La surmédicalisation, une tendance inquiétante
Introduction
C’est à la fois une science et une spécialité médicale. Dans ce domaine, tout tourne autour du médicament et de ses effets. C’est une compétence qui touche autant à la connaissance des molécules qu’à la biologie et à la médecine. De nos jours, la pharmacie fait partie intégrante de nos vies. Il y a quelque décennie à peine, la médication était beaucoup moins accessible qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le transport était plus difficile et c’était plus coûteux. Maintenant, non seulement tout cela est plus facile, mais on tente même de vous vendre des médicaments dont vous n’avez pas besoin en réalité. La pharmacie est devenue une industrie axée sur le marketing et le profit. Les compagnies pharmaceutiques veulent à tout prix vendre leurs produits et vont jusqu’à créer un besoin aux patients en santé. C’est alors qu’on observe des taux de prescription et de consommation de médicaments excessifs. Pour ma part, je suis contre ce phénomène qu’on appelle la surmédicalisation. Dans les lignes qui suivent, je présenterai mon opinion personnelle sur le sujet, l’opinion de ceux en faveur de la surmédicalisation ainsi que deux perspectives philosophiques.
Argumentation personnelle
Tout d’abord, je suis contre la surmédicalisation car il est facile de trouver un diagnostic à des évènements normaux de la vie d’un individu. La prescription d’un médicament nécessite, selon moi, des examens plus approfondis. Il faut faire la différence entre un stress normal et l’anxiété généralisée ou encore entre la déprime et la dépression. Dans chacun des cas, la médication est la voie la plus facile. Cependant, elle n’est pas obligatoire et un autre traitement peut s’avérer davantage bénéfique comme le dit Jean-Claude St-Onge dans une entrevue avec la revue Relations : ‘’Très souvent, nous optons pour une thérapie médicamenteuse alors qu’il existe des solutions de rechange’’[1]. Dans cette même entrevue, St-Onge nous cite également une statistique très alarmante concernant les antidépresseurs : ‘’Au Canada, la consommation de ces derniers par des enfants de 6 à 12 ans a augmenté de 142% en quatre ans’’[2]. En plus d’être une augmentation énorme, elle est d’autant plus surprenante considérant que les antidépresseurs n’ont généralement aucun effet sinon un effet placebo sur les enfants dont le cerveau n’est pas encore complètement développé. Bref, il est facile de confondre des maladies et des symptômes normaux reliés à une autre cause et c’est pour cela qu’il ne faut pas se tourner immédiatement vers la médication.
Ensuite, je suis aussi contre la surmédicalisation car, s’ils ne sont pas utilisés adéquatement et dans les bonnes conditions, les médicaments peuvent entrainer un état pire que l’état initial du patient. En effet, certains médicaments peuvent créer une dépendance et avoir des effets similaires aux drogues vendues sur le marché noir. Voici le constat d’un organisme américain : ‘’ L’abus des médicaments d’ordonnance peut être plus dangereux que l’abus de drogues illicites, affirment, dans un rapport datant de 2007, les experts de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), un organisme qui relève des Nations unies’’[3]. Selon ce même organisme, certains produits qui contrent l’anxiété, l’insomnie, la rhinite et la dépression peuvent créer une dépendance et mener à une surdose. La dépendance aux médicaments est comparable à des réactions de sevrage. On peut observer de la nervosité, de la fatigue, des tremblements, des difficultés de concentration, des nausées et même la réapparition des symptômes de la maladie. En somme, la consommation abusive de médicaments n’a aucun effet bénéfique sur le corps humain.
De plus, il faut garder en tête que le médicament est le produit d’un commerce lucratif. L’industrie pharmaceutique fait beaucoup de publicité afin de vendre ses médicaments et faire plus de profit. Les sommes d’argent consacrées à la publicité par les compagnies pharmaceutiques sont impressionnantes. Au total, elles investissent 20 000 $ par année par médecin au Québec seulement, pour promouvoir leurs produits. Ces médecins reçoivent la visite d’un représentant environ 2 fois par mois. Certains sont même affiliés avec l’industrie pharmaceutique pour faire des conférences à d’autres médecins pour les inciter à prescrire de nouveaux médicaments. En juillet 2002, un éditorial du Journal de l’Association médicale canadienne dit même que les médecins n’ont ni le temps ni les connaissances pour consulter les recherches faites sur ces médicaments[4]. Les médecins se font donc confiance entre eux en sachant parfois plus ou moins ce qu’ils prescrivent à leurs patients. Finalement, en étant influencé par l’industrie pharmaceutique et par le patient, le médecin peut y aller d’un diagnostic et d’une prescription facile. Par contre, médicamenter pour tout et rien peut engendrer des effets néfastes à long et à court terme sur le corps humain. Selon moi, il est donc plus judicieux de se tourner vers des alternatives, d’évaluer toutes les options et de prendre le médicament en dernier recourt.
Mes adversaires
Dans un article du journal le Devoir, on nous montre une vision différente du phénomène de la surmédicalisation. Suite à la sortie du nouveau DSM-5, le manuel américain qui recensent tous les diagnostics psychiatriques, on a beaucoup entendu parler des effets et des dangers de la médicalisation. Du point de vue de la sociologie, la médicalisation ou la surmédicalisation peut être plus positive considérant que la psychiatrie est devenue une institution sociale centrale comme l’étaient autrefois l’église ou les syndicats. Les diagnostics de problèmes de santé mentale permettent aux individus d’accéder à des couvertures d’assurances et des prestations d’invalidité au travail. Le diagnostic peut également pallier à d’autres problématiques comme cité dans l’article : ‘’ Ils peuvent aussi devenir les seules portes d’entrée pour les enfants qui ont besoin, a une époque où l’école subit de nombreux bouleversements… Ou encore, ils peuvent servir, a l’heure ou l’institution de la famille est en pleine mutation, de preuves nécessaires permettant d’appuyer des demandes de changement de nationalités, de genre ou de sexe’’[5]. Au final, d’un point de vue social, la surmédicalisation facilite l’accès aux services qui sont plus restreints actuellement.
Bien qu’il soit vrai qu’un diagnostic facilite l’accès aux services sociaux, il y a toutefois d’autres moyens d’y accéder. Cela peut justifier la surmédicalisation mais, rien n’empêche qu’il faudrait remédier à la situation. Un problème bien plus grand ce cache sous tous ces diagnostics. De plus, la surmédicalisation est un cercle vicieux. On médicamente pour avoir accès à des soins et des services. Par la suite, on se créer des problèmes avec la médication pour avoir besoin d’encore plus de soins et de services. En bref, bien que la situation est justifiable d’un point de vue sociologique, la surmédicalisation reste un problème qu’il est préférable d’enrayer.
En poursuivant, du point de vue des médecins, la surmédicalisation peut sembler être la meilleure solution. Nous sommes dans une aire de rapidité ou il nous faudrait un remède miracle pour chaque petite blessure. Certains patients peuvent devenir presque harcelants car ils souhaitent absolument avoir un médicament pour traiter leur problème. En répondant à l’attente du patient, les deux partis sont satisfaits. Le patient obtient son remède miracle et le médecin est tranquille ou encore mieux, il réussit à vendre un nouveau médicament.
Dans la situation, il peut être compréhensible qu’un médecin soit tenté de choisir la voie rapide et facile. Cependant, vu les conséquences d’une surmédicalisation ou d’une mauvaise utilisation d’un médicament, une personne professionnelle avec un tel niveau d’études ne devrait pas céder à la pression et ne devrait pas être autant influençable. Ce qui est encore plus désolant c’est que dans certains cas, on traite même les effets d’un médicament avec d’autres médicaments. On encourage de ce fait la consommation excessive de pilules.
