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Accueil du site > Tribune Libre > La prédiction philosophique ou l’imposture

La prédiction philosophique ou l’imposture

« Le Front national sera majoritaire », prédit le philosophe Bernard Stiegler dans l’Express. Tout le monde parle de cette progression. Le FN est au centre des préoccupations et les femmes et hommes politiques parlent de lui, même quand il ne fait rien. Le nombre de Français qui déclarent être proches de lui augmente. La prédiction est donc à faible risque. Mais elle est ferme et « falsifiable ».

Plutôt que de crier au loup en se faisant prendre pour un analyste de la société qui a mieux compris que les autres ce qu’il se passe, il s’agirait plutôt de faire de la parole politique un acte et de repenser la dimension politique qu’ont nos actes.

Le marché n’a pas détruit la possibilité d’éduquer les enfants. Ce n’est pas un constat sérieux. Les arts industriels n’ont pas industrialisés les esprits. Bernard Stiegler ne s'attaque pas « aux véritables causes du malheur de tous », comme il dit qu’il le fait, sans mettre en doute sa sincérité.

Plutôt que de suivre de grands prédicateurs « géniaux » qui nous montrent où est le mal et nous absolvent (ce n’est jamais nous), occupons-nous de ce que nous faisons vraiment et tâchons d’être justes et inventifs pour créer des formes sociales meilleures.

Deux types de discours sont particulièrement séduisants et emportent l’adhésion facilement, hors argumentation :

1/ les discours qui prétendent avoir trouvé la matrice du mal, surtout les discours qui voient cette matrice comme un robinet, qui savent comment le fermer et proposent de le faire,

2/ en sens inverse, les discours qui annoncent la catastrophe et, parfois, savent comment la prévenir.

C’est le même mouvement de discours, un tourné vers le passé (il faut savoir d’où vient le vent) et un autre tourné vers l’avenir (il faut savoir où va le vent).

Nous avons tendance à tenir pour vrai le discours qui nous plait, qui correspond notre personnalité, à notre vision du monde, à notre désir d’action ou de tranquillité, aux modalités d’actions qui nous sont les plus agréables, où nous nous sentons le plus performant… etc. C’est humain. Sans quoi, nous adhérerions au discours le plus rationnel, celui qui englobe le plus de faits constatables et les débats tourneraient court, nous serions vite d’accord. Nous sommes en mouvement perpétuel pour nous convaincre les uns les autres et trouver les meilleurs moyens de conduire nos affaires communes malgré et avec cette mise au point, ces ajustements permanents.

Dans cette configuration humaine, les discours linéaires ont une force de conviction bien plus grande que tous les autres (ceux qui rendent compte de la complexité du monde). Alors que cette linéarité des phénomènes est assez rare et que ces discours linéaires ne décrivent pas bien ce qui se passe. Les discours linéaires considèrent le temps comme cumulatif. Un phénomène va tout droit. Il ne peut que grandir ou diminuer si on le laisse faire. Il ne peut ni changer de forme, ni changer de direction, ni changer de signification… il ne peut pas changer en interne.

Bernard Stiegler est un as en ce domaine. Du côté des catastrophistes. A l’oral, il est formidable. Il a une belle voix grave et a franchement l’air de souffrir de ce qu’il dit ; il le présente comme ce qu’il est obligé de dire et qu’il déplore gravement. Son ton de détresse accentue le fond de son discours. Grand talent. Magnifique. Parfait pour les medias de masse (radio et son regard allant avec, télé).

Il a deux mots clés pharmakon et pharmakos qui ont leur pesant de sérieux, de fondation, qui veulent signifier une pensée, reliée aux origines de la pensée (Platon, Derrida). Ces mots fonctionnent comme des icônes, des logos, un signe de reconnaissance aisée et rapide.

Avec ça, Bernard Stiegler dit la même chose que (presque) tout le monde : tout va de plus en plus mal, on va dans le mur, c’était mieux avant… (Pour une immense majorité de Français, ce qui était bénéfique il y a vingt ans devient maléfique) et, pour s’en sortir, il faudrait voir les choses comme je les vois, croire en ce que je crois, faire ce que je dis. Que de l’ordinaire.

Bernard Stiegler prend la société comme un corps (social) qui doit être soigné (il faut le purger). Il se pose en médecin. C’est sa métaphore et on peut lui reconnaître de la constance dans l’emploi de cette métaphore. Le pharmakon est une notion complexe et dialectique. Heureusement, le pharmakos (le remède) est simple et il est dans les mains de Stiegler.

