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RéAction directe

Il y a des billets qu’on a envie d’écrire comme on lance une bouteille à la mer. Pour affirmer certes ce que l’on pense mais pour accueillir aussi, peut-être, d’autres réponses aux mêmes interrogations. On peut communiquer une conviction et en même temps n’être sûr de rien. C’est cela que j’aime tout particulièrement dans un blog : ce dialogue à retardement qui vient propager ses effets bien en amont, quand tout est dit mais que le doute a toujours droit de cité dans l’esprit du rédacteur.

Le Monde, récemment, a publié un article sous la signature de Jean-Baptiste de Montvalon : "Le soutien aux anciens d’Action directe s’élargit". Le chapeau nous apprenait également que "150 personnes se sont réunies pour réclamer la libération des quatre militants".

Sans dérision aucune, j’avoue que j’ai été rassuré. Ce "soutien élargi" réduit à 150 personnes, parmi lesquelles trois personnalités dont la présence n’étonne pas - Dominique Grange, une chanteuse militante, Alain Geismar et Gérard Miller -, n’est pas à ce point pléthorique qu’il doive conduire à questionner la santé de notre démocratie. On n’a donc trouvé que 150 partisans de la libération de coupables de deux assassinats commis en 1985 et 1986 !
Sur un autre plan, et pour manifester que mon approche, pour être sans concession, n’est pas non plus exempte d’équité, je trouve tout à fait normal qu’une des condamnées ait été remise en liberté à cause de son état de santé. Elle est morte aujourd’hui. Une autre, à plusieurs reprises, a formulé une demande de suspension de peine en raison de sa pathologie et il ne serait pas indécent de la satisfaire enfin.

Pour l’essentiel, je voudrais m’attacher à analyser la situation des quatre militants d’Action directe (AD) en montrant sa grande différence avec celle des criminels de droit commun.
Ils ont tout à fait le droit de ne pas renier leur folie et de refuser une repentance à la suite des tragédies qu’ils ont causées. Il est cependant piquant de constater que les mêmes qui avaient été scandalisés par l’arrogance de Maurice Papon restant droit dans ses dénégations n’ont jamais fait le même reproche aux accusés d’AD, qui sans doute bénéficiaient de l’aura suspecte qui s’attache chez nous aux pires agissements, pour peu qu’on ait l’habileté de les colorer d’idéologie subversive. Alors qu’à mon sens, l’absence d’indulgence doit précisément tenir à cet habillage politique.

Lorsqu’Alain Geismar s’interroge de la manière suivante : "La loi, si elle veut être respectable et respectée, doit être la même pour tous. Pourquoi appliquer une sévérité d’exception aux détenus d’Action directe ?", il croit émettre une réflexion de bon sens qui pourrait se résumer au refus de deux poids, deux mesures. Il me semble qu’il commet une erreur d’appréciation. Pour AD, il ne s’agit pas du même poids ni de la même mesure que ceux que l’assassinat "classique" appelle, et ce, pour une double raison.

L’assassinat "ordinaire", celui qui dans une vie conduit à vouloir, à préparer et à perpétrer la mort d’autrui, derrière son apparente maîtrise reste toujours, dans les profondeurs de l’être, un crime du désespoir et d’une forme de panique. Imbécile ou intelligent, il y a un moment où le meurtre prémédité vous apparaît absurdement comme le seul moyen de résoudre un noeud de difficultés devant lesquelles on se sent totalement impuissant. La mort désirée d’autrui est le remède aberrant qu’on a cru trouver à sa propre angoisse devant une réalité qui vous dépasse et qu’on ne rattrape, du bout de l’horreur, que par le crime. Les assassinats d’AD ne sont pas, dans leurs tréfonds, des crimes de l’angoisse et du désespoir. Ils constituent au contraire le défi que lancent des personnes assurées de leur bon droit, campées dans un orgueil dément, bardées de certitudes meurtrières, murées dans des tempéraments à la fois rigides et sans merci, justiciers malades et exécutants sans pitié, sûres en tout cas de détenir la vérité et d’être légitimes en tuant. Ce sont des crimes de l’arrogance et du mépris. Ce qui les inspire n’est pas une intime fragilité mais un conscient sentiment de supériorité. Rien à voir, donc, avec les assassinats du commun des accusés.

La seconde raison se rapporte aux tragédies sociales suscitées par ces militants d’AD. Leur ambition allait bien au-delà de la mort de Georges Besse et de René Audran. Elle visait, par ces crimes, à saper les fondements d’une société et d’un Etat pour y introduire le venin d’une malfaisance sans pareille. L’assassin "ordinaire" est enfermé dans la relation qui le lie à sa future victime et il demeure stupéfait lorsqu’on évoque l’ordre public et le trouble porté à la vie collective. Dans les crimes d’AD, il y a au contraire la perversion de s’en prendre, au-delà de la victime, à l’ensemble d’une communauté pour briser net les aspirations démocratiques qui récusent par principe le sang et la mort. Constituer l’assassinat comme une contradiction revendiquée et magnifiée, c’est accepter une condamnation et une exécution de la peine qui ne vous prendront pas pour un accusé et un condamné ordinaires.

Les crimes d’AD ont un poids spécial et une mesure singulière. Leur aune n’est pas celle des autres transgressions. Le recours à l’argument d’humanité, la compassion qu’inspirerait le sort de ces militants, une durée d’enfermement suffisante, aucune de ces considérations ne me paraît décisive. Contrairement à Alain Geismar, je pense qu’ils ont droit justement à "une sévérité d’exception".

Ce ne serait pas faire preuve d’égoïsme mais de lucidité que de se pencher sur d’autres victimes. Des vraies.


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49 réactions à cet article    


  • monteno (---.---.179.94) 5 mars 2007 13:55

    @l’auteur

    Merci pour cet article qui fait à lui tout seul contrepoids à celui du Monde de JB Montvalon !

    Vous avez trés bien explicité les raisons qui me faisaient considérer les positions en apparence équitables de A. Geismar comme perverses et ne tenant pas la route !

    Pourquoi Geismar, Grange et Miller ont-ils cette « compassion » pour les membres d’Action Directe ? ( J’aimerai savoir d’ailleurs, s’ils n’ont pas la même « compassion » pour Battisti ?).

    Est-ce seulement parce qu’ils se positionnent en défenseurs de droits qui seraient déniés aux membres d’Action Directe ?

    Ou bien sont-ils guidés par le combat pour le support des membres d’Action Directe, parce qu’ils font partie de la famille communiste révolutionnaire ?

    Autrement dit, sont-ils des citoyens pensant avoir rélevé une injustice ou bien sont-ils des militants agents d’influence, défendant par tout les moyens et arguments, leur famille ?


    • (---.---.37.71) 5 mars 2007 14:02

      Une seule régle : Peine de mort pour les terroristes et leur complice !


