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La quatrième de couverture du livre de Macron : narcissisme ou erreur politique ?

       C'est un choix osé qu'a fait l'éditeur XO, pour la publication du livre-programme "Révolution", de ne mettre ni résumé, ni critique sur la quatrième de couverture. Une gigantesque photo en plan serré d'un Emmanuel Macron tout sourire, prise lors de son premier Conseil des ministres, recouvre l’intégralité de la dernière page. Certains y verront, comme Jacques Attali, une nouvelle illustration de la nature profondément narcissique de la candidature de ce météore politique. D’autres, plus pragmatiques, diront comme Gérard Genette qu'une quatrième de couverture a pour but d’appâter le lecteur et que le principal argument vendeur du fondateur d’En Marche reste sa belle gueule.

       Il existe une troisième raison à cette quatrième de couverture, plus complexe, plus politique, celle d’imposer par cette image le visage présidentiel d'Emmanuel Macron au peuple Français. Par le simplisme de cette dernière page, XO a souhaité imprimer sur les yeux du lecteur l’évidence de la candidature de l’ex-locataire de Bercy. Malheureusement, l’éditeur a commis une erreur politique tragique et révélatrice dans le choix de cette photo. Involontairement, il cantonne encore une fois l'auteur à son image médiatique, celle d’un jeune ministre de l’Economie, prodige certes mais insouciant, hors-sol et sans prise avec la réalité du peuple.

       Car Emmanuel Macron ne porte pas de cicatrices de guerre. Il n'a ni le visage creusé par des années de campagne dans la Sarthe, ni la corne sur la paume de celui qui est allé serrer les mains revêches des vignerons corses, ni les cheveux poivre et sel d'un énarque agrégé ayant vieilli trop vite, ni la calvitie d'un homme marqué par les échecs et la vindicte populaire. Il n'a pour lui que ses dents du bonheur, des dents blanches, celles d'un carnassier prêt à rayer le parquet. Son visage imberbe, sa mèche méticuleusement coiffée sur le côté, son nez d'oiseau soigneusement dissimulé et ses traits fins, lui donnent une beauté presque sensuelle.

       Or un président c'est un visage, c’est une voix, qui pendant cinq ans se confond avec l’image de la France. C'est un chef des armées, dont les discours télévisés retentissent jusque dans la ferme du Berry ou dans la chambre d'un adolescent trop occupé à regarder TPMP. Ce n'est ni une icône métro-sexuelle d'un milieu littéraire parisien, ni un philosophe romantique qui fait rêver les femmes du troisième âge.

       Alors demain, pour se présenter, pour arracher le vote des français et pour s'assurer de leur adhésion, Emmanuel Macron va devoir changer de visage. Brigitte et conseillers, ne cachez plus ses cernes, laissez-lui la barbe naissante d'un homme pressé, laissez sa peau se froisser dans le froid des meeting en Bretagne ! Comédie ou pas, laissez-le serrer la mâchoire de rage face la pauvreté de nos territoires et à ces destins brisés par un système imparfait. Les français n’éliront pas un premier de classe, pas plus qu’un jeune ambitieux inexpérimenté de 39 ans. Mais ils pourront élire un candidat insoumis, digne et souverain, avec un visage marqué, vivant témoin de son combat politique et de ses convictions.

       Il y a plus de cinquante ans, Malraux avait déjà compris la symbolique de l'incarnation et, pour le transfert des cendres de Jean-Moulin au Panthéon, il finissait son discours sur ces mots : "C'est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France...".

Jean B


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17 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 décembre 2016 12:18

    « il cantonne encore une fois l’auteur à son image médiatique, celle d’un jeune ministre de l’Economie, prodige certes mais insouciant, hors-sol et sans prise avec la réalité du peuple. »


    Pourquoi prodige ? Il n’est ni jeune ni virtuose !
    Ce n’est ni le Mozart ni le Minou Drouet de la politique, mais le résultat du croisement (heureusement stérile) entreTheillard de Chardin et de Rotschild & Sons.

    • Clocel Clocel 9 décembre 2016 13:44

      @Jeussey de Sourcesûre

      Z’êtes dur avec ce bon père Theillard...

      Il y a quelques fulgurances dans ses textes qui me laissent sur le cul par leur côté,,, prophétique...

      Genre : « Tout ce qui s’élève converge ». smiley

      Sûr qu’il ne serait pas surpris par notre situation actuelle...

      Pis,,, j’ai toujours eu un faible pour les jésuites, les vrais, pas les défroqués !

      Pour en revenir à Macron, c’est un bon « Harder » rhétorique, (mais pas que ! ), l’électorat des fossiles est sensible à ce genre de performance... A force de se faire foutre le fion écarlate à chaque scrutin, on crée des dépendances...

      Donc, prudence...


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 9 décembre 2016 14:18

      @Clocel

       « Tout ce qui s’élève converge »

      Vous êtes sûr que c’est pas une contre-pétrie ?



    • Francis, agnotologue JL 9 décembre 2016 13:11

       Emmanuel Macron est typiquement le candidat à la gouvernance de la France, comme tous ceux dont le programme est libéral.