Il faut développer une économie de la coopération. Qu’est-ce ? Sur quoi et comment ? Il ne le dit pas. C’est une question de foi. Si nous attrapions tous cette foi, les questions qui précèdent ne se poseraient pas. Certes. Je ne dirai pas le contraire, je demande juste comment on attrape tous cette coopération.

Il faut ouvrir une véritable perspective. Et quelle est cette véritable perspective qui fera reculer le Front national ? Un nouveau modèle industriel, fondé sur une économie de contribution… Le tout fondé sur l’idée qu’il suffirait de le vouloir pour que cela vienne. La France doit, avec l'Europe, refonder sa politique de recherche et de formation supérieure sur la base d'une nouvelle conception du Web intégralement contributive, former en masse les Français au numérique et développer son industrie numérique en déployant un modèle alternatif et… le Front national reculera ! C’est Stiegler qui le dit.

Il fustige Eva Joly qui avait accablé les électeurs du Front national, car pour lui, il faut prendre soin de ces électeurs (il ne dit pas soigner). En même temps, il fustige tout le monde : « La société contemporaine est devenue massivement indigne et, à part quelques imbéciles heureux, tout le monde subit ce désastre. » et place ses opposants, dont je fais partie, dans les imbéciles heureux. Il mène son groupe de main de maître, sans opposant, et avec une coopération à sens unique.

Il faut vraiment ne pas écouter ces types de discours alarmistes et, en fait, réactionnaires, bien qu’ils apparaissent progressistes.

Il nous faut engager des actions de coopérations près de chez nous, dans nos vies. En matière d’éducation, Freinet a pratiqué une pédagogie coopérative, et a créé un mouvement coopératif. Il nous faut renoncer à cette idée simpliste selon laquelle le passé était bien construit et compréhensible. C’est une idée capitaliste ou libéraliste comme vous voudrez.

Il faut laisser tomber les discours stéréotypés et penser par soi-même dans une praxis.

Que cent fleurs s’épanouissent.

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La lumière à travers les nuages

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33 réactions à cet article    


  • Rounga Roungalashinga 18 septembre 2013 09:47

    Il nous faut renoncer à cette idée simpliste selon laquelle le passé était bien construit et compréhensible


    Il faudrait aussi arrêter de s’interdire de penser que certaines choses allaient effectivement mieux avant. Non pas pour revenir en arrière, mais pour s’interroger sur les causes qui font que ces choses vont moins bien maintenant. S’interdire ce point de vue, c’est renoncer à comparer, à analyser et à mettre en perspective les différentes évolutions de la société. C’est donc abdiquer sa capacité de penser.


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 14:10

      Vous me citez, après quoi vous commentez des choses que je n’ai pas écrites et que je ne pense pas. Il y a vingt ans, certaines choses allaient mieux et d’autres non.


      Je m’oppose à celles et ceux qui prétendent connaître la source du mal et/ou qui savent comment empêcher qu’on « aille dans le mur ». Stiegler est un modèle magnifique, presque trop beau pour être vrai, de cette posture d’isolement superbe, qui voit la bêtise partout.
      La pensée n’est pas la comparaison morale des différentes périodes, en termes moraux (évaluatifs). Je ne suis pas d’accord avec vous. On peut faire des comparaisons, à condition de leur donner une place et de ne pas tout mettre dedans.

      J’appelle à une diversité multiple et foisonnante des pensées et des pratiques.

    • Rounga Roungalashinga 18 septembre 2013 14:58

      Vous me citez, après quoi vous commentez des choses que je n’ai pas écrites et que je ne pense pas.

      Dans ce cas je vous prie de bien vouloir m’excuser. Il est vrai que je n’étais pas sûr de bien comprendre l’orientation du texte, et j’y soupçonnais le travers dénoncé par Michéa dans Le Complexe d’Orphée. Mais comme il n’en est rien, veuillez prendre ma remarque comme une réflexion d’ordre général et ne s’adressant pas spécialement à vous.


