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Pétrodollar et Islamisme dans l’échiquier mondial. Incertitude post-Covid19 pour les trois systèmes politiques qui gouvernent le monde

 Le monde vit aujourd’hui une crise sanitaire et économique majeure de son histoire, qu’il n’a pas encore surmontée. Des conflits armés en cours ou latents à venir, des guerres qui ne se sont pas terminés pour la plupart dans le monde arabe, d’autres risquent de survenir sans qu’on ne sache l’impact à venir. Le Printemps arabe qui a fait irruption en 2011 laisse le monde perplexe. S’est-il transformé en hiver froid, ou lui aussi est latent dans son effet futur ? On ne peut croire que des mouvements naissent puis s’oublient, alors qu’un mouvement historique précède toujours un autre à venir. Et l’histoire est riche d’événements qui surprennent. Et la troisième et dernière religion, l’islam, ne cesse d’étonner, surtout avec la nouvelle donne puisé de sin sein, l’islamisme radical, souvent incompris par son avènement et son essence dans l’histoire. L’islamisme a en fait un rôle central dans l’échiquier mondial.

 

Aujourd’hui les problèmes liés au monde arabe qui continuent à se faire entendre, et c’est la crise provoquée par le coronavirus Covid-19 qui a fait perdre en intensité les conflits, nous interpelle pour comprendre le sens de la marche du monde. Pour s’en représenter cette marche pleine de conflits et de guerre, il faut remonter au Deuxième Conflit mondial et ce qui a prévalu dans le monde après les accords de Yalta, en 1945. Arrivant à la fin du diagnostic de l’histoire, force d’observer que tout a un sens, que tout événement est nécessaire pour avancer l’humanité, quel que soit le degré de la dureté de la marche du monde. La conclusion qui en ressort de l’histoire nous commande d’accepter son verdict, i.e. l’humanité n’existe pas par elle-même, elle existe par des forces historiques nécessaires pour la faire avancer. Et de comprendre que les systèmes politiques qui régissent aujourd’hui le monde relèvent d’un cours naturel de la marche du monde, en tant que stade historique transitoire appelé inévitablement à être dépassé.

 

  1. La guerre 1939-1945, un « passage historique obligé », après 1914-1918 et la crise de 1929, pour l’humanité ?

 

 La naissance de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en décembre 1922 a changé le cours de l’Histoire. La transformation de cette immense dalle qu’est la Russie et les républiques fédérées en un immense empire communiste a créé une menace pour les puissances occidentales. Celles-ci se sont efforcées pour ériger un front anti-communiste. Pour eux, le raisonnement est simple, si l’Allemagne, après la défaite de 1918, devenait communiste, l’Autriche suivra. L’Italie et la France n’échapperont pas à la contagion. Désordres sociaux, mécontentement populaires, misère sociale, après le premier conflit mondial, étaient propices pour féconder un régime communiste dans ces pays.

 

 Un front anti-communiste s’élabora dès le début des années 1920, avec la poussée fasciste en Italie. Financé par la classe possédante et les puissances occidentales qui voient en lui un rempart contre le péril rouge, le parti fasciste, avec l’enrôlement d’une milice armée, les Chemises noires, écrasa toute opposition et prit le pouvoir. A la suite de ce régime totalitaire qui prône le nationalisme et le respect du capital, vint l’Allemagne. Malgré l’aide des États-Unis et de la Grande Bretagne pour aider la république de Weimar et maintenir l’Allemagne dans le giron occidental, la crise de 1929 et la dépression économique qui suivit mit fin à l’essor économique. Le nombre de chômeurs allemands est passé de 500 000 en 1927 à 6 millions en 1933. Profitant de la crise, le parti nazi prit le pouvoir en janvier 1933. Il s’ensuivit le Portugal sous la dictature de Salazar qui s’appuyait sur l’armée et une milice, les Chemises vertes, et l’Espagne sous Franco. Ces dictatures ferment au sud le front anti-communiste, qui devient un véritable rempart pour les deux grands empires d’Europe, la France et la Grande-Bretagne.

 

 Mais ce rempart va se transformer en axe des puissances centrales, où l’Allemagne, réarmant et devenant une formidable puissance militaire, forte de l’appui de l’Italie fasciste et de l’Autriche (annexée), entend réaliser ses ambitions impérialistes au détriment des puissances alliées. Idem en Asie, le Japon, surarmé, mène une politique d’expansion sur le continent asiatique. L’axe Rome-Berlin-Tokyo qui se forma sera le prélude à la guerre. Le conflit mondial 1939-1945 qui suivit, plus sanglant que le précédent, bouleversa le monde. Un Japon deux fois atomisé, une URSS qui compte 26 millions de morts et 25 millions de sans-abri, une Allemagne détruite, divisée en deux et ses 10 millions de morts. Aussi posons-nous la question : Pourquoi de nouveau cette hécatombe ? Quel sens ?

 

 Les puissances occidentales, en aidant l’Allemagne et l’Italie pour les préserver du péril rouge, n’ont pas pris en compte que ces dictatures, devenues puissantes, pourraient leur disputer la domination du monde. Le péril rouge était-il plus fort que le risque du réveil des puissances de l’Axe. D’un autre côté, après le premier contingent de l’histoire, la guerre 1914-1918, deux-tiers de l’humanité restent toujours des laissés-pour-compte, assujettis à des puissances qui comptent moins de 1/20 de l’humanité. Quelle destinée alors pour les 2/3 de l’humanité d’Asie et d’Afrique ? Est-ce leur destinée ? S’il en est ainsi, quel serait alors le sens de leur existence ? Une non-existence, une non-humanité ? Si la colonisation qui a longtemps duré a un sens, ce conflit mondial doit aussi avoir un sens. La colonisation a permis aux peuples de prendre conscience de leur état d’être, que leur existence ne s’arrête pas à leurs frontières.