      • JC. Moreau JC.Moreau 5 mars 2007 15:00

        Merci Mr Bilger pour ces rappels salutaires, évidences qui semblent pourtant progressivement déserter le sens commun.

        Cette surenchère frauduleuse de compassion, cet appel putassier à l’« humanisme », cette banalisation permanente du crime... autant d’aberrations dont se sont entichées les foules désoeuvrées.

        Pour revenir sur cette notion d’ « habillage politique » du terrorisme que vous évoquez, je serai tenté d’ajouter que c’est précisément ce costume qui séduit, et plus encore son revers.

        Je m’explique : si l’alibi idéologique avancé peut séduire, c’est l’essence même du terrorisme, le mode opératoire dont il se réclame, qui suscite à mon sens un tel attrait. Quelle plus belle invention que le « terrorisme », cette arme qui est censée transformer le désespoir en puissance ! Qu’a-t-on inventé de plus efficace comme stratégie armée ? User du terrorisme, c’est se placer d’emblée dans la posture de la victime, en martyr candidat à la sanctification populaire. Par le terrorisme, le prestige de la cause éclipse les victimes réelles, trop triviales, trop accidentelles au final pour susciter l’engouement populaire. C’est là le plus grand succès du terrorisme, faire disparaître la réalité des faits pour lui substituer une idéologie.

        Pour résumer, il me semble que le terrorisme est le modus operandi qui a su tirer tous les enseignements de Clausewitz (recours à la force armée comme prolongation du politique) tout en exploitant les apports de la psychologie moderne, en parvenant à recréer les conditions propices à un syndrome de Stockholm à grande échelle.


        • (---.---.37.71) 6 mars 2007 09:26

          « User du terrorisme, c’est se placer d’emblée dans la posture de la victime, en martyr candidat à la sanctification populaire. »

          Bein non, puisque terrorisme vient de Terreur, (Teroristes est l’autre nom des Sans Culottes), la grande période de la Révolution.... Bref, c’est un truc étatique par définition. Le terrorisme, c’est se prendre pour l’Etat.


        • jean-christophe.moreau (---.---.88.30) 6 mars 2007 10:33

          Il y a à mon sens une erreur et une approximation dans votre approche du terrorisme.

          - Une erreur lorsque vous attribuez la paternité du terrorisme à la période historique de la Terreur. Le recours au terrorisme est de loin antérieur à la période révolutionnaire (même s’il est vrai que le messianisme politique que véhicule la Révolution favorise le terrorisme, dans une certaine mesure). Par exemple, les Zélotes (secte juive ayant recours à l’assassinat politique) contribuèrent à provoquer une insurection contre l’occupation romaine. De même, la secte ismaëlienne des Assassins pratiquèrent l’assassinat politique à l’arme blanche à l’encontre de dignitaires musulmans, et pendant deux siècles à comter de la fin du Onzième siècle.

          - Une approximation lorsque vous définissez le terrorisme comme le fait de se prendre pour l’Etat. Le terrorisme se définit avant tout comme un mode opératoire, et le dit mode consiste à accomplir un acte dont les conséquences psychologiques seront plus importantes que ses conséquences réelles ou immédiates.

          DAns sa justification populaire, le terrorisme ne se justifie que par l’existence réelle ou supposée d’une injustice. L’injustice dont se réclame le terroriste justifiant celle qu’il fera subir aux autres... Dans le terrorisme d’Etat, ce n’est pas l’injustice qui est invoqué pour justifier le recours à la violence mais le danger, la menace à la survie de l’Etat ( la célèbre défense du « salut public » prôné par Maurras, par exemple).

          Ps : A toute fin utile, je vous conseille la lecture de l’ouvrage « Histoire du terrorisme, de l’Antiquité à Al-Quaida », réalisé sous la direction de CHALIAND et BLIN aux éditions Bayard (existe également en poche).


        • Julien (---.---.227.52) 5 mars 2007 15:11

          Excellent article, une fois de plus.

          Cependant, vous semblez prôner le retour à une « vraie » détention à perpétuité dans le cas des actes terroristes tels que ceux commis par les membres d’Action Directe. Cette idée ne me choque pas fondamentalement, mais je constate que la répression est bien moins appuyée à l’égard, par exemple, des indépendantistes Corses, responsables de la mort du préfet Erignac (l’expression « saper les fondements d’une société et d’un Etat » que vous avez employée peut-elle mieux s’illustrer que dans ce cas ?).

          On pourrait facilement en conclure que si l’application de la peine est aussi dure avec les anciens membres d’Action Directe, c’est justement parce que ce groupuscule est mort et enterré. L’Etat serait-il soucieux de maintenir une certaine forme de dialogue (contrairement à ce qui a toujours été affirmé) avec des terroristes qui, eux, sont toujours opérationnels ? N’y aurait-il pas deux poids, deux mesures, en fonction du pouvoir de nuisance réel d’un groupe armé ?

          Soyons sans pitié avec les membres d’Action Directe. Mais soyons aussi intraitables avec tous les autres noyaux terroristes.


          • Mémoire (---.---.39.193) 5 mars 2007 15:39

            Les condamnés d’action directe sont tenus d’assumer leur peine. Soit, on pourrait le penser.

            Mais que dire des imposteurs qui leur ont fourni à l’époque tout le verbiage pontifiant à coloration marxiste qui les a guidés et entraînés là où ils sont.

            Ces imposteurs sont ceux là mêmes qui aujourd’hui font appel à une impartialité dont ils n’avaient que faire à l’époque , tout occupés à leur revolutionnarisme factice.


            • Marsupilami Marsupilami 5 mars 2007 15:46

              Bon article. Ceux qui choisissent l’action terroriste dans une société démocratique doivent lourdement le payer, quelle que soit leur idéologie.

              En passant et puisque Dominique Grange est co-signataire de cet appel à la mansuétude, je ne résiste pas au plaisir de faire un lien sur sa chanson Les nouveaux partisans. Un chef d’œuvre de khônerie gauchiste des années 70.


              • (---.---.142.90) 5 mars 2007 17:00

                Les vraies victimes ? Vous osez poser la question Monsieur Bilger ? Vous, le Magistrat ?

                J’apprécie grandement vos réflexions, mais en réaction indirecte, nous sommes bien les tartufes du système judiciaire ! (en autres)

                Car, vous êtes mieux placé que quiconque pour savoir que la justice c’est : recherche des coupables et punition des innocents !

                Alors que la justice n’est qu’un instrument de pouvoir et qui n’arrive vraiment pas à se réformer !

                Les victimes pourront attendre... la Saint-Glinglin... et vous le savez !

                Les victimes sont coupables... d’être victimes !

                Moins nous avons affaire avec la justice, mieux nous nous portons, c’est bien connu !

                Pourtant, il nous arrive de ne pas y échapper... et de comprendre que l’injustice sera le premier échec de la justice humaine !