       

       
       Dans le monde néolibéral l’élections du Président de la République s’apparente à l’élection de Miss France. Le spectacle de la vie campagne présidentielle, primaires incluses n’est plus qu’une succession de shows dignes de la télé-réalité.

      • Alren Alren 9 décembre 2016 17:33

        @JL

        Dans le monde néolibéral l’élection du Président de la République s’apparente à l’élection de Miss France. Le spectacle de la vie campagne présidentielle, primaires incluses n’est plus qu’une succession de shows dignes de la télé-réalité.

        Pour les candidats de droite, qui ne veulent surtout pas parler de programmes au bon peuple car ils leur sont hostiles. Seuls le MEDEF, la direction de l’UE, les spéculateurs financiers doivent en avoir connaissance.

        C’est évidemment tout le contraire pour l’unique candidat de gauche qu’est JLM !

        Chacun a le comportement qui le favorise.


      • Francis, agnotologue JL 9 décembre 2016 19:29

        @Alren
         

         Ce ne sont pas les candidats qui présentent leur programme, mais le Medef qui juge de leurs aptitudes à mettre en oeuvre la feuille de route afin de sélectionner le meilleur candidat. Ensuite, ils nous seront présentés, comme on présente les miss, et notre vote sera aussi déterminant que le vote pour miss France.


         La feuille de route est la même pour tous ceux qui acceptent le deal, et ceux-là ont open bar sur mes médias du Système.
         
         Il faut vraiment écouter ce que disait Alain Deneault, hier matin sur France Culture, ou lire là, la retranscription de son interview : c’est pile poil dans la problématique de notre présidentielle. Dommage que ma publication passe inaperçue, je crois que c’est fondamental. 
         
         Il nous faut prendre conscience les candidats du Système sont tous des gens qui n’ont aucune vision politique : ce sont seulement des Syndics, d’accords pour gérer les affaires de l’Etat comme on gère une entreprise : c’est ça la gouvernance et la médiocratie.

      • Fergus Fergus 10 décembre 2016 10:58

        Bonjour, Alren

        « ne veulent surtout pas parler de programmes au bon peuple »

        Il y a pourtant dans le projet de Fillon les bases de ce que pourrait être son programme. Des basses d’ailleurs si décoiffantes qu’il est d’ores et déjà obligé de rétropédaler en croisant les doigts pour que sa ligne de la primaire ne lui colle pas à la peau comme le sparadrap d’Hadock.


      • rogal 9 décembre 2016 14:55

        Et le spectacle continue, Mesdames et Messieurs !


        • wesson wesson 9 décembre 2016 15:43

          Et bien vous n’avez pas compris : la 4ème de couv c’est un teasing du livre.


          Et là qu’est-ce que l’on as ? Rien avec une belle photo dessus.

          Effectivement, un véritable teasing.

          Sans déconner, si vous voulez connaitre le programme de macron, n’allez pas acheter son bouquin car il n’y est pas dedans. 



          • Samson Samson 9 décembre 2016 19:32

            « Son visage imberbe, sa mèche méticuleusement coiffée sur le côté, son nez d’oiseau soigneusement dissimulé et ses traits fins, lui donnent une beauté presque sensuelle. »

            Insipide, inodore, incolore : le profil idéal pour siéger dans un CA avec des sociopathes de même espèce. Même photo-shopé, le « Puceau d’Orléans » évoque plus une publicité pour dentifrice, ou encore un de ces commerciaux trop lisses pour ne pas inspirer la défiance, qu’à un(e) quelconque candidat(e) à la Présidence de la République.
            Pour seulement pouvoir « y penser en se rasant », il lui faudrait à tout le moins un relifting avec injections massives de testostérone. Et pour obtenir l’aspect « mâle à la peau burinée par les éléments », reste à tester l’overdose périodique de banc solaire en alternance avec l’application d’une solution à base de gros sel marin.

            Bref, pour le rendre « bankable » aux yeux de l’improbable pigeon qui d’aventure en redemanderait, ses conseillers en communication ont encore pas mal de boulot ! smiley smiley smiley


            • Fergus Fergus 10 décembre 2016 11:06

              Bonjour, Samson

              « pour le rendre « bankable » aux yeux de l’improbable pigeon qui d’aventure en redemanderait, ses conseillers en communication ont encore pas mal de boulot ! »

              A votre place, je serais beaucoup plus prudent : Macron est populaire auprès des électeurs libéraux et il a un boulevard devant lui dans un centre orphelin de candidat qui va de l’aile droite du PS à l’aile gauche de LR. Autrement dit, un gros potentiel de voix.

              La question qui se pose est : saura-t-il capitaliser sur ce contexte favorable ?

              Personnellement, je n’en sais rien, mais je crois que l’on ferait fausse route en l’enterrant trop tôt. Macron a prévu de dévoiler son programme début février ; s’il ne plonge pas d’ici là, c’est lui qui aura les cartes en mains pour être le 3e larron de la présidentielle, prêt à ramasser la mise si Fillon ou Le Pen se met à patiner. A suivre... 


