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Hyperactivité : le rapport de l’INSERM et son instrumentalisation politique

La pétition « Pas de zéro de conduite » a dépassé le cap des 100 000 signatures, l’occasion de revenir sur le rapport qui fâche, et sur la facilité intellectuelle qui pousse beaucoup d’entre nous à taxer les enfants d’hyperactifs...

Vous en avez tous entendu parler, de ce rapport. Partout, dans la presse, sur nos petits écrans, et même, semblerait-il, dans l’hémicycle parlementaire. Voici donc les stigmates d’une instrumentalisation politique. Après les grands débats sur la sécurité qui nous ont fait frémir dans nos chaumières si calmes, voici le nouveau fer de lance : la délinquance. Prévenir et "soigner" la délinquance.

Mais franchement, vous parents, vous professionnels de l’enfance, pourriez-vous dire avec honnêteté qu’un petit bout d’homme de moins de 3 ans deviendra un bandit de grand chemin ?

Bien sûr, il y a celui-ci, un peu solitaire, qui n’aime pas prêter ses jouets. Celle-ci qu toutes griffes dehor se bat pour récupérer sa poupée. Et cet autre encore, qui a dérobé les craies du tableau. Un enfant solitaire, un peu chétif, dans un coin de la salle de jeu. Un autre exubérant, "hyper actif" peut-être, qui hurle à longueur de journée et ne tient pas en place...

Moi, je n’y vois que des enfants. Des adultes en devenir. "En devenir".

Aujourd’hui, si j’écris ce petit billet d’humeur, c’est d’abord pour crier ma révolte. Tous dans notre petit confort intérieur, dans nos petites vies tranquilles, nous ne voulons pas être dérangés. Nous ne voulons pas sortir de notre zone de confort. Il est alors aisé, facile, d’envoyer tel enfant chez le psychologue, de taxer tel autre d’hyper actif.

Oui, certains enfants sont remuants. Oui, c’est vrai, certains enfants expriment leur mal être en s’agitant, en mordant, en criant... Pour autant, sont-ils bons pour la camisole ? Sont-ils définitivement perdus ?

Ce serait alors oublier d’écouter les enfants et de les prendre pour ce qu’ils sont. Ce serait alors se décharger de notre responsabilité de parent, ou de professionnel. Un enfant qui remue, ayons la patience de le prendre en charge, et remuons avec lui. Je vous dérange, en disant cela, non ? Tant mieux.
C’est la maman qui vous parle. J’ai une petite fille de 7 mois à la maison, et autant dire que le calme n’est plus de mise dans ma vie. C’est contre ma nature, moi qui suis silencieuse, solitaire, qui aime lire et bricoler... Aujourd’hui je dois danser, chanter, ramper à quatre pattes, participer à de longues parties de chatouilles avec Jade. Mais il ne me viendrait pas à l’idée de dire que ma fille est hyper active.

Je reviens également brièvement sur la propension facile à conduire nos petits bonhommes chez le psy. Une lenteur d’apprentissage, une demande excessive de présence, et hop !!! "Allo, Madame la psy ? Psychotropes et 35 séances ? "

Et si, nous parents, nous prenions simplement le temps de vivre avec nos enfants ? Être enfant, ce n’est pas facile. L’apprentissage de la vie est long, douloureux. Le chemin, semé d’embûches.

Si, en plus, papa et mamans ont des soucis, s’ils se séparent, s’ils boivent, s’ils sont violents, s’ils pleurent, ou s’ils sont simplement un peu largués dans l’exercice de la parentalité, parce que, peut-être, ils sont toujours au fond d’eux des enfants qui pleurent, alors, pour l’enfant, la vie peut devenir vraiment compliquée.

Et si, nous, professionnels, nous prenions simplement le temps d’écouter les petits bobos du coeur, d’expliquer certaines choses avec nos mots à nous. Si nous prenions un peu de temps pour aider, et orienter les parents largués, sans jugement...

Alors, peut-être, en effet, peut-on prédire dès l’âge tendre que certains éprouveront plus de difficultés que d’autres à avancer. Mais ne les condamnons pas pour autant. Et ne les droguons pas non plus. Tout cela, ce serait remettre en cause le principe de la résilience (cf. B. Cyrulnik).