                Avec tous mes respects.


                • Philippe (---.---.199.21) 5 mars 2007 17:17

                  Vous ne trouvez pas que tout ce qui est excessif est insignifiant ?


                • (---.---.141.75) 5 mars 2007 17:50

                  À Philippe,

                  Que trouvez-vous d’excessif ?

                  Que trouvez-vous d’insignifiant ?

                  Une réalité que vous n’avez pas encore vécu ?


                • Philippe (---.---.199.21) 5 mars 2007 17:56

                  Vous plaquez un pessimisme, une idignation globale et sans nuance sur une réalité infiniment plus complexe, rarement désastreuse, parfois passable, quelquefois remarquable. La justice ne s’acquitte pas, ne se condamne pas en bloc.


                • JC. Moreau JC.Moreau 5 mars 2007 18:12

                  Il me semble que l’intervenant anonyme, bien qu’exprimant son opinion avec une certaine véhémence, soulève une problématique tout à fait réelle et générale, à savoir l’éviction des victimes dans le droit pénal.


                • (---.---.156.185) 5 mars 2007 18:40

                  À Philippe,

                  "Vous plaquez un pessimisme, une indignation globale et sans nuance sur une réalité infiniment plus complexe, rarement désastreuse, parfois passable, quelquefois remarquable. La justice ne s’acquitte pas, ne se condamne pas en bloc.“

                  À vous entendre, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Il n’y a pas de problème avec la justice, l’un des piliers de nos démocraties. Platon se retourne dans sa tombe , Zola s’excuse, et comme je disais, les victimes peuvent toujours attendre...

                  Les experts sont la source de cette complexité et vous leur dites merci ! Encore !

                  L’un de nous deux doit rêver debout, et si être pessimiste est le fait de constater les dérives de nos sociétés, alors oui, je suis un optimiste qui s’ignore...

                  Cependant, j’ai pris plaisir à lire votre réponse qui est remarquablement bien tournée.


                • D. Artus D. Artus 5 mars 2007 17:28

                  Vous savez bien que la gauche bien-pensante a toujours eu besoin de soutenir la gauche révolutionnaire, et ce, même dans ses pires débordements. Ce n’est pas une question de justice, mais de pure politique. On donne des gages à l’extrême gauche parce qu’on a peur, qu’on est fasciné, par leur engagement. Et comme jusqu’à aujourd’hui, l’intellectuel était forcément de gauche...


                  • Matthao (---.---.203.193) 5 mars 2007 19:23

                    Alain Geismar, figure de proue du mouvement révolutionnaire étudiant de Mai 68, aujourd’hui fonctionnaire à la Mairie de Paris, Gérard Miller, avec ses airs de Tribunal du Peuple, co-animateur d’une émission niaise à Antenne 2, montrent, du haut de leur embourgeoisement, à cette génération, le chemin de la Vérité ( en réclamant la clémence pour les martyrs) et désignent les ennemis de la cause.

                    Des universités entières, avec des énergumènes de ce type, ont vécu sous le joug du marxisme mâtiné de maoïsme devenu de nos jours l’alter-mondialisme. On sait où va la sympathie de ces Robespierristes de pacotille qui les faisaient s’écrier, avant la chute du mur de Berlin :« plutôt rouge que morts »...Ce sont des has-been mais très écoutés à gôche où s’épanchent nombre d’intellectuels dévoyés, autorités morales éclairées de notre siècle comme, c’est bien connu, Sartre, juché sur un tonneau, le fût en son temps. Leur mansuétude de faux gentils, toujours sélective, est bien plus que suspecte et mérite le mépris.


                    • Céline Ertalif Céline Ertalif 5 mars 2007 22:57

                      Bonsoir,

                      Ce qui les inspire n’est pas une intime fragilité mais un conscient sentiment de supériorité, vous vous livrez à un interprétation discutable sur les membres d’AD. C’est très subjectif.

                      Je crois qu’il faut absolument reconnaître leur position d’acteur politique. Le qualificatif de criminel ne paraît inapproprié. Ce sont des guerriers, désinteressés, sans doute désespérés et qui ont perdu. On peut estimer que leur projet est fou, mais que savez-vous, Monsieur l’avocat général du désespoir d’un projet politique dans lequel on a engagé l’essentiel de sa vie ?

                      Je ne suis pas sûr qu’on puisse avoir un raisonnement cohérent dans ce genre de situation. J’ai cru comprendre qu’Action Directe rejetait totalement la légitimité de la « justice de la bourgeoisie ». Pour ma part, je trouve très discutable d’entreprendre de juger un ennemi politique. Il peut y avoir là une forme de torture morale. La Justice est une affaire interne, elle est reconnue par ceux qui reconnaissent la légitimité de l’ordre social d’un pouvoir institutionnel, pas par ceux qui combattent ces institutions.

                      Ma position est sans doute assez conservatrice sur la distinction entre l’ordre interne et l’ordre externe. Les terroristes sont les perdants de l’Histoire que personne ne veut jamais reconnaître. Et aujourd’hui, on cherche à qualifier certains états de terroristes. Abattre Milosevic, Rouillan, Saddam Hussein, etc... comme des guerriers me paraît aussi sage que d’entreprendre de les juger.

                      Dénoncer ces « personnes assurées de leur bon droit, campées dans un orgueil dément, bardées de certitudes meurtrières, murées dans des tempéraments à la fois rigides et sans merci, justiciers malades et exécutants sans pitié, sûres en tout cas de détenir la vérité et d’être légitimes en tuant », c’est terrible, mais j’ai bien peur que ma subjectivité soit assez proche de la vôtre dans le cas d’espèce. Néanmoins, je vous avoue que je ne voudrais pas être le serviteur de l’Etat qui entend condamner ses ennemis. Parce qu’à mon avis, aucun état n’est assez légitime pour cela.


                      • Philippe (---.---.199.21) 5 mars 2007 23:41

                        Quelle étrange conception vous avez !Elle fait froid dans le dos.Ainsi des assassins sont qualifiés d’être seulement des ennemis politiques et la tragédie est consommée.


                      • JC. Moreau JC.Moreau 5 mars 2007 23:43

                        Céline,

                        Vous me semblez illuster par votre intervention les travers que j’ai décrit plus haut, à commencer par cette indulgence face aux crimes qui s’habillent de mobiles politiques.

                        Vous dites qu’il faudrait reconnaître aux membres d’Action Directe le statut d’acteur politique, postulat sur lequel vous vous fondez pour dénier à l’Etat le droit de juger ses « ennemis »... Faut-il vous rappeler que Georges Besse était un membre de la société civile et non un représentant de l’Etat ? Ne serait-ce qu’à ce titre, les membres d’AD relevaient de facto du droit pénal et relèvent encore de celui-ci. De plus, la lutte d’AD s’est inscrite dans un contexte où le syndicalisme, sauf erreur de ma part, défendait par des moyens authentiquement politiques la lutte pour les intérêts du prolétariat. En d’autres termes, il ne s’agissait nullement d’une situation désespérée où les membres d’AD n’auraient eu d’autres moyens à leur disposition que la violence pour introduire leur cause dans l’espace public.