 

Mais comment se défendre par le formidable écart des rapports de forces entre eux et l’extérieur ? Aucune possibilité de s’en sortir si des conjonctures n’inversent pas le rapport des forces. Aussi peut-on dire que la Deuxième Guerre mondiale, contingent de l’histoire, s’inscrit en droite ligne de la crise économique de 1929 qui, elle-même, s’inscrit aussi dans le sillage de la Première Guerre mondiale.

 

Crises et guerres apparaissent comme des contingents de l’Histoire, ou selon la dialectique hégélienne, des « ruses de l’Histoire » qui, mettant en conflit les puissances, permettent aux peuples soumis d’inverser les forces.

 

 Il nous apparaît aussi que le principal ennemi de l’Occident n’a pas été le monde colonisé puisqu’il n’avait pas assez de forces pour se libérer, mais, paradoxalement, la formidable puissance économique par où est venue la crise, et la formidable puissance militaire par où est venue la destruction. C’est précisément de l’affaiblissement et l’antagonisme des puissances en guerre que sortira la libération des 2/3 de l’humanité. Et c’est ce qui prévaudra, le conflit mondial terminé, les peuples colonisés vont revendiquer leur indépendance, et ils l’obtiendront.

 

Vers le milieu des années 1960, la plupart des pays colonisés ou sous protectorats sont indépendants. Un nouvel état du monde est sorti de ces trois contingents de l’Histoire qui montrent que les hommes certes font l’Histoire, mais l’Histoire joue aussi à sa façon les hommes. Ces souffrances, ces millions de morts depuis le premier et second conflit mondial, en Europe et dans le monde, et auxquels s’ajoutent les ravages de la grippe espagnole (1918-1919) qui fit plus de victimes que le premier conflit mondial, sont-ils une fatalité pour les peuples occidentaux et le monde ?

 

 Hegel, dans ses « leçons sur la philosophie de l’Histoire : Lorsque l’histoire nous met devant les yeux le mal, l’iniquité, la ruine des empires les plus florissants qu’ait produits le génie humain, lorsque nous entendons avec pitié les lamentations sans nom des individus, nous ne pouvons qu’être remplis de tristesse à la pensée de la caducité en général. Et étant donné que ces ruines ne sont pas seulement l’œuvre de la nature, mais encore de la volonté humaine, le spectacle de l’histoire risque à la fin de provoquer une affliction morale et une révolte de l’esprit du bien, si tant est qu’un tel esprit existe en nous. […]

 

On en arrive à une douleur inconsolable que rien ne saurait apaiser. Pour la rendre supportable ou pour nous arracher à son emprise, nous nous disons : Il a été ainsi ; c’est le destin, on n’y peut rien changer […]. Cependant, dans la mesure où l’histoire nous apparaît comme l’autel où ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus, la question se pose nécessairement de savoir pour qui, à quelle fin ces immenses sacrifices ont été accomplis. […]

 

Cette masse immense de désirs, d’intérêts et d’activités (humaines) constitue les instruments et les moyens dont se sert l’Esprit du Monde (l’Essence) pour parvenir à sa fin, l’élever à la conscience et la réaliser. Car son seul but est de se trouver, de venir à soi, de se contempler dans la réalité. C’est leur bien propre (das Ihrige) que peuples et individus cherchent et obtiennent dans leur agissante vitalité, mais en même temps ils sont les moyens et les instruments d’une chose plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment. »

 

 Ce cours de Hegel en 1828 à l’université de Berlin nous fait dire que les hommes agissent, inconscients des événements qu’ils peuvent provoquer et ce pourquoi l’Essence s’est déjà prédéterminée. Hitler, en provoquant le Deuxième Conflit mondial, a voulu faire retrouver à l’Allemagne, humiliée par la défaite en 1918, le chemin de la puissance, mais, en fait, il l’a mené au désastre, et par là, à la destruction des derniers empires coloniaux, qui n’était nullement pensé dans son plan. Un Esprit du monde qui s’est servi de cette guerre pour réaliser un nouveau saut de l’histoire.
 

  1. L’événement-phare, l’« islamisme radical », sorti de l’histoire conflictuelle du monde, à partir des années 1960

 

 La fin de la guerre en 1945 a ouvert une nouvelle ère à l’humanité. L’arc de crise, i.e. la menace des pays de l’Axe disparue et avec elle les empires européens, relégués à l’Histoire, deux grandes puissances, les États-Unis et l’URSS, vont dominer le monde. La décolonisation en marche, les pays d’Asie et d’Afrique s’affirmaient. Tant l’Amérique affirmait le droit des peuples de se gouverner eux-mêmes que l’URSS poursuivait de son côté sa stratégie d’appui aux mouvements anticolonialistes au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste. Cependant la disparition de l’arc de crise ne signifiait pas la fin de la confrontation entre le monde communiste et l’Occident. Bien au contraire, le Tiers monde ouvrira des possibilités d’intervention immenses pour les deux puissances (Corée, Vietnam, Palestine…) dans un contexte de guerre froide entre les deux camps.

 

 Il aura fallu une série d’événements en 1973 pour que les États-Unis aboutissent après trente ans de guerre à la conclusion que leur puissance militaire a atteint des limites. La reconfiguration des rapports de force dans le monde, la débâcle américaine au Vietnam et la fin du mythe de l’invincibilité d’Israël (octobre) poussent les États-Unis à un changement radical de leur politique extérieure. Ne pouvant l’emporter sur les théâtres de guerre, les Américains optent pour une guerre subversive tout azimut. D’autant plus que leur situation économique et financière s’est fragilisée : dépenses de guerre, course aux armements avec l’URSS, baisse de compétitivité des entreprises.

 

 Les pays européens dénoncent les déficits de leur balance des paiements et le recours de la planche à billet et exigent de l’or à la place des dollars. L’objectif des États-Unis, puisqu’ils perdent de l’influence en Asie, est de protéger coûte que coûte le Moyen-Orient où se trouvent les plus grands gisements de pétrole du monde. Le pétrole, il faut rappeler, constitue avec le dollar américain, la pièce maîtresse du système monétaire international (SMI). Depuis les crises monétaires avec les pays d’Europe et la fin de la convertibilité du dollar-or en 1971 – les États-Unis ne disposent plus assez d’or –, le pétrole s’est substitué, de manière informelle, à l’or-métal, devenant une contrepartie sur laquelle s’adossent les émissions monétaires américaines ex nihilo (planche à billets).

