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Quels mécanismes pour faciliter le transfert des fonds des migrants ?

 

Au-delà des images récurrentes et poignantes que colportent les médias sur l’odyssée des Africains tentant par tous les moyens de venir en Europe, il faut souligner le caractère bénéfique des migrations, étant donné qu’elles peuvent contribuer au bien-être et à la lutte contre la pauvreté dans les pays de l’Afrique subsaharienne, région où vivent  300 millions de personnes parmi les plus pauvres qui soient, et qui constitue pour le monde le défi le plus redoutable sur le plan du développement.

Cette contribution, passant par le transfert des fonds de ces derniers vers leurs pays d’origine, est devenue une manne de financement importante (la plus grosse source de devises étrangères dans certains pays), à côté de l’aide publique au développement (APD) ou des investissements directs étrangers (IDE).

En effet, dans plusieurs pays africains, les transferts de fonds des travailleurs migrants vers leur pays d’origine sont un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Dans une étude récente, la Banque mondiale chiffre à 126 milliards de dollars (près de 97 milliards d’euros) les sommes versées et injectées dans les pays en développement en 2005, soit 10 milliards de plus que l’année précédente et le double par rapport à 2000.

Ces flux de capitaux privés représentent désormais le double de l’aide publique des pays riches au tiers-monde. Ils sont la deuxième source de financement externe des pays en développement, derrière les investissements directs.

C’est pour cela que pour la première fois, un débat ministériel à l’échelle mondiale vient d’être organisé dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies sur les migrations internationales et le développement (du 14 au 15 septembre à New York). Cette réunion ministérielle précède un dialogue de haut niveau sur la mise en œuvre du programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2001-2010 adopté en mai 2001 à Bruxelles, lors de la troisième conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés. Dialogue devant se ternir lors de la soixante-et-unième session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, les 19 et 20 septembre prochains.

Il faut rappeler que l’année en cours a été déclarée « Année de la migration et du développement ». Aussi, à l’occasion de cette réunion ministérielle, le groupe des pays les moins avancés (PMA), qui compte 50 pays les plus pauvres du monde, ont-ils proposé la création d’un observatoire de transfert de fonds des migrants pour les PMA. Proposition qui avait été retenue lors de la conférence ministérielle des PMA sur le transfert des fonds des migrants tenue à Cotonou (Bénin) du 9 au 10 février 2006.

Il faut aussi relever les efforts de la France qui, à défaut de tenir sa promesse de Monterrey de porter à 0,7% de son PIB l’aide publique au développement aux pays pauvres, cherche des sources de financement innovantes pour le développement. D’où l’adoption du dispositif compte épargne co-développement contenu dans la loi sur l’immigration du 30 juin 2006 visant à inciter les migrants à épargner pour contribuer à la création des activités économiquement viables dans leur pays d’origine, moyennant des déductions fiscales.

En effet, mieux géré, mieux canalisé, mieux réparti, l’argent en provenance de l’immigration pourra favoriser l’augmentation du capital humain, des dépenses consacrées à l’éducation, des investissements ou s’investir, via les organismes de microcrédit, dans des projets profitant aux communautés locales et plus généralement à l’économie des pays pauvres.

Mais il faudrait imaginer des mécanismes efficaces pour faciliter le transfert de ces fonds, en mettant en place, entre autres, un produit entre les banques en France et leurs filiales ou partenaires en Afrique pour permettre aux immigrés de disposer de deux comptes, l’un en France, l’autre dans le pays d’origine fonctionnant de manière complémentaire en vue de réduire le coût des transferts de fonds par rapport aux commissions exorbitantes prélevées par les sociétés de transferts internationales ( Western Union, MoneyGram...).

Ces mécanismes innovants permettront de pallier aussi les risques inhérents aux transferts informels des fonds (transport de main à main par des amis ou parents) et d’offrir aux migrants de contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté dans leur pays d’origine.

