Lettre ouverte à Carla B. (2)

Chère Carla,
Sans doute serez-vous surprise qu’après une précédente lettre ouverte, je continue à me montrer aussi familier avec vous. Mais avouez que Chouchou et vous faites tout ce qu’il faut pour susciter cette proximité triviale par votre omniprésence dans les médias. Quasiment dans notre salle à manger. C’est ainsi que, chaque soir sur TF1, vous vous invitez en solo ou en couple à la table où, en compagnie de mon épouse, je déguste mes pâtes Barilla au gruyère râpé Entremont ou mes rectangles de cabillaud pané Findus. Il faut dire que si nombre de malfaisants – et je peux vous assurer qu’il n’en manque pas sur AgoraVox – vous jugent parfaitement grotesques, moi je vous trouve très mignons tous les deux, la main dans la main comme deux adolescents énamourés ayant à peine dépassé le stade du touche-pipi, ou deux gros beaufs en tong du camping des Flots bleus en route pour assister au match Intervilles opposant La Tronche-sur-Mer à Sainte-Philomène-les-Demeurés. Mais bon, c’est exactement l’image que vous voulez donner, celle d’un couple ordinaire avec un mode de vie ordinaire et passant ses vacances dans une sorte de meublé Touristra, bien loin de la « vie de patachon » que mènent ces dégénérés de la Jet Set qui vous sont totalement étrangers. À tout cela, je dis bravo, ma chère Carla.
Cela dit, je vous avoue que je suis très inquiet pour Chouchou. Car un accident cardiaque laisse des traces, forcément. Bon d’accord, je sais que vous allez me renvoyer au communiqué des médecins du Val-de-Grâce faisant état d’une anodine lipothymie. Mais vous savez comme moi, chère Carla, ce que vaut la parole de militaires dont, par le plus grand des hasards, le chef suprême se trouve être votre Chouchou. C’est pourquoi, une fois n’est pas coutume, je me fie totalement à la parole du très mesuré Frédéric Lefebvre qui, par malheur pour lui, a mangé le morceau et révélé à la France entière ce qu’elle suspectait. Résultat des courses : il est probable que son maroquin de sous-ministre va lui passer sous le nez, et cela d’autant plus qu’aucun ministre ne voulait s’embarrasser de cet encombrant histrion.
Mais revenons à cet accident cardiaque. Comme on pouvait s’y attendre, il a donné lieu aux plus folles conjectures sur son origine. Y compris sur AgoraVox. Figurez-vous qu’un énergumène, dissimulé (je ne sais par quelle aberration) sous le même pseudo que moi, a osé avancer deux hypothèses fort peu respectueuses, la première mettant en cause l’activité sexuelle débridée de Chouchou, activité favorisée selon ce douteux individu par la récente musculation du périnée présidentiel, la seconde incriminant les stations prolongées du chef de l’État sur ses pointes pour se grandir lors des interminables séances photos auxquelles il est tenu de s’astreindre.
Je comprends, ma chère Carla, que vous soyez écœurée par les divagations de ce malotru. Cela dit, s’il est exagéré de mettre en cause les pointes de Chouchou, aussi éprouvantes soient-elles, force est de reconnaître que votre époux gagnerait à mettre un bémol tant à ses galipettes élyséennes qu’à ses coïts versaillais. N’oublions pas que, pour un cardiaque, l’érection triomphale est tout aussi proche de l’infarctus fatal que le Capitole de la Roche Tarpéienne pour un cacique romain. Et je ne voudrais pas que mon président décédât subitement dans l’exercice de ses fonctions reproductives, victime d’épectase tel un Félix Faure ou un cardinal Daniélou. Encore que, les larmes séchées, je ne doute pas que vous y puiseriez l’inspiration d’une des ces bluettes que vous minaudez si bien. Avec un couplet sur chacun de ces cas illustres, et des paroles du genre « Ô, Daniélou, le vit n’est qu’un jeu pour toi… »
Cela dit, je sens chez vous, ma chère Carla, une réticence. Et je comprends fort bien cette réticence, normale chez une femme qui a, comme vous, de grands appétits et une science de la chose acquise au contact d’un nombre impressionnant de partenaires lorsque vous « rôtissiez le balai » dans le show-biz. Sincèrement, je comprends. Mais dites-vous bien que votre statut de Première dame de France vous impose désormais des devoirs. À commencer par celui qui consiste à préserver les forces du chef de l’État. C’est pourquoi je ne saurais trop vous recommander, sinon la diète, du moins le régime sans sel. Il en va de l’avenir politique de notre nation, ni plus ni moins. Songez que votre mari a encore tant de pain sur la planche pour casser les services publics, ratiboiser la protection sociale, et privatiser la santé ! Songez surtout que, tapi dans l’ombre, Copé aiguise plus que jamais son ambition, le sourire aux lèvres et les dents carnassières. Cette seule image devrait suffire à vous convaincre…
Ah, quelques conseils encore : lorsque vous serez au Cap Nègre, évitez les excursions susceptibles d’échauffer Chouchou. À cet égard, et pour ne prendre aucun risque, préférer les moines de l’île Saint-Honorat aux baigneuses de l’île du Levant. D’autre part, interdisez à Chouchou d’emmener sa caisse à outils, des fois qu’il y ait une fuite dans les écoulements de la fosse septique. Enfin, pour ne pas le surmener davantage, oubliez Emmanuel Kant et Franz Kafka au profit de Marc Lévy ou Ménie Grégoire.
Bonnes vacances, ma chère Carla.
Fergus
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