Georges Tron acquitté des accusations de viols portées contre lui
Accusés par deux plaignantes de les avoir agressées sexuellement, Georges Tron et son ex-adjointe Brigitte Gruel ont été acquittés jeudi 15 novembre. Mercredi, l’avocat général Frédéric Bernardo avait requis six ans de prison ferme contre Georges Tron et quatre contre Brigitte Gruel.
Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a demandé que les deux accusés soient déclarés inéligibles pendant cinq ans et inscrits sur le fichier des délinquants sexuels. « J'ai passé sept années extrêmement difficiles. Je pense à ma famille. J'ai conscience que mon sort est entre vos mains. Je suis totalement innocent des faits qui me sont reprochés », a lancé l'élu de l'Essonne avant que la cour ne se retire à 9h30, jeudi dernier. « Je vous redis que je n'ai pas commis les faits, que je suis innocente », a déclaré quant à elle son ancienne adjointe à la Culture à la mairie de Draveil, Brigitte Gruel, jugée à ses côtés.
L’annonce du verdict a été suivie d’effusions et d’embrassades dans le camp de Georges Tron. Le jury, composé de trois magistrats et six jurés (cinq hommes et quatre femmes), a répondu par la négative à 19 questions sur les faits de viols et d’agressions sexuelles en réunion allégués. Le parquet général a dix jours pour faire appel de cet acquittement.
Dans ses motivations, la cour d'assises a estimé qu’il n’existait pas de preuve de l’absence de consentement des deux plaignantes,Virginie Ettel et Eva Loubrieu : « les divers faits qu’elles [les plaignantes] dénoncent ont toutefois été écartés dès lors – nonobstant la capacité manifeste de Georges Tron à imposer ses volontés comme à exercer des pressions, ainsi que l’exprime notamment Sylvie D. dans une écoute – qu’il a été non seulement estimé, en l’absence de menace, de violence ou de surprise du consentement, que n’avait jamais été rapportée la preuve d’une situation de contrainte que ni lui-même ni Brigitte Gruel n’auraient pu percevoir, mais aussi que l’existence même d’une telle situation de contrainte devait être écartée ».
Les jurés ont aussi mis à mal la défense des plaignantes, affirmant par exemple que « les dénonciations d'Éva Loubrieu s'inscrivaient dans une logique de vengeance à la suite de son licenciement de la mairie de Draveil sur le fondement d'un présumé détournement de fonds, ce d'autant plus qu'elle n'avait, jusqu'alors, pas explicitement présenté à son compagnon (...) les relations sexuelles dénoncées comme étant imposées ».
Quatre semaines ont été consacrées à cette affaire - une durée exceptionnelle, trois jours étant généralement consacrés à un dossier de viol - et des dizaines de personnes ont été entendues. Les plaignantes accusaient Georges Tron et Brigitte Gruel de leur avoir, ensemble, imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010.
La cour d'assises a reconnu, sur la base de plusieurs témoignages, qu'il y avait un « climat sexualisé » à la mairie « qui pourrait rendre plausibles les scènes décrites » par les plaignantes. Pourtant, Georges Tron n'a jamais semblé se départir de son assurance pendant les auditions, saluant chaleureusement les personnes venues le soutenir. Il a uniquement reconnu un « flirt » avec une ex-attachée parlementaire et une relation extraconjugale - toujours en cours - avec son adjointe à l'Urbanisme Sylvie Doncarli.
Pour l'avocat général, l'élu a « abusé de son pouvoir avec ses subordonnées » puis tenté de « politiser une affaire purement sexuelle » en dénonçant un complot organisé par l'opposition locale d'extrême-droite. Comme les parties civiles, l'avocat général a dénoncé dans ses réquisitions un « système Tron », où la pratique par le maire de la réflexologie plantaire servait de « piège » pour toucher les femmes et leur imposer - progressivement – davantage.
Mercredi, les avocats de la défense ont tour à tour plaidé l'acquittement devant une salle comble. Ils ont relevé des incohérences dans les récits des plaignantes et leurs contacts répétés avec les opposants du maire. Avocat de Georges Tron, Antoine Vey a dénoncé un « procès de la rumeur et de l'amalgame », un dossier « construit autour d'une mythologie », « une accumulation de riens ». Son autre avocat, Eric Dupond-Moretti, a tempêté contre un réquisitoire « démago », fustigeant ce qu'il estime être les ravages de la médiatisation et une sacralisation des déclarations des femmes qui se présentent comme victimes.
Il est difficile de tirer des conclusions certaines de cette affaire. On peut seulement dire que, devant la cour d’assises, le doute bénéficie en génral aux accusés. On peut aussi s'interroger sur la définition pénale du viol : couvre-t-elle adéquatement l'ensemble des faits qui pourraient être qualifiés de sexuellement violents ? Il semble que cette définition ne s'accorde pas toujours avec le vécu des plaignantes.
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