    • Rounga Roungalashinga 18 septembre 2013 15:13

      Je m’oppose à celles et ceux qui prétendent connaître la source du mal et/ou qui savent comment empêcher qu’on « aille dans le mur ». Stiegler est un modèle magnifique, presque trop beau pour être vrai, de cette posture d’isolement superbe, qui voit la bêtise partout

      Effectivement, la plupart de ceux qui s’imaginent connaître la solution à tous les problèmes s’illusionnent. En vérité, ce travers est assez commun, et je pense qu’on est nombreux à avoir déjà refait le monde en une heure avec des copains autour d’une bière, en décrivant ce qui ne va pas, et prévoyant ce qui ne va pas aller, et en disant ce qu’il faut faire pour que ça aille mieux. Ca ne mange pas de pain et ça défoule. Mais quand il s’agit d’intellectuels publics, il est vrai que c’est gênant pour eux de les voir tenir cette posture, d’autant plus quand ceux-ci proposent des packs tout faits et des jolis mots dans lesquels on peut tout mettre dedans. Si on crie à qui veut l’entendre qu’il faut plus de « coopération », de « démocratie participative », « d’économie contributive », et qu’au bout de quelques années ces idées ne se concrétisent pas, alors il faut se demander pourquoi. Et c’est là seulement que commence la vraie réflexion, celle qui intègre la critique philosophique, l’analyse sociologiques et économique, la prise en compte des rapports de force politiques.
      Cela correspond-il à l’esprit de votre article ?


    • Onecinikiou 18 septembre 2013 15:57

      « J’appelle à une diversité multiple et foisonnante des pensées et des pratiques. »


      La branlette intellectuelle vous semblez bien connaitre. Et si vous commenciez déjà par sortir de votre sanctuaire intellectualiste ?

    • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 17:09
      Cela correspond-il à l’esprit de votre article ?

      C’est tout à fait ce que je veux dire. Je vous remercie.
      Je m’adresse aussi à celles et ceux qui aiment tant croire ce type discours (c’est très valorisant, très narcissique). La pensée, à mon sens, c’est autre chose et il faut bosser.

    • appoline appoline 18 septembre 2013 18:57

      Ca fait des décennies que l’on fait connerie sur connerie, alors ne dîtes pas que ça allait mieux avant ; les non-dits et les dissimulations là oui, étaient de mise


    • Julien30 Julien30 18 septembre 2013 10:16

      « et, en fait, réactionnaires »
      Mon dieu des propos réactionnaires, quelle horreur, par contre zéro argument pour défendre la modernité que vous semblez encourager, juste « c’est comme ça donc on accepte ».

      « l faut laisser tomber les discours stéréotypés » 
      Mais le votre de discours, « le passé c’était pas si bien, faut faire avec ce qu’on a, accepter la marche du monde », discours tenu aussi par nos « élites » pour qui évidemment tout va pour le mieux, c’est ce qu’il y a de plus stéréotypé, de plus système-comptatible, bref pour aligner les contre-vérités dans un néant intellectuel le plus total, vous vous posez là.


      • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 14:15

        Vous aussi, vous réécrivez faussement ce que j’ai écrit et critiquez vos propres transformations illégitimes de mon discours. Je n’ai jamais dit, ni écrit, ni pensé « faut faire avec ce qu’on a ». Ni rien de proche.


        Je note vos insultes sans y répondre : « pour aligner les contre-vérités dans un néant intellectuel le plus total, vous vous posez là. »

        Commentez ce que j’ai écrit, s’il vous plait.

      • appoline appoline 18 septembre 2013 19:01

        Certaines réformes auraient dû être faites depuis plusieurs dizaines d’années. Mais les politiques sont de plus en plus avides alors oui, il faut mettre un pavé dans la mare, ne serait ce que pour faire réagir tous les ventripotents de l’hémicycle qui feraient mieux d’arrêter de se palucher au lieu de nous pondre lois et décrets qui nous font marcher sur la tête


      • Hectop Maxho Hectop Maxho 18 septembre 2013 11:49

        Ha bah zut alors, moi qui pensais qu’il n’y avait plus de gauche en France depuis longtemps !


        Merci pour l’information, je me coucherai moins bête ce soir.

        et bonjour chez vous.

      • Julien30 Julien30 18 septembre 2013 13:09

        Hectop, si vous voulez continuer d’apprendre, la gauche, originellement, c’est le renversement de l’ordre pré-révolutionnaire, et donc de la Tradition chrétienne. A ce titre durae ect a raison, l’UMP adopte parfois des postures de droite (identité nationale, immigration et autres) mais ce ne sont que des postures jamais suivies d’effet, au final UMP=PS sur toute la ligne.
        Quant à ceux qui disent que le PS n’est pas de gauche, ils ont tout faux, le parti socialiste est l’incarnation même de la gauche : internationalisme, métissage, immigration, culte des minorités, mariage gay, PMA, « théorie » du genre et autres destructions de tout ce que la civilisation chrétienne avait créée. Même le capitalisme a bien plus à voir avec la gauche qu’avec la gauche.
        Le Fn était le seul parti à peu près de droite mais il l’est de moins en moins.


