La DETTE : évolution durant le 1er quinquennat d’Emmanuel Macron
Concernant la dette, nous avons passé en revue le quinquennat de N. Sarkozy, et avons fait récemment la même chose pour celui de F. Hollande.
F. Hollande a laissé une dette de quelque 2 250 milliards d’euros, représentant 98% du PIB, à son successeur E. Macron, objet de l’article d’aujourd’hui !
Dans notre propos, nous parlerons de la DETTE et des déficits publics qui n’ont cessé de l’alimenter.
Nous parlerons aussi des PIB (Produit intérieur brut) successifs qui étaient censés participer au remboursement de la DETTE et du chômage de masse, qui pénalise la propension du pays à créer plus de richesse depuis des décennies.
Point méthodologique : en France, chaque nouveau Président prend ses fonctions aux alentours du mois de mai. Que ce soit pour le PIB comme pour la dette et le chômage, l’inertie de toute décision macroéconomique, importante les concernant, porte des effets sur plusieurs mois, voire sur 2 ou 3 trimestres ou même plus. Pour cela, nous prendrons les chiffres de fin de période, c'est-à-dire du 4ème trimestre de chaque année, au 31/12. Ainsi, on a vraiment 5 années pleines, pour chaque quinquennat.
Dans la cacophonie politicienne, populiste et démagogique actuelle, nous nous sommes appuyés, comme souvent, sur les chiffres incontestables et incontestés du FMI (Fonds monétaire international) publiés en avril de 2024 et de l’INSEE, afin d’y voir plus clair.
1er QUINQUENNAT d’E. Macron (en milliards d’euros (arrondis) ou en %).
Dette et PIB :
Pour la bonne gestion de tout pays européen, le traité de Maastricht établit le rapport : dette publique / PIB à 60%.
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
sur 5 ans |
en 5 ans |
|
PIB |
2297 |
2363 |
2438 |
2318 |
2500 |
2638 |
+14,8% |
341 mds |
Dette |
2254 |
2311 |
2375 |
2657 |
2824 |
2949 |
+30,8% |
695 mds |
Constat : la dette a continué de progresser à vive allure et 2 fois plus vite que la production de la richesse nationale.
Fin 2022, elle représentait 112 % du PIB, ayant pour principale cause l’explosion, en 2020, du déficit public suite à la survenance de la pandémie planétaire du Covid-19.
Dans le même temps, le PIB a subi une récession d’ampleur. Comme dans l’ensemble des pays développés.
Déficits :
Pour la bonne gestion de tout pays européen, le traité de Maastricht établit le rapport du déficit public à 3% du PIB.
|
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
Cumul des 5 années |
% PIB |
3.4 |
2.3 |
2.4 |
8.9 |
6.6 |
4.8 |
|
En Mds |
77 |
55 |
58 |
207 |
165 |
125 |
610 Milliards (*) |
Constat : un déficit sous les 3% durant les 2 premières années du quinquennat, malgré la suppression de la taxe d’habitation (entre 20 et 25 milliards/an), la crise des Gilets jaunes (nov. 2018) et celle de la réforme des retraites (2019-2020).
Mais, le déficit explose en 2020 sur la pression de la crise mondiale liée à la pandémie du Covid-19.
Face à la pandémie venue de Chine, le mot d’ordre d’E. Macron a été le « quoi qu’il en coûte » pour les finances de l’État ! Cette stratégie a permis de sauver des centaines de milliers de petites entreprises comme des centaines de milliers d’emplois, même si, aujourd’hui, ce souvenir est aux oubliettes.
En 5 ans, le déficit atteint quelque 610 milliards d’euros. Un record sous la 5éme République !
Aparté : le décifit du quinquennat de N. Sarkozy s’était établi à « seulement » 573 milliards, confirmant le verdict puéril et pitoyable de la politicienne V. Pécresse « Macron a cramé la caisse ! ».
(*) la non-équivalence du cumul des déficits avec l’augmentation de la dette provient, notamment que la dette est un stock (composé d’emprunts ayant des maturités, des taux d’intérêt et éventuellement des devises différents (bien que l’euro soit très majoritaire)) et le déficit est un flux relativement homogène.
Chômage :
|
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
Var. sur 5 ans |
taux % |
9.4 |
9 |
8.4 |
8 |
7.9 |
7.3 |
- 2.1points |
Constat : toujours de masse, le chômage a fortement diminué sur le quinquennat d’E. Macron, malgré la forte récession de 2020 (grâce au chômage partiel financé sous le « quoi qu’il en coûte »).
Conclusion :
Les impôts et le chômage ont effectivement baissé malgré la pandémie mondiale du Covid-19 et la forte récession de 2020.
Mais, la politique du « quoi qu’il en coûte » financée à des taux d’intérêt proches de 0%, a malheureusement donné, aux Pouvoirs publics, l’impression qu’ils disposaient d’un droit tirage illimité et quasiment gratuit. L’image « d’argent magique » nous fait penser à ce que le Nobel Milton Friedman appelait, en 1969, « la monnaie hélicoptère », c'est-à-dire un lâcher de billets sur tout le territoire, à partir des airs.
« Normal » alors qu’aucun effort n’a été fait en termes de dépenses publiques.
Idem en termes de productivité et aussi de compétitivité de nos produits, notamment à l’exportation, malgré une politique de l’offre toujours intéressante pour grand nombre d’entreprises françaises et l’attractivité d’entreprise étrangère.
Pire, lors de la campagne électorale de 2022, E. Macron promet, notamment, une nouvelle baisse d’impôts de quelque 15 milliards s’il est réélu, et sans réduction d’une quelconque dépense publique.
À l’époque personne n’avait une boule de cristal, anticipant :
Pour 2023, un déficit réel de plus 6% et une dette de 3 101 milliards (111 % du PIB).
Pour 2024, l’ouverture d’une procédure de l’Union européenne pour déficit excessif, et une dégradation ou une mise sous surveillance de la France par les agences de notation.
La dissolution de l’Assemblée nationale, prise sous le coup de l'émotion, le 9 juin 2024, a plongé la France dans une grande instabilité parlementaire, et donc dans une impossibilité d’engager des réformes structurelles aptes à réduire notre dette et nos déficits.
Les chiffres de 2024 devraient augmenter, fragilisant encore plus le crédit de la France auprès des prêteurs internationaux. Nous obligeant à emprunter à des taux de plus en plus importants, par rapport à ceux de nos partenaires européens ayant la même monnaie que nous. Notre spread (écart de taux) avec l’Allemagne est actuellement supérieur de 0.8 point (80 points de base), alors qu’il n’était que de 0.3, il y a 6 mois.
En 2024, la France devra emprunter quelque 290 milliards d’euros (presque 1 milliard par jour) pour financer le déficit budgétaire de l’année et réemprunter pour rembourser les anciennes émissions obligataires venant à échéance. C’est ce que l’on appelle « faire rouler » la dette. Un peu comme un crédit révolving où le consommateur passe son temps à ne payer que les intérêts, sans jamais rembourser le capital, faute de trésorerie positive. Sur 290 milliards empruntés, la seule différence de 0.8 point sur le taux d’intérêt, c’est 2.3 milliards chaque année durant 7 ans (maturité moyenne de nos emprunts), soit 16.1 milliards. Ce mécanisme, mortifère, durera tant que nos dépenses resteront largement supérieures à nos recettes.
Crédit photo : lien.
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