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Accueil du site > Tribune Libre > Les Algériens ne lâcheront pas

Les Algériens ne lâcheront pas

Face à l'entêtement des gladiateurs de la rente à maintenir leurs postes et leurs privilèges, la rue a opposé la mobilisation, sa seule arme pour éviter les divisions, les dérapages et les récupérations. L'acte V de la protesta a été caractérisé par le retour des mêmes slogans hostiles à la nomenklatura, comme lors de la dernière fois, avec un focus particulier sur le départ complet et définitif du système. En vérité, la jeunesse algérienne en a marre des « s'hab chekara » qui ont pris d'assaut les appareils de l'Etat jusqu'à en avoir fait, pour beaucoup d'entre eux, une propriété privée. Ce rejet du peuple des dernières propositions de Bouteflika pour parrainer le changement du régime, exacerbé par l'autisme officiel, aurait provoqué la radicalisation des revendications de la base.

En ce sens, tous ceux qui ont participé, d'une manière ou d'une autre, à la gestion des affaires de l'Etat sont désormais mal vus par la rue et priés de prendre leur retraite dans les plus brefs délais. Le verdict semble sans appel et les réseaux sociaux, baromètre des tendances de l'opinion, attestent chaque jour de ce fossé grandissant qui sépare ceux qui décident en haut lieu d'une vox populi, composée essentiellement de la jeunesse.

On assiste à une dissidence citoyenne inédite dans l'histoire algérienne qui se fraie passage sur une route jonchée des ruines d'un pouvoir en agonie et des carcasses d'une opposition déstructurée. Quiconque se rendra facilement compte de cette cassure dès qu'il voit tout ce beau monde farceur (pouvoir et opposition comprise), s'efforcer de parrainer le Hirak populaire, en prenant ces millions de jeunes descendus dans la rue pour des mineurs politiques auxquels il faudrait nécessairement un tuteur ! Or, ces derniers ont prouvé leur maturité et le point de faiblesse de tout le personnel politique est dans son manque d'ancrage populaire. Gagnées par la fraude, toutes les élections passées, ayant connu du reste de très hauts taux d'abstention, ont permis à « l'establishment » de construire une fausse vitrine démocratique, sans qu'elles ne lui donnent une assise de légitimité solide pour le long terme. C'est pourquoi, la fragilité institutionnelle frappe même la présidence de la République que la majorité des Algériens soupçonnent de servir de relais à des opportunistes de tout poil.

D'ailleurs, le retard pris dans la formation du gouvernement Bedoui met en évidence le problème crucial de légitimité dont souffre l'exécutif et ses difficultés à trouver des têtes crédibles dans cette circonstance délicate. Tous ces facteurs-là font en sorte, n'en déplaise à certains affidés du système, que le mouvement populaire suivra sa gronde dans les semaines prochaines avec, peut-être, un peu plus de détermination et de structuration. En gros, c'est une mobilisation qui ne s'arrêtera pas tant le vœu démocratique de la population en un changement radical du système n'est pas satisfait.

 

Kamal Guerroua
 


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12 réactions à cet article    


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 26 mars 2019 14:58

    Mais d’abord ils tiennent à quoi ???


    CEUX QUI CONTINUENT DANS LA PROPAGANDE ET LA DÉSINFORMATION, CEUX QUI SUIVENT LES JOURNALISTES ALGÉRIENS SATANIQUES SONT MAUDITS : Révisez mes RAPPELS et vous allez comprendre où est votre échec !!! LA TRANSITION N’APPARTIENT PAS AUX HORS LA LOI !
    RAPPEL DU 26 MARS 2013 : https://www.facebook.com/notes/mohammed-madjour/aux-partis-aux-opposants-et-aux-honnetes-citoyens-/631437286881688/




      • popov 27 mars 2019 09:09

        @Mohammed MADJOUR

        Bonjour camarade Madjour

        Je viens de lire votre deuxième lien (le premier datant un peu). Tout ce que vous dites du régime algérien, on pourrait le dire de bien des gouvernements.
        La corruption, c’est effectivement ce qui empêche une bonne gouvernance, partout dans le monde.


      • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 27 mars 2019 14:50

        @popov

        Niet !


      • Christian Labrune Christian Labrune 26 mars 2019 15:26

        une route jonchée des ruines d’un pouvoir en agonie et des carcasses d’une opposition déstructurée.

        ===================================

        Les anciens du FIS, très bien structurés, eux, par la charmante doctrine de Hassan al-Banna et de Sayied Qutb attendent patiemment leur tour.

        Il est intéressant de taper « Algérie islamisme » dans la petite fenêtre de Google. On trouvera plusieurs articles instructifs, donc celui-ci, que je trouve en haut de page, mais que seuls les abonnés peuvent lire entièrement :

        https://www.marianne.net/monde/algerie-les-islamistes-en-embuscade

        Peut-être bien que l’expérience des années 90, celle d’Ennahdah en Tunisie puis celle des Frères de Morsi en Egypte les fera un peu réfléchir, mais je n’en mettrais pas ma main à couper. Quand on a accepté sans broncher d’être « gouverné » pendant tant d’années par une momie en fauteuil roulant, on peut bien accepter de reprendra un peu de charia !