      • Julien30 Julien30 18 septembre 2013 13:09

        « avec la gauche qu’avec la droite »


      • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 13:57

        J’ai replié ce « commentaire » parce qu’il envoyait sur un article n’ayant rien à voir avec mon article. Publicité en quelque sorte.


      • Maître Yoda Castel 18 septembre 2013 11:01

        "C’est le même mouvement de discours, un tourné vers le passé (il faut savoir d’où vient le vent) et un autre tourné vers l’avenir (il faut savoir où va le vent).« 

        En fait, le mouvement tourné vers l’avenir n’est pas forcément rationnel, ce n’est pas forcément »où va le vent", mais où l’humanité peut aboutir à plus ou moins court terme.
         Il est tout-à-fait possible de penser que l’humanité s’en sortira quoiqu’il arrive grâce à ses innovations et sous réserve de développer ses capacités de transformation.
        J’avais peur avant que DSK soit élu président. Aujourd’hui, il est plus ou moins complètement out, Hollande fait figure de moindre mal. Comme quoi, on ne peut pas juger du résultat à l’avance. Même inespéré, il y a de quoi croire en une transformation prochainement.


        • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 14:35

          Vous écrivez : « Il est tout-à-fait possible de penser que l’humanité s’en sortira quoiqu’il arrive grâce à ses innovations et sous réserve de développer ses capacités de transformation. »


          On peut penser que l’on arrive aux limites de la planète, de l’intelligence, de la capacité industrielle, de la capacité d’innovation. Je suis plutôt de ce côté-là. Dans certaines sciences, physiques plutôt, on parle de renversement des conditions aux limites.
          Je suis tout-à-fait d’accord qu’on ne peut pas prédire, en tout cas, pas de façon précise.

          Cependant, dans cet article, je m’oppose aux discours catastrophistes. 

          Stiegler écrit : « Pour une immense majorité de Français, ce qui était bénéfique il y a vingt ans devient maléfique - comme si le progrès inversait tous ses effets, conduisant à une régression globale. » Pour moi, c’est du foutage de gueule.
          D’où tire-t-il ça ? de quelle enquête, faite par qui, à quelle période et selon quelle méthode ?
          En 1993, il y a 20 ans, on créait le première journée mondiale de l’eau, je ne prends que ce fait qui est plutôt du côté de l’inversion du progrès du côté du négatif... Je n’ai pas le temps de chercher moult exemples, mais le mouvement de renversement du progrès était largement entamé, connu, ressenti, partagé...

          Je n’ai parlé ni de DSK, ni de Hollande... Bon.

        • Maître Yoda Castel 18 septembre 2013 16:10

          On ne connait pas les limites de l’innovation. Notre société est conditionnée par des lobby qui régulent, en fonction de leur intérêt, les avancés technologiques.
          Les solutions, on les a déjà, depuis bien longtemps, mais on refuse d’en parler. Cela causerait trop de problème pour les riches qui nous gouvernent et cela remettrait en cause les fondements de notre société.
          En fait, le fait d’être humain est un test de liberté. Nous nous conditionnons vite mais nous devons ensuite retrouver toute la liberté qui se cache derrière nos habitudes.


        • Onecinikiou 18 septembre 2013 16:30
          « Stiegler écrit : « Pour une immense majorité de Français, ce qui était bénéfique il y a vingt ans devient maléfique - comme si le progrès inversait tous ses effets, conduisant à une régression globale. » Pour moi, c’est du foutage de gueule.
          D’où tire-t-il ça ? »

          Hô de la simple réalité quotidienne de millions de français qui tirent chaque mois le diable par la queue, désespérés face au chômage de masse, au recul du pouvoir d’achat, à la désindustrialisation massive, et à l’augmentation considérable de l’endettement souverain qui obèrent l’avenir même de leurs enfants ; sidérés par l’augmentation incontestable des taux de pauvreté (les chiffres de l’Insee parlent pour eux) dans le même temps que les revenus du centile supérieur explosent ; effarés par l’afflux ininterrompu dans le contexte qui vient d’être rappelé de millions de migrants ces dernières décennies, sans précédent dans toute l’histoire de ce pays, et qui plus est appartenant à des sphères civilisationelles radicalement différentes de la notre ; angoissé par l’insécurité galopante, l’explosion de la délinquance, l’effondrement du niveau scolaire, comme du niveau de civisme et de discipline, qui sont très directement liés au phénomène pré-cité (sauf à se voiler la face par déni du réel).

