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L’Hypocrisie Verte

L’Hypocrisie Verte : Quand la Santé Sert d’Alibi aux Intérêts Capitalistes

Sous le prétexte de protéger la santé publique et la planète, les politiques environnementales imposent des restrictions toujours plus sévères aux citoyens : taxes sur les carburants, zones à faibles émissions (ZFE), ou normes contraignantes pour les voitures. Pendant ce temps, des mastodontes de la pollution comme les porte-conteneurs sillonnent les mers en émettant des quantités astronomiques de gaz à effet de serre et de polluants, avec une régulation bien plus laxiste. Cette incohérence révèle une vérité gênante : derrière l’argument de la santé, se cachent des intérêts matériels qui protègent le capitalisme et ses privilèges.

Une disproportion criante : voitures vs porte-conteneurs

Prenons une voiture économe, consommant 4 L/100 km, soit environ 100 g de CO2/km. Sur une année, pour 20 000 km, elle émet 2,5 tonnes de CO2. C’est peu, mais les automobilistes sont pointés du doigt, taxés, et poussés à acheter des véhicules électriques coûteux. Comparez cela à un porte-conteneurs de 20 000 EVP (équivalent vingt pieds), rempli à bloc : il consomme 200 à 250 tonnes de fioul lourd par jour, émettant 600 à 800 tonnes de CO2 quotidiennement. Cela équivaut à l’impact de 50 000 à 60 000 voitures économes en une seule journée !

Avec environ 4 000 à 5 000 porte-conteneurs en mer chaque jour, leur pollution globale représente l’équivalent de 200 millions de voitures en termes de CO2. Et ce n’est pas tout : ces navires rejettent des oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) en quantités astronomiques, jusqu’à l’équivalent de millions de voitures pour ces polluants. Pourtant, qui entend parler de taxes sur le fioul lourd ou de zones à faibles émissions pour les ports ? Les citoyens, eux, subissent des restrictions quotidiennes sous couvert de santé respiratoire.

La santé, un prétexte commode

L’argument de la santé publique est brandi pour justifier les mesures contre les voitures. Les particules fines et les NOx des véhicules affectent la qualité de l’air urbain, causant des maladies respiratoires. C’est vrai, mais l’impact des voitures modernes, surtout celles à faible consommation, est marginal comparé aux industries lourdes. Les porte-conteneurs, par exemple, brûlent du fioul lourd contenant jusqu’à 2 000 fois plus de soufre que l’essence. Près des ports, l’air est saturé de polluants maritimes, mais les habitants des zones portuaires – souvent des populations moins favorisées – sont rarement au cœur des campagnes médiatiques.

Pourquoi cette focalisation sur les voitures ? Parce qu’il est plus facile de contrôler les individus que de s’attaquer aux géants du capitalisme. Les automobilistes sont des cibles accessibles : ils paient des taxes, respectent des normes, et subissent des amendes. Les compagnies maritimes, elles, opèrent sous pavillons de complaisance (Panama, Liberia) et dans des eaux internationales, loin des juridictions nationales. Réguler le transport maritime, qui transporte 90 % du commerce mondial, risque de froisser des acteurs économiques puissants comme Maersk ou MSC, ou des pays dépendants de ces flux. La santé devient alors un alibi pour imposer des sacrifices aux citoyens, tout en laissant les gros pollueurs prospérer.

Les intérêts matériels derrière l’hypocrisie

Cette incohérence n’est pas un hasard : elle sert des intérêts matériels bien ancrés. Le capitalisme globalisé repose sur le transport maritime, qui assure la circulation des marchandises à bas coût. Un porte-conteneurs est incroyablement efficace, émettant seulement 10-20 g de CO2 par tonne-km transportée, contre 100-150 g pour une voiture. Mais cette efficacité cache une réalité : la dépendance au fioul lourd, bon marché et polluant, maximise les profits. Passer à des carburants propres (ammoniac, hydrogène) ou à des technologies comme la propulsion vélique coûterait des milliards, et les armateurs rechignent à investir sans incitations fortes.

Les gouvernements, eux, préfèrent des mesures visibles mais peu disruptives. Taxer l’essence ou imposer des ZFE donne l’illusion d’agir pour la santé et le climat, tout en évitant de défier les piliers de l’économie. Sur les réseaux comme X, des voix s’élèvent pour dénoncer cette hypocrisie : pourquoi culpabiliser un conducteur roulant à 4 L/100 km, quand un seul porte-conteneurs pollue comme des dizaines de milliers de voitures ? Cette indignation reflète un sentiment d’injustice : les petits sont sacrifiés, les gros protégés.

