Robert Ménard, son sens de la provocation : Quand un train peut en cacher un autre !
Pendant longtemps j’ai aimé Ménard. . Un gars qui faisait le buzz, qui se retroussait les manches. Il avait fondé « reporters sans frontières », à Montpellier en 1985 avec trois autres journalistes. ( Rémy Loury, Jacques Molénat et Émilien Jubineau). Sa devise est : « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu ». Une organisation non gouvernementale internationale reconnue d'utilité publique en France1 se donnant pour objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes. http://bit.ly/2BW7yer
L’express tirait encore en 2008 « l’emmerdeur sans frontières » http://bit.ly/2BdVubG
Il avait commencé sa carrière en s’opposant à une filiale "d’union carbide", qui fabriquait à Béziers, le Temik, l’insecticide responsable de la catastrophe de Bhopal.
Lire ses actions, à l’époque, c’est comme de lire la liste des albums de Tintin. Par exemple il avait soutenu envers et contre tout une radio multiethnique lors du siège de Sarajevo. C’était le gars à qui j’aurais voulu ressembler, qui me culpabilisait sur ma condition de pantouflard, gueulant sur l’état du monde, assis près de sa cheminée. Avec sa grande gueule, ses actions spectaculaires, cette capacité d'attirer l'attention des gens, de faire bouger les lignes, il faisait partie de cas d’école qui sont l’omega du journalisme lavant plus blanc que blanc. Les Kessel, et autres Kapuscinski, l’auteur « D’ébène »… .http://bit.ly/2BbIIdN.
Mais quand donc obtiendrait-il le prix « Albert Londres » ?
A un certain moment, j’ai cru en écoutant distraitement la radio qu’il avait un homonyme, ou alors un frère, un cousin, un type situé à l’extrême droite, avec lequel il serait fâché depuis longtemps.
C’est vrai, à la téloche, ce type un peu fielleux ayant l’air de sortir d’une traction avant de la milice ressemblait drôlement à mon Robert Ménard chef de cordée, quoiqu’en version plus pincée, plus grise.
Il a bien fallu que je me rende compte que j’avais affaire au même homme. Tout cela me rendait perplexe. Change-t-on à ce point ? Etait-ce l’effet d’un vieillissement précoce ? L’usure des rails peut provoquer la chute d’un beau TGV, après tout…. Ou s’était-il trompé à ce point sur lui même ? Ou alors nous nous étions trompés à ce point sur lui ? A moins qu’il y ait au cœur de chaque homme une part de mystère ? Le bien le mal, le ying et le yang comme deux balles qu’on lance en l’air, avec parfois le risque que l’une tombe par terre. …
Sans compter l’explication médicale, le syndrome du choc frontal.
Allez savoir si le gars un jour n’avait pas été éjecté d’un train au bout du monde, en Chine où il s’était fait remarquer dans sa défense des droits de l’homme, des mots qu’on ne traduisait plus là bas ; Ou était il tombé du haut d’un immeuble comme Sylvain Tesson l’avait fait un soir de cuite...
Les deux gars étaient copains et avaient accroché ensemble des drapeaux, afin de protester contre les jeux olympique en chine, en rapport avec le portage de la flamme dans la capitale. Faut-il préciser que ces drapeaux n’étaient pas nationalistes, mais représentaient les anneaux olympiques sous forme de menottes…. Déjà le choc des photos, pour remuer l'opinion.
On se relève plus ou moins bien, les copains vous demande « Ca va.. ? » Vous les rassurez, vous époussetez votre pantalon. C’est à peine si vous vous êtes aperçu de cette petite bosse sur le front…. Mais pourtant à partir de ce moment là on ne vous reconnaît plus. Comme si un autre s’était glissé en vous, passager clandestin de votre vie. Il vous vient comme un strabisme du regard qui vous fait sauter les rails de votre petite loco, vous faisant insensiblement passé du rail de gauche à celui de droite.
Je sais, mes comparaisons ferroviaires sembleront peut être douteuses à chacun, mais elles ne sont pas justement ici par hasard.
D’ailleurs y a-t-il un hasard ? Généralement, ceux qui ont été gâté par la vie vous répondront que non ! Que tout est du à leur mérite. Les autres oui.