                        Je ne saisis décidémment pas sur quels arguments rationnels vous vous fonder pour prendre ainsi fait et cause pour ces terroristes.


                      • monteno (---.---.179.94) 6 mars 2007 00:55

                        @celine

                        Vous passez un peu vite sur l’essentiel : AD a tué au moins deux personnes, prises sans doute dans l’ordre alphabétique d’une liste macabre de victimes potentielles : le général Audran et Georges Besse.

                        On ne peut pas d’une part considérer que c’est l’honneur de la gauche d’avoir aboli la peine de mort ( peine de mort autrefois décidée par la justice en général pour certains assassins) et accepter de transformer en combat politique le fait d’assassiner deux personnes ( Audran et Besse) parce qu’elles seraient des symboles !

                        Revenez à la raison !


                      • (---.---.37.71) 6 mars 2007 09:21

                        « La Justice est une affaire interne, elle est reconnue par ceux qui reconnaissent la légitimité de l’ordre social d’un pouvoir institutionnel, pas par ceux qui combattent ces institutions. »

                        C’est bien pour cela qu’il fallait les exécuter eux et toute leur ligné sans jugement. Les services secrets, c’est pas fait pour les chiens !


                      • Bef (---.---.27.249) 6 mars 2007 13:30

                        Je déplacerais pour ma part le point de vue : pour moi, le terrorisme (si tant est que l’on peut parler DU terrorisme) n’est pas à placer à l’intérieur ou à l’extérieur de la société.

                        Il me semble en fait très proche du crime contre l’humanité ; puisqu’il dénie à l’adversaire toute légitimité d’être humain en le considérant au mieux comme un symbole, au pire comme un objet anonyme et négligeable, que l’on peut éliminer sans remords.

                        D’autre part, je ne comprends pas comment vous pouvez définir un terroriste (qui se définit comme tel et assume ses actes) comme un « acteur politique ». C’est à la limite du supportable. Oui, je suis d’accord avec l’auteur, il me semble que ces terroristes ont un immense sentiment de supériorité, en prétendant savoir quelle est la meilleure société et en voulant l’imposer. Se prennent-ils pour des dieux ayant le pouvoir de vie et de mort ? A partir de là, on peut aussi s’interroger sur les motivations de ceux qui les soutiennent : jusqu’où va leur leurs sentiments humanitaires (que je ne remets pas en cause) ? Où commence la fascination ? Où commence l’admiration ? Où commence le soutien actif ?


                      • Céline Ertalif Céline Ertalif 6 mars 2007 22:41

                        @ Philippe et à quelques autres

                        Ainsi des assassins sont qualifiés d’être seulement des ennemis politiques et la tragédie est consommée. Ma réponse est oui.

                        Mais cela n’est pas si étrange que cela, la politique n’est rien d’autre que cela. Clausewitz a écrit une célèbre formule selon laquelle la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Et vice versa si vous voulez. Nos grands-pères sont morts sur des champs de bataille parce qu’ils tuaient des types innocents en face. L’obéissance à quelque idéologie que ce soit, aussi majoritaire soit-elle, n’y change rien. Oui, la tragédie a été consommée et plus d’une fois.

                        Je récuse la compassion vis-à-vis d’Action Directe où certains voudraient me jeter sous prétexte que je propose un angle d’analyse dérangeant. Le propos d’IP 75.37.71 me choque bien moins, c’est vrai que nous payons des services secrets pour faire la guerre pendant la paix, même dans les démocraties.

                        J’ajoute que la politique consiste à produire du droit et qu’effectivement je suis un peu méfiante quand les juristes se mettent à produire de la politique. Ne faites les effrayés, ceux qui ont froid dans le dos et tout ça... La modération politique s’accommode beaucoup mieux de l’incohérence des hommes que toute légitimité construite par idéologie juridique ou légale. Pensez un instant à Churchill qui décida de se taire plutôt que de protéger je ne sais plus quelle ville anglaise des bombarbements allemands pour protéger des intérêts stratégiques qu’il a estimé, tout seul, supérieur à la vie de quelques milliers de personnes : il ne faisait ce jour là ni de la morale, ni du droit, il faisait de la politique.

                        Le verbe de Philippe Bilger est admirable, et j’en suis sincèrement touchée. Néanmoins, Philippe, votre angle de vue n’est pas le mien et je ne suis pas prête à adopter le vôtre !


                      • Forest Ent Forest Ent 5 mars 2007 23:08

                        Pour une fois, assez d’accord avec l’auteur sur un certain nombre de points.

                        Par contre, la mention de M. Papon me semble un point Godwin. AD n’a pas commis de « crimes contre l’humanité » ni déporté d’enfants.


                        • Senatus populusque (Courouve) Courouve 6 mars 2007 00:46

                          Tout meurtre ou assassinat est un crime contre l’humanité ; marre, au XXIe siècle, de l’exception de la victime juive.


                        • Forest Ent Forest Ent 6 mars 2007 01:01

                          Si « tout meurtre est un crime contre l’humanité », alors cet article qui vise à comparer plusieurs sortes de meurtres n’a pas de raison d’être. Dites-le alors.

                          Quand aux « crimes contre l’humanité », ils ne concernent pas que le nazisme, et le terme a été employé - à juste titre à mon avis - à propos de l’ex-Yougoslavie et du Rwanda.

                          C’est un peu fort, quand même ! Je Godwine, et du coup je me fais Godwiner ! smiley On ne peut plus Godwiner tranquillement ? smiley


                        • iren-nao (---.---.144.247) 6 mars 2007 04:20

                          Les crimes de AD ne sont pas du domaine crapuleux. Ils sont le fait de gens ayant decide d’opposer a une violence legale (discutable, mais souvent la pire) une violence desormais illegale mais qui soulage : La violence physique dont on fait aujourdhui tout un plat.

                          Ces gens la savaient tuer, ils pouvaient savoir mourir. (Saddam a su mourir).

                          Franchement on les aurait liquides il y a 20 ans, on leur eut eviter la torture de 20 et qq annes de placard et a nous ces discussions oiseuses auxquelles je participe en attendant l’heure de la gamelle.

                          Ils sont probablement aujourdhui bcp plus revenus de leur connerie que Mr Geismar.

                          Les victimes sont tjrs mortes. Comme nous tous dans bientot.

                          Et arretons de nous gargariser avec des termes genres crime contre l’humanite, ou genocide etc cela s’applique a des cas bien differents.

                          Au fait avez vous entendu parler de repentance et pardon ????

                          Bon,c’est l’heure du couscouilles.


