Méritons donc !
Oui ! Il est parti du plus bas et il est parvenu par ses seules capacités, son vouloir à se hisser dans le nirvana : les plus hautes « strates » de la société… Il est reconnu. Il gagne bien sa vie. Il a un belle maison, une femme charmante, des enfants qu’il protège : il les envoie dans une école privée… Il estime qu’un bon départ dans la vie est l’atout majeur de la réussite !
Il estime que son parcours est juste. Il reçoit ce qu’il mérite, c’est le fruit de son travail, de son intelligence, de sa force et de son désir de se battre…
Voici le nouvel Homme, surgit d’un concept moderne basé sur la volonté, sa volonté, son combat rude au sein de l’entreprise et de la société. C’est un gagnant. Il est fier ! Lui, il laisse les balourds, les poètes et les immigrés sur le bord du chemin !
« Struggle for life » nom d’un chien ! Darwin avait raison !
Voici la radieuse idéologie libérale capitaliste qui modifie les relations inter humaines, le contrat social !
Comment justifier qu’une minorité, ces patrons dont la richesse pour nous commun des mortels est simplement inconcevable (les grandes fortunes se comptent en milliards d’euros !), ces gens de pouvoir, politiciens et autres « agitateurs » médiatiques fascinés par le monde de l’argent, comment justifier que ce petit monde d’argent et de frime ose, sans honte, se rêver supérieur et donc légitimement plus méritant que la majorité laborieuse, végétant entre précarité et travail forcené ?
L’objet de ce petit texte est d’essayer de décrire les défauts d’un état livré entre des mains peu scrupuleuses, un état qui se définit lui-même comme démocratique mais qui, sous couvert du beau terme « libéralisme » (au sens du 18 ème siècle) maintient une barrière entre nantis (accapareurs des profits et détenteurs des moyens de production) et les travailleurs (réels producteurs des biens de consommation et pressurisés par la maffia légiférant sur les impôts indirects et le désengagement sociétal de l’état)…
Comme toujours la minorité dominante sait imprégner le peuple de son pessimisme…
Au travers d’un battage médiatique où les experts de tout poils sont convoqués pour gangrener l’espoir en une idéologie laxiste de l’absurde…
Ecoutez autour de vous ces phrases dictées par le pouvoir : « on n’y peut rien » ou « c’est comme ça »…
C’est la doctrine des plus forts : l’incapacité supposée des prolétaires pour s’extraire de l’aliénation générée par cette société de consommation et de production.
Résignation ! Acceptation inscrite dans les 3 à 5 heures que passent les français à regarder la télé chaque jour…
Mais revenons d’abord au cœur de ce système mettant en exergue le Mérite individuel.
En 1989 s’écroule le mur de Berlin annonçant la mise à mort du système Soviétique, dévoyé depuis longtemps, et mettant fin à la guerre froide. C’est à cette période que se constitue le dogme néolibéral. La réflexion sur cet effondrement s’accompagnera d’un retour théorique, initié par Francis Fukuyama : philosophe américain et libéral, acquis aux thèses de Hegel sur La Raison dans l’Histoire. Un gus très méritant.
Fukuyama dit que la disparition de l’URSS plonge l’Humanité dans un système économico politique indépassable et, par voie de conséquence que cette série événementielle signe la fin de l’Histoire.
Ainsi proclame t’il, en 1989 : « Il se peut bien que ce à quoi nous assistons, ce ne soit pas seulement la fin de la Guerre Froide ou d’une phase particulière de l’Après-guerre, mais à la fin de l’Histoire en tant que telle : le point final de l’évolution idéologique de l’Humanité et l’universalisation de la Démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain ».
Quels sont les principes de ce « point final de l’évolution idéologique de l’Humanité » ?
De l’horizon indépassable du libéralisme et de ses principes.
En France le libéralisme puise ses origines dans la philosophie des lumières au 18 ème siècle. Il érige l’individu et la primauté de ses libertés en clef de voûte socio économico politique. Mais il est aussi, en arrière plan, méritocratique. Toute astreinte à la liberté d’entreprendre et de s’enrichir est condamnée. Sans l’exprimer explicitement, il affirme que l’emploi des moyens collectifs de production et de consommation à des fins personnelles, ne peut être réprimé par la collectivité, quand bien même ce serait un vecteur d’inégalités sociale.
Car l’individu serait, seul, à l’origine de la création de richesse et de l’évolution de la société.
L’action collective créatrice est déniée. De fait cet être méritant se trouverait donc opposé au reste de l’Humanité considéré comme attardé et liberticide. Ainsi s’institue à la fin du 18 ème siècle une structuration de la société en classes avec d’un coté les parvenus et de l’autre les dominés.