Tout dépend donc dans quel compartiment on est assis au départ. Généralement le même d’ailleurs qu’à l’arrivée. En première ou en deuxième classe. Excepté ceux qui voyagent sans billet. Mais mieux vaut les ignorer, faire comme s’ils n’étaient pas là. Ou alors les dénoncer aux contrôleurs, si on a le courage pour ça.
Pour ma part j’ai toujours adoré les trains. Je ne parle pas des trains à bestiaux verts-de-grisqui s’enfonçaient dans la nuit des années 40, mais des trains bleus, genre « Orient express »…. Déjà tout petit j’avais eu un train mécanique. Mon copain le fils du notaire avait un train électrique mais le mien me suffisait bien. Je le regardais tourner jusqu’à ce qu’il s’épuise, puis je remontais le ressort. J’avais des ampoules au doigt à cause de cette clé en fer blanc que je perdais souvent. Parfois il m’arrivait de mettre des obstacles devant le train, rien que pour le voir dérailler. Mes petits soldats en effet ne s’en laissaient pas compter, et condamnaient mes instincts de pervers polymorphe. Ma loco ne parvenait pas à leur couper les jambes. J’en étais quitte à la redresser laborieusement. Devoir réparer ses conneries et en tirer un apprentissage est la meilleure école de philosophie au monde.
Je ne sais pas si Adolph Hitler fut victime d’une chute de vélo, en revenant de ce concours d’entrée à l’école des beaux arts, où de toute façon il fut recalé. L’humanité ne sans remettra jamais tout à fait. C’est dommage, Adolph aurait pu devenir un « créatif » ! C'est comme cela qu’on appelle ainsi tous ceux qui se lancent dans la manipulation publicitaire. D’autant qu’Adolph avait de vrais facilités. N’avait-il pas en 1918 alors qu’il était simple soldat un stage de formation de bourreur de tête ? Nous parlerons encore ici au figuré. Il s’agissait de former des gens possédant les éléments de langage pour faire front au communisme, et s’adressant à tous ces benêts en uniforme dans les cours des casernes ! Ne risquaient-ils pas de boire comme du petit lait les paroles de Lénine, de l’autre coté de la frontière. Un type qui prétendait que si t'as pas la médaille suprème du parti à 50 ans, t'as râté ta vie.
C’est ce qu’on appelle « L’enfance d’un chef »... Il y a ceux qui ne supportent pas la parole devant les autres, et qui se mettent à bredouiller, alors qu’on les croyait forts. Et puis d’autres, curieusement, qu’on ne pensait pas avoir ce don, et eux mêmes les premiers. Ils sont moches, petits, pas trop assurés, nuls en foot, toujours remplaçants, et puis un jour ils sont montés sur une scène à l’occasion d’une pièce de théâtre, que donnait l’école. Alors tout le monde s’est tu. Dès qu’ils ont pris la parole, on a senti qu’il se passait quelque chose.
Je ne sais pas à quel moment Robert Ménard s’est aperçu qu’il avait ce talent d’être une sorte de chef de gare, commandant aux locomotives, les regardant dans les yeux, les hypnotisant, leur faisant avaler leur fumée.
« Quand tu l’as, tu l’as »… Comme disait France Gall dans cette belle chanson à propos d’Ella….. Ne pas glisser sémantiquement vers « Quand tu l’as, tue la !
Le pouvoir des mots est redoutable. Et ceux qui détiennent le verbe, ont le pouvoir... Les livres soi-disant saints sont pleins de ces prophètes montés sur une butte, et arrogant les foules, après avoir été bergers.
On note au passage la facilité qu’ont les gardiens de chèvres et de moutons à diriger le peuple, sans même faire de stage de reconversion. C’est à se demander si nous ressemblons pas davantage à cette sympathique bête à laine bouclée qu’au cochon ? Cochon dont nous partageons, chacun le sait, l’anatomie, la lubricité, l’amour de la bouffe, et pas mal d’idées. « On a tous quelque choses de cochon ! » Pourrait on dire…. Pauvres cochons, pauvres moutons, victimes de nos projections hasardeuses, et de notre goinfrerie, de notre tentative de nous déculpabiliser de leur assassinat.