                          • (---.---.37.71) 6 mars 2007 09:17

                            « Au fait avez vous entendu parler de repentance et pardon ? ? ? ? »

                            Et vous de devoir de vengeance ?


                          • Rocla (---.---.251.61) 6 mars 2007 08:11

                            Imposer son point du vue au moyen d’ une rafale d’ arme automatique est convaincant , dans la mesure où l’ interlocuteur est un peu gèné pour répondre ; au-delà de cet aspect matériel de la discussion , le manque de savoir-vivre est avéré dans cette forme de dialogue . Cependant , si chaque fois où l’ on constate que la société n’ est pas à notre image on tire dans le tas , en comptant simplement les victimes ,le mal de vivre augmenterait en même temps.. Non pas essayer d’ adapter la société à soi , on peut envisager de s’y adapter . Solution intermédiaire ? .

                            Rocla


                            • Martine (---.---.199.140) 6 mars 2007 08:57

                              « On n’a donc trouvé que 150 partisans de la libération de coupables de deux assassinats commis en 1985 et 1986 ! »

                              Il y en a bien plus... Il y a eu des grèves récentes où les ouvriers réclamaient le retour d’AD.

                              « Imbécile ou intelligent, il y a un moment où le meurtre prémédité vous apparaît absurdement comme le seul moyen de résoudre un noeud de difficultés devant lesquelles on se sent totalement impuissant. »

                              En lisant cette phrase, je pense à la machine étatique et/ou économique qui broie(nt) tout sans état d’âme... Quelle(s) réaction(s) engendre(nt)-elle(s) alors ?

                              « des personnes assurées de leur bon droit, campées dans un orgueil dément, bardées de certitudes meurtrières, murées dans des tempéraments à la fois rigides et sans merci, justiciers malades et exécutants sans pitié, sûres en tout cas de détenir la vérité et d’être légitimes en tuant. Ce sont des crimes de l’arrogance et du mépris. Ce qui les inspire n’est pas une intime fragilité mais un conscient sentiment de supériorité. »

                              Pourquoi ne pas voir simplement le côté humain de la chose ? C’est tellement facile de considérer son adversaire comme le diable personnifié et de refuser d’envisager simplement qu’il réfléchit, doute comme tout un chacun.

                              Si les membres d’AD étaient comme vous les décrivez, ils auraient tué des fonctionnaires et des capitalistes au hasard, à la manière de tueurs en série !

                              « Leur ambition [...] visait, par ces crimes, à saper les fondements d’une société et d’un Etat pour y introduire le venin d’une malfaisance sans pareille. »

                              Toujours cette diabolisation... Le Mal smiley

                              Vous êtes sans doute dans le vrai en ce qui concerne les objectifs d’AD. Admettons alors tous ensemble que nous vivons dans une société qui ne laisse pas de place à la contestation sérieuse.

                              « Dans les crimes d’AD, il y a au contraire la perversion de s’en prendre, au-delà de la victime, à l’ensemble d’une communauté pour briser net les aspirations démocratiques qui récusent par principe le sang et la mort. »

                              Le sang et la mort ne sont pas bannis par principe de la démocratie : l’armée et la police ne seraient pas ce qu’elles sont, la vie du peuple ne serait pas méprisée face à la raison d’Etat, la non-violence régnerait...

                              AD a fait le choix de répliquer à la violence des puissants faites aux plus faibles. Rappel schématique : Georges Besse licenciait à tour de bras, René Audran était vendeur d’armes. Prouvez donc que ces deux hommes ont été pleuré par l’ensemble des français ?? Quelle est donc la « communauté » dont vous parlez ?

                              « Constituer l’assassinat comme une contradiction revendiquée et magnifiée, c’est accepter une condamnation et une exécution de la peine qui ne vous prendront pas pour un accusé et un condamné ordinaires. »

                              Ils assument... toujours... Cela n’empêche que leurs soutiens peuvent réclamer leur libération sans trahison.

                              Par ces quelques commentaires, je ne souhaite pas prendre parti : sur ce sujet, je n’arrive pas moi-même à déterminer si ce qui a été fait se révèle juste ou non (je parle des actes d’AD, comme de la réaction de l’Etat). Je ne crois pas pouvoir me situer dans un camp ou dans l’autre. Mais les faits me poussent à m’interroger...

                              Dans le doute, il ne me reste que mon humanité : Libérez les membres d’AD !

                              Martine


                              • Philippe (---.---.199.21) 6 mars 2007 09:09

                                L’humanité est un capital et un sentiment bien trop précieux pour être ainsi, à mon sens, dévoyée et par des considérations choquantes.Démocratie et assassins seraient sur la même ligne !


                              • (---.---.37.71) 6 mars 2007 09:14

                                Quel bel argumentaire. C’est comme pour la violence des Juifs qu’Hitler à tuer, que personne ne regrete, j’imagine. Tout pareil. Le racisme social, ca c’est chouette, et ca vaut bien le racisme biologique.. Puis moi aussi, comme je suis un raté malgrés l’école gratuite que m’ont payé les riches, bein je les tue. C’est logique. (Enfin moi, je suis plutôt pour creuver des fonctionnaires, chacun sa passion !).

                                Bon, sinon on reviens sur terre. AD, ce sont des fils à papa, des fils de bourge, de riches, comme la pluspart des terroristes. Par quel Etat etaient-ils financé ? On aurait du les jeter vivant dans des fours crématoires, comme ils faisaient en URSS, leur modéle. Là vous pourriez parler de violence d’Etat. Aprés avoir bien sur écorché vif devant eux tout leur parent et descendants. Il faut être impitoyable. Hélas, nous sommes bien loin de la violence d’Etat que vous appelez de vos voeux. Loin d’être des resistants, ce sont des débiles, piégé dans la prison mentale du Marxisme-Léninisme. Toute leur vie n’a été qu’une longue erreur sanglante : La damnation éternelle les attend.


                              • monteno (---.---.179.94) 6 mars 2007 10:50

                                @martine

                                Vous avez écrit :

                                « Si les membres d’AD étaient comme vous les décrivez, ils auraient tué des fonctionnaires et des capitalistes au hasard, à la manière de tueurs en série ! »

                                Si justement AD a tué au hasard des hauts fonctionnaires (Georges Besse appartenait au corps des Mines et le général Audran au corps des ingénieurs de l’armement) dont les noms étaient en tête d’une liste macabre triée par odre alphabétique ! Audran commence par un A et Besse par un B !

                                Vous dites un peu vite qu’on ne peut pas prouver que le peuple de France les a pleurés ; regardez aujourd’hui la réaction du peuple de France pour défendre EADS : EADS est un fabriquant d’armements (et d’avions civils via AirBUS) !

                                J’espère pour votre santé mentale et votre capacité de jugement que vous ne croyez pas à ce que vous écrivez dans votre commentaire : aucune cause politique ne justifie qu’on assassine un être humain ! C’est de la barbarie !