          Tout cela mon cher alors que l’on nous avait exactement et consciencieusement promis l’inverse ! 








        • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 16:53

          Onecinikiou (---.---.---.237)

          Je replie votre « commentaire ». vous mettez des liens vers des sites détestables sans aucun rapport avec mon texte.

        • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 17:06

          à Castel Vous écrivez : « On ne connait pas les limites de l’innovation. Notre société est conditionnée par des lobby qui régulent, en fonction de leur intérêt, les avancés technologiques. 
          Les solutions, on les a déjà, depuis bien longtemps, mais on refuse d’en parler. Cela causerait trop de problème pour les riches qui nous gouvernent et cela remettrait en cause les fondements de notre société. »


          Je ne crois pas trop à cette thèse complotiste selon laquelle des solutions seraient durablement empêchées d’être mises en oeuvre par des gens qui n’auraient pas intérêt à les voir mises en oeuvre.
          Dans le genre, j’entends dire de temps en temps depuis au moins trente ans qu’on aurait un vaccin contre les caries et que les dentistes feraient opposition à ce que l’on soit vacciné. Je n’y crois pas trop.

          Beaucoup d’idées plutôt du côté d’une source du mal que l’on pourrait tarir si l’on voulait bien, ressemble à cela : les accapareurs. Il y a un petit groupe de gens avides qui bloquent l’information et la circulation des choses portant des bienfaits et sans ces gens les bienfaits seraient distribués. Ce n’est pas mon point de vue.

        • Maître Yoda Castel 18 septembre 2013 17:20

          « Je ne crois pas trop à cette thèse complotiste... »

          Complotiste ? ou juste informée ?
          Par exemple, je peux vous proposer de lire « Savants Maudits, Chercheurs Exclus » de Pierre Lance. Ce ne sont en fait que des biographies de savants illustres qui ont été en grande partie rejetée pour leur découverte. Pierre Lance n’a pas toujours raison dans ces livres mais il ouvre des portes fermées nécessaires pour avoir une vision lucide de notre société.
          C’est pourquoi je parle de liberté et de capacité de transformation. Le système a un sens, il est notamment fondé sur la dette et l’individualisme. C’est une habitude et les tenants du système veulent les maintenir. Cela n’a rien de « complotiste » ou « conspirationniste » ni de constipé du complot, c’est totalement humain.


        • Orélien Péréol Orélien Péréol 18 septembre 2013 20:29

          à Castel Vous écrivez : « Le système a un sens, il est notamment fondé sur la dette et l’individualisme. »


          Je ne crois pas à un sens unique d’un système et d’un seul. Je retrouve une forme de la linéarité du temps dans votre expression sur le système, qui aurait deux sources (fondements) : dette et individualisme.

          Je pense qu’il y a toujours de la contradiction dans les « systèmes » et que le discours de Bernard Stiegler est un discours d’opposition très confortable pour les puissants de notre monde actuel. Ce n’est pas réellement un discours opposant. C’est un discours très spectaculaire (dans la société du spectacle). C’est un peu le discours de Matamore.

          Je propose qu’on se mette au boulot pour inventer des formes de vie, qu’on fasse le travail pour les généraliser le plus possible et qu’on délaisse la condamnation des méchants. Qu’on soit modeste et qu’on ne se fonde pas sur l’idée d’une indignité massive de la société contemporaine (je reprends les mots de Stiegler).

        • Inquiet 18 septembre 2013 11:30

          Ce que je crois avoir compris, c’est que Ziegler joue l’alarmiste, le prédicateur, qui certes à raison de s’en faire, mais qui au final ne produit rien, ne propose rien ou alors des vrais-fausses bonnes idées ramasse-opinion du genre « se former aux NTIC massivement ».