Ronald Reagan et Margaret Tatcher (très, très bien ! très méritants ces deux là !) réactivent cet ancienne logique. De ce renouveau du libéralisme va découler une nouvelle conception de l’Etat et des institutions collectives. Ainsi, lors de son investiture à la présidence des États-Unis, Reagan affirmera : « L’Etat n’est pas la solution à nos problèmes… L’Etat est le problème ».
Le libéralisme « avancé » des Tatcher / Reagan développe l’idée que l’Etat, gérant la répartition des richesses via les impôts, les services publiques, la réglementation du travail et les cotisations sociales, serait astreignant pour les personnes méritantes (et fortunées, évidemment !). Celles-ci dès cette époque menacent d’expatrier leur « précieuse » personne, leurs avoirs et leurs entreprises…
Depuis, le chantage continue !
Pour ces « pauvres » riches les charges communes (impôts, etc…) les empêcheraient de savourer, comme il se doit, leur victoire sociale face aux moins chanceux, à cette plèbe de naissance et d’extraction inférieure ! Et ils justifient cela par la démocratie et la liberté…
Dans le même temps celui qui bénéficie d’aide sociale serait un parasite, un profiteur, un feignant, un déclassé, un rebut, une tare, un frein à l’évolution de l’Humanité. Cela va de soi, n’est-ce pas ?
Sans aborder les considérations sociologiques prouvant l’existence de véritables barrières entre les classes (un enfant d’ouvrier aura beaucoup moins de chance de faire des études longue que celui d’un cadre supérieur ou d’un PDG) le système libéral s’évertue à faire croire que toute personne, un tant soit peu travailleuse et motivée, peut –et doit- réussir son ascension socioprofessionnelle.
Le chômeur arrivé au terme de ses prestations de secours ne mérite pas plus que le RSA dont on lui fait l’aumône… Il est soupçonné implicitement de ne pas faire un « effort » suffisant pour trouver du travail. Les études longues et dispendieuses ne sont aujourd’hui vues que comme de grandes vacances studieuses. On justifie aussi des salaires et des retraites plus faibles pour femmes qui s’offrent le « plaisir » d’un congé parental.
La société du mérite individuel est considérée comme le stade suprême de l’évolution Humaine, l’horizon indépassable de l’Histoire ! Evidemment ! Radieuse société !
Dans cette vision l’état est réduit à la portion congrue pour n’être que le pacificateur de la lutte des classes ! On mène ainsi le travailleur par le bâton et la carotte !
L’outil de répression des dominants sur les dominés n’a pas changé depuis La Boétie : l’abrutissement par les médias, les joujoux informatiques (téléphones, ordinateurs, etc…), les marques et le paraître, les jeux font de nous des asservis volontaires ! Nous, nous ne sommes pas des méritants !
Et maintenant le néolibéralisme de Monsieur Sarkozy, le grand « méritant », qui sitôt son entrée à l’Elysée a mérité un doublement de son salaire, le néolibéralisme s’expose sans complexe !
C’est sans crainte, tant les classes laborieuses sont divisées. Notre grand président mène depuis son accession au « suprême » pouvoir des attaques contre les acquis sociaux : temps de travail pondéré par le repos hebdomadaire, déréglementation des horaires, allocations familiales, sécurité sociale, retraites. Les gens qui se lèvent tôt pour gagner moins méritent bien ça !
Qu’on se souvienne : ces acquis sociaux ont été obtenus par les travailleurs au travers de longues et douloureuses luttes.
S’en souvenir c’est honorer nos parents !
Et c’est au nom de ce qu’ils nomment « liberté », une liberté qui recouvre en fait une déréglementation de l’usage de l’argent au profit de l’ordre spéculatif que nos « investisseurs » s’accaparent les richesses.
Oui mais eux ils sont méritants !
Dans le même temps les salariés (pouah !), les fonctionnaires (encore moins méritants que tous les autres !) sont sommés d’accepter la déréglementation du travail, la flexi-sécurité, les temps partiels, l’abandon de la semaine de 35 heures, les délocalisation à la recherche d’une main d’œuvre moins coûteuse et plus docile, le prolongement des annuités pour le départ à la retraite, le service minimum lors des grèves, la privatisation de tous les services et industries, y compris la santé… Et nombres d’autres lois et réformes répressives d’un gouvernement à la botte des classes dominantes, du patronat, du MEDEF. Méritants de toutes catégories unissez vous !