 

Le dollar en tant que libellé monétaire du pétrole oblige les pays développés à acheter sur les marchés monétaires des quantités de dollars pour régler leurs importations pétrolières auprès des pays de l’OPEP. Donc, face au double échec en Asie et au Moyen-Orient, les États-Unis doivent protéger ce qui fait leur force, le dollar et le SMI qu’il domine – sans l’argent, il n’y a pas de puissance – et cela passe par le déploiement d’un arc de défense des grands gisements de pétrole du Moyen-Orient contre les ambitions de l’URSS et de la Chine sur cette région.

 

Cette stratégie subversive trouve son assise dans la configuration même des systèmes politiques du monde arabe. Un monde déjà divisé où l’on trouve, d’un côté, les régimes monarchiques, alliés des États-Unis, légitimés par le corps des oulémas (docteurs de la foi) et régnant sur une société régie par un droit mêlant charia islamique et droit coutumier, de l’autre, un régime républicain islamiste iranien qui veut enlever la prééminence religieuse à l’Arabie saoudite, chef de file des régimes monarchiques arabes sunnites, un régime républicain islamiste turc, et entre ces deux systèmes politiques adverses, les régimes républicains autoritaires arabes, issus des luttes d’indépendance (Algérie, Tunisie, Egypte, Syrie, Sud-Yémen...), et alliés à l’Union soviétique, dont la source de légitimité est fondée sur l’héritage de la lutte d’indépendance et la défense de la nation contre l’impérialisme. Une légitimité où l’Islam est posé constitutionnellement religion d’Etat, mais l’élément laïque prédomine.

 

Cependant, malgré l’opposition entre les régimes politiques monarchiques arabes et le régime islamiste iranien, et les autres régimes nationalistes arabes, tous ces systèmes politiques se ressemblent et sont d’essence totalitaire. Pour les monarchies, le pouvoir du souverain est absolu et n’est soumis à aucun contrôle. Pour la république islamique d’Iran, il relève du Guide Suprême, l’autorité religieuse, et d’une Assemblée d’experts religieux. Pour les républiques arabes, le pouvoir se fait pratiquement par cooptation, i.e. mettant en place à tous les rouages de l’Etat des hommes choisis sur la base de leur fidélité au régime.

 

La démocratie, la liberté d’expression et le principe d’alternance restent néanmoins une visée pour les peuples arabo-musulmans. Cependant, en absence des universaux, les régimes politiques musulmans ne peuvent être que des systèmes transitoires, transhistoriques, à l’instar des systèmes politiques de la Chine et de l’URSS, appelés aussi à muter.

 

Ainsi à ces pays divisés, les États-Unis n’auront aucune peine pour manœuvrer le monde arabo-musulman. Bien plus, ils accentueront la division en procédant à la défection du plus grand pays du front nationaliste, l’Egypte, en échanges de subsides (financiers, retour du Sinaï et paix avec Israël). Une situation qui aura des conséquences graves sur le front des républiques arabes sunnites. Le Front devenu de fermeté, affaibli, va en plus s’accommoder d’une nouvelle donne, l’émergence de l’islamisme que les stratèges américains, en alliance avec l’Arabie saoudite, tissaient depuis les années 1960.

 

Des systèmes transhistoriques livrés aux vicissitudes de l’histoire. Une alliance du pays le plus démocratique du monde, les États-Unis, avec le pays le plus intégriste du monde, l’Arabie saoudite. Une alliance de deux extrêmes. Mais pour la superpuissance, il s’agit de ses intérêts géostratégiques vitaux qui commandent cette alliance. Plus complexe encore, une Amérique qui soutient d’un côté Israël, ennemi des pays arabes, et de l’autre, le chef de file du monde de l’Islam, l’Arabie saoudite. Si Arabes et Israéliens sont écartelés sur cette donne, ce lien commun aux deux pôles antagonistes obéit aux Lois de la Nécessité historique. Les peuples n’y peuvent rien parce qu’il relève de l’Essence

 

Quant à l’islamisme, il entre dans un contexte historique naturel. En effet, une question se pose : pourquoi l’islamisme n’a pas évité aux peuples islamiques la colonisation ? Pourquoi n’a-t-il pas mis en échec dès l’indépendance l’avènement des régimes politiques 

progressistes ? Force de dire que l’islamisme doit être historicisé dans son contexte actualisé, et non dans un contexte historique passé qui a vu, par exemple, l’indépendance où l’euphorie des peuples dans le recouvrement de leur dignité de nations libres a primé. Sortir du diktat des colonisateurs leur ouvrait des perspectives humaines considérables. Mais cette période fut très courte, les problèmes politiques et économiques ont rapidement commencé à s’accumuler.

 

La lassitude des guerres contre Israël, les coups d’Etat répétés, des économies à la dérive, absence de perspectives pour les jeunes générations qui grossissent année après année les rangs dans le marché du travail, faisant d’eux les exclus de la manne pétrolière, l’immobilisme des structures des Etats, l’enrichissement ostentatoire des élites, ont fini par faire perdre la confiance populaire dans leurs Etats et amener des pans entiers de la population à se réfugier dans les mosquées.

 

Un processus logique, terrain déjà balisé pour l’embrigadement de la population dans l’islamisme où les imams auront à jouer un rôle central. Un embrigadement idéologique auquel répondra la répression politico-policière des Etats arabes. Le monde arabe entre dans la quadrature du cercle.