          Orélien Péréol, je vous suis complètement quand vous faites de l’intervention philosophique, une espèce « d’engagement sartrien » : le sage, le savant (celui qui sait), le populaire (celui sous les feux des projecteurs) ne peut pas ne pas s’engager, car ce n’est pas « monsieur tout le monde » qui a cette chance.
          Et donc force de constater que Ziegler ne propose quasiment rien sauf sa posture d’offusqué, mais vous que proposer vous ? D’être indigné ? D’être révolté ? De prendre sa plume et/ou les armes ?

          Vous me faites pensez à la parodie des inconnus sur Florent Pagny et Patrick Bruel avec Florent Brunel le chanteur « engagé »


          Les « autres » ne vont pas assez loin, moi je dénonce vraiment ....... rien smiley

          • Lisa SION 2 Lisa SION 2 18 septembre 2013 13:30

            Un mec qui raconte n’importe quoi sur tous les sujets ne fait pas sept pages de vidéos diverses sur youtube à deux mille vues de moyenne, mais soixante dix pages de deux millions la meilleure. Cyril Anouna y arrive ! Quand à la prédiction de Bernard Stiegler l’avenir dira s’il a raison et le village où il habite, perdu dans la pampa contribue à ce constat : aux dernières élections présidentielles, NS 69, FH 69, MLP 93 voix !


            • soi même 18 septembre 2013 13:32

              Au point où en est la presse, si ils pouvaient nous fouger, une intoxication alimentaire, et bien ils n’existeraient pas !


              • non667 18 septembre 2013 14:21

                 à aurélien
                à part ça ! qu’est-ce qu’on mange à midi ?????????????????????? smiley-))


                • soi même 18 septembre 2013 16:26

                  Des rrrrrrrrrrrrrrrr pardi !!!!!!
                  .


                • legrind legrind 18 septembre 2013 14:23

                  On sait bien que ce sont les idées des « verts » du npa , de LO et du Front de gauche qui seront majoritaires MDR


                  • josé 18 septembre 2013 18:19

                    Pour ça faudrait lire « l’humain d’abord » et après avoir des critiques à formuler


                    • Poulopo Poulopo 18 septembre 2013 18:36

                      Heureusement qu’il y a l’option déplier tous les commentaires !

                      A mon avis Ziegler est plus intelligent que l’auteur qui dit de belles choses mais ne comprend pas dans quel monde nous vivons.


                      • Mowgli 19 septembre 2013 09:21

                        TOUS les commentaires ? Moi je préfère les déplier un à un. A chaque fois c’est la pochette-surprise ! Cela permet aussi de voir ce qui fout des boutons à l’auteur.


                      • Mowgli 19 septembre 2013 09:17

                        « Que cent fleurs s’épanouissent. »

                        Je m’en souviens. Je devais avoir une vingtaine d’années quand le Grand Timonier a sorti ça. Je me souviens donc aussi de ce qui est arrivé aux cent fleurs une fois épanouies. COUIC !


                        • Orélien Péréol Orélien Péréol 24 septembre 2013 19:05

                          Je place l’adresse d’un entretien avec Bruno Latour : l’apocalypse est notre chance

                          et quelques extraits :
                          « Il faut d’abord essayer de savoir ce que les Français veulent faire de l’avenir qui, pour le moment, a plutôt l’air de les paralyser. Il me semble qu’ils ne sont pas forcément pessimistes, ils sont plutôt geignards. » Stiegler en geignard magnifique.

                          « Tout le monde sent qu’il va falloir refaire complètement ce qu’on appelait l’Etat, la grande machine à distiller de la volonté générale, du bien commun. Sur ce point, il faut tout refaire, de fond en comble ; depuis les professeurs des conservatoires de musique jusqu’à la fabrication de l’ENA. » que cent fleurs s’épanouissent, des professeurs aux dirigeants d’entreprise, d’école, de ville...

                          « ...l’opposition trop simpliste aux marchés. On a des tas de bonnes raisons de s’opposer aux marchés ; mais il faut constater que, ne serait-ce que pour vendre des savonnettes ou financer leur production, les marchés disposent de très nombreux équipements pour capter les volontés et les désirs. Où est l’équivalent pour des sujets beaucoup plus importants qui concernent la volonté générale ? Les instruments de l’Etat sont dérisoires par rapport à ce que les marchés permettent d’apprendre sur de simples marchandises. » Quitter le manichéisme.

                          « Pourquoi ne pas se donner enfin les moyens d’expérimenter la quête du bien commun ? » que cent fleurs s’épanouissent. des praxis. pas de condamnations morales qui sont toujours la condamnation morale des autres...
                          etc.
                          J’arrête-là.

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