La Banque mondiale co-préside avec le Comité de la banque des règlements internationaux pour des systèmes de paiement et de règlement, un groupe d’études pour la coordination des politiques internationales applicables aux systèmes de paiement des envois de fonds, dans la perspective de réduire les coûts des transferts de fonds.

Il ne s’agit pas d’inciter la main-d’œuvre qualifiée à quitter nos pays appauvris pour émigrer vers les pays développés (fuite de cerveaux) ou de substituer les transferts de fonds à l’Aide publique du développement (APD) ou aux investissements directs étrangers (IDE), mais d’œuvrer au renforcement des cadres institutionnels des transferts de fonds pour un impact plus positif sur la lutte contre la pauvreté dans les pays d’origine, pour que les objectifs du millénaire soient atteints.

Komi TSAKADI


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14 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre An Alré (---.---.17.127) 19 septembre 2006 19:25

    Bonjour

    Excellent article, très précis. C’est vrai que 97 milliards d’euros c’est juste deux fois le chiffre d’affaire de France Telecom.

    Il doit donc être possible de faire beaucoup mieux en développant l’industrie locale vers un commerce international, plus haut dans l’échelle des valeurs occidentales que l’agriculture (mais pas dans mon échelle personnelle), par exemple en délocalisant les tâches administratives via Internet. Les locaux d’Afrique assureraient l’activité alors que les expatriés vendraient le concept et installeraient les connecteurs sur les SI d’entreprise ?

    Est-ce que quelqu’un a étudié la possibilité de monter un réseau de télécom DTN (non hiérarchique et ad hoc) pour permettre des réseaux sans infrastructure donc sans coût fixe ?

    Au fait quelles peuvent être les conséquences d’Internet pour l’Afrique ? Est ce que ça aide à diffuser des idées d’organisation par exemple ?

    Jean-Pierre


    • PierreJN (---.---.173.208) 20 septembre 2006 01:53

      Bonjour,

      En tant que français utilisateur de Western Union pour transférer de petites sommes en Afrique de temps à autre (et me faire syphoner 15 euros de commission pour 100 euros envoyés), j’ai combien de fois observé les immigrés envoyer des fonds. Des hommes seuls souvent mais plus largement des familles solidaires aussi. La plupart d’origine modeste.

      Les transferts pourraient atteindre 177 milliards de dollars en 2006 dans le monde (source : http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1722). C’est donc un super business avec peu de concurrence (Western et MoneyGram se partagent 60 à 70% du marché mondial) et en France une quasi hégémonie de La Poste qui distribue les services de la Western Union. On est bien loin du far west et des diligences, ces sociétés affichent des gains faramineux et des taux de croissance de plus de 30% l’an.

      Le viel adage est donc vérifié : c’est sur le dos des plus pauvres que les riches s’engraissent. C’est un scandale mondial que cette exploitation des migrants et ce serait un honneur de créer un organisme sans visée d’hyper profit qui offre un service équivalent rémunéré intelligemment. En effet, les gains pourraient utilement être réinjectés dans le développement économique des pays en développement.

      Autrement dit l’article est intéressant : j’espère que ce groupe d’étude débouchera sur un projet porteur. Une idée serait de banaliser ce service en permettant facilement à tout agence bancaire de l’offrir à un prix plafond déterminé. Les réseaux bancaires se rémunéreraient en partie sur la fidélisation des clients et sur les ventes additionnelles toujours possibles.

      Une autre solution prometteuse serait de permettre le transfert par un service de banque en ligne qui débiterait automatiquement le compte en banque de l’émetteur des fonds, comme pour un virement en somme.