 

L’islamisme en fait n’est pas comme on veut le décrire une idéologie obscurantiste tirée de l’Islam, mais ressort d’une idéologie qui, sans l’obscurantisme, la violence et le rejet de la démocratie, ne pouvait être porteuse, i.e. n’aurait aucun impact sur le plan géostratégique. Donc son avènement était nécessaire à la marche de l’histoire. Et c’est par l’historicisation de l’islamisme dans l’histoire que l’on peut comprendre son vrai sens dans la dynamique de la géopolitique mondiale.

 

Tous les mouvements des masses, toutes les révolutions se ressemblent. Y compris dans le mouvement islamiste. Il y a toujours un ferment qui amène l’agitation, et une agitation peut souvent aller au-delà de ce qui a été conçu au départ. Idem pour l’islamisme, activé comme un bras armé dans la compétition Est-Ouest, n’a toujours pas épuisé ses ressources, même aujourd’hui, en 2021, et il continuera à marquer encore l’histoire.

 

  1. Le « pétrodollar », deuxième évènement-phare dans la marche du monde

 

 Quel apport a eu l’islamisme dans la marche du monde. On ne peut croire que son instrumentalisation depuis les années 1970 par les puissances occidentales et qui n’a pas cessé aujourd’hui malgré l’islamophobie ambiante en Europe n’a pas apporté des gains à l’Occident. Aujourd’hui le soutien des Occidentaux aux régimes islamiques, malgré le recul idéologique, est manifeste. Qu’a-t-il apporté l’islamisme à l’Occident et au monde ?

 

Pour appréhender le phénomène islamiste, il faut porter un regard sur la situation économique des États-Unis dès 1971, après la décision unilatérale prise par Nixon de mettre fin à la convertibilité du dollar en or. Au cours de cette période, comme on l’a déjà dit, les pays européens refusaient d’absorber les liquidités en dollars qui n’étaient pas adossées à l’or (Gold Exchange Standard). La Réserve fédérale américaine (FED) n’avait plus assez d’or pour satisfaire la demande européenne. En 1973, les Américains trouvèrent une parade avec l’Arabie saoudite et les pays monarchiques du golfe. Facturer le pétrole arabe en dollar (politique de Kissinger).

 

Le tandem pays du Golfe-États-Unis sur la donne pétrolière offrait des avantages à la fois à l’Amérique qui a besoin de monétiser les déficits de sa balance des paiements devenus structurels, ce qui, cumulés, passaient par un renchérissement du pétrole – les chocs pétroliers – et en même temps venaient gonfler les recettes pétrolières des pays du Golfe. Les deux parties étaient gagnantes avec une condition cependant, les excédents des balances des paiements arabes devaient être investis en placements américains (bons de Trésor, obligations, etc.) dans le but évident de pondérer la masse monétaire mondiale via une limitation des émissions monétaires ex nihilo par la FED.

 

Cet accord pays du Golfe-États-Unis oblige tous les pays consommateurs (européens, japonais...) qui importent du pétrole arabe d’acheter des dollars sur les marchés internationaux pour leur règlement. Et comme le cartel fournit environ 35% de la production mondiale, dont plus de la moitié par les pays du Golfe et du Maghreb, on peut imaginer le formidable transfert du pouvoir d’achat à la fois aux pays arabes exportateurs de pétrole et à la superpuissance américaine détentrice de la monnaie de facturation.

 

Cette parade donc a permis de passer le barrage des pays européens sur des liquidités en dollars non adossées à l’or-métal. L’or noir apparaît comme un substitut à l’or-métal. Ce serait comme si on avait remplacé le Gold Exchange Standard formel par le Blake Gold Exchange Standard informel. L’utilisation massive des produits dérivés comme instrument de couverture le doit précisément à cette fluctuation erratique des taux de changes sur les marchés internationaux.

 

Evidemment, les pays européens détenteurs aussi des principales devises internationales à l’instar des États-Unis ne vont pas rester les bras croisés et subir cette situation inéquitable. D’autant plus que les fortes émissions monétaires par la Banque centrale américaine (Fed) pour permettre à l’État fédéral à financer les déficits commerciaux avec les pays du reste du monde faisaient déprécier la monnaie US, ce qui se traduisait par une appréciation des monnaies européennes. C’est ainsi que pour dégonfler cette appréciation de leurs monnaies qui est négatives pour leur commerce extérieur (exportations), les pays d’Europe se retrouvent à leur tour à user de la planche à billets (émissions monétaires ex nihilo). Et donc ils auront aussi à recourir à dupliquer de la même façon les bases de crédit des dollars entrants. Ce qui leur permettra à leur tour de répercuter leurs déficits extérieurs (chocs pétroliers) sur le reste du monde.

 

On aura ainsi en Europe, au Japon, un gonflement des avoirs en devises entraînant une augmentation de la monnaie centrale, sans qu’il y ait symétriquement, aux États-Unis, de contraction compensatrice de la base monétaire, pour contrecarrer la montée de l’inflation. De plus, le processus du pétrodollar nécessite que les pays exportateurs de pétrole placent leurs excédents commerciaux en bons de Trésor américains. Si une contraction compensatrice de la base monétaire, par une baisse des émissions monétaires US, ou par un relèvement du taux d’intérêt qui signifie un rappel des liquidités en dollars dans le monde, et si cela intervenait, cela équivaudrait à asphyxier l’économie mondiale, et par conséquent les pays du reste du monde, non-émetteurs de monnaies internationales.

 

Certes, si une forte hausse de l’inflation mondiale a résulté dans les années 1970, si les États-Unis et l’Europe ne sont pas arrivés à pondérer leurs émissions monétaires, c’est que l’inflation in fine entrait dans les « Lois de la Nécessité ».

