Médecins du monde, Aides, Greenpeace... comment se positionner ?
Dans les grandes villes, les associations d’ordre caritatif s’organisent de plus en plus. N’étant plus simplement bénévoles, les gens qui s’y investissent sont payés, parfois sans eux-mêmes donner de leur argent. Que penser du positionnement de ces organisations vis-à-vis de l’état ? Témoignage.
Au RMI hélas depuis bientôt 1an, je me promenais aujourd’hui dans les rues de Nantes, libre si je puis dire, quand, non loin de chez moi, j’aperçus, après avoir vu quotidiennement, ces dernières semaines, des employés de "Médecins du monde", puis "Greenpeace", une horde de tee-shirts rouges "Aides" - pour le sida - en train d’agripper le passant, coûte que coûte. Ces jeunes gens devaient être en plus de leur fixe, payés au rendement. A priori, tout cela semble relativement moral. Je préfère, de loin, qu’un employé bénéficie d’une prime pour la bonne action qu’il parvient à engager chez quelqu’un plutôt que pour l’achat d’une paire de bottes ou d’un abonnement téléphonique...
Est-ce si simple ?
Le premier jour, je parle avec une jeune fille, charmante, qui m’explique qu’elle est payée pour cela, et que, non, elle ne donne rien à Aides.
Bon.
Quelque chose, je l’avoue, me chiffonne un peu. Toutes ces
associations - entreprises ? - ne vivant que sur les dons des gens et aussi,
je l’espère, des aides de l’état, n’est ce pas là un gouffre que de payer des
gens pour ça ? Les bénévoles n’existeraient donc plus ?? Devant mon
refus, la jeune fille me dit "personne n’a signé aujourd’hui encore. C’est
juste 6 euros par mois."... Je fais le calcul sur un an, et une idée
peut-être bête et simple me vient, mais je me dis que 6 fois 12 font 72, et que
ma maigre contribution paiera tout bêtement le salaire de cette jeune fille.
Or, le peu que je pourrais donner, je préfère le donner intégralement pour des
bonnes oeuvres, même si cela sert à faire "survivre" leur association
- achat de matériel, loyers, etc... Je
refuse, trouvant là quelque chose d’assez indécent. Cette jeune fille travaille,
moi non, et c’est moi qui donnerait alors qu’elle ne donne rien et qu’elle
milite -travaille ? - à AIDES. et en plus, je la paie !
Je ne peux m’empêcher d’y trouver là une incohérence, ce que la jeune fille, complètement blasée et indifférente à la cause qu’elle défend, ça se voit, comprend très bien. Le pompon, ce fut le lendemain.
Un jeune homme d’AIDES, d’à peu près 25 ans, m’interpelle. Avant même qu’il ne commence son discours, je lui dis que j’ai déjà parlé à une de ses collègues.
"Ha bon , vous donnez alors ?" me fit-il d’un ton arrogant. Cette culpabilisation, ce procédé de censeur abject, m’indispose et je lui réponds "non, je suis au RMI et j’ai déjà du mal à finir mes mois, monsieur..." " ce n’est que 6 euros" continue t-il, méprisant. "C’est un tiers de mon budget nourriture par semaine, lui dis-je, ça vous suffit comme réponse... ?" "Il faut s’engager", me dit-il. "Si j’avais l’argent, je donnerais, croyez-moi, mais non sans réticence. Quand il s’agit de fléaux comme celui-ci, c’est à l’état d’agir."
"Vous vivez en démocratie, monsieur ?" "Quand je vois l’impuissance des gens, la pauvreté, la précarité chaque jour croissante, alors que la France est un pays -et tant mieux- très taxé, quand je vois les gouvernements successifs s’enchaîner et la situation se dégrader, je finis par en douter, monsieur. Que fait l’état ?"
"Mais l’état, c’est vous, monsieur... votre discours est ridicule"
"L’état, ce n’est pas moi, non. Ce n’est pas moi qui décide de rétrécir les budgets de l’éducation, de la recherche médicale, de la culture... Les très grosses entreprises sont très riches et ce sont les RMIstes et les chômeurs que l’on vient taxer ?"
"L’état, c’est vous," me répète-t-il, d’un air méprisant...
"Allez donc dire aux pauvres, aux crève-la-faim, aux travailleurs qui gagnent le SMIC avec trois gosses, que l’état, c’est eux... c’est indécent ce que vous dites là, monsieur... indécent !"
Alors, agressif -ce jeune homme si bon pourtant, si humaniste ! -, il colle son visage contre le mien et me dit -"savez vous qui je suis ?" "Oui. Un jeune comme moi, ni plus ni moins. On discute" " un ancien SDF !"
Et il part.
Consternant.
Alors, je recueille vos avis, chers lecteurs. Quand Coluche a monté les restos du cœur il y a plus de 20 ans, il a dit qu’il "fallait bien le faire puisque l’état ne faisait pas son boulot"... pensez-vous qu’il soit normal, alors qu’une grande majorité de la population se débat pour se loger, pour bouffer, que toutes ses associations prennent la politique d’engager et de payer des gens pour soutirer de l’argent aux classes défavorisées et même moyennes alors que nous sommes un pays très riche ?
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