                              • Martine (---.---.199.140) 6 mars 2007 11:11

                                @monteno

                                Je suis entièrement d’accord avec vous : « aucune cause politique ne justifie qu’on assassine un être humain ! C’est de la barbarie ! ». Je n’ai jamais écrit le contraire...

                                Malheureusement pour nous, quelle cause politique n’a jamais fait couler le sang ? Même pas la démocratie...

                                Je suis très sensible aux idées de la non-violence mais je n’en méprise pas pour autant ceux qui choisissent une autre voie. J’essaie donc de ne pas m’arrêter au rejet premier (et légitime) de cette violence mais de questionner son origine...

                                (ce qui me fait réagir aux articles agressifs et péremptoires smiley


                                • JC Moreau (---.---.88.30) 6 mars 2007 12:14

                                  Martine,

                                  Il me semble que votre commentaire dépasse largement le simple questionnement lorsque vous écrivez « AD a fait le choix de répliquer à la violence des puissants faites aux plus faibles. Rappel schématique : Georges Besse licenciait à tour de bras, René Audran était vendeur d’armes. ». A mon sens, le « rappel schématique » auquel vous procédez relève déjà de la justification, et non de la simple compréhension.

                                  AD n’a rien fait d’autres qu’appliquer un principe de responsabilité collective (esssence même du totalitarisme), le simple fait d’être considéré comme « puissant » étant à leurs yeux un crime passible de la peine de mort.


                                • monteno (---.---.179.94) 6 mars 2007 14:23

                                  @martine

                                  Il n’est pas facile de dialoguer avec vous tant que vous acceptez d’écrire dans le même commentaire des affirmations contradictoires. Vous ne pouvez pas à la fois reconnaître qu’aucune cause politique justifie l’assassinat d’un homme et rechercher une certaine légitimité à ceux qui se permettent cet acte barbare !

                                  Si tout est ds tout et réciproquement comment discuter et progresser ? Bien sûr il n’est pas besoin d’arriver à un concensus sur tout ; mais il est interessant de comprendre où est l’autre, de comprendre pourquoi on a des positions différentes !

                                  Je comprends que quelqu’un veuille changer un système qu’il n’approuve pas ; mais il y a pour cela des règles définies par le cadre de nos lois ; tuer celui avec qui on n’est pas d’accord ne fait pas partie de nos règles, « point barre », c’est un barbare ! Ce point n’est pas discutable ! Si nous ne partageons pas ce point alors je crois que nous ne pouvons pas discuter d’autre chose avant d’avoir éclairci ce désaccord fondamental !

                                  Une des raisons pour laquelle on a combattu avec raison le communisme est que partout où il a été appliqué le sytème communiste a considéré comme normal de tuer ou faire disparaître ses opposants ; c’est (« les faits sont têtus ») une des ses marques de fabrique. J’imagine que AC a agit dans ce cadre là, en considérant que tuer un opposant était un comportement légitime justifiable et normal !

                                  Si le peuple de gauche se croit obligé de supporter et défendre AC ( et j’ai envie d’ajouter Battisti et ses cellules communistes combattantes), est-ce parce qu’il considère que cette « valeur » du système communiste ( à savoir pouvoir légitimement assassiner quelqu’un qui s’oppose à lui) fait partie de son patrimoine culturel ? Alors je ne fais pas partie du peuple de gauche !


                                • barbouse, KECK Mickaël barbouse 6 mars 2007 13:13

                                  Il est toujours délicat de faire le distingo entre un acte irreversible comme le meutre et ce qui le motive, et cette difficulté entraine la quete de vérité entre les faits et leur interprétations.

                                  AD était à la fois armée d’explosif et d’idéologies d’extrême gauche, et leur crimes c’est autant de les avoir utilisés autant contre la vie de citoyens que contre les idéaux politique dominant au sein d’une démocratie, donc à priori légitime.

                                  Un crime perpétré par AD, et donc à la culpabilité partagée par ceux qui l’on composé, soutenu et orchestré, n’a effectivement rien a voir avec un crime de droit commun, ni de comparaison probante, si ce n’est dans certaine méthodes de terrain, avec le crime en bande organisée.

                                  Mais ces distingos sur les motivations n’empêche pas la fatale résultante. Que l’on soi tué par un conjoint jaloux ou par un militant extrémiste au nom de sa cause, on en deviens pas moins mort.

                                  Et la justice selon son principe de réparation, normalement autant à l’endroit des victimes qu’à celui du criminel, certe a stopper l’engrenage de la violence des armes, certe a prononcer les peines les plus importantes autorisées par la loi,

                                  mais semble pécher lourdement dans son rôle de réparation des criminels lorsque ces derniers, même avec autant d’années de détention, ne semble toujours pas avoir compris ni admis le caractère simplement meutrier de leurs actes par un usage aveugle et immodéré de la force de leur idéaux.

                                  En même temps peut on demandé a une personne qui voit sa vie défilée derrière les barreaux de ne pas s’accrocher a ses convictions, quelqu’elles soient, pour tenir le coup ?

                                  N’est ce pas un recours bien humain, faute de mieux, de s’accrocher a ce qui justifie ou explique a ses propre yeux, dans l’isolement d’une cellule, le pourquoi on est là, le qui on est, ou du moins qu’elle est cette part de notre identité qu’il a fallut enfermé, et qu’envers et contre tout, meme dans l’erreur, meme dans la mauvaise foi, on va préserver en soi,

                                  tellement la prison vous dépossède et de votre vie dans le cadre d’une peine a perpétuité, mais aussi de vous même.

                                  Je ne crois pas que la sévérité d’exception s’applique en fonction du comportement repentant ou non du criminel, mais uniquement par rapport a la gravité des actes commis.

                                  Et pour ceux commis par AD, il est évident qu’une société saine ne peut pas les laisser sortir sans une querelle de principes entre la volonté d’indéfectible de la loi pour les victimes, et la volonté d’une vision d’humanisme, même et surtout pour ceux qui par leurs actes ont prouvé qu’il en manquait.

                                  Mais aucun de ces principes ne ramène à la vie une victime, pas plus qu’ils garantissent l’un sans l’autre, la possibilité pour les vivants de continuer malgré les crimes, a vivre ensemble.

                                  Mais dans la volonté de réparation qui doit être celle de la justice, est ce que la peine déja effectué suffit au familles des victimes, ce sont-elles reconstruites au point et de pardonner et d’être prête a subir le contrecoup médiatique qu’engendre la libération des membres d’AD ?

                                  Et pour ces derniers, est ce que finalement revoir un peu la liberté de prêt, la vie au quotidien des leurs, n’est il pas un moyen de mieux comprendre par l’affect ce qu’ils ont enlevé à d’autres, comprendre leur peine de prison, et par la même comprendre et leur erreurs et le pourquoi leur vie c’est faite en grande partie derrière des barreaux ?