 

Quoi que l’on puisse reprocher au GES informel, sans ce processus, le monde entier serait allé droit au mur. En effet, sans le réajustement des prix du pétrole et l’accord entre les pays du Golfe et les États-Unis sur le libellé monétaire du pétrole, l’absence de consensus entre les États-Unis et l’Europe sur le dollar aurait entraîné une crise monétaire bien plus grave que les deux chocs pétroliers. Le monde serait projeté dans la situation des blocs monétaires des années 1930. On aurait alors un bloc dollar, un bloc livre sterling, un bloc franc et un bloc yen, et une déflation mondiale. Toutes les puissances suivraient dans ces émissions monétaires ex nihilo, avec à la clé des dévaluations compétitives dont personne ne trouvera son compte. Chaque puissance tentera d’exporter son chômage à ses voisins. Résultat, il s’ensuivrait une formidable diminution de liquidités internationales avec des conséquences extrêmement graves sur les investissements, l’emploi et le commerce. Une formidable hausse du chômage s’ensuivrait dans le monde, un protectionnisme extrême et la pire des dépressions économiques que le monde aura à connaître, bien plus grave que celle de 1929. Une stagnation à l’échelle mondiale.

 

Le réajustement des prix du pétrole et des matières premières dans les années 1960 jusqu’à 1973, qui étaient extrêmement bas – le baril de pétrole cotait environ 3 dollars, avant 1973 – a compensé la partialité dans la répartition des richesses entre l’Occident et le Tiers-Monde. Donc, en transférant une partie du pouvoir d’achat aux pays exportateurs de pétrole et de matières premières, ce réajustement des prix n’a fait qu’équilibrer les comptes avec en sus doper l’absorption mondiale. Ce qui est vital pour les populations occidentales en termes d’emplois et de chômage. Pour un travailleur américain, européen ou japonais, il n’est pas intéressé par qui a gagné ou a perdu des dollars, des livres sterling, des francs, ou des yens, son seul souci est de conserver son emploi dont sa vie en dépend.

 

Et ce sont des millions de travailleurs dont leur bien-être ne dépend que des salaires qu’ils reçoivent. De plus, les firmes industrielles n’ont pas manqué de répercuter la hausse des prix sur leurs exportations, ce qui devait compenser les surcoûts. Par conséquent, le réajustement du prix du pétrole a au contraire atténué la crise monétaire en Occident en diminuant les destructions d’emplois. Quant au fléau du chômage en Europe, il ne provenait pas du pétrole, il a commencé à se manifester dès les années 1960, bien avant le choc pétrolier de 1973, provenant essentiellement de l’excès de l’offre, qui ne trouve pas suffisamment une demande mondiale solvable.

 

De nouveaux compétiteurs sont entrés en force dans le commerce mondial. La montée en puissance du Japon dans le commerce mondial et la stratégie du tout exportation d’autres pays asiatiques ont conduit à une augmentation d’acteurs sur un marché qui a peu changé. En réalité, la fin des Trente Glorieuses est liée au phénomène des rendements décroissants, un phénomène connu contre lequel le processus du pétrodollar a apporté une réponse économique naturelle, et donc nécessaire.

 

 Le seul moyen d’atténuer la concurrence a été l’élargissement du marché mondial qui s’est opéré par le transfert du pouvoir d’achat au pays producteurs de pétrole et la superpuissance américaine (déficits structurels) via le réajustement des prix. Ce qui a permis de transformer le tandem USA-Pays arabes en locomotive mondiale. Comme d’ailleurs le recyclage des pétrodollars auprès des pays du Tiers-Monde, de l’Est, d’Asie, et d’Amérique du sud qui, par l’endettement et les programmes d’ajustement structurels du FMI, a conduit à ouvrir leurs économies. Des pays asiatiques dont l’Inde et surtout la Chine sont devenus des débouchés de premier plan par leur réservoir humain, et aussi par le faible coût de la main d’œuvre pour la production industrielle des pays développés (délocalisations).

 

Ainsi apparaît que le « pétrodollar », par ses effets, se retrouve au centre de l’échiquier politique et économique du monde. Puisqu’il a impulsé l’activité industrielle et manufacturière en Europe, aux États-Unis, au Japon et dans le monde. Il est évident que les pays arabes qui sont pris dans ce phénomène et celui-ci git dans leur sous-sol, sera chèrement payé, à voir les convoitises des grandes puissances, les guerres qui se déroulent pour ce sous-sol. Même l’implantation d’Israël en Palestine et les guerres qui ont suivi, le terrorisme, le doivent à l’existence providentielle de l’or noir dans la région la plus convoitée du monde, le monde islamique.

 

  1. Islamisme-Pétrole et les trois systèmes politiques qui gouvernent le monde

 

 On peut dire sur cette articulation de l’histoire, où l’islamisme et le pétrole sont, dans un certain sens, le socle de l’échiquier mondial, que ce sont eux qui ont rebattu les cartes du monde. Que ce sont eux qui ont circonscrit chacun dans son espace idéologique les systèmes politiques qui gouvernent le monde.

 

Le premier qui nous apparaît le plus parlant, le plus dynamique par les guerres et les conflits qi s’y jouent, c’est le monde arabo-musulman. Et l’islamisme et le pétrodollar en sont pratiquement les leviers dans cette articulation à trois du monde. Précisément, l’argument qui donne sens dans ce nouveau stade de l’histoire a été l’incroyable effacement de l’Union soviétique de la scène de l’histoire. Un effacement d’une superpuissance sans un conflit mondial majeur.

 

A quelles forces essentielles la disparition de l’URSS doit-elle ? Pourtant deuxième puissance mondiale et contrebalançant la première, les États-Unis. Elle le doit à deux causes principales, l’islamisme armé qui l’a affaibli pendant une décennie de guerre en Afghanistan, et à l’endettement de l’URSS. Celui-ci, par la perte des marchés extérieurs, le contrechoc pétrolier, conséquence à l’inflation mondiale provoquée par l’avènement des pétrodollars dans les années 1970. Le relèvement des taux d’intérêt américains, en 1980, l’épongement des dollars dans le monde et l’endettement du reste du monde qui a suivi n’a laissé aucune issue de sortie à la crise économique qui a frappé l’URSS, à la fin de la décennie 1980. Le processus de dislocation de l’URSS qui a commencé avec la chute du Mur de Berlin en novembre 1989, était pour ainsi dire écrit dans les feuilles de l’histoire. L’URSS disparaissait en décembre 1991.