Une écologie sélective au service du pouvoir

L’Organisation maritime internationale (OMI) a réduit la teneur en soufre du fioul à 0,5 % en 2020, un pas en avant. Mais les progrès sont lents, et les alternatives propres restent marginales. Pendant ce temps, les citoyens subissent une écologie punitive, où trier ses déchets ou changer de voiture devient un devoir moral, tandis que les industries lourdes bénéficient d’une relative indulgence. Cette écologie sélective protège le capitalisme pollueur tout en maintenant le pouvoir des élites, qui contrôlent les récits et les priorités.

La santé publique mérite mieux qu’un rôle d’alibi. Une véritable politique environnementale exigerait de s’attaquer aux porte-conteneurs et autres gros pollueurs avec la même rigueur qu’aux voitures. Cela impliquerait des taxes sur le fioul lourd, des subventions massives pour les carburants verts, et une régulation internationale renforcée. Mais tant que le capitalisme privilégiera le profit à la cohérence, l’hypocrisie verte perdurera, au détriment des citoyens et de la planète.

 


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11 réactions à cet article    


  • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 30 avril 06:48

    Salutations et merci.

    Pour la pollution aérienne abordée ici dans ce sujet et qui donne tant de problèmes de santé grave aux gens fragiles notamment, question parfaitement ignorée des foules et aussi pour des températures planétaires etc , nuages , vents etc etc

    voici un site

    https://www.ventusky.com/?p=-1 ;-105 ;1&l=temperature-2m

    https://www.ventusky.com/?p=-1 ;-105 ;1&l=pm25

    https://www.ventusky.com/?p=22 ;-60 ;1&l=rain-3h

    mes respects.

    je cite : La santé publique mérite mieux qu’un rôle d’alibi. Une véritable politique environnementale exigerait de s’attaquer aux porte-conteneurs et autres gros pollueurs avec la même rigueur qu’aux voitures. Cela impliquerait des taxes sur le fioul lourd, des subventions massives pour les carburants verts, et une régulation internationale renforcée. Mais tant que le capitalisme privilégiera le profit à la cohérence, l’hypocrisie verte perdurera, au détriment des citoyens et de la planète.  

    Meme avec ça nous aurions une pollution lourde aux particules fines etc, les plus dangereuses, produites elle meme par la planète, ils sont alors émis par la végétation, l’érosion du sol, les volcans, les océans, etc  

    Ce qui nous ramène aussi et surtout mais pas seulement à un corps en bonne marche quand à son homéostasie, or si il est toxique de" manière x, y ou z...

    cela dit encore merci.


    • PaulAndréG (PàG) PaulAndréG (PàG) 30 avril 07:08

      @Julian Dalrimple-sikes
      .
      « Julian Dalrimple-sikes 30 avril 06:48
      Meme avec ça nous aurions une pollution lourde aux particules fines etc, les plus dangereuses, produites elle meme par la planète, ils sont alors émis par la végétation, l’érosion du sol, les volcans, les océans, etc
      Ce qui nous ramène aussi et surtout mais pas seulement à un corps en bonne marche quand à son homéostasie, or si il est toxique de » manière x, y ou z...
      cela dit encore merci."

      -
      Geronimo Howakhan aka Julian Dalrimple-sikes et Legestr glaz vont pouvoir se serrer la pince smiley , et Geronimo devrait préfacer le livre du second. smiley



    • Legestr glaz Legestr glaz 4 mai 18:39

      @PaulAndréG (PàG)

      Comme disait l’autre dans sa chanson : « va falloir que je vous parle du »thermonucléaire « .

      Va falloir que je vous parle des »agents pathogènes«  ! Vous connaissez docteur PaulandréG (PàG) ? (grand prescripteur d’imodium). 

      Un agent pathogène, définition :  »tout facteur pouvant déclencher une maladie chez un individu« .

      ... L’un des paradigmes traditionnels de la biologie infectieuse repose sur la notion selon laquelle la pathogénicité est étroitement liée à la présence d’un agent vivant capable de se répliquer à l’intérieur de la cellule hôte, qu’il s’agisse d’un virus ou d’une bactérie. Dans ce cadre, les virus, par exemple, utilisent les mécanismes cellulaires pour se reproduire, ce qui, en fin de compte, détruit souvent la cellule hôte et provoque des effets cytopathiques. Version très officielle.