Et relisant la phrase suivante extraite du manifeste du parti communiste de Marx et Engels (pouah !) : « Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière » force est reconnaître leur juste analyse des rouages du capital. La liberté capitalistique s’arrête aux seuls intérêts des possesseurs et des actionnaires… Ceci au mépris de la vie des travailleurs !
Et le capital, aujourd’hui, est devenu si cynique -et malfaisant- qu’il ne préserve plus, comme les bourgeois du XIX ème siècle, la force des travailleurs (nourriture, logement, santé, éducation) et celle de la nature (désastres écologiques et épuisement des ressources). Il lui suffit de réaliser des profits spéculatifs… où l’humain n’a plus sa place !
Ainsi la question du prétendu « mérite » s’efface d’un coup pour nous faire entrevoir une réalité glaciale où une oligarchie s’approprie, de génération en génération, les richesses naturelles et celles résultant du travail humain. Il s’agit ici du fondement de cette société assise sur une capitalisation virtuelle, déshumanisée (si l’on peut dire…) jouant sur la spéculation et la monétarisation de nos biens les plus intangibles (bientôt l’air que l’on respire sera aussi côté en bourse !)
Le seul « mérite » de ces cyniques néolibéraux méritants consiste dans l’habileté à confisquer le bien de tous pour le reverser sous forme de capital aux plus riches.
Cette appropriation devrait, dans un monde humain, être illégitime.
Les nécessités vitales, fondamentales (santé, éducation, gestion de l’énergie…) relèvent de la gestion collective par les représentants du peuple. Or à l’heure actuelle c’est tout l’inverse : on prive le plus grand nombre du simple nécessaire pour le convertir en « sous-sous » que l’on redistribue aux plus riches, aux plus méritants évidemment !… Vous vous souvenez ? Les beaux méritants du Fouchet’s ! Tous ces mecs bronzés et ces nanas liftées lors de l’élection de notre fringant et méritant président !
De démocratie il n’est plus question, dès que nous pénétrons dans le domaine économique et industriel !
Et c’est au nom du bon sens populaire que nos chères élites (méritantes) spolient la collectivité. Ah ! Les beaux, les magnifiques propos poujadistes de notre grand frère, notre « papa » président lors d’une belle émission télévisée où tout sourire il avait promis le beurre et l’argent du beurre à de pauvres personnes attablées autour de lui ?
On ne doit pas atteindre la « bulle financière » qui dicte sa loi à toutes les autres sphères de la société et en particulier à la politique… La bulle est méritante ! C’est irritant à la fin tous ces méritants !
Il suffira pour s’en convaincre de se souvenir de l’affaire Bettencourt (un’ dame bien méritante surtout en tant que patronne vacharde)… Ou bien de se rappeler la corruption avérée des Serges Dassault (ah le beau mérite que d’avoir fait l’effort de naître dans une famille méritante) lors d’élections municipales invalidées pour fraude (par des non méritants évidemment).
Reste encore à savoir quel rôle est échu à ceux qui n’auront pas mérité de Rolex à 50 ans !
Des damnés de la Terre
Pour comprendre le rôle indispensable des travailleurs dans une société il faut d’abord définir les bases économiques de la valeur d’une marchandise.
Nous au moins on a le mérite d’en parler !
Nous nous référerons ici au « Capital » de Karl Marx (pouah !) qui, bien que datant de la fin du XIXème siècle (c’est vieux !), n’en reste pas moins une superbe et objective analyse du capitalisme. Et ce, d’autant plus que cet ouvrage est toujours reconnu par de nombreux néolibéraux (méritants ou pas méritants ?) comme une référence incontournable.
A la recherche des fondements de la valeur économique d’une marchandise, Marx (pouah !) nous explique : « C’est donc seulement le quantum de travail, ou le temps de travail nécessaire, dans une société donnée, à la production d’un article qui en détermine la quantité de valeur [ou valeur économique de l’article]. Chaque marchandise particulière compte en général comme un exemplaire moyen de son espèce. Les marchandises dans lesquelles sont contenues d’égales quantités de travail, ou qui peuvent être produites dans le même temps, ont, par conséquent, une valeur égale. La valeur d’une marchandise est à la valeur de toute autre marchandise, dans le même rapport que le temps de travail nécessaire à la production de l’une est au temps de travail nécessaire à la production de l’autre. » (Bon je sais il faut s’accrocher mais ça en vaut la peine, ça le mérite !)
La valeur économique d’une marchandise serait ainsi fondée sur le temps de travail humain moyen investi dans le service ou le bien produit.
La monnaie est l’objet symbolique qui quantifie l’effort (physique et/ou intellectuel) pour produire un bien.
Un sou : petit effort ! Un milliard d’euros : gros, gros, gros effort, d’où mérite ! Oui !