                                  Et pour la société, il vaux mieux pour quantité d’autres raisons qui n’ont rien a voir avec la réalité des crimes d’AD, mais sur son état plus de 20 ans aprés, est il un bon ou un mauvais signe qu’on relache des terroristes extrémiste tellement ses 2 mots sont placardés dans la presse depuis le 11 septembre 2001,

                                  et que faute de connaitre action direct, beaucoup peuvent y voir une énième preuve de faiblesse du systême vis a vis de leur idéaux d’aujourhd’ui.

                                  merci pour votre article, monsieur bilger, a défaut d’opinion spontanément pour ou contre, j’en sors avec de bonnes questions pour m’en former une.

                                  amicalement, barbouse


                                  • Matthao (---.---.235.42) 6 mars 2007 13:28

                                    Martine, Paule pote ou la barbarie à visage féminin...Comment peut on tenir des discours aussi ineptes, de fausse compassion ne serait ce que par respect pour les millions de mort des goulags et autres bo-doï et kmers rouges. La peste n’est pas que brune ! C’est un aveuglement bien de chez nous... avec un béret..


                                    • Martine (---.---.199.140) 6 mars 2007 14:41

                                      @JC Moreau

                                      Mille excuses, je n’ai pas mis assez de réserve dans mon propos : les faits que j’ai rappelé ont servi de justification à AD, ils n’en sont pas une pour moi.

                                      Je ne m’estime pas capable de juger leurs actes. Je note simplement qu’on ne peut les réduire à des êtres malfaisants. Avant AD, ces hommes & femmes luttaient activement contre la dictature de Franco... Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, cela n’en fait pas non plus des héros. Juste des hommes avec des idéaux...

                                      Il me semble logique que l’Etat ne libère pas les membres d’AD - ne serait-ce que pour une question de cohérence. Pour ma part, je le déplore notamment car le traitement que les prisonniers subissent - et particulièrement les longues peines - est indigne d’un Etat moderne. La vengeance/le châtiment doit s’arrêter avant de se transformer en torture.

                                      A propos, toujours pour une question de cohérence, je crois qu’il serait temps de rétablir le statut de prisonnier politique car il y en a plus d’un dans notre pays !


                                      • JC.Moreau (---.---.141.227) 7 mars 2007 09:28

                                        @martine,

                                        Merci de ces précisions. Deux points sur lesquels je veux revenir dans votre réponse.

                                        Vous dites qu’on ne peut réduire les quatres membres d’AD à des êtres malfaisants, argumentant en ce sens qu’ils auraient activement lutter contre la dictature franquiste (j’emploie le conditionnel, car même si AD est effectivement issue de la fusion de groupes ayant effectivment participé à cette lutte, rien ne me prouve que les quatre intéressés aient personnellement participé à ladite lutte), mettant en exergue les idéaux dont ils se réclamaient. Sur un plan purement intellectuel, je serais enclin à vous suivre dans votre argumentation. Mais en l’occurence, le droit a pour fonction de sanctionner les crimes et délits, et la noblesse des idéaux poursuivis en d’autres circonstances ne légitime ni n’atténue la gravité des exactions commises au nom dévoyé de cet idéal sur le sol français. A moins bien sûr de considérer que la France des années 80 ne se distinguait en rien de l’Espagne franquiste, ce qui me semblerait être une analogie pour le moins osée.

                                        S’agissant du terrorisme, je serai tenté de reprendre cet aphorisme d’un juriste de l’entre deux-guerres, Josserand, pour qui « le moindre bon grain ne saurait purifier l’ivraie » (l’auteur évoquait alors l’abus de droit). Cet aphorisme n’a à mon sens rien perdu de son actualité. Dans un Etat de droit, la fin ne justifie pas les moyens.

                                        L’article de M. Bilger me semble-t-il ne parlait pas d’autre chose, et sa véhémence me semble largement justifiée quand tant de victimes restent à la fois ignorées par la justice, les médias et le politique.

                                        Ps : Un point sur lequel nous sommes d’accrod toutefois : les conditions de détention aberrantes dans le système carcéral français.


                                      • anthony (---.---.243.132) 6 mars 2007 17:08

                                        Merci Martine, enfin un commentaire constructif, qui ne soit pas empreint de haine.


                                        • tardif (---.---.55.142) 8 mars 2007 19:38

                                          Dans votre distingo, M. Bilger, entre l’assassinat « ordinaire » et « les crimes de l’arrogance et du mépris » des membres d’AD, je ne saisis pas quelle place vous accordez à l’assassinat politique d’un dictateur (et vous pouvez en effet voir ici une référence directe à la très ancienne théorie du tyranicide légitime, élaborée notamment par les Jésuites).

                                          Un autre exemple : l’assassinat du lieutenant-colonel Karl Hotz, le 20 octobre 1941 à Nantes, par trois résistants communistes, Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco. L’acte est immédiatement qualifié de « terroriste » par les autorités nazzies, qui déclenchent une répression féroce (notamment, sur ordre direct d’Adolf Hitler, l’exécution de 48 otages, parmis lesquels, au camp de Châteaubriand, celles de Guy Môquet (17 ans) et Jean-Pierre Timbaud ).

                                          L’acte de Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco ne constitue-t-il pas, comme vous le dites à propos des meurtres d’AD, « le défi que lancent des personnes assurées de leur bon droit, campées dans un orgueil dément, bardées de certitudes meurtrières, murées dans des tempéraments à la fois rigides et sans merci, justiciers malades et exécutants sans pitié, sûres en tout cas de détenir la vérité et d’être légitimes en tuant » ?

                                          Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco étaient-ils « légitimes en tuant » ? Leur orgueil était-il « dément » à se sentir dans « leur bon droit » à assassiner un agent nazi en uniforme en pleine occupation ?

                                          Et l’action de ces résistants ne visait-elle pas, tout autant que celle des militants d’AD, « à saper les fondements d’une société et d’un Etat », comme vous le dites ?

                                          Vous vous engagez, M. Bilger, dans un débat qui ne relève plus de la justice, mais de la politique. Mais vous hésitez au seuil de votre réflexion et refuser d’affronter le coeur du problème, qui n’est pas dans la nature de l’assassinat, mais dans la légitimé de l’acte politique qu’il constitue.

                                          Les membres d’action directe ne sont pas condamnables d’une manière spéciale parce que leur acte est politique et qu’il ne relève pas de l’assassinat « ordinaire », comme vous dites. Ils sont condamnables car cet acte n’est pas politiquement légitime dans NOTRE démocratie. Quand bien même les membres d’AD le légitiment de leur côté au nom d’autres idées politiques que celles qui sont les nôtres (je dis « les nôtres », car il me semble partager avec vous la foi en la démocratie telle qu’elle fonctionne en France smiley ).