Et si nous laissions à ces grands en devenir l’opportunité de se construire, de se blesser, de se relever, et de faire les bonnes rencontres ?

Pour approfondir :

Enfants, l’autre dérive sécuritaire

Education des tout-petits : il faut des moyens pas des détecteurs de déviance

Des souris et des enfants : haro sur le rapport de l’INSERM

On ne peut pas prédire qu’un enfant de 3 ans sera délinquant

Signez la pétition

Communiqué de presse de la Ligue des Droits de L’homme


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7 réactions à cet article    


  • (---.---.200.155) 12 avril 2006 11:35

    Vous êtes hors sujet. Vous ne parlez pas du rapport de l’Inserm, mais de votre propre conception de l’éducation, de la vie... Avez vous lu ce rapport avant d’en parler ?


    • vin100 (---.---.186.210) 12 avril 2006 13:33

      Ce papier, c’est pas un peu trop la pub de la pouponniere.com ?


      • serge lemire (---.---.56.211) 12 avril 2006 18:56

        Bien d’accord avec vous ! Nous devons tout standardiser, la vie étant plus simple ainsi pour les comptables du monde capitaliste. Certaines études démontreraient que les enfants qui ont pris du Ritalin hier deviennent des accros de la cocaine. J’ai personnellement consommé de la cocaine et de nombreuses autres drogues, y incluant l’alcool, pendant près de 30 ans de ma vie, bien sûr le Ritalin n’existait pas dans ma jeunesse mais on m’en aurait probablement prescrit. J’ai eu l’occasion une fois d’acheter du Ritalin d’un vendeur de drogues et je peux vous assurer que les effets ressentis ont été similaires que ceux que je ressentais et recherchaient avec la cocaine...Bizarre non ? Bien sûr mon analyse, ma perception ne vaut rien, je ne suis spécialiste de rien ! Juste un ex-drogué qui apprend, à 50 ans à vivre sobrement et qui fait son effort de guerre pour partager un peu de m son expérience et son savoir. Pour ceux qui s’intéressent aux phénomènes des drogues je vous invite à télécharger 6 capsules audio que j’ai produites en 2005-2006 et qui sont disponibles au http://dubonetducon.com/topxico.htm


        • Gil (---.---.93.79) 13 avril 2006 00:36

          Ce rapport de l’INSERM qui tire des conclusions hâtives de faits statistiques, et l’exploitation que l’on nous propose d’en faire au service d’une politique sécuritaire du type « big brother », montrent une certaine méconnaissance de la façon dont l’humain se construit. Il s’agit là de stigmatiser, de réprimer, de dénier le droit à expérimenter et à tirer ses propres conclusions pour, à terme, prendre ses responsabilités d’homme. C’est un total contre-sens.

          Ce projet de société est tout simplement... fou.


          • (---.---.128.40) 13 avril 2006 09:13

            Bonjour,

            Le rapport de l’INSERM ne parle pas, me semble-t-il, de l’hyperactivité mais du trouble des conduites, qu’il faudrait aussi différencier des troubles oppositionnels avec provocations. Certains spécialistes regroupent ces trois catégories sous le concept de « troubles du comportement ». Il est évident que cette classification doit être utilisée en prenant bien des précautions car elle se contente de répertorier différents types de comportements perturbateurs et transgressifs des normes sociales. Le seul intérêt d’une telle classification serait de servir de point de départ d’une réflexion, dont le but ne serait pas de mettre les individus dans des cases qui risquent de les stigmatiser mais de reconnaître les enfants dont les comportements perturbés durent et témoignent d’une souffrance intérieure dramatique.