            • jojopolitico 9 décembre 2016 20:25

              Macron n’est que la succession de cette gouvernance du capital, l’économie au centre du jeu et non les peuples.En admettant que le FN ne soit pas une alternative possible, car moralement interdit par nos élites politiques et médiatiques, le paysage politique est exclusivement capitaliste ultra libéral et mondialiste.


              La réelle question que pose cette pseudo élection présidentielle, c’est doit-on accepter la dictature du capital jusqu’à la fin du jeu ? 
              Est-il possible de réformer notre économie en cohérence avec la croissance ?
              Faut-il forcément faire partie de l’élite dans l’élite pour gouverner la France ?

              Nous pleurons des maux (chômages, invasion migratoire, dette mortelle) dont nous chérissons les causes en confiant les clefs du pays à des mondialistes guidés exclusivement par des intérêts financiers tous les cinq ans.
              Nous devons regarder la réalité en face : Accepter la dictature du capital, dictature des puissants sur les masses, et renoncer définitivement aux commandements du Christ, ou reprendre le contrôle de nos nations.

              La bonne option, c’est l’internet.
              L’interconnexion globalisée qu’offre cet outil, ses algorithmes de contrôle et d’automatisation, rendent possible de nos jours, la démocratie participative « fluide ».
              Le principal frein à une gouvernance (Nationale et internationale) démocratique, est de nature logistique. Interroger tout le monde tout le temps est difficile.
              Et qui pose les questions ? 
              Ces freins n’existent plus.
              Nous devons répartir le devoir politique, sur l’ensemble des citoyens et non pas sur un groupe obscur d’individus, pour s’affranchir de toute magouilles et conflit d’intérêt.Nous pouvons créer une e-citoyenneté et un outil démocratique web 3.0. La politique c’est organiser la société des hommes. Qui mieux que les hommes peuvent exprimer ce qui ne va pas et ce qui peut être amélioré ?Nous pouvons donc poser les questions et apporter les réponses.
              Tout le monde n’est pas fait pour gouverner me direz vous. Beaucoup ne comprennent pas les enjeux politiques d’une nation. 
              C’est vrai.Mais « tout le monde » englobe nos pointures. Par conséquent, ceux qui ont la meilleur vision d’un sujet, pourront la partager qu’ils soient de l’élite ou non. Ils pourront la vulgariser.
              Si celle ci est pertinente, Monsieur tout le monde la reconnaîtra.
              La vie politique s’articulera donc par un devoir civique de chacun (ex : 2h par semaine de travail politique en ligne), une décentralisation du pouvoir, qui offrira un plus large panel d’analyses, populaires ou non, et la garantie de décisions démocratiques convenant cette fois au plus grand nombre. 

              Les guerres dont nous ne supposons même pas les raisons, comme en Lybie seraient rejetées .
              Si le sujet vous intéresse, dites le moi. Je pourrais en faire un article (pour démontrer le concept plus précisément), et même faire un prototype.
              Cdlt

              • ddacoudre ddacoudre 9 décembre 2016 23:27

                bonjour J B
                je me méfie toujours de ceux qui veulent réduire l’existence à une comptabilisation de la vie.
                d’autant plus que souvent pour faire passer la pilule ils vaselinent avec quelques considérations sociales et humanistes.
                Mais c’est fort possible même probable qu’il y ai une identification par l’image. Sarkozy lui associait son nom a la sécurité, cela n’a durée qu’un temps.
                http://ddacoudre.over-blog.com/pages/Nous-ne-pourrons-pas-survivre-a-une-societe-qui-ne-reduit-l-existence-humaine-qu-a-une-valeur-compta-7612473.html
                cordialement.


                • skyline 10 décembre 2016 01:17

                  excellent article tout est dit 


                  • Fergus Fergus 10 décembre 2016 11:12

                    Bonjour, skyline

                    Attention de ne pas prendre ses désirs pour des réalités en considérant Macron comme quantité négligeable. Souvenez-vous de Fillon qui en devait pas faire le poids dans la primaire de droite face au duo Juppé-Sarkozy et que l’on a même annoncé comme battu par Le Maire pour la 3e place...


                  • lloreen 10 décembre 2016 11:15

                    Il est lisse comme un sou neuf.C’ est dire l’amplitude du personnage.


                    • Debrief 11 décembre 2016 10:19

                      Ce type est une caricature d’ambition personnelle porté par la presse aux ordres qui y voit le recours inespéré ni-droite-ni-gauche au débordement des anti-systèmes en vogue comme Méluche et Marine. Cela paie, un peu, dans les sondages en tous cas.

                      Derrière ses gesticulations guignolesques, dans une imitation grotesque et totalement non crédible de postures d’orateur, il y le discours insipide, le flan des idées et les lumières de la com, éblouissantes et dégoulinantes.

                      Comment peut-on être séduit par ce pur avatar du système qui n’essaie même pas de tomber le masque, c’est un mystère pour moi.

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