                                          Leur procès ne pouvait être autre chose qu’un procès politique et leur condamnation de même. Il revient à la démocratie de l’assumer.


                                          • JC-Moreau (---.---.38.19) 10 mars 2007 12:59

                                            @tardif

                                            Vous comparez à mon sens deux cas d’espèce qui ne le sont pas.

                                            Dans votre exemple, vous évoquez le meurtre d’un militaire par des civils résistant à l’occupation de leur pays.

                                            Dans le cas d’Action Directe, il s’agit de civils ayant décidé d’assasiner d’autres civils, au nom d’une idéologie, et non dans le cadre d’une lutte armée comme ce fut le cas sous l’occupation allemande.

                                            Dans un cas, une lutte armée où deux camps armés s’affrontent. Dans l’autre, une organisation qui prend le parti délibéré de recourir à la violence pour supprimer ceux qu’elle considère comme ses adversaires politiques. Tant sur le plan politique que dans leur appréhension juridique, les deux cas de figure ne me semblent en rien comparables.


                                          • tardif (---.---.55.142) 16 mars 2007 03:21

                                            @JC-Moreau Je ne suis pas de votre avis. Les deux situations restent pour moi comparables.
                                            - Les militants d’AD affirment eux-aussi agir en situation de guerre et ils s’attaquent à des personnes qu’ils affirment être responsables de l’ordre politique qu’ils combattent.
                                            - Les Résistants agissaient eux-aussi au nom d’une idéologie : l’antifascisme, l’indépendance nationale.

                                            Mon avis est que lorsque des militants politiques comme ceux d’AD « déclarent la guerre » au régime politique dans lequel nous vivons, nous pouvons toujours nous défendre en les qualifiant de « terroristes », exactement comme le faisaient les nazis vis à vis des Résistants, l’état de guerre n’en est pas moins constitué, par le fait même qu’ils l’ont déclaré.

                                            La grande difficulté de la démocratie dans une telle situation est qu’elle doit répondre à l’attaque sans renier ses propres principes. Sinon elle justifierait par sa réponse même la justesse de la thèse défendue par ses attaquants, quand ils affirment que la démocratie n’est qu’un paravent idéologique à la dominitation politique occulte du grand capital.

                                            Les Etats-Unis sont confrontés exactement à la même problèmatique avec les terroristes d’Al-Quaida. et ils ont fait le mauvais choix : détentions arbitraires dans une zone de non-droit (Guantanamo), pas de respect de la dignité humaine, pas de respect des droits de la défense, pas de procès équitable devant une juridiction indépendante, bref de très graves atteintes aux Droits de l’Homme. C’est exactement ce que les terroristes d’Al-Quaida souhaitaient démontrer : les Droits de l’Homme ne sont pas aujourd’hui pour les Etats-Unis eux-mêmes une valeur universelle, donc ils ne le sont pas pour le reste du monde.


                                          • Martine (---.---.35.244) 8 mars 2007 20:45

                                            @tardif

                                            J’admire la clarté de votre propos smiley Allez-vous vous faire comprendre ???

                                             smiley


                                            • tardif (---.---.55.142) 8 mars 2007 22:15

                                              @Martine

                                              Me faire comprendre ?

                                              Le distingo de M. Bilger entre des assassinats « ordinaires » et ceux de AD qui seraient « le défi que lancent des personnes assurées de leur bon droit », et donc, en tant que tels, l’oeuvre de « déments » ou de « malades », me semble tout à fait inapproprié. M. Bilger évite de poser le problème de la violence politique et de sa légitimité, alors que c’est précisément de cela qu’il s’agit avec AD.

                                              La violence politique des Résitants est de même nature que celle des militants d’AD : il ne s’agit pas d’assassinat « ordinaire », mais bel et bien dans les deux cas d’un « défi que lancent des personnes assurées de leur bon droit ».

                                              La question n’est pas dans la nature de l’assassinat, mais dans la légitimité du « bon droit » dont on se revendique. Voilà ce que je veux dire Martine. Me suis-je bien fait comprendre, cette fois ? smiley


                                            • Martine (---.---.35.244) 9 mars 2007 08:10

                                              C’est très clair oui... au moins pour moi smiley


                                              • fouadraiden fouadraiden 10 mars 2007 15:05

                                                ce qui est regrettable dans ce genre de paidoirie c’est qu’elle ne soit jamais le fait de terroristes ,car on imagine aisément les intérets d’un haut fonctionnaire à la cause qu’il défend.l’intéret supérieur de l’Etat suffit à clore cette fausse dissertation,jouée à l’avance.

                                                c’est toujours inquiètant de voir un magistrat décortiquer la psychologie de ses prévenus.

                                                au fond ,la justice a toujours eu un mal fou à justifier ses jugements pénaux ,pas étonnant qu’elle s’en remmette à de vagues considerations d’ordre psychologiques.

                                                le justice et la vérité ,quoi de plus terrifiant !


                                                • (---.---.164.138) 12 mars 2007 20:16

                                                  - Il y a ceux qui se révoltent et ceux qui se vengent atrocement

                                                  - Il y a ceux qui veulent changer le monde et d’autres, décidés à le controler

                                                  - Il y a ceux qui veulent vivre dignement et ceux qui ne songent qu’à accaparer

                                                  - D’un coté se trouvent divers combattants de le liberté, de l’autre une coalition qui se drape dans les couleurs de la démocratie mais ne rêve que de dictature

                                                  - Il y a les palais de la République, et des prisons sordides où il est encore possible de pourrir durant vingt ans

                                                  - Les bourreaux français du XXIème siècle sont de froids donneurs de leçons. Comme au XIXème siècle, ils ont toujours peur des “partageux”. Ils craignent tellement pour leur pouvoir qu’ils retrouvent les vieux réflexes de la haine des possédants face à la “canaille”

                                                  - Nous ne vivons pas sur la meme planète !

                                                  - Ils disposent de la force mais ne manquent pas de s’inquiéter lorsque nous crions notre colère

                                                  - Face à un monde où le profit constitue l’unique moteur, se développe une triste société, de plus en plus composée de chomeurs et de précaires, de sans-logis et de sans papiers

                                                  Et il ne faudrait pas se révolter ?

                                                  - Ceux qui nous gouvernent disposent de nouvelles Bastilles, moins visibles mais tout aussi efficaces. A Lannemezan et à Bapaume, ils tiennent enfermés ceux qui refusent de se repentir. Avec la volonté évidente de les éliminer un par un. Ils comptent sur le désespoir et la maladie pour régler le problème.

                                                  - Vingt ans déjà que Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani sont en prison !

                                                  - Pourquoi pas trente ans, en 2017 ?

                                                  - Ca suffit !

                                                  Maurice Rasjsfus

                                                  Président de l’Observatoire des libertés publiques

                                                  Plus d’informations : http://nlpf.samizdat.net/

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