Jérôme Rodrigues, le crépuscule d’un humaniste
Jérôme Rodrigues a été, comme tant d’autres, un formidable rabatteur du mouvement des Gilets jaunes vers le gauchisme. Il le confirme une fois de plus dans une récente vidéo où « il remet les choses au point ». Et le pire, c’est qu’on ne peut même pas lui en tenir rigueur : il est parfaitement sincère et – tout comme l’enfer – pétri de bonnes intentions.
La sincérité est une admirable vertu. L’ennui, c’est qu’elle peut être totalement déconnectée de la clairvoyance. Il est possible d’être sincère jusque dans les tréfonds de l’aveuglement politique et sociétal. M. Rodrigues nous offre une énième rengaine idéaliste, qui s’ajoute à toutes les autres, celles de ses prédécesseurs, et celles de ceux qui lui succéderont, dans la sempiternelle répétition de la même démagogie gauchiste : la société ouverte (un thème cher au milliardaire Georges Soros) est belle, la société ouverte est gentille, la société ouverte est l’Idéal. Vive le multiculturalisme à la Rodrigues ! Il faudra toutefois songer à repeindre les Gilets jaunes, un peu monochromes, et leur donner les teintes de l’arc-en-ciel, symbole de la coexistence pacifique de toutes les communautés, qui, comme chacun sait, sont toute gentilles sans exception.
https://www.polemia.com/george-soros-societe-ouverte-pierre-antoine-plaquevent/
Jérôme Rodrigues, les larmes dans la voix, se prend pour un martyr de la cause. En réalité, il a déjà gagné. Mieux encore : il a toujours déjà gagné. Il a été l’un des fers de lance les plus charismatiques de la récupération et de la décadence gauchiste du mouvement des Gilets jaunes, un mouvement populaire, qui pouvait devenir un mouvement populiste, et qui a fini dans les vagissements gauchistes habituels, ceux qu’on entendait déjà sous Mitterrand : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, on va faire la révolution contre le Grankapital, avec tous nos potes issus de toutes les communautés… Les grands classiques ! Rodrigues s’est cru rebelle et révolutionnaire, il a fini rebellocrate systémique, à la fois mutin et maton de Panurge, pour employer les mots du regretté Philippe Muray.
Même le président Macron – l’ennemi officiel, mais en réalité pas ennemi du tout – en sort grandi. Le méchant Macron représente le méchant Système, mais c’est un méchant très gentil puisqu’il nous préserve de la haaaaaiiiiine incarnée par les affreux populistes (d’ailleurs ennemis du peuple français, comprenne qui pourra). Le méchant officiel est donc moins méchant que les méchants officieux, accusés de tous les maux, alors qu’ils n’ont jamais eu la moindre parcelle de pouvoir. Macron, c’est le méchant gentil. Les populistes, ce sont les méchants méchants, et c’est beaucoup plus grave.
On a envie de rappeler la phrase de Bossuet à Rodrigues, qui accuse d’ailleurs les masses de ne pas lire assez. « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » La société ouverte, c’est la mort des peuples. Mais, Rodrigues, il l’aime sa société ouverte à la Soros, il l’aime, il l’adore. Rodrigues préfère certainement le Crépuscule de Juan Branco à celui de Florian Mazé, comme il place probablement le grand philosophe socialiste Cyril Hanouna au-dessus du méchant penseur aristocratique Platon, qui, déjà en son temps, le IV° s. av. J.-C., détestait la démocratie, livrée au démagogues, toujours très prompte à exécuter les mal-pensants comme Socrate.
Mais quel argument opposer à Rodrigues ? De toute manière, il croit à ses idées, et il y croit dur comme fer. Il a la Foi. Sa pensée est une pensée mystique, religieuse, comme tout gauchisme poussé à l’extrême. Un vrai prédicateur du bisounoursisme.
Les Gilets jaunes, en résumé ? C’est foutu.
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