            C’est sur ce précédent point que le rapport de l’INSERM manque de consistance. Quand vous vous occupez quotidiennement d’enfants troublés, vous êtes confrontés à leur souffrance profonde et insidieuse. L’origine de celle-ci est souvent plurifactorielle et sa prise en charge n’est pas une sinécure. Le plus terrible est que certains de ces enfants sont conscients de ce mal être qui les dépasse et en parlent parfois en terme de suicide. Il me semble malheureusement que la polémique actuelle sur le rapport de l’INSERM prend peu en compte cette réalité que j’ai tenté d’analyser dans mon article paru sur AGORAVOX (réf. « Violences juvéniles et troubles des conduites » à http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=6513 )

            La pétition « zéro de conduite » a son utilité pour nous alerter d’une éventuelle dérive sécuritaire cautionnée par une partie du monde médical, d’où la phrase de Philippe Meirieu : « Notre démocratie médicalise la vie sociale ». Ceci étant dit, le problème des enfants troublés n’en demeure pas moins dans toute sa complexité et nécessite des réponses sociétales car les ratés douloureux de l’enfance ont de bonne chance de faire les désastres de l’âge adulte. Et si certains enfants s’en sortent par le processus de la résilience (que cite KHalamity), c’est malheureusement une minorité ! Et pour les autres, les maux de l’enfance nécessitent plus que des mots d’adultes, alors que faire ?

            Didier LESCAUDRON


            • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 13 avril 2006 09:34

              khalamyti salut,

              Quand ce rapport de l’INSERN est sorti, un dimanche après-midi sur France 5 dans l’émission « Ripostes » de Serge Moati, ce fameux rapport en était le thème central !

              Les problèmes liés à l’agressivité sont complexe, je vois également qu’ils deviennent inquiétants ( et qu’il faut ou faudra bien un jour … les prendre en compte ) chez les jeunes, alors que des scientifiques étudient ces derniers, me semble assez normal.

              Ben, j’dis qu’il ne faut pas jeter le bébé et l’eau du bain, si le diagnostic était bon, je pense que c’est la thérapeutique .. et les remèdes ..et les mots qui étaient proposés qui ont posés problème..( voir le paragraphe 16 qui à pour titre : Traitement pharmacologique

              Sur qu’il y a eu un manque certain de dialogues et de concertation, et en fond la confrontation des interlocuteurs selon leurs appartenances aux différentes « chapelles » scientifiques ou politiques ). Cela a fait que les deux parties soient restées sur ses positions, qui étaient en fait… des positions antagonistes.

              Comme j’ai regardé l’émission en entier, je comprends que les interprétations et les recommandations qu’ils proposent peuvent choquer.

              La perception de chaque individu par rapport à un autre est bien trop différente, de ce fait, la notion d’évaluation et de signalement d’enfants qui n’entreraient pas « dans le moule » risque parfois d’être sujette à caution !

              Pour être un modeste observateur de mes contemporains , et très attentifs aux comportements de certains parents lorsqu’ils accompagnent leurs enfants dans des scènes courantes de tous les jours ( grandes surfaces, sorties d’écoles , plages, etc ) je me demande parfois, si en premier lieu,…se ne sont pas les adultes qui méritent attention !

              Enfin pour terminer le rapport en entier de l’INSERN, ( copieux il fait presque 400 pages ,…… je continue de le consulter)

              http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble-conduites.html

              @+ P@py .


              • nantor (---.---.131.113) 13 avril 2006 10:38

                Merci de parler enfin de ce sujet !

                Si ce protocole était en place, et bien mon fils de 7 ans serait déjà en prison ou en cours de lobotomisation (bon, c’est vrai que l’hyperactivité, c’est pas facile à gérer ...)

                Le gouvernement prépare actuellement un plan de prévention de la délinquance qui prône notamment une détection très précoce des « troubles comportementaux » chez l’enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance. Dans ce contexte la récente expertise de l’INSERM, qui préconise le dépistage du « trouble des conduites » chez l’enfant dès le plus jeune âge, prend un relief tout particulier.

                Les professionnels sont invités à repérer des facteurs de risque prénataux et périnataux, génétiques, environnementaux et liés au tempérament et à la personnalité. Pour exemple sont évoqués à propos de jeunes enfants « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme » et la notion « d’héritabilité (génétique) du trouble des conduites ». Le rapport insiste sur le dépistage à 36 mois des signes suivants : « indocilité, hétéroagressivité, faible contrôle émotionnel, impulsivité, indice de moralité bas », etc. Faudra-t-il aller dénicher à la crèche les voleurs de cubes ou les babilleurs mythomanes ?

                Une société où on dépiste les enfants non « normalisés » à 3 ans ça ne vous fait pas peur ???

                Déjà plus de 170.000 signatures contre ce projet. ALLEZ VOIR VITE : dépistage-pécoce

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