Mais Marx (pouah !) nous met aussi en garde contre la croyance qui fonderait la valeur d’un produit dans la monnaie seulement ! Il nous dit : « Ce n’est pas la monnaie qui rend les marchandises commensurables : au contraire. C’est parce que les marchandises en tant que valeurs sont du travail matérialisé, et par suite commensurables entre elles, qu’elles peuvent mesurer toutes ensemble leurs valeurs dans une marchandise spéciale, et transformer cette dernière en monnaie, c’est‑à‑dire en faire leur mesure commune. Mais la mesure des valeurs par la monnaie est la forme que doit nécessairement revêtir leur mesure immanente, la durée de travail ».
Toute valeur économique de la marchandise se fonde sur le travail. Mais le capitaliste spolie les prolétaires en prétextant qu’ayant financé la production d’un produit, et ayant pris des risques pécuniaires, il est selon lui légitime de s’approprier la plus grande partie des revenus de leur labeur. Lui il s’est fait peur avec ces sous-sous… Il a bien du mérite ! Oui m’dame !
Si l’argent représente le temps de labeur d’un employé alors le capitaliste, en se gratifiant de sommes 1000 à 10000 supérieures à celle d’un salaire moyen est simplement un VOLEUR ! Méritant certes, mais voleur tout de même !
Car quelque soit le travail fourni par un patron, rien ne justifie ces écarts de revenus… Même en tenant compte d’une supposée et toujours fictive « prise de risque » ! Pourtant aux yeux des capitalistes la seule aune permettant de quantifier le MERITE reste le VOLUME MONETAIRE engrangé ! Et c’est ce vol que l’on qualifie aujourd’hui de mérite !
S’adressant aux nantis possesseurs des moyens de production Marx et Engels (pouah !), dans Le manifeste du parti communiste, expriment ces rapports d’exploitation et d’aliénation : « Dans votre société, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C’est précisément parce qu’elle n’existe pas pour ces neuf dixièmes qu’elle existe pour vous. [C’est…] une forme de propriété qui ne peut exister qu’à la condition que l’immense majorité soit frustrée de toute propriété ». « La propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise, est la dernière et la plus parfaite expression du mode production et d’appropriation basé sur des antagonismes de classes, sur l’exploitation des uns par les autres ».
Et ce vol, cette spoliation des travailleurs (non méritants ?), ceux qui constituent la force productive, ce vol est doublé dans l’injustice par le népotisme, les réseaux et l’héritage qui gangrène le tenants du capitalisme ! Bravo les méritants !
Voyez-vous ce fils de « bonne famille » ayant loupé tous ses examens, connu comme un incapable notoire et qui sous l’appui de son « papa » bien placé occupe un poste bien rémunéré en jetons de présence ! Ignoble, dégueulasse ! Mais c’est déjà un méritant !
Et tout le monde, le cerveau embrumé par les lumières télévisuelles, par le bagout des spécialistes, se tait…
Le roi est nu… Et personne ne le voit !
Et la goujaterie continue ! Car dans le petit jeu capitalistique ayant pour but de tirer le plus de bénéfices à partir du travail d’autrui, la classe dominante tend AUSSI et ENCORE à exiger une productivité de plus en plus importante et exige pour les classes laborieuses une hausse du nombre d’heures de travail quotidien !
Et comme la proportion de personnes au chômage est de plus en plus importante, et comme la mise à pied guette le moindre travailleur personne ne moufte !
Et le patronat se fabrique un prolétariat bien soumis, peureux sans qu’il ne lui en coûte un sou de plus… L’augmentation des salaires est remise aux calendes grecques (c’est le cas de le dire avec un patron du FMI si gentil !)… C’est la grande mode : qui travaille ne mérite pas grand-chose !
Les salaires alloués aux plus pauvres ne leur permettent qu’à peine de survivre … Heureusement les classes moyennes sont encore assez importantes pour consommer les biens et services produits par la société Capitaliste et l’engraisser !
Du désespoir des travailleurs
Les possesseurs des moyens de production font ainsi miroiter aux damnés de la Terre que ces conditions de travail de plus en plus précaire, incitant à toujours plus de compétitivité entre les individus, sont bénéfiques et qu’elles rendent les salariés plus épanouis.
Nous voici dans le meilleur des mondes !
Ces capitalistes rougis aux UV et portant Rolex que connaissent ils du stress généré par leurs exigences prises de loin dans leurs bureaux calfeutrés ou dans leur confortable hôtel ?
Sont-ils soumis comme à France-Télécom aux pressions inqualifiables pour soumettre ou démettre les salariés ? Non ! Bien évidemment !