      Bien cordialement

      Pierre


      • pipetka (---.---.15.48) 20 octobre 2006 16:37

      • zorro (---.---.166.81) 20 septembre 2006 08:30

        je trouve honteux et scandaleux que ces sociétés de transfert de fonds s’enrichissent sur le malheur de pauvres gens.Je dis mon mépris a tous ces « gros profiteurs »Bouffez et éclatez et libérez nous de vos présences


        • FrédéricLN (---.---.54.169) 20 septembre 2006 10:12

          L’oligopole de WU-MG est bien sûr choquant et les commissions qu’elles encaissent sont bien sûr très élevées mais, pour leur défense :

          1) En France il existe également le mandat-carte postal qui permet d’envoyer, par exemple en zone CFA, 300 000 F avec un coût très faible (environ 6 E si ma mémoire est bonne) ; il est très peu utilisé et même peu connu par les émigrés africains, sans doute parce que WU, étant immédiat et par téléphone, a une image valorisante « haut de gamme » (il y a peut-être d’autres raisons que j’ignore)

          2) WU-MG ont créé ce système de transfert immédiat, en tirent les bénéfices ... et leurs commissions fondront dès que d’autres prestataires entreront sur ce marché actuellement très lucratif.

          Tsakadi : « un produit entre les banques en France et leurs filiales ou partenaires en Afrique pour permettre aux immigrés de disposer de deux comptes, l’un en France, l’autre dans le pays d’origine fonctionnant de manière complémentaire »

          Cette idée me semble à la fois simple, juste, facile à mettre en oeuvre ... et particulièrement adaptée à la question posée.

          J’imagine (à vérifier) que c’est ce que faisaient, dès bien avant l’euro, les antennes françaises des banques espagnoles et portugaises, pour la clientèle émigrée de ces pays en France ?


          • francissimon (---.---.224.115) 23 novembre 2006 23:07

            Bonjour,

            Quelqu’un peut-il me dire ce que signifie WU-MG.

            Francis


          • FrédéricLN FrédéricLN 19 octobre 2007 13:29

            oups, Western Union et MoneyGram.


          • kesed 20 septembre 2006 11:58

            Demat deoc’h,

            Très bon article,mais vous faites une auto censure, lorsque vous omettez de parler de la corruption des dits pays et des Africains extrêmement riches qui s’enrichissent sur la pauvreté de leurs frères...

            Dans notre bas monde il n’y a pas d’un coté(au nord)les méchants exploitants et de l’autre(au sud) les pauvres exploités..

            à méditer

            kenavo ar wezh all


            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 20 septembre 2006 12:49

              Ces transferts de fonds ont un effet pervers sur les pays d’immigration comme la France : les salaires versés ne sont pas réinjectés dans l’économie par la consommation locale des ménages ; ce déficit de consommation devient alors une des causes des difficultés des entreprises, et un des éléments à prendre en compte pour expliquer le chômage.


              • Rocou (---.---.37.117) 20 septembre 2006 13:47

                bref si les immigres present en europe enrichissent les pays du sud ils contribuent a appauvrir l’europe par cette evaporation financiere...

                Non, c’est une erreur de raisonnement. L’argent envoyé provient de la richesse créée par ces gens qui bossent pour la famille restée au pays. Or comme ils ont tout de même besoin de vivre ici (en France), une partie de la richesse créée est dépensée sur place. Les immigrés qui bossent sont donc ne richesse pour la France et non un boulet comme vous semblez le penser.

                Par contre, il est vrai que les aides gouvernementales qui proviennent des impôts génèrent effectivement de la pauvreté chez nous puisqu’il ne s’agit nullement de création de richesses.

                De la même façons toutes les aides (allocations, RMI, etc.), dont peuvent bénéficier tout français, qui partent en Afrique génèrent de la pauvreté chez nous.


                • Internaute (---.---.201.124) 22 septembre 2006 09:57

                  Les pauvres utilisent la Wester-Union ou la Poste. Les riches passent par la Barclays ou l’UBS. Les filières ne manquent pas. N’importe quelle banque fait des virements internationaux mais vu la commission prise il vaut mieux que le montant dépasse les 5.000 euros.