Je ne sais pas si Adolph avait petit un train électrique. Peut-être pas. Allez savoir si ce n’est pas pour cela qu’il voudra devenir chef de gare en chef, et qu’il mettra tous les trains d’Europe au service de son projet pervers. Trains sinistres, où il faut le dire, les aiguillages ne fonctionnaient pas tous seuls, et étaient dans la tête des administrateurs de ce système abject.
Personne ne reprochera à ceux qui utilisent les pires qualificatifs pour parler de cette fosse vidange que fut le nazisme. De grand maîtres de la propagande, la grande soeur de la pub. On a changé le nom pour faire plus classe. « Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde ! » Comme disait Albert Camus qui retombait toujours sur ses pieds, et prenait la balle au bond, en rapport avec son instinct de gardien de but.
Je ne sais pas ce qu’il penserait de cela, si tant de colère est vraiment adaptée. Je veux parler de la réponse accordée à la dernière provocation de Ménard, fidèle à lui même, avec cette façon particulière d’interpeller par voie d’affiche…... Vous savez, cette femme ligotée sur les rails, alors qu’au loin se profile une locomotive…. Image portée par un message brut de coffrage « Avec le TGV elle aurait moins souffert ! »...
Il y a presque un demi siècle les bonnes âmes se mobilisaient contre la une de Hara Kiri, tirant à boulets rouges contre le journal qui se moquait de la mort du général, l’unissant à un fait divers tragique qui avait précipité dans la mort, les jeunes danseurs d’une boite de nuit.
Est-il utile de sortir la clé passe-partout habituelle, celle l’on sort dans ce genre de situation. Je parle de la sortie plus ou moins apocryphe attribuée à Voltaire ; « Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrais pour que vous puissiez l’exprimer ! »
« L’horreur et la provocation n’ont pas de limites » Ai je lu dans les médias. Je vois tout de suite les censeurs qui s'agitent. Et la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, a demandé pour sa part au préfet de l’Hérault, Pierre Pouëssel, d’étudier tous les recours possibles. « Le maire de Béziers a, une nouvelle fois, lancé une campagne d’affichage marquée au sceau de la vulgarité », a regretté ce dernier dans un communiqué.
« Il se sert du corps de la femme pour faire passer des messages populistes et la met en scène en victime de violences. Alors qu’une femme sur trois est victime de violences au cours de sa vie, M. Ménard ne mesure toujours pas la souffrance physique et psychologique qu’engendrent ces atteintes à leur intégrité, pas plus que la mobilisation contre ces violences faites aux femmes qui est une priorité du gouvernement. »
Belle déclaration ! Mais cette indignation n’est elle pas à géométrie variable, et surjouée ? Il n’y a pas plus réactionnaire que la publicité ! Celle ci nous entoure, nous agresse de ces messages consuméristes, jouant sur les pulsions primaires que sont l’envie, le besoin d’identification, la soif de pouvoir, ! Elle encourage les comportements d’addiction. Bref, elle nous aliène au moins autant qu’un commissaire du peuple de l’ex pays frère !
Des campagnes très limites ont été faites en se servant du corps de la femme. Femme bonne à soumettre, à acheter, à s’approprier ! Tout cela par la magie de l’objet de pouvoir qu’on arbore, la belle voiture, la belle maison, celle de vous qui fera de vous l’objet de convoitise, ce chef de meute susceptible de construire une famille !
Ce message sera évidemment d’autant plus dangereux qu’il se cachera ses attentions sous tout un tas d’artifices élégants. Il s’attachera donc à viser votre inconscient, en retirant les fusibles de sécurité.
L'affiche "dite de Béziers", brut de coffrage, semblant sortie d’une bande dessinée, serait-elle par son aspect direct, encore plus trouble ? Pourtant elle ne vise qu’à créer un effet de sidération, propre à réveiller la réponse médiatique, le but finalement espéré :
« Nous la seule chose qui nous intéresse, nous dit monsieur Ménard ce 11 décembre sur france inter, c’est d’attirer l’intention sur le TGV ! Il y a 30 ans, 30 ans qu’on manifeste, qu’on pétitionne, qu’on essaie d’attirer l’attention des pouvoir publics ! On n’a toujours pas le TGV !…. Depuis 1883, c’est les mêmes deux voies de chemin de fer, qui arrivent à Béziers ; donc j’ai envie que ça change ! J’ai manifesté, j’ai pétitionné, j’ai été à Toulouse, à Montpellier, à Perpignan, avec les autres élus. Manifestement, on nous prépare une fin de non recevoir. On n’a plus envie d’attendre, donc on interpelle l’opinion publique, en faisant référence à de l’humour. . S’il y en a qui n’ont pas d’humour, je me demande comment il faut faire ? Qu’est ce que vous voulez ? L’ordre moral ? C’est ce que vous voulez, c’est ce que vous aimez ! Oui on peut faire des affiches insipides. Mais vous la presse, vous n’en aurez jamais parlé. Pardon de vous le dire mais comme les journalistes, j’ essaie de faire des titres accrocheurs. Pour qu’enfin cela attire l’attention du grand public, et au-delà du grand public, de nos décideurs »......
« Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble @RobertMenardFR la tue une 2ème fois »
L'ancienne ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a tenu ainsi à parler d'Emilie, une jeune femme de 34 ans tuée par son mari en juin 2017 après qu'il l'a attachée sur les rails du TGV. De son côté Marlène Schiappa a annoncé avoir saisi le préfet.
Robert Ménard aurait-il fait allusion à ce terrible fait divers, et par cela, ne se moquerait-il pas de la mémoire de la victime, et de sa famille ? Le pas a été franchi par Laurence Rossignol, qui a tenu à évoquer cette similitude, et a demandé le retrait immédiat de cette campagne, et veut engager des poursuites….
Mais cela est-il recevable ? On peut penser ce qu’on veut de cette affiche, mais cette iconographie fait partie d’un vieux thème du cinéma de western. Il n’y aucune raison de chercher le diable où il n’est pas, quand on toutes les raisons et le devoir de le débusquer où il se trouve. Dans les années 60, Henri Salvador connut un beau succès estival avec son tube « Zorro est arrivé »….Quel adulte, quel gamin n’en connaissait pas les paroles, reprenant en chœur parfois, malicieusement ce « et alors, et alors….. »
Extrait des paroles : -Et Jojo le Bouffi dans un sac fourrait Suzy, disant « Donne moi ton ranch, eh boudin ! Ou j’vais t’balancer sous le train ! » Puis il l’empoigna... Et alors ?
Ben il l’a ficela... Et alors ?…. Sur les rails il l’a fit rouler…. Et alors ??…. Ben le train arrivait, les copains…. Et alors ??…http://bit.ly/2AMsAwR
Il est vrai qu’on apprenait que Zorro arrivait juste à temps…... C’était dû sûrement aux trente glorieuses, où l'on trouvait toujours une solution, un sauveur de la société civile. A cette époque il est vrai que les trains arrivaient toujours à l’heure, et que le pays était pourvu de multiples gares, un reseau ferré qui était un vrai espace républicain, où les agents munis de grands bottins se faisaient fort de vous expédier de n'importe quel endroit à l'autre bout de la France…
.Ménard se prendrait-il pour Zorro ?... Il n’a rien perdu il faut l’avouer de son sens de la provocation, comme il le dit lui même.
"Avec le TGV elle aurait moins souffert !"
L’affiche nous demande une complicité impossible, celle de demander au tueur de passer plus rapidement à l’acte. De refuser ce fameux « Encore cinq minutes monsieur le bourreau » que demanda Madame Du Barry sur l’échafaud. Pas sûr donc que le sadisme de l’acte, énoncé si crûment, puisse donner des désirs d’identification aux pervers potentiels, qui détestent qu’on leur impose un scénario.
Cette image pourrait être utilisée dans une campagne choc contre l’indifférence. On peut faire dire n’importe quoi aux images en changeant la légende. Il y eut une femme qui porta plainte, après avoir vu son image exploitée successivement dans des campagnes contre le proxénétisme, la solitude, l’alcool, le tabac… Tout cela parce qu’assise sur une chaise à prendre une consommation, dans une position que certains trouvèrent suggestive, elle avait été prise en photo à son insu par un journaliste qui vendit le cliché à une agence de publicité.
Il y a plus d’un demi siècle, Clouzot, au fait de sa gloire, se lance dans un projet hallucinant de modernisme cinématographique. C’était un film sur la jalousie, le pouvoir, la séduction, la perversion, thèmes chers au cinéaste, d’un film à l’autre.