Eux ils ont le mérite du bank-note et des décisions de délocalisation…
DE-GUEU-LASSE !
Dans cette logique productiviste forcenée, afin d’augmenter toujours plus les marges bénéficiaires, celui qui rogne sur ses droits et accepte l’aliénation au nom des intérêts de la classe dominante devient un peu plus méritant aux yeux de celle-ci. De mon temps on l’aurait qualifié de « jaune »… Aujourd’hui les « jaunes » se portent bien. Ce sont les relais nécessaires, les petits chefs, les délateurs…
La course à l’évolution professionnelle a, cependant, des limites et un plafond de verre est fixé. En effet pour permettre à ce système de fonctionner il faut toujours plus de salariés tandis que l’oligarchie capitaliste toujours plus concentrée, plus unie, plus soudée se soutient pour continuer d’exploiter le plus grand nombre. La force productive elle est oubliée, rejetée, réifiée, déshumanisée…
Et les classes dominantes, les héritiers, les fils de, les copains des copains, continuent de s’approprier les moyens de production pendant que la majorité laborieuse (bien trop silencieuse !) stagne dans la précarité économique.
Evidemment ceux qui se lèvent tôt pour prendre le métro, pour construire, assembler, écrire, faire, eux ils sont bien conscients de cette exploitation !
Mais hélas la résignation sociale l’emporte !
Ce système capitaliste honnis devient une fatalité !
Ainsi, quand, dans des entreprises Allemandes, les actionnaires demandent, afin d’augmenter leur marge de rémunération, aux syndicats d’accepter un quota d’heures hebdomadaires plus important sans pour autant augmenter les salaires, sous peine de délocalisation, la résignation générale l’emporte et les salariés se plient aux volontés du grand capital.
Les exemples sont nombreux qui témoignent d’un sentiment d’incapacité des citoyens face aux politiques économiques et sociales des capitalistes.
La sociale démocratie est en marche, camarade !
Cette vision des perdants et de l’absurde se retrouve également dans la littérature.
Michel Houellebecq témoigne de ce dégoût avec beaucoup de véhémence dans « Extension du domaine de la lutte ». Dans ce roman le personnage principal, cadre moyen d’une grande entreprise, y expose son sentiment d’impuissance face à la société capitaliste. « Vous aussi, vous vous êtes intéressé au monde. C’était il y a longtemps ; je vous demande de vous en souvenir. Le domaine de la règle ne vous suffisait plus ; vous ne pouviez vivre plus longtemps dans le domaine de la règle, aussi, vous avez dû entrer dans le domaine de la lutte. Je vous demande de vous reporter à ce moment précis. C’était il y a longtemps, n’est ce pas ? Souvenez-vous : l’eau était froide. Maintenant, vous êtes loin du bord : oh oui ! Comme vous êtes loin du bord ! Vous avez longtemps cru à l’existence d’une autre rive ; tel n’est plus le cas. Vous continuez à nager pourtant, et chaque mouvement que vous faites vous rapproche de la noyade. Vous suffoquez, vos poumons vous brûlent. L’eau vous parait de plus en plus froide, et surtout de plus en plus amère. Vous n’êtes plus tout jeune. Vous allez mourir, maintenant. Ce n’est rien. »
Vision désabusée où la lutte est devenue impossible ! Point de salut et de transformation possible de la société ! Seuls restent le cynisme et le désespoir.
La commune n’est pas morte
Le monde des damnés de la Terre n’est pas une fatalité !
Il nous faut analyser plus avant le système capitaliste actuel. Dans ses moindres composants… Pour le déconstruire ! Pour le combattre !
Il faut stimuler, encourager à la construction d’une société plus juste, basée sur le partage et le respect, organisée sur la notion fondamentale d’égalité !
Nous ne voulons pas d’une société verticale organisée en strates superposées mais bien une société horizontale, fraternelle.
Il nous faut aussi d’abord réfléchir à la fragilité, aux failles qui nous constituent en mettant la raison, l’intelligence et la sensibilité au centre de cette réflexion.
Et jeter à bas cette méritocratie spoliatrice et qui n’est qu’un masque face aux injustices.
De la contestation analytique du système actuel peut naître une société plus juste où la lutte des classes, l’appropriation individuelle des moyens de production et l’état oppresseur seront caducs.
Partout en Europe et dans le monde, avec la crise et la casse sociale que nous infligent les capitalistes, les travailleurs commencent à se lever.
Ils expriment enfin leur ras le bol.
De grande manifestation et des grèves éclatent un peu partout.
« Prolétaires de tous les pays unissez vous ! »
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