                  Le développement de l’Afrique ne doit pas être à la charge des européens. Nous n’avons aucune culpabilité à avoir là-dessus, aucune dette ni aucune responsabilité envers eux.

                  Au contraire ils nous doivent beaucoup. L’Afrique a déjà reçu 1.250 milliards d’euros d’aides en tout genre et n’en a absolumnet rien fait. Ce n’est pas notre faute s’ils sont incapables de développer une industrie locale, par exemple la recherche-développement et fabrication de microprocesseurs ou une industrie pharmaceutique. Nous leurs avons déjà donné l’instruction, le savoir-faire et le transfert technologique. Jusqu’où faut-il aller ?


                  • n’importe quoi (---.---.198.172) 4 novembre 2006 15:16

                    Les pays d’Afrique remboursent leurs dettes, c’est pour ça qu’ils ne peuvent pas se développer ! Imaginez si la France devait consacrer 50% de son budget annuel à rembourser ses dettes ! La situation des pays émergents s’est aggravée depuis les années 80 à cause de la relève des taux d’interêts ! Certains pays ont dettes qui s’élevent à plus de 105% de leur PIB ! Etant donné qu’avec les taux d’intêret mirobolants les pays d’Afrique ont remboursé leurs dettes plusieurs fois, le reste devrait être annulé, et les nouveaux prêts devraient être accordés à des taux bas. Il faudrait aussi que les pays riches arrêtent de subventionner leur agriculture, c’est de la concurrence déloyale, les producteurs des payx pauvres n’arrivent pas à vendre leurs produits à cause des importations de produits moins chers ! C’est le monde à l’envers ! Et c’est dégeulasse, car c’est encore les pays riches qui oppriment les pays pauvres ! On est pas chez les cocos, l’agriculture n’est plus pratiquable chez nous sans subventions, alors il faut abandonner ce secteur, c’est tout. On laisse ce secteur aux pays pauvres et on reste dans la haute technologie.


                  • biendit (---.---.90.193) 1er octobre 2006 12:54

                    D’ac avec internaute. L’Afrique a reçu déja l’équivalent de 5 fois le plan Marshall qui a permis à l’Europe de redevenir prospère 1945...Qu’en ont -ils fait ? 80 guerres et 50 coups d’états...

                    L’histoire est simple, il y avait un manque, WU l’a comblé a pris des risques, a investi a réussi... est un crime qu’une entreprise fasse de l’argent ? Avec les millions d’immigrés que l’europe a et les milliards qui transitent, ils auraient de quoi créer un concurent à wu s’ils le voulaient... Pour l’idée d’un service étatique, encore et toujours de l’assistanat...il y a un problème il faut que l’état y rémédie comme ça moi je n’ai pas de responsabilités... 1 le transfert d€ qui nous appauvrit n’a rien à voir avec une mission étatique 2 ça rendrait encore plus rentable l’immigration en France, ce qui dommageable pour nous ( on a beau dire que non si on prend les chiffres si ça coûte les yeux de la tête)

                    Car le côté chance pour la France de l’immigration m’échappe d’autant plus que j’habite dans une banlieue pourrie qui est encore passée sur tf1 il ya 15 jours.


                    • n’importe quoi (---.---.198.172) 4 novembre 2006 15:02

                      Les USA ont beaucoup plus d’immigration que nous, pourtant économiquement ils vont mieux ! Le problême français ne vient pas des immigrés mais de la difficulté de créer des emplois ! Si vous ne pouvez pas licencier comme vous voulez, vous réfléchissez à deux fois avant d’engager des gens ! Les américains se font peut-être licencier facilement, mais ils retrouvent aussi du travail TRES facilement, même les salariés d’âge mur ! a population française trouve ça dégeulasse de licencier, mais il vaut mieux licencier que voir une entreprise fermer sa porte ! On est pas dans un pays communiste !

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