 

Mais l’islamisme dans le monde musulman était aussi divisé. Nécessité de l’histoire oblige, puisque, bien qu’adossé aux pétrodollars, cette division a servi la division du monde en trois pôles politiques qui gèrent l’humanité. C’est ainsi que s’opposent trois islamismes. L’islamisme républicain iranien, l’islamisme républicain turc et les monarchies absolutistes arabes conservatrices alliées à l’Occident. Ce qui s’applique aux trois systèmes islamistes adverses s’appliquent aux républiques autoritaires arabes. Tout l’antagonisme dans le monde de l’islam reposait sur la lutte pour la pérennité des systèmes politiques autoritaires, refusant toute ouverture démocratique qui mettrait en péril leur pouvoir. Par conséquent l’ouverture démocratique était bannie, et si elle ne l’était pas, elle était tout au plus protocolaire (de façade).

 

Et l’essence qui régit ces systèmes est évident le pétrodollar. Sans les pétrodollars, ces systèmes politiques qui ne pourraient apporter à leurs peuples la suffisance existentielle, seraient confrontés aux limites de leur pouvoir, les crises économiques et sociales auraient inévitablement ouvert leurs systèmes au pluralisme comme ce qui s’est passé en Amérique du Sud et en Algérie dans les années 1980. Et lors du Printemps arabe, en 2011. Des forces historiques ouvrant un nouveau stade historique pour le monde musulman.

 

Et l’enjeu étant le pétrodollar, tant qu’il relève des États-Unis, les systèmes politiques dans le monde musulman continueraient de régner. Et l’islamisme a tout son sens dans cette définition du monde musulman et les retombées sur les deux autres grands systèmes politiques qui régissent le monde.

 

Le deuxième système politique relève de celui qui tire le plus d’intérêt du pétrodollar, et celui-ci lui est vital. C’est le monde occidental, avec le chef de file, les États-Unis. Certes, c’est un monde capitaliste libéral, démocratique, mais régi par le pouvoir financier. Le système démocratique est dans un certain sens faussé par un pouvoir financier qui pèse de tout son poids sur les nations occidentales. Cependant, malgré que les peuples occidentaux soient administrés, régis par le pouvoir financier qui est le pouvoir réel, l’Occident est en avance sur les autres grands systèmes politiques. Au camp occidental, se retrouvent les États alliés des autres aires géographiques, démocratiques ou non.

 

Le troisième grand système politique, il vient du camp adverse à l’Occident. C’est essentiellement la Russie et la Chine. Dans leur aire géographique, les États autoritaires liés par les intérêts vitaux que commandent leurs systèmes politiques. Et qui visent la pérennité de leurs régimes politiques.

 

Donc trois systèmes politiques différents par leurs natures mais constituant un état historique relevant de ce socle qu’est l’islamisme et le pétrodollar. Aussi peut-on dire que, sans le pétrodollar, les monarchies du Golfe, l’Iran, Israël, les pays d’Afrique du Nord ne pourraient représenter une carte géostratégique vitale pour l’Occident, en tant que principal pouvoir financier mondial. Sans les pétrodollars, l’islamisme perdrait son sens. Même la rivalité Est-Ouest perdrait son sens puisque les États-Unis quittant inévitablement le Moyen-Orient, le monde arabe serait une aire comme les autres.

 

D’autre part, ni la Chine ni la Russie ne pourraient remplacer les États-Unis dans cette région centrale du monde, du fait de l’incompatibilité des systèmes politiques. La Chine communiste et la Russie, ex-pays communiste, en opposition totale avec le monde de l’islam. Et même un pétroyuan ou un pétrorouble nécessiterait le parapluie nucléaire de la Chine ou de la Russie pour protéger les monarchies du Golfe, ce qui serait inconcevable puisque le pétrodollar a été à la fin un échec s’il venait à disparaître. Néanmoins, malgré les hauts et les bas des conjonctures économique, le pétrodollar aurait rempli sa mission historique dans le maintien de la croissance économique mondiale.

 

  1. L’importance du pétrodollar dans les plans de soutien économiques et financier pour contrer les effets induits par la crise sanitaire mondiale

 

 Donc un nouvel état du monde naîtrait. Cependant le pétrodollar continue à jouer son rôle aujourd’hui puisque les quantitative easing lancés par les plans de soutien monétaire des cinq Banques centrales du monde, en particulier la Fed américaine et la BCE (zone euro) le doivent au pétrodollar. Ces deux banques centrales sont l’origine d’environ 80% des réserves de change mondiales.

 

Aussi peut-on dire, sans les exportations pétrolières des pays arabes et des autres pays Opep, facturées en dollars US, les émissions monétaires aux États-Unis, en Europe et au Japon, n’auraient engendré que l’inflation, et donc la hausse des prix des biens et services. Ce qui interdiraient de facto leurs politiques d’assouplissements monétaires non conventionnels dénommés aussi quantitative easing (QE).

 

Pour ne prendre que les formidables plans de relance votés par le progrès américain et les programmes de QE menés par la Réserve fédérale (Fed), depuis mars 2020 à mars 2021. Pour les seuls plans de relance à l’économie, c’est un total de 5 000 milliards de dollars qui a été émis depuis. Trois plans dont le premier de 2 000 milliards de dollars est voté, le 26 mars 2020, par le Congrès américain et paraphé par le président américain. Environ 10 % du produit intérieur brut ou la moitié du budget fédéral annuel.

 

Le second plan de soutien budgétaire de 900 milliard de dollars est voté par le Congrès américain et signé aussitôt après par Donald Trump, le 28 décembre 2020. Le premier plan de soutien à l’économie est porté à 2200 milliards de dollars. Le troisième plan de relance à l’économie de 1900 milliards de dollars est voté par le Congrès américain, et au lendemain de son adoption, il est signé par le nouveau président américain Joe Biden, le 11 mars 2021. Soit bien 5 000 milliards de dollars émis par le Trésor américain.