      Cependant, cette vision de la pathogénicité devient de plus en plus réductrice lorsqu’on considère des agressions non vivantes telles que les nanoparticules. Ces dernières, bien qu’elles ne soient pas biologiquement vivantes, peuvent, néanmoins, avoir un impact dévastateur sur les cellules humaines, perturbant leur fonction, induisant des lésions et déclenchant des réponses immunitaires. Cela suggère qu’il existe un mécanisme de pathogénicité qui peut être induit par des agents non vivants, inertes mais toxiques, ce qui remet en question l’idée même qu’un agent pathogène doit nécessairement être capable de se répliquer pour causer des maladies.

      Les nanoparticules présentes dans la pollution atmosphérique ont été largement reconnues pour leur capacité à induire des effets cytopathiques, notamment en pénétrant dans les cellules humaines et en déclenchant des réponses inflammatoires. Ces particules, dont la taille est suffisamment petite pour être inhalée profondément dans les poumons, peuvent traverser les membranes cellulaires, se déposer dans les tissus pulmonaires et atteindre d’autres parties de l’organisme. Leur toxicité est bien documentée, et il a été prouvé qu’elles sont responsables de diverses pathologies respiratoires et cardiovasculaires (thromboses, embolies, hypoxie, détresse respiratoire aiguë, caillotage, oedème pulmonaire, sur-infection bactérienne réactive). 

      Il est donc justifié de considérer que les nanoparticules de pollution, bien que non vivantes, exercent une action pathogène dans la mesure où elles provoquent des dommages cellulaires et activent des mécanismes de défense immunitaire qui peuvent, en cas d’exposition chronique, mener à des dysfonctionnements organiques, à des maladies graves et à la mort. 

      Dans les cours de microbiologie ou de virologie on réduit le pathogène à un être vivant ou pseudo-vivant (comme les virus) pouvant infecter un hôte. Mais cette vision réductrice est aujourd’hui obsolète, justement si l’on prend en considération : les nanoparticules de pollution, les toxines environnementales, les rayonnements ionisants, les perturbateurs endocriniens, etc.

      Tous ces agents »non vivants" sont capables d’induire des effets pathologiques directs, sans infection, sans réplication, et parfois même sans médiation biologique, en agissant sur des structures cellulaires, des voies de signalisation, ou des processus immunitaires.

      Suite au prochain post... Avec tous mes respects.


    • Legestr glaz Legestr glaz 4 mai 19:12

      @PaulAndréG (PàG)

      Si vous n’êtes pas déjà installé sur la cuvette, je vous offre un peu de lecture lorsque vous allez vous y rendre.

      La « superoxyde dismutase » est une enzyme « antioxydante » qui lutte contre le « stress oxydatif ». Elle prend le nom de SOD1 dans le cytosol, de SOD2 dans les mitochondries et de SOD3 dans l’espace extra cellulaire.

      La SOD3 est une enzyme clé dans la neutralisation du superoxyde en peroxyde d’hydrogène, qui est ensuite décomposé en eau. SOD3 est localisée à la surface cellulaire et liée à la matrice extracellulaire (via des interactions avec les glycosaminoglycanes, en particulier l’héparane sulfate du glycocalyx). Cela permet une protection ciblée contre le stress oxydatif extracellulaire, notamment au niveau vasculaire, où l’anion superoxyde peut rapidement inactiver le NO (monoxyde d’azote), un vasodilatateur essentiel et le transformer en peroxynitrite (le peroxynitrite est un oxydant biologique puissant formé par la réaction de deux radicaux libres, le superoxyde et le monoxyde d’azote -NO-. Il inflige des dommages sévères à la plupart des biomolécules – protéines, lipides et acides nucléiques – par des processus d’oxydation directe ou par la génération secondaire de radicaux libres très réactifs. Lorsque ces dommages atteignent un seuil critique, ils entraînent la mort cellulaire par nécrose ou apoptose).

      Plusieurs études montrent que le glycocalyx endothélial peut concentrer la SOD3 jusqu’à 20 fois plus que le plasma environnant. Mais, lorsque le glycocalyx est dégradé, pour différentes raisons, aujourd’hui bien identifiées, alors la SOD3 s’échappe et ne peut plus remplir ses fonctions antioxydantes. Et c’est la « cata ». 
      Et le glycocalyx est dégradé, fortement dégradé même, chez les personnes présentant des comorbidités, vous savez celles qui occupent très majoritairement les services d’urgence et de réanimation. Pas de SOD3, pas de réponse antioxydante appropriée et c’est « l’effondrement alvéolaire » avec toutes ces conséquences ! Lors des inversions thermiques, en automne-hiver, les nanoparticules de la pollution atmosphérique atteignent en masse les alvéoles pulmonaires. Les personnes qui sont dans l’incapacité de lutter contre le stress oxydatif produit pour éliminer ces nanoparticules, voient leur état physique décliner par effondrement de l’activité alvéolaire. Elles finissent en USI avec un pronostic vital engagé. 


    • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 30 avril 08:23

      A propos d’hypocrisie verte, etc, et bêtise volontaire ambiante globale tout court un remarquable, pour moi, sketch de Albert Measlay...

      https://www.youtube.com/watch?v=x5st5LgfZaU


      • Corcovado 30 avril 09:25

        Merci pour cet article clair et percutant.


        • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 30 avril 12:27

          L’article est interessant et aprouvanle sur le fond, mais 100% inexact sur la comparaison avec les super tankers.

          Coparer les emission de l’Inde et celle des ZFE qui ne changeront rien et sont à 0.000001% des extractions de charbon oui mais pas des suoer tankers.

          Un super Tanker porte jusque 600 containers de 66pieds et peut porter 100 000 tonnes.

          Vu la masse et l’image cela peut paraitre anti ecolo mais en réel cela n’est anti-ecologique au rapport poids volume transporté et consomation et rejet.


          • sylvain sylvain 30 avril 16:24

            Tout a fait d’accord sur le fond, sauf sur le fait que la bagnole n’est pas super polluante : la bagnole est super polluante.

            On aurait pu ajouter toute l’inconsistance qu’il y a a adopter des « mesures ecologiques » dans une societe qui ne cesse de pousser a la consommation et a generalisee l’obsolescence programmee


            • Hector Hector 30 avril 19:30

              Hélas, on ne peut être qu’en accord avec vous.
              Pour faire court : Les bergers gardent leurs troupeaux.


              • LeMerou 1er mai 07:13

                @Politzer.

                Bon article sur l’hypocrisie « verte », cependant je le modulerai dans les comparatifs, les voiture à 4L/100 existent elles vraiment ? Car entre les pub, les performances annoncées issues de tests en conditions ne correspondant pas à la réalité, sans compter que le conducteur dans ces essais cherche à consommer le moins possible, alors que le conducteur lambda non. La tendance aussi étant à l’alourdissement, l’augmentation de taille, pour des raisons X ou Y les 4L/100 me paraissent une vue de l’esprit, tout comme les énergies « renouvelables » du fait de leur non pilotabilité qui ne répond pas aux besoins réels.

                Vous avez aussi oublié l’hérésie des transports PL traversant les Pays au lieu de « fer-routé ». L’aviation qui fut traitée de polluante, et qui là d’un coup reprend vie dans des proportions inquiétante.

                Nul doute que l’écologie ne soit pas la préoccupation principale des citoyens, à l’image des « politiques », dont par exemple, les chauffeurs en été, laissent tourner les moteurs, pour que le dit véhicule soit frais ou chaud après la réunion (ou le repas).

                La mondialisation, la surconsommation engendrée, entretenue et demandée aussi ne l’oublions pas, est la mère de la « pollution », la vrai, celle dont on paiera les conséquences.

                Entre temps sont menés des combats « écologiques » allant de la protections des batraciens, et autres bestioles, par l’éolien, le solaire, la voiture électrique...

                Pour cette dernière, ce n’est pas le problème de la pollution qui est l’objet de sa mise en service à marche forcée, mais plutôt au véritable déclin de la production pétrolière dans quelques décennies à peine.

                Le déplacement de tout est le moteur de l’économie mondialiste. Au fur et mesure nous verrons le « pétrole » restreint à l’économie, c’est à dire les approvisionnements, puis après...... Mystère.

                L’homo erectus pourra toujours se déplacer, mais électriquement pour certains, pour d’autres, restera le vélo ou les jambes. L’économie mondiale n’a qu’une vision, perdurer, là c’est l’électrification de tout, énergie d’avenir, parce que le concept ne voit que ça, le concept doit vivre, s’autoalimenter....

                C’est sûr, toutefois n’étant pas stockable et pour fournir des besoins sans cesse croissants, l’ont va à l’encontre de petit soucis.. à mon très humble avis.

                « L’hydrogénisation » est aussi une autre piste, extrayons l’hydrogène de l’eau de mer, c’est simple ! en réalité, chimiquement oui, mais demande beaucoup d’énergie. Puis, juste comme ça, les millions de mètre cubes d’eau de mer traitée, qu’adviendra t-il des résidus ? du chlorure de sodium par exemple, le fameux sel ? qu’adviendra t-il de ces millions de tonnes de sel ? Rejetés en mer ?

                L’humanité ne peut retourner d’où elle vient nous dit-on ! Nous verrons.....

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