[1] Revue relations. « À qui profitent les médicaments ?, entrevue avec Jean-Claude St-Onge » dans cjf.qc.ca. En ligne. Mis à jour en 2005. <http://www.cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=1247> ; Consulté le 2 mai 2016.
[2] Ibid.
[3] Canal vie. Canalvie.com. En ligne. Mis à jour 2015. <http://www.canalvie.com/sante-beaute/sante/prevention-et-maladies/l-abus-des-medicaments-un-danger-insidieux-1.1212226> ; Consulté le 2 mai 2016.
[4] Op.cit.
[5] Le Devoir. Ledevoir.com. En ligne. Mis à jour en 2013. <http://www.ledevoir.com/societe/sante/380237/la-medicalisation-et-ses-impacts-sociaux-une-realite-double> ; Consulté le 2 mai 2016.
Conclusion
En terminant, personnellement, je suis contre l’utilisation abusive des médicaments. De nos jours, il est trop facile de médicaliser les évènements normaux de la vie des individus. De plus, les effets des médicaments empirent souvent l’état de santé initial des patients. Il ne faut surtout pas oublier que les médicaments sont les produits des industries pharmaceutiques qui souhaitent faire du profit et qui influencent parfois les médecins et les professionnels. Bien que d’un côté sociologique la surmédicalisation peut sembler bénéfique parce qu’elle facilite l’accès aux services sociaux, elle créer un cercle vicieux qui n’amène que des conséquences négatives. Les médecins ne doivent pas être influençables et céder à la pression face aux patients, ils doivent trouver des alternatives et faire ce qui est bon pour la santé des personnes. D’un point de vue philosophique la surmédicalisation n’est pas un acte moral. Celle-ci ne peut pas devenir un acte universel et, bien qu’elle semble bénéfique à court terme, les effets sont tout autres à long terme.Finalement, la surmédicalisation est sans aucun doute une conséquence de la plus grande accessibilité aux produits. Les gens recherchent toujours le remède le plus rapide et accessible. Il semble que cette utilisation abusive de médicament soit également le résultat d’une sorte de capitalisme médical, ou la valeur du commerce et du profit est plus importante que la valeur de la santé des individus d’une société.
Bibliographie
Agence Science Presse. Sciencepresse.qc.ca. En ligne. Mis à jour en 2014. <http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2014/05/21/societe-medicamentee> Consulté le 2 mai 2016.
Canal vie. Canalvie.com. En ligne. Mis à jour 2015. <http://www.canalvie.com/sante-beaute/sante/prevention-et-maladies/l-abus-des-medicaments-un-danger-insidieux-1.1212226> ; Consulté le 2 mai 2016.
Gouvernement du Canada. Ic.gc.ca. En ligne. Mis à jour en 2015. <https://www.ic.gc.ca/eic/site/lsg-pdsv.nsf/fra/h_hn01703.html> ; Consulté le 2 mai 2016.
Le Devoir. Ledevoir.com. En ligne. Mis à jour en 2013. <http://www.ledevoir.com/societe/sante/380237/la-medicalisation-et-ses-impacts-sociaux-une-realite-double> ; Consulté le 2 mai 2016.
Radio-Canada. Ici.radio-canada.ca. En ligne. Mis à jour en 2010. <http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2010/08/19/002-etude-trouble-attention.shtml> ; Consulté le 2 mai 2016.
Revue relations. « À qui profitent les médicaments ?, entrevue avec Jean-Claude St-Onge » dans cjf.qc.ca. En ligne. Mis à jour en 2005. <http://www.cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=1247> ; Consulté le 2 mai 2016.
SIMARD, Valérie dans La presse plus. Lapresse.ca. En ligne. Mis à jour en 2013. <http://plus.lapresse.ca/screens/4bd0-b8ec-51968fd9-82b4-6173ac1c606d%7C_0.html> ; Consulté le 2 mai 2016
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