 

Parallèlement, la Fed américaine, pour soutenir le système bancaire, lance un programme d’assouplissement monétaire non conventionnel (QE), à hauteur de 700 milliards de dollars, le 9 mars 2020. Elle donne toutes les facilités de refinancement aux banques pour éviter une crise de liquidités suite au chômage de masse du à la pandémie Covid-19. De nouveau, le 11 juin 2020, la Fed annonce qu’elle continuerait à soutenir le système bancaire et rachèterait au moins à 120 MDS d’obligations par mois aux banques, entre 80 milliards de dollars d’obligations souveraines (titres de dette du gouvernement US en bons de Trésor) et 40 milliards de titres privés (prêts immobiliers). Donc au QE de 700 milliards de dollars s’ajoutent 1440 milliards de dollars sur douze mois, soit un QE total de 2140 milliards de dollars pour 2020.

 

Entre plan de soutien budgétaire et plan de soutien monétaire de la Fed, c’est 7140 milliards de dollars qui sont émis ou en cours d’émission. On peut se poser la question à juste titre pourquoi l’inflation n’a pas bondi suite à ces formidables injections monétaires en l’espace d’une année et pour contrer les effets de la pandémie. On a fait état de 33 millions d’Américains qui ont perdu leur emploi en 2020. Et surtout pourquoi les cours du pétrole sont restés très bas en 2020.

 

Cela s’explique par le confinement mené par la plupart des États fortement frappés par la maladie, ce qui a tassé la demande mondiale. Une partie importante est allée s’investir sur les marchés boursiers. Depuis le quatrième trimestre 2020, la situation économique mondiale est en train de se ressaisir. Les plans de soutien budgétaire et monétaire commencent à faire leurs effets, d’autant plus qu’ils sont plus ou moins synchronisés avec les plans de soutien et monétaire de la zone euro, du Royaume-Uni, du Japon et de la Chine, ces pays sont tous émetteurs de monnaies internationales. Et ce sont leurs monnaies qui financiarisent l’économie mondiale.

 

Évidemment, l’inflation commence à apparaître, et même elle est crainte par les Banquiers centraux qui peuvent, par la hausse des taux d’intérêt directeur, lutter contre elle. Mais élever les taux d’intérêt c’est inévitablement tuer la reprise économique mondiale. Ce qui n’est en aucun cas souhaitable surtout qu’une troisième vague de Covid-19 est en train de frapper certains pays dont les pays d’Europe, émetteurs de monnaies internationales.

 

Seule solution est le recours au pétrodollar pour pondérer à la baisse l’inflation. Par l’absorption des liquidités en dollars injectées massivement, la hausse des cours pétroliers serviraient donc de contreparties aux émissions monétaires occidentales ex nihilo. Donc hausse du prix du pétrole, et on le constate déjà depuis la remontée des cours pétroliers ces derniers mois. Le prix du baril de pétrole Brent, de la mer du Nord, a atteint 70 dollars.

L'once d’or et une dépréciation contrôlée de la monnaie américaine par rapport aux autres monnaies internationales (euro, livre sterling, yen et yuan) conjuguées aux subventions aux entreprises, et une hausse des prix contrôlée permettraient aussi d’éviter une inflation comme celle des années 1970. L’inflation-cible pour les Banquiers centraux occidentaux serait probablement autour de 2% ou légèrement supérieur.
 

  1. Conclusion

 La pandémie Covid-19 a bouleversé le monde tant sur le plan politique que sur le plan économique. Usines fermées, des chaînes de valeur interrompues, la production industrielle et manufacturière a baissé partout dans le monde. Des dizaines de millions d’emplois ont été détruits par le monde.

Par cette pandémie, l’humanité a pris conscience de sa fragilité tant politique qu’économique. Il existe une réelle incertitude sur l’avenir du monde. Les grandes puissances sont au coude à coude. Ni les États-Unis, ni la Russie, ni la Chine, ni l’Europe et encore moins les pays du reste du monde ne savent ce qui en sera de l’humanité à l’horizon 2030-2040. Le pétrodollar et l’islamisme continueront-ils à marquer l’histoire ?

La Chine continue sur sa lancée, sa puissance économique semble se décupler, mais rien n’indique qu’elle sera pérenne. Si l’Occident commence à se retirer ou forcé de se retirer de cette donne pétrolière qu’est le pétrodollar d’autant plus que la Chine avec son formidable commerce extérieur vise aussi à imposer son yuan en tant que monnaie de facturation des prix du pétrole et des matières premières, ce qui amène à une confrontation sur la donne pétrolière à somme nulle.

 

Il est évident que c’est surtout l’Occident qui perdra puisqu’il lui est difficile même en relocalisant une partie de ses entreprises, il ne peut rivaliser en compétitivité avec les entreprises chinoises dans le commerce mondial. Et on peut penser que la décision d’évacuer les contingents de l’armée US stationnés en Afghanistan, au cours de l’année 2021, et de ne laisser en Irak et en Syrie que des forces US très faibles, qui seront aussi à leur tour évacuées, est un signe de retrait stratégique réfléchi de la zone moyen-orientale. En clair, ce sont des mesures de repli pour la première puissance mondiale.

 

Dès lors se pose l’avenir du monde arabe et des régimes politiques islamistes et monarchiques arabes conservateurs. Et on le constate ces derniers mois, le Maroc, le Soudan, le Bahreïn et les Émirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Israël. Des accords économiques successifs ont été signés. Il est évident que ces pays anticipent l’avenir qui n’annonce pas une stabilité, tant la position de la première puissance du monde reste floue sur le devenir de cette région. Ces pays arabes qui normalisent leurs relations avec Israël cherchent à se prémunir des incertitudes du futur équilibre géostratégique mondial.

