac. Un scénario qui présente d’ailleurs des similitudes très fortes avec le remplacement de Hollande par Macron en 2017.
Grâce à ses postes ministériels successifs, grâce à la complaisance de médias tout acquis qui reprenaient systématiquement ses points de vue1, Nicolas Sarkozy a pu dérouler une campagne présidentielle impeccable qui a duré… 5 ans, dès le lendemain de la réélection de Jacques Chirac. Comme paralysés par l’enjeu, ses adversaires n’ont pas même réussi à faire entendre qu’il était lui aussi un sortant, et qu’il avait lui aussi un bilan de ministre à passer à la loupe. Le pur produit du chiraquisme a donc pu tranquillement se présenter un « homme neuf », qui allait ringardiser le vieux monde et son ancien mentor.
Sous cet angle, le macronisme n’est qu’un sarkozysme en accéléré et en exagéré.
Jeune ministre des finances de François Hollande à partir de 2014, poste où il n’a guère eu le temps de s’illustrer et qu’il utilise sans scrupule comme tremplin pour se faire connaître, Emmanuel Macron fonde son propre mouvement en avril 2016 et déclare sa candidature en novembre, portant l’estocade à un Président qui se serait bien vu rempiler (cela dit à quoi aurait servi un second mandat Hollande, là était la question).
Sur la base du discours mille fois répété d’un François Bayrou (« rassembler les bonnes volontés à gauche et à droite pour faire enfin avancer le pays », « en finir avec les vieux clivages inopérants », « libéraliser la société pour gagner dans l’Europe et dans la mondialisation », etc, etc.… ) Macron a réussi à être, le temps d’une élection, celui qui va faire bouger la société tout en la protégeant des revirements excessifs promis par une Le Pen, un Mélenchon et même un François Fillon. En bref, pour reprendre la formule du Guépard « celui qui va tout changer… pour que rien ne change ».
Alors, compte-tenu de l’usure accélérée qu’il a subi en 2 années, et compte-tenu des enjeux, à savoir le maintien au pouvoir d’une oligarchie, il n’est pas insensé d’imaginer qu’une solution de remplacement émane des mêmes milieux dirigeants et autres leaders d’opinion qui ont promu sa candidature.
Qui pourrait en profiter ?
Quelqu’un pouvant gommer les excès du jeune sortant, voire, cerise sur le gateau, prétendre donner un tour plus social à sa politique – tout en faisant bien sûr exactement la même chose.
L’Express n° 3528 du 13 février 2019 a par exemple brossé un portrait plus que flatteur, élogieux, de Jean-Yves Le Drian :
Expérimenté, sage, sur la retenue, avec en prime une caution « de gauche », épargné par le temps court des crises sociales à répétition depuis ses ministères régaliens (Défense sous Hollande, Affaires étrangères sous Macron), « l’hypothèse Le Drian » évoquée alors par l’hebdo consistait à remplacer Edouard Philippe à Matignon.
Il n’est toutefois pas interdit de voir un tout petit peu plus haut dans la hiérarchie et un tout petit peu plus loin dans le temps.
Jacques Attali, qui a joué le prophète de la macronie dans son « 100 jours pour que la France réussisse »2 a aussi indiqué que le successeur d’Emmanuel Macron, à son humble avis, pourrait « être une femme », ce qui changera évidemment tout.
Inconvénients :
Là encore, le scénario du « changement de l’intérieur » a déjà été joué récemment à deux reprises, ce qui pourrait rendre les Français plus que méfiants. Toutefois, l’inconvénient est aussi un avantage, puisqu’il faut bien avouer que cela semble pour le moins fonctionner, même si les ficelles sont grosses.
(à suivre)
1 Voir à ce sujet, entre autre, « l’affaire Clearstream », qui a systématiquement été présentée comme une machination de Villepin dirigée exclusivement contre « la victime » Sakozy...alors que le premier ministre s’est borné à transmettre à la justice les fameuses listes truquées de comptes secrets, sans pour autant être lui-même l’auteur du faux. Qu’il se soit incidemment réjoui d’avoir trouvé matière à embarrasser son rival n’est pas un délit, et le vrai délit aurait été de cacher ce type d’information. Qu’importe : la théorie du vrai faux complot a été reprise à l’unisson dans tous les médias. Cette touchante unanimité n’était vraisemblablement qu’une vengeance tardive de l’élimination de Balladur par Chirac en 1995, qui s’était faite, à l’époque, contre tous les oracles médiatiques qui n’avaient d’yeux que pour Balladur.
2 Fayard, 2016. Voir « la suppression de l’ISF et son remplacement par un impôt sur le seul patrimoine immobilier » par le gouvernement macronien, qui est directement issu des proposions du livre dirigé par « le mentor de tous les présidents de la République depuis François Miterrand » (sauf Chirac peut-être...)
Sur le même thème
Démocratie française : entre crépuscule funeste et bacchanale cyniqueDepuis 1993, chaque président a promis de sauver nos retraites. Aucun n’a réussi. Tous menteurs. Macron : « À mon tour ! »
Le naufrage du Parti prétendument Socialiste
La directrice de BVA, France Inter, « Aujourd’hui on dirait qu’il (Macron) veut attacher un totem à son CV (réforme des retraites). »
La vengeance de Macron
20 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON