Le Syndrome d’Aliénation parentale : une infection opportuniste
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH205/varroa-a4dde.jpg)
Ce qui va finir de tuer les abeilles, et donc sans doute nous tuer tous, c'est un parasite, microscopique, un acarien, nommé "varroa", dont on n'arrive plus à se débarrasser : il a colonisé tous les ruchers, partout dans le monde, chaque abeille ou presque en porte un sous le ventre, comme un boulet, comme une sangsue, qui l'affaiblit lentement.
A première vue, le varroa n'était pas si dangereux : au fond, sa prolifération est d'abord le symptôme d'un premier affaiblissement des abeilles, dû à la pollution, à la disparition des fleurs des bas-côtés et des chemins, à l'arrivée de nouveaux prédateurs (la mondialisation !), aux ravages des néo-pesticides montsantesques, surtout...
Le varroa est devenu mortel pour les abeilles comme une infection bénigne devient mortelle chez un immuno-déprimé, parce qu'elles étaient alors trop faibles, soit pour combattre directement le fléau, soit pour supporter le traitement : c'est une maladie, mais qui est en elle-même un symptôme, le symptôme d'un mal plus pernicieux encore, plus systémique.
Il en est de même du "Syndrome d'Aliénation Parentale". Car au fond, voilà un concept complètement ridicule si on y regarde un peu : inventé par un fou mythomane, ne reposant sur aucune étude sérieuse, diabolisant les femmes comme au Moyen-Âge, entérinant une vision persécutive/paranoïaque des rapports humains ... et pourtant, il a colonisé tous les tribunaux aux affaires familiales ! Et, à force de caricatures, d’erreurs manifestes, d’approximations, d’abus, il est en train de tuer la justice et les systèmes de protection de l’enfance. Rien moins. Et déjà, il est illusoire de vouloir s’en débarrasser en le traitant comme un phénomène isolé : comme l’acarien, le SAP est résistant car simplissime et perfide : comme tout bon parasite, il survivra toujours quelque part, et à toute occasion se multipliera à nouveau, essaimera, et reviendra plus fort.
Car enfin, le phénomène du SAP a proliféré sur un hôte exsangue, la justice des familles, ravagé par la loi de 2002, qui confond « égalité » et « indifférenciation », et pose l’enfant comme un produit qu’on « partage » de bon droit (et dans son intérêt supérieur !) ; qui reste traumatisée par le choc non traité de l’affaire d’Outreau ; qui, pour se rassurer, se cherche des « experts » dont il ne faut surtout pas discuter la légitimité, qu’elle peut à peine payer, mais qui cautionneront toute décision (surtout incertaine) ; où les avocats ont remplacé les médecins dans l’établissement des diagnostics.
Le SAP a trouvé son terreau sur l’affaiblissement considérable des systèmes théoriques et cliniques éprouvés, au profit d’échelles simplistes, de syndromes fantaisistes, de diagnostics par Internet, de la psychologie par « raisonance » magnétique ; sur le sacrifice (pour des raisons d’économie) de pans entiers de la formation des psychiatres et des professionnels de l’enfance…
Au fond, il ne servira à rien de s’attaquer au SAP seul, qui n’est que le symptôme, sans s’attaquer au mal lui-même : la politique protection de l’enfance et de la justice familiale de ces 20 dernières années.
Et il faudra bien du courage et de l’énergie, car ni la justice, ni les institutions de l’enfance ne se mettront facilement en question. Or comment réformer sans admettre qu’on a fait des erreurs ? Et comment admettre, par exemple, que nombre de séparations radicales de mères et d’enfants ont été de pures et dramatiques erreurs ?
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