        • zak5 zak5 26 mars 2019 17:10

          @Christian Labrune
          « il s’y attaque aux manifestants algériens qui revendiquent la démocratie au lieu de se battre pour la charia »

          tout les problème est là et il ne faut pas le prendre a la légère

          L’Algerie n’est pas un pays ou le tourisme a un grand poids dans l’économie, il ne pèse pas grand chose. Les islamistes peuvent réussir avec l’Algerie bien plus qu’avec la tunisie ou l’egypte, donc démocratie c’est encore un habit bien trop large pour l’Algérie.

          Il faut savoir que les manifestations au centre d’Alger n’ont pas du tout la même configuration que dans les quartiers populaires


        • Christian Labrune Christian Labrune 26 mars 2019 17:36

          Il faut savoir que les manifestations au centre d’Alger n’ont pas du tout la même configuration que dans les quartiers populaires

          .....................................................................
          @zak5
          C’est ce type de différence que les journalistes n’avaient pas dû remarquer quand l’opposition à Moubarak avait commencé à se développer sur la place Tahrir où manifestaient surtout les étudiants et des jeunes des classes moyennes un peu occidentalisées, rêvant de démocratie. Plus haut dans la vallée du Nil, l’islam le plus obscurantiste avait déjà très bien travaillé les masses crédules.

          Mais même dans les grandes villes, en Algérie, le fanatisme islamiste est partout. Etre Algérien, c’est se soumettre corps et âme à la tyrannie islamiste, l’imposer aux autres et expliquer tous ses malheurs par l’existence des Juifs dans un pays où il n’y en a déjà plus un seul.

          Cela me fait penser aux articles abjects qu’un Chems Eddine Chitour pondait régulièrement sur ce site. On ne le voit plus depuis le début des « événements ».
          Comme c’est bizarre !

          Un texte que je lisais tout à l’heure, à propos de l’islamo-fascisme algérien. Ca fait froid dans le dos :
          http://www.grands-reporters.com/Algerie-le-ramadan-du-desespoir.html


        • Christian Labrune Christian Labrune 26 mars 2019 17:46

          Je viens de finir la lecture du texte que je signalais. Il n’est pas daté. Il évoque probablement, si j’en juge par la fin, Alger dans les années 90, mais le climat qui est décrit là, c’est déjà un peu celui des banlieues françaises pendant le ramadan, et je doute qu’on respire actuellement un air plus libre à Alger que dans le 93. En tout cas, ça a existé et ça peut revenir. Allah akbar !


        • zak5 zak5 26 mars 2019 18:23

          @Christian Labrune
          Je ne suis pas si pessimiste que vous.

          Je pense qu’il y a de plus en plus d’algériens qui ont ras-le-bol de la religion, pas forcement qu’ils ne sont plus musulmans, mais sont de plus en plus nombreux à penser que la religion ne peut pas régler leurs problèmes de société et que seul un projet de société déconnecté de la religion (ils peuvent l’appeler comme ils voudront) peut faire paraitre à l’horizon l’espoir d’une société équilibrée, capable de se mettre d’accord sur un projet de société qui n’est pas une fabrique d’hypocrites. 

          L’islam subira ce que le christianisme a subit quand il était au pouvoir, sur le Net les musulmans découvrent des textes musulmans qu’ils n’ont jamais lu ou jamais pensé a lire et comprendre les conséquences et ce travail n’est pas fait par les kouffars mais par des gens de culture musulmane. Les hadiths sahih commencent a tomber, la Sirah même chose, viendra ensuite le dogme du coran incréé car il véhicule les même idées qui ont provoquer le rejet des hadiths, même si très peu de musulmans osent l’avouer pour l’instant. 

          ceci dit, il ne faut pas vendre la peau de l’ours….

          Ne vous fiez pas a cet article, l’auteur pratique le déni le plus radical et il l’a prouvé sur un autre article récent



          • Jonas 27 mars 2019 17:29

            Cher monsieur , 

            L’histoire , ne vous a rien appris. Au début , de ce que l’on a mal nommé les « printemps arabes ». Beaucoup de printolâtres , chantaient des lendemains merveilleux .et de la démocratie en marche . On connaît la suite.

            Quel que soit , le dénouement , du cycle Boutéflika , les algériens doivent consentir beaucoup de sacrifices , de remises en causes des habitudes et de beaucoup travaillaient , s’ils veulent construire leur pays. Sont-ils capables ? Ceux qui ont fuient pour les pays occidentaux , retourneront -ils , pour aider les nouveaux dirigeants , comme l’ont fait , les rapatriés Indiens et Chinois avec succès ? 

            Je pense que les moeurs, traditions et mentalités de ces deux pays , ne sont pas comparables avec le monde musulman. L ’échec , des rapatriés iraniens , qui ont plié bagage au bout de quelques mois, doit servir de leçon. Après l’euphorie , vient le moment de vérité. Une génération pour former un homme , mais plusieurs générations pour édifier un pays. Il faut mettre de côté, la religion, les idéologies et les propagandes néfastes , qui ont pourri le pays depuis son indépendance. 


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