Non, Monsieur Benalla, le Sénat n’est pas une institution méprisable !
Alexandre Benalla continue de faire des siennes. Contacté par France Inter après que le président de la commission d’enquête parlementaire du Sénat Philippe Bas (LR) ait menacé de faire employer la force publique à son encontre s’il refusait de se présenter devant cette même commission, l’ex-chargé de mission auprès d’Emmanuel Macron s’est laissé aller à une violente charge contre les sénateurs, les accusant notamment de « bafoue[r] notre démocratie » et d’être de « petites gens qui n’ont jamais existé dans le paysage politique ». Philippe Bas a quant à lui été affublé du qualificatif de « petit marquis », terme éminemment méprisant.
Cette histoire est aussi incroyable que révélatrice.
Incroyable d’abord, car il est stupéfiant de voir qu’un homme, lui-même révélé pour des faits pouvant potentiellement relever de l’excès de pouvoir, ose affirmer que les sénateurs chargés de l’entendre afin de faire toute la lumière sur cette affaire se placent au-dessus des lois en vigueur ! Ce faisant, c’est toute l’institution du Sénat que ce monsieur Benalla salit quand il traite ainsi les parlementaires. Lui qui invoque la séparation des pouvoirs, faut-il lui rappeler que, dans un Etat de droit digne de ce nom, le pouvoir législatif a pour mission de contrôler l’exécutif, surtout lorsque se posent des questions aussi graves que celles que soulève l’affaire en cours concernant l’Elysée ? Philippe Bas est parfaitement dans son rôle, de même que tous les membres de la commission d’enquête parlementaire, dont le champ d’audition n’est restreint par aucune loi. Il serait donc temps pour Monsieur Benalla de mesurer la gravité de ses propos et de cesser de se comporter en caïd immature dont les simagrées n’ont pour seul autre objectif que celui de se soustraire à ses responsabilités.
Révélatrice ensuite, car il n’est au fond pas si étonnant de constater un tel mépris des parlementaires de la part d’un individu qui, à bien des égards, incarne le côté obscur de la macronie. Sous couvert d’amener l’émergence d’un hypothétique nouveau monde, la technocratie marcheuse a toujours fait montre d’une certaine méfiance à l’encontre du pouvoir législatif, jugé trop inefficace et « encombrant ». Le nouveau monde macronien est centré, non pas sur la figure de l’entrepreneur innovant comme le pense encore trop de monde, mais sur celle de l’énarque planificateur, pour qui les parlementaires sont des obstacles et le fait du prince une donnée naturelle. Monsieur Benalla, bien qu’il ne soit pas énarque, personnifie à l’extrême cet état d’esprit à la fois arrogant et anti-parlementaire.
Gageons que la commission d’enquête parlementaire lui remettra les pieds sur terre.
Romain Naudin, Secrétaire-Général et porte-parole de l'Union des jeunes pour le progrès (UJP), vice-président des LR Assas
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