 

Qu’en sera-t-il ? C’est difficile de se projeter sur cinq, dix ans voir quinze ans. Une certitude reste cependant, le monde va changer, et les changements pourraient toucher l’ensemble des pays du monde, dans les années après Covid-19. Cependant, le monde continue encore à s’appuyer sur le pétrodollar qui est dans l’intérêt de toutes les grandes puissances mondiales dont l’impact est aussi bénéfique pour les pays du reste du monde.

 

Aussi peut-on dire que le pétrodollar a encore quelques années devant lui. Telle est la situation politique et économique mondiale aujourd’hui.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.

 


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5 réactions à cet article    


  • gnozd gnozd 23 mars 2021 21:39

    "Les peuples n’y peuvent rien parce qu’il relève de l’Essence

    "

    Du pétrole plutôt, non ?


    • Jonas 24 mars 2021 10:03

       Hamed ! Hamed ! 

      Le monde arabo-musulman , se cassera toujours la figure en ayant toujours les yeux braqués sur le rétroviseur, au lieu de regarder devant lui, pour éviter les accidents. 

      La majorité des peuples arabo-musulmans , se f... éperdument de la Seconde Guerre mondiale et ignore même les tenants et les aboutissants de cette catastrophe. Même en Occident , l’histoire de cette guerre s’estompe de plus en plus. 

      Deux problèmes que doivent résoudre les pays arabo-musulmans , avant d’accuser comme d’habitude les autres..1) Lutter contre la démographie galopante , qui annihile toute croissance . 2) Les pays arabo-musulmans , doivent oublier la démocratie , elle n’est pas pour l’instant la priorité et doivent s’occuper à nourrir , soigner , loger , éduquer ,leur peuple , à l’heure de l’Intelligence artificielle et de la haute technologie, et essayer de stabiliser , les gens formés et éduqués pour ne pas quitter le pays. Afin qu’un ministre Algérien , Tahar Hadjaj , député FLN et ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche ne dise « En quoi ça m’avance , moi , si on a un Prix Nobel issu de l’Université d’Alger ? Un ministre @Hamed , que reste a dire au quidam Harragha ? 

       Pour avancer @Hamed ,  ayez le courage d’analyser pourquoi ce monde arabo-musulman est en retard et pourquoi il est depuis les indépendances devenu un grand fournisseur  d’immigrés ? Pourquoi il est absent dans les domaines des innovations et des découvertes ? Pourquoi , malgré des richesses insolentes , comme l’Algérie , votre pays n’a pas un hôpital digne de ce nom , pour soigner ses dirigeants , au lieu qu’ils se rendent en France, Suisse , Allemagne ?

      Pourquoi les Algériens de la classe moyenne se rendent en Turquie pour se soigner ? Pourquoi comme le disait Mohammed ElBaradei , ancien directeur de l’AIEA et prix Nobel de la paix : » Le monde arabe n’a pas de grandes universités . Et pourquoi disait-il au quotidien El Hayat , de Londres , la moitié du monde arabo-musulman souffre d’analphabétisme ?" 

      Cela@Hamed , n’est ni de la faute des Occidentaux ni du Sionisme ,comme ils ne sont pas responsables des détournements des pétrodollars ,et leurs placements à l’étranger. 

      J’espère que cela ne vous chagrine pas de dire la vérité sur le monde arabo-musulman tel qu’il est. 


      • Jonas 24 mars 2021 10:47

        @Hamed ! Hamed. 

        L’incohérence du monde musulman , il est toujours prompt à critiquer et à attaquer l’Occident , pour tout et rien. Au point de devenir une seconde nature. 

        Alors que c’est ce même Occident , tant décrier qui se porte en défenseur des musulmans asiatiques , les Rohingya et les Ouïgours. Les 57 pays musulmans qui forment la « Oumma » se taisent et n’’élèvent pas la voix et regardent ailleurs. Les pays musulmans trient , sélectionnent les bons musulmans qu’il faut défendre , et les mauvais qu’il faut oublier. 

        Devant les régimes non démocratiques , les pays musulmans courbent l’échine et même certain comme l’Algérie, Syrie, Irak , Arabie saoudite , etc volent au secours de la Chine à l’ONU. 

        Comme le disait Kamel Daoud dans un article : " A quoi servent les musulmans ? . Ma réponse moi ,Jonas , à critiquer les pays démocratiques et a servir de serpillière , aux pays non démocratiques . 




        • Allexandre 24 mars 2021 17:13

          @Jonas
          Votre suffisance me fait horreur tant votre ignorance est grande.

          Quoi qu’il en soit, depuis la COVID-19, plus aucun attentat « islamique » en France et en Europe.
          Vous ne trouvez pas cela pour le moins surprenant ????


        • Jonas 24 mars 2021 21:28

          @Allexandre 

          Les écrits vous font horreur , mais les massacres et les crimes commis par les vôtres , sont un enchantement pour votre religion. 

          En effet les attentats , ce font rares , pour l’instant chez nous comme en Occident car il y a plus de précaution , et les frontières sont surveillées. Mais malgré tout et suivant les statistiques du ministère de l’intérieur de nombreux attentats ont été évités, malgré la Covid-19. 
           
           En revanche les massacres , eux, s’intensifient au Niger , 203 morts en six jours . Au Darfour , les milices arabes jandjawid , continuent de s’en prendre a des pauvres africains en brûlant leurs récoltes, leurs villages . Dans certains marchés , les arabes jandjawid , tirent sur les femmes et les enfants et les jettent dans les flammes et s’accaparent de leur lopins de terre.( Voir reportage sur ARTE : Regain de violence au Darfour, Soudan) 

          Les mêmes Jandjawid arabes ont tué plus de 300 000 personnes au Darfour , sous la présidence d’Omar Béchir, crime pour lequel il doit être jugé .

          Au Nigéria , une milice musulmane Boko Haram , n’hésite pas à tuer les femmes et les hommes et kidnappe les écoliers. 

          En Syrie c’est le sultan musulman Erdogan , qui bombarde les Kurdes ( pourtant musulmans ) dans le Nord-Ouest etc . 

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