Cela devait s’appeler « L’enfer ! »
Mais la production fut arrêtée. Il semble bien que le tournage, prisonnier des recherches formelles et mégalomanes du cinéaste, se soit transformé lui même en antichambre de l’enfer. Un document exceptionnel a été fait en exploitant les rushes, et reste visible sur arte jusqu’au 15 décembre, montrant les rouages de l’appareil, miné de l’intérieur. Quel scandale, si le film avait vu le jour ! ( L'enfer, film maudit : http://bit.ly/2AuDEln )
L'enfer d'Henri-Georges Clouzot - ARTE - YouTube http://bit.ly/2ygIjRY  ; (jusqu'au 15:12...)
Les acteurs furent soumis à un régime qui fait référence au titre du film. Sur une scène, on peut voir Romy Schneider, ligotée sur les rails, sein à l’air, attendant que le fameux train homicide lui passe sur le corps. Romy Schneider - Scène du train (L'enfer) - YouTube http://bit.ly/2jyO77U
La connotation sexuelle dans ce rush étonnant n’a rien de suggérée. Elle est claire, en tant qu’acte de viol, et de mort. Toute la pulsion morbide du psychopathe anime ces images, qui joue au allumettes avec les fantasmes du metteur en scène !
Cette scène loin d'être nouvelle n'est pas issue de l'immaginaire de Ménard, c'est un classique du genre. Pas la pire version. S’il fallait la défendre, dans une tâche impossible, vis à vis de la critique déchaînée qui court après le chien qu’on lui montre, je dirais qu’elle n’a pas le potentiel pulsionnel à haute valeur érotique, source de tous les fantasmes et de tous les pousses au crime, qu’on voit dans ce rush du film « L’enfer », ou encore dans la pub ; avec la représentation de femmes superbes, offertes, soumises au mâle, entravées non pas par des liens à des rails, mais par leur propre bêtise suggérée, de victimes consentantes…..
De vraie grosses bécassines propres à être baisées, au propre et au figuré, excusez mon langage ! Mais je me met au niveau de ces vendeurs de soupes, qui nous ferait la peau, et le bec, et la tête, comme dans une chanson enfantine.
J’attends de Madame Rossignol qu’elle s’émeuve, qu’elle demande arrêt de toutes ces publicités immondes, qui sont elle les vrais pousses au crime. .
Au moins cette femme hurle, proteste contre le sort qui lui est fait ! Elle nous demande de l'aide, n'est pas complice des assassins .
C’est peut être notre devoir à tous de nous réveiller, de ne pas tomber dans les gros pièges qui nous sont tendus. De tacher de penser à ces représentations sur lesquels les enfants se construisent, les passages à l'acte s'établissent ; dans, et hors de trains et des voies ferrées plus ou moins balisées.
Nous avons tous à intervenir sur rles affaires du monde, sans attendre qu’un Zorro hypothétique nous sauve.
J’aimerais terminer ce billet par un peu de poésie. Car tous les trains, loin de là, ne sont pas homicides. D’ailleurs les vaches les regardent passer. C’est bien la preuve qu’ils sont gentils, qu’ils savent faire leur Johnny. Je me souviens des chroniques d’Alexandre Vialatte. Celles qu’il écrivait dans le journal « la montagne »….. Elles se terminaient invariablement, à l’aube de ces années 60, toujours par la même formule : « Et c’est ainsi qu’Allah est grand ». On voit pas là que cet homme était un voyant.
Il écrivit cette rubrique qui se nomme « le train bleu du soir ». En voici un petit extrait. Ne me demandez pas ce qu’il vient faire la dedans. J’ignore même s’il s’arrête à Béziers.
L’homme entre dans le soir de sa vie comme dans un pays étranger. Les gares sont plus petites et plus rares. Les voyageurs deviennent moins nombreux. Ils ont changé de costume. On ne voit plus de bérets basques. Les quais sont de plus en plus déserts. Les affiches, dans les salles d‘attente, ne parlent plus des mêmes montagnes. Et soudain, au bout d’un tunnel, l’horizon lui-même a changé. Quels sont ces longs pays bleuâtres ? Des plaines s’étendent, qu‘on n‘avait jamais vues ; transfigurées par on ne sait quel reflet. Plus loin, au loin (mais à quelle distance exactement ? les distances trompent), plus loin, c‘est la terre de la mort. »
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